Cinquante-neuvième session,
3e séance plénière – matin
SOC/4897

La Commission du développement social exhorte les États Membres à combler la fracture numérique

La Commission du développement social a achevé, ce matin, les travaux de sa cinquante-neuvième session en adoptant par consensus une série de projets de résolution, dont un texte qui exhorte notamment les États Membres à combler la fracture numérique et à s’efforcer de parvenir à une connectivité universelle pour que chaque personne ait un accès abordable à un Internet à haut débit de qualité d’ici à 2030. 

Lors de ses remarques de clôture, la Présidente de la Commission a pointé le risque d’un monde à deux vitesses concernant l’accès au numérique et insisté sur la centralité des États dans le relèvement post-COVID-19. 

« La citoyenneté numérique ne doit pas devenir le privilège d’une minorité », a notamment mis en garde Mme María del Carmen Squeff, qui a souhaité que la fraternité, « nouvelle frontière de l’humanité », puisse guider l’édification de sociétés plus inclusives lors de la nouvelle normalité postpandémie.  Elle s’est également prononcée en faveur de la tenue d’un débat spécifique afin de faire entendre la voix des jeunes.  « Nous avons besoin de justice intergénérationnelle », a affirmé Mme Squeff.

Reflétant le thème prioritaire de la session actuelle qui était consacrée à la « transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous », le texte engage également les États Membres à accroître l’accès de toutes les femmes et de toutes les filles aux technologies numériques afin de favoriser leur éducation et leur formation.

Le rôle des technologies de l’information et des communications (TIC) a également été pris en compte dans le projet de texte consacré aux « politiques et programmes mobilisant les jeunes » lequel appelle notamment les États Membres à promouvoir l’innovation parmi les jeunes en faisant en sorte que les TIC soient pleinement et adéquatement prises en compte dans l’enseignement et la formation, à tous les niveaux.

La Commission du développement social a aussi fait sien un texte portant sur les « aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » qui engage notamment les pays africains à s’attaquer au chômage élevé constaté chez les jeunes; à favoriser des investissements à forte intensité de main-d’œuvre; à porter les investissements en faveur de l’agriculture à au moins 10% du budget annuel du secteur public national et à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée.

Elle a également arrêté le thème de sa prochaine session: « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».

La Commission a par ailleurs adopté un document relatif au Statut de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social et nommé M. Olivier De Schutter, de la Belgique, et Mme Graziella Moraes Silva, du Brésil, membres du Conseil d’administration de cet Institut.  L’Argentine a estimé, à ce propos, que la nomination des membres de l’Institut doit se faire au terme d’un processus de consultation inclusif.  Rappelant que l’Institut contribue au mandat de la Commission, la délégation a souhaité davantage de synergies entre les deux organes.

La séance, qui s’est tenue en présentielle, a d’ailleurs été marquée par les critiques formulées par plusieurs délégations à l’endroit de la Commission qui lui ont notamment reproché « doublons », « manque d’inclusion », et une « répartition des tâches loin d’être limpide ».

Enfin, la Commission a adopté l’ordre du jour provisoire de sa soixantième session ainsi que le projet de rapport de sa cinquante-neuvième session.

Ces projets de résolution seront ensuite transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour adoption finale.

La Commission a ensuite brièvement ouvert sa soixantième session pour reconduire Mme Squeff à sa présidence et élire le Portugal à la vice-présidence de son bureau.  L’élection des autres membres du Bureau a été reportée.

PRÉSENTATION ET DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Organisation des travaux et méthodes de travail futures de la Commission du développement social (E/CN.5/2021/L.4)

Selon les termes de ce projet de résolution, adopté sans vote, l’ECOSOC déciderait que la soixantième session de la Commission du développement social aura pour thème prioritaire: « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».

Explication de position

Le Mexique a rappelé que le thème du forum politique de haut niveau sur le développement durable n’est pas encore connu et a estimé que le thème de la soixantième session de la Commission aurait dû être arrêté après que ledit forum politique eut choisi le sien.  La délégation a souhaité un meilleur alignement des travaux entre les deux organes. 

Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (E/CN.5/2021/L.3/Rev.1)

Par ce texte, adopté par consensus et présenté par la Guinée, au nom du G77 et de la Chine, l’ECOSOC, craignant que la crise actuelle de la COVID-19 ne risque de réduire à néant des décennies de progrès en matière de développement social, saluerait les progrès accomplis par les gouvernements africains pour ce qui est de s’acquitter des engagements qu’ils ont pris dans le cadre de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), d’affermir la démocratie et les droits de l’homme et d’assurer une bonne gouvernance et une gestion économique rigoureuse.

Il réaffirmerait qu’il importe d’appuyer l’Agenda 2063 de l’Union africaine et, par ailleurs, prendrait note avec satisfaction de l’action menée par la Commission de l’Union africaine, qui a abouti à l’adoption par la Conférence de l’Union africaine, à Addis-Abeba en février 2019, de l’initiative continentale appelée « Saleema: campagne de l’Union africaine visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines », en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies.

Il engagerait instamment tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption ou à y adhérer.  Les gouvernements africains se verraient également appelés à ratifier le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique et le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes âgées en Afrique.

Par ce texte, l’ECOSOC prierait instamment les gouvernements africains d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée.  Il réaffirmerait aussi la nécessité urgente d’intensifier considérablement les efforts visant à assurer l’accès universel, dans les pays d’Afrique, à des programmes complets de prévention, de traitement, de soins et d’accompagnement liés au VIH/sida, et d’intensifier l’action menée pour élargir en Afrique l’accès à des médicaments de qualité peu coûteux, y compris des antirétroviraux.

Le Conseil soulignerait également qu’il importe que les gouvernements africains renforcent, en priorité, la capacité de production de l’agriculture durable.  De même, il engagerait instamment les gouvernements africains, dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, à porter les investissements en faveur de l’agriculture à au moins 10% du budget annuel du secteur public national.

Les pays d’Afrique seraient également engagés à être attentifs à une croissance sans exclusive, équitable et durable, susceptible de favoriser l’emploi, notamment par des investissements à forte intensité de main-d’œuvre.

En outre, l’ECOSOC engagerait instamment les pays d’Afrique et les partenaires de développement à s’attaquer au chômage élevé constaté chez les jeunes en leur faisant bénéficier de programmes de qualité dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’accompagnement à la création d’entreprises.

Explications de position

Les États-Unis ont rappelé que le NEPAD ne postule pas un accès aux marchés internationaux et ne constitue pas un amendement des décisions de l’Organisation mondiale du commerce.  La mission a aussi rappelé que tout transfert de technologies se fait sur une base volontaire.  En outre, le terme de flux financiers illicites visé par le texte n’a pas de définition internationale claire.

Ce projet de résolution est trop long et constitue un doublon par rapport à la résolution de l’Assemblée générale sur le même sujet, a estimé le Portugal, au nom de l’Union européenne.  La délégation a suggéré que le texte soit adopté tous les deux ans et invité la Commission à harmoniser ses travaux avec les autres entités onusiennes.  « La répartition des travaux avec l’Assemblée est en effet loin d’être limpide », a-t-elle regretté.

Transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous (E/CN.5/2021/L.6)

Selon les termes de ce texte, adopté par consensus, l’ECOSOC réaffirmerait qu’il est résolu à combler le fossé numérique et demande aux États Membres de mettre en œuvre des politiques et d’accélérer leurs efforts à cette fin, avec en ligne de mire l’inclusion sociale pour tous, et plus particulièrement les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées, sans discrimination.

Il exhorterait les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à combler la fracture numérique et à promouvoir l’inclusion numérique, en tenant compte des contextes nationaux et régionaux et en relevant les défis liés à l’accès, au coût, à l’aptitude à se servir des outils numériques et aux compétences numériques.

Le Conseil exhorterait également les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à promouvoir l’inclusion numérique en mettant en œuvre des politiques et des mesures d’inclusion visant à relever les défis liés à l’égalité d’accès, en particulier le coût, y compris, le cas échéant, en envisageant des subventions ciblées, l’impôt progressif ou un panier numérique de base.

Les États Membres se verraient également engagés à remédier au manque d’infrastructures numériques efficaces, abordables et accessibles, en particulier dans les zones rurales et reculées, et s’associer avec le secteur privé, en tant que partenaire, pour améliorer le financement des infrastructures et la mise en place des réseaux.

L’ECOSOC engagerait également les États Membres à s’efforcer de parvenir à une connectivité universelle pour que chaque personne ait un accès abordable à un Internet à haut débit de qualité d’ici à 2030, notamment en établissant des partenariats essentiels.

De même, l’ECOSOC engagerait les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à accroître l’accès de toutes les femmes et de toutes les filles aux technologies numériques afin de favoriser leur éducation et leur formation en vue d’améliorer leurs aptitudes et compétences numériques, ainsi que la productivité et la mobilité des femmes sur le marché du travail.

Il engagerait en outre les États Membres, d’ici à 2030, à faire baisser au-dessous de 3% les coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants et éliminer les circuits d’envois de fonds dont les coûts sont supérieurs à 5%, notamment par l’utilisation des technologies numériques.

Explications de position

La Fédération de Russie a regretté que le terme de « gender responsive », dans la version anglaise du texte, ait remplacé celui de « gender sensitive ».

Les États-Unis auraient, eux, souhaité un libellé plus robuste sur la diversité des formes familiales.

Politiques et programmes mobilisant les jeunes (E/CN.5/2021/L.5)

Selon les termes de ce projet de résolution, présenté par le Portugal, au nom de l’Union européenne, et adopté sans vote, l’ECOSOC exhorterait les États Membres à veiller à ce que les questions relatives à la jeunesse soient dûment prises en compte dans le cadre de la mise en œuvre, du suivi et de l’examen du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et soulignerait qu’il importe de consulter étroitement les jeunes ainsi que les organisations de jeunes et d’aide à la jeunesse et de les associer activement à la mise en œuvre du Programme 2030.

Il exhorterait également les États Membres à promouvoir la participation pleine et effective des jeunes et des organisations de jeunes et d’aide à la jeunesse aux décisions qui les concernent à tous les niveaux, y compris en lien avec le Programme d’action mondial pour la jeunesse et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Par ce texte, l’ECOSOC demanderait aux États Membres de prendre en compte les aspects sociaux de l’épanouissement des jeunes en adoptant ou en améliorant les politiques appropriées, notamment en ce qui concerne les finances publiques, l’emploi et le marché du travail.

Il engagerait également les États Membres à promouvoir l’innovation parmi les jeunes, en faisant en sorte que les technologies de l’information et des communications soient pleinement et adéquatement prises en compte dans l’enseignement et la formation, à tous les niveaux, y compris dans l’élaboration des programmes pédagogiques, la formation du personnel enseignant, l’encadrement et l’administration des institutions et l’éducation permanente.

De même, l’ECOSOC demanderait instamment aux États Membres et aux autres parties concernées d’accélérer le rôle de catalyseur que jouent les technologies numériques pour réduire l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation, la santé, la communication, le commerce et la continuité des activités.

Explications de position

Commentant les liens entre migrations et développement visés par le projet de résolution, la Hongrie a estimé que les migrations n’ont pas d’effets positifs pour tous les pays et peuvent, au contraire, représenter un poids considérable.  « Cette réalité n’est pas reflétée dans le texte », a regretté la mission.  La délégation a invité les jeunes à mener leurs projets de vie chez eux plutôt que de se lancer dans des migrations périlleuses. 

Les États-Unis ont précisé que ce texte ne change pas le droit international coutumier dans ce domaine.

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