Deuxième partie de la reprise de la soixante-seizième session
19e séance plénière – matin
AG/AB/4387

Cinquième Commission: le Contrôleur de l’ONU appelle les États « à changer de comportement » et à verser leurs contributions au budget ordinaire à temps

Aujourd’hui à la Cinquième Commission, le Contrôleur des Nations Unies s’est voulu clair: Les États doivent « changer de comportement » et payer leurs contributions au budget ordinaire à temps ou tout au moins plus tôt dans l’année. La Commission chargée des questions administratives et budgétaires a en revanche contemplé un tableau bien différent du budget des opérations de maintien de la paix.  Le Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique lui a peint un paysage apaisant du taux de remboursement des pays contributeurs de troupes et de personnel de police. 

M. Chandru Ramanathan, Contrôleur des Nations Unies, a dit craindre une autre crise de trésorerie du côté du budget ordinaire, étant donné que les contributions versées trop tard dans l’année seront considérées comme des soldes inutilisés à porter au crédit des États Membres.  Il a fait observer que toutes les propositions des États Membres pour régler cette situation récurrente passent, à des degrés divers, par une ponction des comptes des opérations de paix clôturées.  Or, a-t-il suggéré, ces comptes pourraient être épargnés si l’on augmentait de 200 millions de dollars le Fonds de roulement pour le porter à 350 millions comme l’a proposé le Secrétaire général. 

Geler ou limiter les recrutements est peut-être le moyen le plus efficace de réduire les dépenses mais ce n’est pas très efficace pour s’adapter rapidement à la fluctuation des liquidités, a prévenu le Contrôleur.  Les États, a-t-il plaidé, doivent changer de comportement et verser leurs contributions plus tôt dans l’année.   Sous un ciel plus clément, M. Christian Sanders, Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique au Département de l’appui opérationnel, a expliqué qu’entre le 1er janvier 2019 et le 30 avril 2022, l’ONU a remboursé un total de 6,9 milliards de dollars aux pays contributeurs de troupes et de personnel de police aux opérations de maintien de la paix.  À ce jour, l’ONU ne leur doit plus que la somme de 36,5 millions de dollars au titre de l’Opération au Darfour (MINUAD). 

Toujours aujourd’hui, la Cinquième Commission a examiné la proposition du Secrétaire général de l’ONU, rejetée par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), de créer un bureau de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.  Jugeant qu’il faut davantage peaufiner le concept et son champ d’application, le CCQAB a recommandé l’approbation d’un crédit supplémentaire de 1,1 million de dollars au budget 2022 pour financer huit nouveaux emplois temporaires pendant 18 mois. 

Le Comité consultatif a par ailleurs obtenu de la Cinquième Commission qu’elle approuve une enveloppe d’1 million de dollars pour la convocation au mois d’août de cette année de la cinquième session de la Conférence chargée d’élaborer un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Sur ce montant, 58 000 dollars sont réservés à la Section des communiqués de presse du Département de la communication globale (DCG). 

La Cinquième Commission, qui devrait achever, vendredi 27 mai, cette deuxième reprise de session consacrée au financement des opérations de maintien de la paix, ne s’est pas encore prononcée sur l’opportunité de convoquer d’ici là une autre séance publique. 

*A/C.5/76/L.30 

REMBOURSEMENTS AUX PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS ET DE PERSONNEL DE POLICE ET GESTION DE LA SITUATION DE TRÉSORERIE DE L’ONU

Parlant du remboursement des pays contributeurs de troupes et de personnel de police, M. CHRISTIAN SAUNDERS, Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique au Département de l’appui opérationnel, a expliqué qu’entre octobre et décembre 2021, les demandes de remboursement s’élevaient à 489 822 015 dollars pour 11 opérations de paix.  Après traitement, la somme convenue a été ramenée à 484 563 577 dollars.  Entre le 1er janvier 2019 et le 30 avril 2022, l’ONU a ainsi remboursé un total de 6 994 920 234 et elle doit encore 36 521 884 dollars au titre de l’Opération au Darfour (MINUAD).  Les sommes à rembourser pour les équipements et le personnel sont estimées 1 948 208 854 de dollars pour la période allant de juillet 2021 à juin 2022.  Pour assurer les remboursements entre janvier 2022 et juin 2022, le montant requis est de 1 004 295 802 dollars. 

Tout en parlant des bonnes nouvelles concernant le solde trimestriel des opérations de maintien de la paix, en nette amélioration en 2021 grâce à des versements à l’avance, le Contrôleur des Nations Unies, M. CHANDRU RAMANATHAN s’est tout de même inquiété de l’impact des retards dans le paiement des contributions sur le budget ordinaire.  Si l’augmentation exponentielle des arrières en 2019 et en 2020 a pu être contrebalancée par un taux de recouvrement « historique » au deuxième trimestre de 2021, M. Ramanathan a néanmoins prévenu que cette évolution « ponctuelle » n’éloigne pas la menace d’une crise de trésorerie, car les contributions versées trop tard dans l’année seront considérées comme des soldes inutilisés à porter au crédit des États Membres.

Illustrant son propos, le Contrôleur a expliqué qu’un montant de près de 300 millions de dollars a été versé, les 10 derniers jours de l’année de 2020, posant un problème d’exécution des mandats.  Nous voyons, a-t-il dit, le risque d’une nouvelle crise de liquidités parce qu’au 30 avril dernier, les contributions versées ont été moindres que celles de l’année dernière à la même date.  La certitude d’un recouvrement est aussi importante que la date pour une bonne gestion et une bonne anticipation de la situation financière. 

S’appuyant sur les prévisions, le Contrôleur a annoncé que des arriérés de 489 millions en 2023 pourraient être couverts par les fonds disponibles dans les comptes des opérations de maintien de la paix clôturées.  Mais pour les arriérés prévus de plus de 600 millions de dollars en 2024 et 2025, il faudra emprunter parce que les comptes des opérations clôturées ne suffiront pas.  Le Contrôleur a appelé les États Membres à changer de comportement et à verser leurs contributions plus tôt dans l’année. 

Ne rien faire pour régler la situation de trésorerie, s’agissant du budget ordinaire, ne peut que causer rapidement une crise de liquidités, s’est résumé le Contrôleur.  Toutes les propositions des États Membres, a-t-il fait observer, passent, à des degrés divers, par une ponction des comptes des opérations de paix clôturées.  Or, a-t-il suggéré, ces comptes pourraient être épargnés si l’on augmentait de 200 millions de dollars le Fonds de roulement pour le porter à 350 millions comme l’a proposé le Secrétaire général. 

Geler ou limiter les recrutements est peut-être le moyen le plus efficace de réduire les dépenses mais ce n’est pas très efficace pour s’adapter rapidement à la fluctuation des liquidités.  Réduire les dépenses, a aussi prévenu le Contrôleur, c’est compromettre l’exécution des mandats et risquer d’autres crises de liquidités, compte tenu de l’obligation de porter au crédit des États Membres les soldes non inutilisés. 

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2022

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’éradication du racisme et promotion de la dignité de toutes et tous au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies l’ONU (A/76/7/Add.39)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/76/771).  Muni du plan d’action stratégique à plus long terme pour le Secrétariat, M. António Guterres estime que sa mise en œuvre nécessitera des crédits pour le financement de postes et d’objets de dépense autres que les postes, en particulier pour la création d’un bureau de la diversité, de l’équité et de l’inclusion au Bureau de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Le Comité consultatif recommande d’abord une révision du plan, en prenant en compte des sources de données plus larges et une analyse plus approfondie, en coopération avec les entités du système des Nations Unies.   

Il juge qu’à ce stade, la création d’un bureau de la diversité n’est pas pleinement justifiée, d’autant plus que son champ d’application dépasse le contexte du racisme et de la discrimination raciale et que la proposition ne tient pas compte des ressources existantes au Secrétariat consacrées à des tâches apparentées.  Par conséquent, le CCQAB recommande de ne pas approuver des ressources supplémentaires de 2 300 000 dollars pour 2022, jugeant déjà que le modèle de financement devrait être réévalué, de sorte à déterminer si le budget-programme ou d’autres sources de financement seraient plus appropriés. 

Outre la création d’un bureau de la diversité, le Secrétaire général indique qu’il nommera un(e) conseiller(ère) spécial(e) pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU, engagé(e) sur la base des services effectifs et dont le contrat-cadre sera financé par des contributions volontaires.  Ce rôle est de nature temporaire et vise à établir une base solide pour lutter contre la discrimination dans l’Organisation à long terme et à soutenir l’exécution du plan d’action stratégique. 

Pour peaufiner toutes ces idées, le Comité consultatif recommande que soient approuvés huit emplois de temporaires (autres que pour les réunions), pour 18 mois, à compter du 1er juillet 2022 au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et un autre à celui de l’appui opérationnel.  Il recommande une réduction globale de 40% des 512 800 dollars demandés pour les services contractuels et une autre de 30% des 417 000 dollars demandés pour les consultants.  Pour 2022, l’Assemblée devrait donc approuver l’ouverture d’un crédit supplémentaire de 1 194 200 dollars, dont 861 400 dollars pour le Département des stratégies et politiques et de 332  800 dollars pour le Département de l’appui opérationnel. 

Présentation et discussion générale A/76/771, A/76/7/Add.39

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M.  AHMED MOHAMED ISMAIL ELMAHS (Égypte) a accueilli favorablement les propositions du Secrétaire général, après le constat que les Afrodescendants afro-descendants se sentent les plus affectés par la politique des ressources humaines de l’ONU.  Insistant sur le principe de la répartition géographique équitable, le délégué a demandé, pour la suite, une bonne coordination avec le Groupe de travail intergouvernemental sur l’application effective de la Déclaration et du Programme d’’action de Durban.  Fervent partisan du multilinguisme, il a fait observer qu’’il a prononcé son discours dans trois langues. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme  ALEENA MAJEED (Pakistan) s’est dite préoccupée des résultats de l’enquête sur le racisme au sein du système des Nations Unies.  Il est regrettable, a-t-elle dit, de constater que le statut et le règlement du personnel peuvent être appliqués de manière injuste en fonction de la race, de la nationalité ou de l’origine ethnique.  Pour parvenir à une répartition géographique véritablement équitable, principe inscrit dans la Charte des Nations Unies, il faut éradiquer, a martelé la représentante, la discrimination raciale « systémique » au sein du système des Nations Unies.  Elle a appuyé les propositions du Secrétaire général et dit craindre que tout retard dans leur application équivaudrait à maintenir la discrimination dans les processus de recrutement et de promotion. 

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