Séminaire régional pour le Pacifique,
Matin
AG/COL/3357

Comité spécial de la décolonisation: Le Séminaire régional pour le Pacifique bénéficie d’une participation « historique » des territoires non autonomes

CASTRIES, Sainte-Lucie, 13 mai — Organisé sur le thème « La promotion des territoires non autonomes pendant la pandémie de COVID‑19 et au-delà »*, le Séminaire régional pour le Pacifique du Comité spécial de la décolonisation s’est tenu les 11, 12 et 13 mai, à Castries, à Sainte-Lucie, avec une représentation « historique » de 11 des 17 territoires non autonomes inscrits à la liste des Nations Unies.

Présidente du Comité spécial de la décolonisation, Mme Keisha Aniya McGuire, de la Grenade, s’est réjouie de ce que le taux de participation ait doublé par rapport aux années précédentes, illustrant clairement que le programme de décolonisation demeure une question primordiale pour les Nations Unies.  Ces propos n’ont pas empêché le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Philip Joseph Pierre, de fustiger « la stagnation » du processus, citant la crise dans les Îles Vierges britanniques auxquelles le Royaume-Uni veut imposer son autorité directe.  Il y a donc, a-t-il prévenu, beaucoup de travail à faire, un travail pour le moins complexe dont dépend le succès de la décolonisation des territoires autonomes restants.

« Ressortissant d’une ancienne puissance coloniale », le Secrétaire général de l’ONU a, dans son message vidéo, brossé un tableau alarmant de ces territoires: systèmes sanitaires submergés, difficultés économiques et changements climatiques dévastateurs.  La communauté internationale, a plaidé M. António Guterres, doit aider ces territoires à investir dans une relance post-COVID-19 durable et soutenir leur transition vers l’économie verte.

Les 17 territoires non autonomes sont: Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïman, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, les Îles Falkland (Malvinas), Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, les Samoa américaines, Sainte-Hélène et les Tokélaou. 

Le Séminaire a eu des discussions sur le rôle du Comité spécial de la décolonisation dans l’identification des défis et des opportunités de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030) et dans la promotion d’actions favorables au développement durable des territoires non autonomes.

Les perspectives des puissances administrantes -États-Unis, France, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni-, des territoires non autonomes et d’autres parties prenantes ont été analysées au cours des discussions sur le thème « Développements politiques dans les territoires non autonomes de la région du Pacifique ».  Spécialiste de la décolonisation, M. Michael Lujan Bevacqua a estimé que le plus grand défi de la décolonisation, c’est l’« apathie » des puissances administrantes, avant que la France n’invite le Comité spécial à effectuer une mission de visite en Nouvelle-Calédonie

Le Séminaire s’est ensuite penché sur le thème « Développements politiques des territoires non autonomes dans la région des Caraïbes ».  Le Royaume-Uni a ainsi pu se féliciter des discussions « franches, ouvertes et constructives » qu’il a eues aux Îles Vierges britanniques, les 2 et 3 mai derniers.  Il a affirmé qu’aucune décision n’a encore été prise sur l’imposition de son autorité directe.  Dubitatif, le Vice-Président des Îles Turques et Caïques, M. John J. Malcolm, a dit craindre que les Îles Vierges britanniques ne soient sur la voie d’une suspension « inévitable » d’une partie de leur constitution, invoquant ce qui est arrivé à son territoire en 1986 et en 2009.  L’imposition de l’autorité directe, a commenté Antigua-et-Barbuda, n’a jamais eu pour objectif la gouvernance démocratique ou le développement socioéconomique.

Les questions du Sahara occidental, des Îles Falkland (Malvinas) et de Gibraltar ont aussi occupé le devant de la scène.  M. Mohamed Omar, du Front POLISARIO, a noté que le point relatif à son territoire figure à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation depuis 1963.  La seule option, a-t-il martelé, c’est l’expression « démocratique, véritable et libre » du souhait du people sahraoui d’exercer son droit inaliénable et « non négociable » à l’autodétermination et à l’indépendance.  Le Front POLISARIO est en effet le seul représentant de ce peuple, a affirmé l’Algérie, « non partie au conflit mais observatrice ».  « Première nouvelle », s’est étonné le Maroc, en se demandant pourquoi l’Algérie négocie au nom du Front POLISARIO pour lequel il fait campagne.  Il a plutôt conseillé à cette dernière de laisser le peuple de Kabylie choisir son propre avenir.

Avant que l’Argentine n’exprime sa volonté de reprendre les négociations sur la question des Îles Malvinas avec le Royaume-Uni, l’ancien Ministre principal de Gibraltar, M. Joseph Bossano, a fait observer que 2022 marque le trentième anniversaire de sa première intervention aux Nations Unies, sur le droit à l’autodétermination de son territoire.  « Je ne savais pas que cela prendrait autant de temps », a-t-il avoué, en prévenant que personne chez lui n’appuie la reprise des négociations de Bruxelles entre l’Espagne et le Royaume-Uni, en l’absence des Gibraltariens.  Pourtant, a affirmé l’Espagne, la seule option, ce sont précisément ces négociations bilatérales.

Les conclusions et recommandations du Séminaire, telles qu’oralement amendées, seront adoptées au mois de juin par le Comité spécial de la décolonisation.  Avant le prochain rendez-vous en Indonésie, Mme Thilmeeza Hussain, des Maldives a, au nom du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, émis l’espoir que la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme finira par donner corps au droit de tous les peuples à l’autodétermination, conformément à la résolution 1514 (XV).  Le travail qui reste à faire doit donner lieu à des actions concrètes, a renchéri Mme Keisha Aniya McGuire, de la Grenade, Présidente du Comité spécial de la décolonisation.

* PRS/2022/CRP.1

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