CONF220201-CS

Conseil de sécurité: les tensions autour de l’Ukraine s’invitent dans la conférence de présentation du programme de travail de la présidence russe pour le mois de février

Les tensions actuelles autour de l’Ukraine ont occupé la majeure partie de la conférence de presse donnée cet après-midi par le Représentant permanent de la Fédération de Russie, M. Vassily Nebenzia, pour présenter le programme de travail de la présidence russe du Conseil de sécurité pour le mois de février.  « Si cela ne dépend que de la Russie, il n’y aura pas de guerre en Ukraine », a déclaré le représentant, en accusant les États-Unis d’alimenter les tensions.  M. Nebenzia a indiqué qu’il veillera à ce que ces tensions ne rejaillissent pas sur les travaux du Conseil de ce mois.

L’Ambassadeur russe a brièvement présenté le programme de travail et son premier temps fort: le débat du 7 février sur les sanctions et les moyens de prévenir leurs conséquences sur le plan humanitaire.  Le Conseil doit faire en sorte que ces sanctions n’aient pas de conséquences négatives, a déclaré M. Nebenzia, en soulignant l’importance des exemptions à ces sanctions pour motif humanitaire.  Les sanctions prises contre le Soudan seront l’objet d’une adoption le 10 février.

Un autre temps fort sera la tenue, le 16 février, d’une réunion sur la coopération entre les Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Le Conseil débattra également de la situation au Yémen, le 15 février, et du processus de paix au Moyen-Orient, le 23 février.  Le 25 février, il se penchera sur la situation en Syrie dans ses volets politique et humanitaire et « peut-être » aussi en ce qui concerne le programme d’armes chimiques syrien, a précisé le Représentant permanent. 

Le Conseil traitera également de la Somalie le 15, de Haïti le 18 et de la République centrafricaine le 22 au matin.  Dans l’après-midi du 22 février, il entendra un exposé sur la Commission d’indemnisation des Nations Unies pour les réclamations relatives aux dommages résultant de l’invasion du Koweït par l’Iraq, avant de tenir une réunion sur ce dernier pays le 24.  Deux adoptions sont également prévues le 25 sur les Comités 1540 et 2140.

Mais ce sont bel et bien les tensions autour de l’Ukraine qui ont été au cœur de cette conférence de presse, alors que le Conseil s’était déjà réuni hier sur ce sujet à la demande des États-Unis.  M. Nebenzia a d’ailleurs qualifié la séance d’hier de « provocation » et « d’appel à la guerre », avant de fustiger « la diplomatie du haut-parleur » des États-Unis.  Le Représentant a tenu à distinguer deux crises, la crise interne à l’Ukraine, dont le règlement passe par l’application intégrale des Accords de Minsk, et la « crise artificielle » actuelle alimentée par les États-Unis.

Comme il l’a déclaré hier, M. Nebenzia a demandé l’origine de l’information selon laquelle 100 000 soldats russes seraient massés le long de la frontière ukrainienne.  Il a indiqué que les troupes russes se trouvent sur le territoire russe, en notant que des manœuvres similaires conduites en avril n’avaient pas reçu une telle attention.  Les responsables russes ont réfuté toute intention d’attaquer l’Ukraine, a dit M. Nebenzia.  Il a indiqué ne pas savoir combien de soldats russes se trouvent actuellement le long de la frontière ukrainienne et a renvoyé vers le Ministère russe de la défense pour obtenir cette information. 

Le Représentant permanent a estimé que les États-Unis disposent de 175 000 soldats déployés à l’étranger, avant de déplorer que l’Ukraine soit devenue une « carte » géopolitique entre les mains des États-Unis et de certains pays européens.  Les États-Unis sont plus « royalistes que le roi », a ironisé le délégué russe.  Il a en effet relevé le ton « mesuré » employé par l’Ambassadeur ukrainien dans son intervention hier au Conseil, ainsi que les appels à ne pas céder à la « panique » lancés par le Président ukrainien.

L’Ambassadeur Nebenzia a indiqué qu’une réunion du Conseil est prévue le 17 février sur l’application des Accords de Minsk, qui constituent à ses yeux la seule voie pour régler la crise ukrainienne.  Il est révélateur que la Représentante permanente des États-Unis n’ait soufflé mot sur ces accords dans son intervention d’hier, a dit le délégué.  Il a affirmé que les livraisons d’armes actuelles à l’Ukraine sont des « provocations », qui contreviennent auxdits accords.  M. Nebenzia a écarté toute nouvelle réunion selon le format Normandie tant que les conclusions du dernier sommet de 2019 n’auront pas été appliquées.

Le Président ukrainien dit que ces accords ne sont pas applicables tout en indiquant que l’Ukraine doit continuer de les appuyer parce que c’est un moyen de sanctionner la Russie, a relevé le délégué russe.  Il a trouvé « paradoxal » que la Russie soit sanctionnée alors que c’est l’Ukraine qui n’applique pas ces accords.  La Russie a d’ailleurs fait l’objet de tellement de sanctions « qu’elle ne les compte plus », s’est exclamé le délégué russe en précisant que toute nouvelle sanction ne restera pas sans réponse. 

Le diplomate a appelé à ne pas montrer du doigt ou humilier, mais plutôt à trouver une solution pratique.  Il ne peut y avoir de solution militaire en Ukraine, a conclu M. Nebenzia sur ce dossier ukrainien en soulignant que le Conseil de sécurité travaille parfois dans les coulisses.

L’Ambassadeur a ensuite brièvement évoqué la situation en Libye en espérant qu’un nouvel envoyé spécial soit nommé d’ici à la fin du mois d’avril.  S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, il a appelé de ses vœux la tenue d’une réunion du Quatuor à un niveau ministériel et espéré une « bonne nouvelle » à ce sujet d’ici à la réunion du Conseil le 23 février. 

Le Représentant permanent a par ailleurs précisé que le Conseil travaille à un projet de texte sur la situation au Myanmar, un an après le coup d’État.  Il a aussi évoqué l’Afghanistan en plaidant pour la fourniture de l’aide humanitaire et pour que les avoirs afghans gelés soient retournés au pays.  Enfin, M. Nebenzia a souhaité bonne chance aux athlètes engagés dans les Jeux olympiques d’hiver qui débutent dans quelques jours en Chine.

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