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Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 25 mars 2022

(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

Ukraine

La Coordonnatrice résidente et Coordinatrice de l’action humanitaire en Ukraine, Mme Osnat Lubrani, a publié une déclaration dans laquelle elle décrit avoir voyagé à travers l’Ukraine ces derniers jours et vu des dommages et des souffrances qu’aucun pays, aucun humain ne devrait jamais subir.

Des centaines de milliers de personnes sont prises au piège dans des villes où les combats se poursuivent, notamment à Marioupol, Tchernihiv, Kharkiv, Soumy et la capitale, Kiev, et dans des zones proches des lignes de front.  Les gens sont épuisés et manquent des éléments de base nécessaires à la survie humaine, font face à des bombardements constants et vivent dans des sous-sols sans chauffage, sans combustible ni eau.

À titre d’exemple, le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que la ville encerclée de Marioupol est à court de ses dernières réserves de nourriture et d’eau.  Aucune aide humanitaire n’a été autorisée dans la ville depuis son encerclement le 24 février et le PAM affirme que le seul moyen d’atteindre Marioupol est de recourir à des convois humanitaires qui jusqu’à présent n’ont pas pu passer.

Mme Lubrani réitère que les civils doivent être autorisés à atteindre des lieux sûrs -et à aller où bon leur semble- tandis qu’un passage sûr pour les fournitures humanitaires doit également être autorisé.  La déclaration complète de Mme Lubrani est en ligne.

L’opération humanitaire continue de s’intensifier.  L’ONU et ses partenaires humanitaires ont fourni une forme d’assistance à au moins 890 000 personnes.  Cette aide comprend des vivres, des abris, des couvertures, des médicaments, de l’eau, des installations sanitaires et des fournitures d’hygiène.  Cela s’ajoute à l’assistance fournie par les autorités, les entreprises, les communautés et le Mouvement de la Croix-Rouge.

Aujourd’hui, le PAM estime en outre que 45% des Ukrainiens craignent de ne pas trouver suffisamment à manger.  La nourriture est l’une des trois principales préoccupations, avec la sécurité et le carburant pour le transport.

Le PAM estime qu’une personne sur cinq en Ukraine utilise déjà certains mécanismes d’adaptation alimentaire, notamment en réduisant la taille et le nombre de repas et en mangeant moins de nourriture.  Les adultes sautent des repas ou s’alimentent moins pour que les enfants puissent manger.

Le PAM a fourni une aide alimentaire à 716 000 personnes et prévoit de l’étendre progressivement à 1,2 million de personnes en deux semaines et à 2,4 millions de personnes en un mois.

Pour sa part, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a averti que, selon les indications actuelles, du fait de cette guerre, entre 20 et 30% des superficies ensemencées en cultures d’hiver en Ukraine resteront non récoltées pendant la saison 2022-2023.  Afin de prévenir ou de limiter les effets néfastes du conflit sur les secteurs alimentaire et agricole de l’Ukraine et de la Fédération de Russie, la FAO souligne que tous les efforts doivent être faits pour maintenir le commerce international des aliments et des engrais ouvert afin de répondre aux besoins nationaux et mondiaux.

Haut-Karabakh

Le Secrétaire général est préoccupé par les informations faisant état de nouveaux combats dans le Haut-Karabakh et aux alentours.

Le Secrétaire général exhorte les parties à s’abstenir de toute action et déclaration susceptibles d’aggraver la situation et à régler toutes les questions en suspens, y compris les préoccupations humanitaires, par le dialogue direct et dans le cadre des formats existants.

Conseil de sécurité

Cet après-midi, le Conseil de sécurité tiendra une séance publique pour discuter du récent lancement par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) d’un essai de missile balistique intercontinental.  La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, informera les membres du Conseil.

Ukraine / Mission de surveillance des droits de l’homme

La Chef de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, Mme Matilda Bogner, a noté que le nombre de morts et l’étendue des souffrances humaines dans les villes et les villages du pays augmentaient de jour en jour.  Elle a déclaré que l’ampleur des pertes civiles et la destruction de biens de caractère civil suggèrent fortement que les principes de distinction, de proportionnalité, les mesures de précaution et l’interdiction des attaques aveugles ont été violés.

Mme Bogner a ajouté que la mission de surveillance des droits de l’homme est également préoccupée par les vidéos montrant des prisonniers de guerre interrogés après leur capture par les forces ukrainiennes et russes.  Elle a ajouté que depuis l’invasion par la Fédération de Russie, des personnes soupçonnées d’être des voleurs, des contrebandiers, des partisans pro-russes ou des contrevenants au couvre-feu ont été battues sur le territoire contrôlé par le Gouvernement ukrainien. 

FISNUA

Le Chef par intérim de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le général de division Benjamin Oulefemi Sawyerr, s’est rendu à Diffra pour soutenir les efforts de prévention des conflits suite à une détérioration de la situation sécuritaire dans la zone depuis février.

Le général de division Sawyerr a rencontré l’administrateur en chef nommé par Khartoum et les dirigeants de la communauté Misseriya pour discuter de la nécessité d’un dialogue, de la création de comités de protection communautaires et de l’activation d’un système d’alerte précoce pour réduire le risque de violence.  Il a également assuré à la communauté que la mission continuera de donner la priorité à la sécurité et à la protection des civils dans tout Abyei pendant et après sa transition vers une mission multinationale de maintien de la paix.

Mali

Le personnel de l’ONU sur le terrain au Mali rapporte qu’hier, des Casques bleus qui participaient à une patrouille de sécurité ont essuyé des tirs d’individus armés près du village de Ouarara, dans la région de Gao.

Les Casques bleus ont riposté et l’un des assaillants est décédé plus tard des suites de ses blessures.

Aucun des Casques bleus n’a été blessé.  L’incident fait l’objet d’une enquête et est un autre exemple d’une montée inquiétante de la violence contre les soldats de la paix au Mali, notamment en ce qui concerne les attaques armées ainsi que l’utilisation d’engins explosifs improvisés.

Burkina Faso

Les agences humanitaires au Burkina Faso indiquent que de nouvelles données montrent qu’en deux mois -c’est-à-dire entre décembre de l’année dernière et janvier de cette année- le nombre de personnes déplacées au Burkina Faso a augmenté de 10%, portant le nombre total de personnes déplacées à plus de 1,7 million d’hommes, de femmes et d’enfants.

Près d’une personne sur cinq au Burkina Faso a un besoin urgent d’aide humanitaire, en particulier dans les régions de l’Est, du Centre-Nord, du Nord et du Sahel.

Avec plus de 1 600 incidents de sécurité signalés en février, soit 11% de plus qu’en janvier, la violence en cours a un impact négatif sur l’accès aux services sociaux de base, tant pour les personnes déplacées que pour les communautés qui les accueillent en toute générosité.  En février, plus de 3 400 écoles et 160 centres de santé ont été fermés en raison de la situation sécuritaire.

L’appel humanitaire de l’ONU pour le Burkina Faso, qui a été lancé en février et demande 591 millions de dollars, n’est financé qu’à 9%.

Le manque de financement entraîne des lacunes dans la fourniture d’abris et d’articles ménagers essentiels, de même qu’en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement.

L’accès à l’eau potable est particulièrement difficile et a été aggravé par le sabotage de points d’eau par des groupes armés non étatiques dans plusieurs régions en février.

Cette année, le Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA) a alloué 10 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) pour répondre aux besoins les plus urgents en matière de sécurité alimentaire, de protection et d’autres besoins humanitaires dans les régions du Sahel et de l’Est.

Réfugiés nicaraguayens 

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a déclaré aujourd’hui que le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile nicaraguayens au Costa Rica avait doublé au cours des huit derniers mois, atteignant plus de 150 000 personnes.  Cela représente 3% de la population totale de 5 millions d’habitants du Costa Rica.  

Le HCR a indiqué que plus de Nicaraguayens cherchaient protection au Costa Rica aujourd’hui que tous les réfugiés et demandeurs d’asile réunis durant les guerres civiles en Amérique centrale des années 1980. 

Journées internationales 

Aujourd’hui marque la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  Dans son message à cette occasion, le Secrétaire général déclare que cette Journée est l’occasion de se souvenir des crimes contre l’humanité; du trafic d’êtres humains de masse sans précédent; des transactions économiques dégradantes et des violations indicibles des droits humains. 

Il note qu’aujourd’hui, les personnes d’ascendance africaine continuent d’être confrontées à la discrimination raciale, à la marginalisation et à l’exclusion.  

Dans le cadre des événements organisés autour de cette Journée, le Département de la communication globale (DCG) -en collaboration avec l’UNESCO et le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP)- ont organisé un événement en ligne, intitulé « Rhythms of Resistance », pour mettre en lumière l’histoire de la traite transatlantique des esclaves et le racisme qui en découle de manière continue, ainsi que les contributions culturelles de l’Afrique dans les Amériques.  Parmi les orateurs figurent la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina Mohammed, la Directrice exécutive du FNUAP, Mme Natalia Kanem, et la Sous-Directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’UNESCO, Mme Gabriela Ramos, ainsi que la première Vice-Présidente du Costa Rica, Mme Epsy Campbell Barr, et la Vice-Chancelière de l’Université des Antilles, Mme Hilary Beckles. 

Une réunion est également prévue mardi 29 mars pour commémorer cette Journée internationale.  Mme Nikole Hannah-Jones, la créatrice de « Project 1619 », sera l’oratrice principale.  Cette réunion se tiendra dans la salle de l’Assemblée générale. 

Aujourd’hui marque également la Journée internationale de solidarité avec les membres du personnel détenus ou portés disparus.  Dans un message, le Secrétaire général déclare qu’aux quatre coins du monde, que ce soit dans leur pays d’origine ou à l’étranger, les membres du personnel des Nations Unies œuvrent sans relâche au service des peuples du monde.

Le Secrétaire général note que depuis 2021, 142 membres du personnel des Nations Unies ont été détenus, dont 15 depuis le début de 2022, et 22 sont toujours en détention aujourd’hui.  

Il ajoute que nous demeurons saisis de chacune de ces affaires et exigeons la libération immédiate de nos collègues et souligne que les membres du personnel des Nations Unies ne devraient jamais être arrêtés ou détenus en raison du travail qu’ils accomplissent dans le cadre de leur mandat. 

Il exhorte tous les pays à faire pleinement respecter les privilèges et immunités nécessaires, et insiste sur le fait que la sécurité de toutes celles et ceux qui travaillent avec les Nations Unies est notre priorité absolue.  

Philippines 

Aujourd’hui marque également 100 jours depuis que le typhon Rai a balayé 11 des 17 régions des Philippines, touchant près de 12 millions de personnes, endommageant plus de 2 millions de maisons et laissant des dizaines de milliers de personnes déplacées. 

Depuis, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont réussi à fournir une aide d’urgence à plus de 715 000 des personnes les plus touchées. 

À ce jour, le Plan des besoins et des priorités humanitaires n’est financé qu’à 34%, soit 56,6 millions de dollars.  Les principaux domaines d’intervention prioritaire sont la nourriture, le logement, l’agriculture, l’eau et l’assainissement. 

L’ONU est également très préoccupée par la protection des personnes vivant dans des zones à haut risque et son Coordonnateur résident, M. Gustavo Gonzalez, travaille avec le Gouvernement philippin et d’autres partenaires pour explorer des solutions durables pour les personnes dans les zones non constructibles. 

Organisation internationale du Travail (OIT) 

M. Gilbert Houngbo du Togo, a été élu comme nouveau Directeur général de l’Organisation internationale du Travail. 

Éthiopie 

Le Secrétaire général se félicite de la déclaration par le Gouvernement éthiopien d’une trêve humanitaire indéfinie, prenant effet immédiatement, et de l’engagement des autorités tigréennes à une cessation des hostilités avec effet immédiat.

Le conflit en Éthiopie a causé de terribles souffrances à des millions de personnes à travers l’Afar, l’Amhara, le Tigré, le Benishangul Gumuz et l’Oromia.  Ces développements positifs doivent maintenant se traduire par des améliorations immédiates sur le terrain.

Le Secrétaire général réitère donc son appel au rétablissement des services publics au Tigré, notamment les services bancaires, l’électricité et les télécommunications, et appelle toutes les parties à permettre et faciliter de manière proactive l’acheminement de l’aide humanitaire désespérément nécessaire dans toutes les zones touchées.  Le Secrétaire général exhorte toutes les parties à ce conflit à s’appuyer sur cette évolution encourageante pour prendre les mesures nécessaires en vue d’un cessez-le-feu à long terme.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.