Quarante-quatrième session,
3e et 4e séances – matin & après-midi
PI/2300

La lutte contre la désinformation, le respect du multilinguisme et le rôle des CINU pour relayer l’information en langues locales dominent le débat au Comité de l’information

Au deuxième et dernier jour du débat général du Comité de l’information, une trentaine de délégations se sont succédé pour reconnaître et souvent saluer le travail accompli par le Département de la communication globale des Nations Unies (DCG), qui a su s’adapter à un environnement difficile marqué par la pandémie et s’acquitter de son mandat de « messager » ou de « voix des Nations Unies » à travers la diffusion d’informations fiables.

La lutte contre la désinformation et la mésinformation menée par le Département, en particulier dans le contexte de la réponse sanitaire de l’ONU à la COVID-19, à travers son initiative Verified, a fait l’objet d’un soutien unanime des membres du Comité.  Comme l’ont soulevé les États-Unis, Internet et les technologies de l’information et des communications (TIC) ont permis à la désinformation de proliférer, aggravant les défis mondiaux les plus urgents.  La délégation américaine a fustigé notamment les affirmations infondées qui ont mis en doute un large consensus scientifique sur les vaccins anti-COVID-19, alors que la rumeur et la peur ont érodé la confiance dans les institutions de santé publique. 

Le Portugal a appelé à se demander pourquoi, dans une « société de l’information » comme celle d’aujourd’hui, de plus en plus de citoyens s’éloignent des sources fiables.  C’est un problème de confiance et celle-ci doit à tout prix être restaurée, a-t-il plaidé.  Avec un flot incessant d’informations sur les réseaux sociaux, la première victime est la vérité, a dénoncé à son tour le Liban en relevant que l’information est devenue fragmentée et ses consommateurs plus dispersés et plus isolés de la réalité et de la vérité.  Abondant en ce sens, l’Inde s’est indignée que des outils comme Internet et les plateformes de médias sociaux, « fer de lance de la révolution de l’information », soient utilisés à mauvais escient pour répandre des mensonges. 

Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres d’information peuvent engendrer de l’instabilité et constituer une menace pour la paix et la sécurité, a mis en garde la Malaisie.  À ce sujet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été citée comme exemple de la façon dont la manipulation de l’information, y compris la désinformation, est utilisée pour tenter de justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre un autre État.  Le Portugal l’a également relevé ainsi que l’Ukraine elle-même, qui a dénoncé la propagande russe.  De son côté, le Venezuela a déploré « la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’approuver des ressources pour influencer les agendas des médias locaux, subvertir l’ordre constitutionnel et faire avancer des opérations secrètes qui visent non seulement à promouvoir leur infâme politique de changement de régime, mais aussi à attenter à la paix sociale du Venezuela ».

Que ce soit le Venezuela, le Népal, l’Inde, le Japon, le Bangladesh, le Brésil, l’Argentine ou encore la Fédération de Russie, les délégations ont été nombreuses à souligner la contribution inestimable des centres d’information des Nations Unies (CINU), qui sont un maillon clef du Département pour diffuser l’information de l’ONU dans les langues locales, un pari déjà relevé pour 125 langues.  La couverture multilingue de l’actualité élargit le spectre de la sensibilisation du public aux activités de l’ONU, ont fait valoir les délégations, qui ont apprécié qu’elle contribue à la qualité et à la fiabilité des informations.  Dès lors, les appels se sont multipliés pour renforcer les moyens humains et techniques de ces centres à travers le monde.  L’Égypte a d’ailleurs exprimé sa déception face à la décision de réduire les ressources du CINU du Caire et de transférer l’excédent dégagé à d’autres centres.

Si le DCG a ainsi été encouragé à intégrer plus systématiquement le portugais, le népalais, l’hindi et d’autres langues non officielles dans ses supports et campagnes de communication, le respect des six langues officielles a lui aussi été revendiqué par les membres du Comité de l’information, qui ont appelé à tenir compte du niveau de développement des infrastructures numériques de chaque pays et du fossé numérique.  La Chine a notamment plaidé pour qu’une place plus prépondérante soit donnée à la langue chinoise dans tous les supports développés par le Département en rappelant au passage qu’il s’agit d’une des langues les plus parlées au monde et d’une des langues officielles de l’ONU. 

Lui faisant écho, les pays hispanophones ont regretté que la parité linguistique ne soit toujours pas devenue une réalité.  L’Argentine a d’ailleurs dénoncé le fait que les communiqués de presse de l’ONU ne soient disponibles qu’en anglais et en français, une revendication qui revient depuis plusieurs années par la voix du Groupe des Amis de l’espagnol.  Les pays hispanophones ont aussi mis en garde contre la tendance à se limiter à de simples traductions des contenus anglais diffusés par le DCG, plaidant pour davantage de contenus originaux pour respecter les nuances linguistiques et culturelles.  Du même avis, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a estimé que « trop d’événements donnent aujourd’hui l’impression que l’ONU ne parle qu’une seule langue ». 

L’OIF a aussi mis en exergue toute l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui représentent de réelles opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique et promouvoir les acteurs qui font vivre au quotidien cette diversité.  Demain, le 5 mai, sera d’ailleurs célébré la Journée internationale de la langue portugaise.

Le Comité de l’information poursuivra ses travaux en séances informelles et sa prochaine réunion publique sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. EDUARDO MANUEL DA FONSECA FERNANDES RAMOS (Portugal) a affirmé que, dans un contexte où nous avons accès à l’information comme jamais auparavant, un pourcentage toujours plus grand de la population est constamment exposé à une quantité proportionnellement croissante de désinformation et de mésinformation.  « Récemment, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que nous condamnons fermement, a montré comment la manipulation de l’information, y compris la désinformation, est utilisée pour tenter de justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre un autre État », a dénoncé le représentant.  Si nous avons parfois trouvé des moyens de contrer les fausses informations et la désinformation, il nous faut chercher à les prévenir, a-t-il recommandé.  Il a appelé à se demander pourquoi, dans une « société de l’information » comme celle-ci, de plus en plus de citoyens s’éloignent des sources fiables afin de pouvoir nous attaquer aux causes profondes de ce défi.  À son avis, la réponse est la confiance, qu’il faut restaurer. 

Le représentant a ensuite tenu à souligner que l’ONU, par le biais de ses centres d’information, diffuse déjà des informations en 125 langues, un « exploit remarquable ».  La couverture multilingue de l’actualité élargit largement le spectre de la sensibilisation du public aux activités de l’ONU, en ajoutant à la qualité et à la fiabilité des informations disponibles.  Par ailleurs, la portée mondiale et l’universalité de la langue portugaise constituent un atout important pour la préservation et la promotion du multilinguisme, a-t-il ajouté en encourageant le DCG à développer davantage l’utilisation de la langue portugaise.  Depuis 2013, l’unité portugaise a établi des partenariats à coût neutre avec des médias dans les pays lusophones et dans d’autres pays ayant d’importantes diasporas lusophones, élargissant ainsi la portée des informations en provenance de l’ONU, a-t-il salué. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a relevé le rôle du DCG dans la diffusion d’informations fondées sur des preuves et la lutte contre les fausses informations grâce à sa campagne Verified dans le contexte de la COVID-19;  mais aussi la mobilisation autour de la mise en œuvre des ODD, des changements climatiques, du maintien de la paix, du désarmement nucléaire, de l’avenir numérique et de la lutte contre le terrorisme, entre autres.  Le Département pourrait, selon lui, aider l’ONU à obtenir un soutien public mondial pour faire avancer ces programmes en partageant des informations précises, opportunes et pertinentes.  Soulignant que la diversité linguistique fait partie intégrante du multilatéralisme, il a apprécié que le Département a publié des informations en 125 langues ainsi qu’en braille, saluant en outre les vidéos produites par le CINU de Katmandou en langue des signes népalaise.  Il a ensuite encouragé le DCG à inclure le népalais dans son panier de langues.  Le représentant a également appelé le Département à concevoir des stratégies de communication plus efficaces pour mettre en évidence les contributions des pays contributeurs de contingents de manière équitable. 

Alors que la fracture numérique aggrave les inégalités entre les États, le représentant a estimé que l’ONU devrait continuer à promouvoir les technologies numériques en tant que bien public mondial et permettre aux pays en développement d’en tirer parti pour faire un bond en avant dans leur développement.  Le Département devrait aussi continuer à faciliter la coopération internationale visant à la coopération numérique par le biais des médias, de l’information et des services de communication.  Il a également souhaité que les CINU soient renforcés avec des capacités techniques et infrastructurelles leur permettant d’atteindre un public toujours plus large. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a salué les efforts inlassables du Département de la communication globale (DCG) pour promouvoir l’action de l’ONU à travers le monde.  De même, il s’est félicité des efforts déployés par le DCG pour promouvoir une coopération étroite avec le Département des opérations et celui de l’appui aux missions.  La pandémie de coronavirus, a souligné le représentant, a en effet mis en évidence la nécessité d’un effort collectif pour relever les défis communs, comme en témoigne aussi la coopération du DCG avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’initiative Verified, qui a permis de renforcer la confiance dans le vaccin.  Il a par ailleurs exhorté à respecter les résolutions de l’Assemblée générale concernant le soutien à apporter aux centres d’information des Nations Unies (CINU), ainsi qu’à leurs pays hôtes.  Le délégué a appelé en conclusion le DCG à poursuivre le programme d’information spécial sur la question de Palestine, y compris les séminaires internationaux sur cette question. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a noté qu’au milieu de tout le flot de contenus sur les réseaux sociaux, la première victime est la vérité.  L’information est devenue fragmentée et ses consommateurs plus dispersés et plus isolés de la réalité et de la vérité, a-t-elle expliqué en estimant que c’est donc le moment le plus transformateur qui soit mais aussi le plus dangereux pour trouver et rechercher la vérité.  Selon elle, les sociétés vivent dans une « période postvérité » comme l’a exprimé M. Dmitry Muratov, le lauréat russe du prix Nobel.  Évoquant ce qui est désormais nommé « infodémie », la déléguée a expliqué que l’une des principales raisons pour lesquelles la pandémie a été difficile à combattre est la désinformation, les fausses nouvelles.  Les campagnes de désinformation contre les vaccins ont envahi Internet à une époque où la majorité des gens obtiennent leurs informations en ligne, a-t-elle rappelé.  Elle a indiqué qu’au Moyen-Orient, 86% des internautes acquièrent leurs informations à travers les réseaux sociaux.  En Amérique latine, ce taux est de 82%, tandis qu’il est de 76% en Afrique, 66% en Asie et Pacifique et 65% en Europe.  Elle a cité le Washington Post qui révèle que les informations circulant sur les principaux réseaux sociaux sont de plus en plus façonnées par les milliardaires et autres dynasties riches.  Lorsqu’elle est propagée et amplifiée par les réseaux sociaux, la désinformation peut induire en erreur, ternir le discours politique, influencer des élections, semer la discorde politique et diminuer la confiance dans les institutions, les fonctionnaires et les élus, a-t-elle recensé.  La représentante a donc appelé à lutter contre la désinformation, y compris celle qui cible les enfants et menace leur avenir.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a été d’avis que le DCG doit informer de manière exacte le public du monde entier pour contrer et prévenir la désinformation sous toutes ses formes dans un monde interconnecté.  Il est impératif, a-t-il poursuivi, de réduire la fracture numérique entre les pays développés et en développement et de mettre les technologies de l’information et des communications (TIC) au service du développement de manière équitable et juste.  Le DCG devrait à son avis jouer un rôle plus efficace et plus grand dans la sensibilisation du public sur cette question.  Il a ajouté que l’utilisation des technologies doit être compatible avec les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Le représentant a condamné l’utilisation inappropriée par certains pays de ces technologies pour la désinformation contre l’Iran.  Il a aussi exhorté le DCG à poursuivre ses efforts de sensibilisation sur les impacts négatifs des mesures coercitives unilatérales qui frappent certains pays et les populations civiles.  Il a en outre demandé à la communauté internationale de condamner l’intolérance et la haine de l’islam et des musulmans.  Le DCG devrait s’attaquer à ce phénomène y compris durant la Journée internationale contre l’islamophobie, a-t-il demandé.  Le représentant a, enfin, souligné la responsabilité de l’ONU sur la question de Palestine.  Il faut sensibiliser la communauté internationale sur les conséquences négatives de l’occupation et du blocus du peuple palestinien, a-t-il dit.  .   

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a regretté qu’Internet et les TIC aient permis à la désinformation de proliférer.  La désinformation et la manipulation aggravent les défis mondiaux les plus urgents, a-t-il déploré en ajoutant que des affirmations infondées mettent en doute un large consensus scientifique, et que la rumeur et la peur érodent la confiance dans les institutions de santé publique.  Les théories du complot amènent beaucoup à remettre en question la sécurité des vaccins, a-t-il encore constaté.  Il a souligné à cet égard l’importance de la campagne du DCG qui envoie des conseils fiables et vitaux sur la COVID-19 dans les langues du monde entier pour lutter contre la propagation de fausses informations.  Le représentant s’est dit également préoccupé par la propagation de la désinformation dans les zones de conflit, qui met en péril la sûreté et la sécurité des Casques bleus, érode la confiance du public dans l’ONU et entrave les efforts des missions pour mettre en œuvre leurs mandats.  Il a soutenu les efforts du DCG pour s’attaquer directement aux risques que la désinformation et la mésinformation font peser sur les soldats de la paix et les missions. 

Le délégué a déploré l’utilisation de la désinformation par la Russie pour justifier « sa guerre ».  De la diffusion délibérée de mensonges et de théories du complot à l’utilisation de prétextes fallacieux, la Russie utilise un manuel de jeu bien connu, a-t-il décrit.  Pire encore, a ajouté le délégué, le Kremlin a muselé la dissidence, fermé des médias indépendants et bloqué l’accès aux médias sociaux et aux informations indépendantes sur la guerre en Ukraine.  Il s’est dit encouragé par le fait que les États Membres aient rejeté les efforts de la Russie pour propager des mensonges, semer le doute et obscurcir la vérité en Ukraine, mais a appelé à rester vigilants, car le mensonge de la Russie a, selon lui, le potentiel de causer des dommages durables à la vérité et de saper les efforts de faire respecter le principe de responsabilité.  Il a salué les efforts du DCG pour promouvoir la liberté d’expression et partager des informations exactes et fiables dans plusieurs langues à travers le monde afin de lutter contre la propagation de la désinformation.  « Nous devons tous faire plus pour dénoncer la dangereuse manipulation de la vérité », a-t-il terminé. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer le DCG en tant que « messager responsable » de l’ONU, dont l’objectif est de fournir des informations exactes et fiables.  Il a salué la campagne Marquons une pause qui encourage les médias et autres consommateurs d’informations à vérifier la validité des informations partagées afin d’arrêter la propagation de désinformation en ligne.  Il a souhaité plus de détails sur la proposition du Secrétaire général d’établir un code de conduite mondial de l’intégrité dans l’information.  Après avoir salué les travaux du Comité de l’information et du DCG pour contrer la prolifération de la désinformation relative à la pandémie de COVID-19, le représentant a jugé crucial que les informations publiées par l’ONU permettent aux États Membres de fournir leur point de vue, évoquant certains cas où des imprécisions ont été relevées lorsqu’une information provenant d’une partie tierce n’avait pas été suffisamment étayée.  Cette situation a eu un impact négatif sur les États Membres, a-t-il affirmé.  Compte tenu des inquiétudes suscitées par la désinformation, il est essentiel que l’information soit soigneusement corroborée pour garantir transparence et impartialité, a-t-il estimé.

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a salué les efforts déployés par l’ONU sur le plan de l’information, afin notamment de renforcer l’accès aux vaccins contre la COVID-19 et de lutter contre la désinformation sur la pandémie.  Il s’est félicité à cet égard des campagnes Verified et Marquons une pause lancées par le DCG pour combattre plus efficacement la propagation de fausses nouvelles.  Plus largement, le délégué a qualifié de louable le lancement d’un tableau de bord sur les objectifs de développement durable (ODD) et la mise au point d’un code de conduite global en matière de communication.  Applaudissant les efforts onusiens menés en faveur du multilinguisme, il s’est particulièrement réjoui que le Centre d’information des Nations Unies au Bangladesh promeuve les langues des minorités.  Il a souhaité à cet égard que le Centre bénéficie de davantage de moyens pour atteindre les populations vivant dans des zones rurales reculées.  Il a, d’autre part, appelé le Département à intensifier ses efforts de numérisation et à rétablir toutes les activités qu’il menait préalablement à la pandémie.  Invitant par ailleurs le DCG à davantage mettre l’accent sur la tolérance et la non-violence, il a salué la campagne engagée contre le racisme aux côtés du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il s’est aussi réjoui que des campagnes de communication saluent les efforts des pays fournisseurs de contingent aux missions de l’ONU sur le terrain.  Avant de conclure, le représentant a encouragé le DCG à davantage sensibiliser le public sur les « génocides passés ou oubliés », notamment « celui perpétré au Bangladesh en 1971 », ainsi que sur les « crimes atroces » commis contre les Rohingya au Myanmar. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a exhorté le Département à redoubler d’efforts pour communiquer sur l’importance du respect des droits humains des migrants, et les contributions qu’ils apportent aux communautés d’accueil.  Il a également appelé le DCG à continuer de renforcer l’accessibilité des sites et plateformes des Nations Unies pour les personnes handicapées.  Il a voulu que la lutte contre la désinformation demeure une priorité fondamentale de l’ONU, alertant des conséquences négatives de la négligence de l’infodémie.  L’initiative Verified s’est d’ailleurs avérée un outil important pour promouvoir le traitement correct de l’information, a-t-il estimé.  Le représentant a d’autre part demandé au DCG de renforcer ses liens avec les organisations de la société civile, les universités et le secteur privé.  Les séances d’information pour la société civile et l’accréditation des ONG qui souhaitent participer aux différents événements qui se déroulent à l’ONU sont des éléments essentiels pour promouvoir et diffuser le travail effectué par les Nations Unies, mais aussi pour contribuer au travail intergouvernemental, a fait valoir le représentant.  Le délégué a par ailleurs appelé à respecter la parité linguistique des six langues officielles de l’Organisation sur tous ses supports et plateformes.  Cela signifie aussi qu’il faut aller au-delà de la simple traduction de contenus initialement produits en anglais, en reconnaissant l’importance des nuances dans la langue et dans la manière de communiquer avec les publics locaux, a-t-il indiqué.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a constaté que l’accès aux technologies de l’information et des communications continue de faire face à des défis majeurs, la fracture numérique entre le Nord et le Sud continuant de se creuser quotidiennement.  Or, la pandémie de COVID-19 nous a montré le rôle important que jouent ces technologies dans un monde de plus en plus interconnecté.  La réalité, c’est que les politiques d’agression poursuivies par certaines puissances au travers de l’application de mesures coercitives unilatérales illégales sapent les efforts nationaux, à cet égard, a dénoncé le représentant.

Il a ensuite souligné les contributions du DCG pour lutter contre les infodémies, les « fake news » et les informations erronées et non scientifiques, notamment dans le cadre de ses campagnes numériques Verified et #Ensemble, ainsi que son rôle dans la sensibilisation à l’importance de la vaccination contre la COVID-19, notamment dans les langues locales.  Il a également indiqué que le multilinguisme reste une priorité pour son gouvernement.  M. Pérez Ayestarán a par ailleurs rejeté les tentatives de restreindre le droit inaliénable de rechercher, de recevoir et de diffuser librement des informations et des idées, à la suite de la récente censure et du blocage des médias, y compris des réseaux sociaux, pour des raisons purement idéologiques.  Il a dénoncé la coordination entre les grands monopoles des médias traditionnels et numériques « à partir desquels la guerre est promue », fustigeant des actions hostiles qui visent, selon lui, à imposer une pensée unique comme stratégie de guerre communicationnelle afin d’atteindre des objectifs d’hégémonie et de domination en fomentant la confrontation entre blocs.

Le représentant a dénoncé, dans ce contexte, la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’approuver des ressources pour influencer les médias locaux, subvertir l’ordre constitutionnel et faire avancer des opérations secrètes qui visent, selon lui, non seulement à promouvoir leur infâme politique de changement de régime, mais aussi à attenter à la paix sociale du Venezuela.  Il a ensuite exprimé sa vive inquiétude face à la tendance croissante du portail ONU-Info et du compte Twitter officiel de l’ONU, notamment dans leur version espagnole, à « éditorialiser » leurs publications.  Nous espérons que cette plainte, que nous adressons avec des preuves et directement au DCG depuis au moins 2018, sera traitée « une fois pour toutes », dans l’intérêt de préserver à la fois la crédibilité et le professionnalisme de l’Organisation.

Mme LEE HYUN GOO (République de Corée) a affirmé l’importance d’une bonne communication et du partage d’informations, surtout dans le contexte de la pandémie.  Elle a indiqué que la propagation de la désinformation, également connue sous le nom d’« infodémie », peut être aussi dangereuse pour la santé publique que la pandémie elle-même.  Elle s’est dite profondément préoccupée face à la manipulation d’informations visant à justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre d’autres États Membres.  Elle a estimé que la désinformation peut avoir un impact négatif sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales, ainsi que sur les objectifs de développement durable.  Cependant, la liberté d’expression ne peut être sacrifiée pour lutter contre la désinformation, a-t-elle ajouté.  La déléguée a salué le travail du DCG, notamment l’initiative Verified qui vise à diffuser des informations publiques précises sur la santé, tout en luttant contre la désinformation et la mésinformation.  Elle a, enfin, plaidé pour que l’ONU mène des campagnes de communication plus robustes afin d’engager les jeunes à participer à des événements pertinents.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué les initiatives prises par le DCG pour lutter contre la propagation de fausses nouvelles concernant la COVID-19 et les vaccins contre cette maladie.  Il s’est félicité des campagnes de sensibilisation menées par le Département dans le cadre de la riposte sanitaire des Nations Unies, appelant à consolider les acquis de cette communication stratégique visant à fournir au public des informations factuelles, opportunes et fondées sur des données scientifiques probantes.  Il a également souhaité que soient renforcés les programmes destinés à lutter contre toutes les formes de haine, d’intolérance et de discrimination.  Alors que la pandémie a mis en évidence l’importance des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans tous les aspects de la vie, il est nécessaire de réduire la fracture numérique et d’améliorer l’accès à Internet dans les pays en développement, a poursuivi le représentant, qui a dit attendre avec intérêt les conclusions du sommet prévu en septembre prochain sur la transformation de l’éducation aux fins d’un usage sûr et sécurisé d’Internet.  Il s’est ensuite réjoui de l’adoption de plusieurs résolutions de l’Assemblée générale relatives au renforcement du multilinguisme au sein de l’ONU, tout en constatant que l’écart entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles ne cesse de se creuser.  Il a donc plaidé pour un emploi équitable des six langues officielles mais aussi pour une plus large utilisation des langues locales par les missions onusiennes déployées sur le terrain afin de permettre une meilleure interaction avec les populations cibles.  À cet égard, il s’est prononcé pour la prise en compte de la dimension linguistique dans le recrutement du personnel affecté au maintien et à la consolidation de la paix ainsi qu’au missions politiques spéciales. 

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a tout d’abord salué les efforts du DCG pour lutter contre la désinformation et s’assurer qu’il n’y ait aucun laissé pour compte en matière informationnelle, notamment pour ce qui concerne la pandémie de COVID-19.  Il s’est également félicité que le Département s’emploie à promouvoir des contenus multilingues sur la pandémie et ses incidences sur les sociétés afin de sensibiliser le plus grand nombre.  Le multilinguisme est une valeur fondamentale et son intégration à l’ensemble des activités des Nations Unies est indispensable, a insisté le délégué, avant d’appeler le DCG à passer d’une culture de traduction de l’anglais et une culture multilingue à toutes les étapes de ses actions de communication.  À cet égard, il s’est réjoui de l’augmentation des consultations de contenus en langue espagnole sur les différents sites de l’ONU, constatant que la demande des publics hispanophones va croissante.  Il a aussi salué la collaboration entre le DCG et les différents centres d’information des Nations Unies en Amérique latine, qui mettent l’accent sur les défis des pays de la région.  Le représentant a en revanche regretté la disparité entre les langues officielles sur les sites onusiens.  Il a notamment déploré que les communiqués de presse de l’Assemblée générale et de ses organes subsidiaires, qui permettent la mémoire institutionnelle, ne soient disponibles que dans deux langues officielles, ce qui ne correspond pas au mandat desdits organes.  Ces communiqués doivent être publiés dans l’ensemble des langues officielles de l’ONU, a-t-il plaidé. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué le travail du DCG dont les indicateurs sont revenus comme ceux d’avant la pandémie.  Puis le représentant a dénoncé les États-Unis qui n’ont pas donné le visa d’entrée dans ce pays à temps pour certains membres de la délégation russe.  Ensuite, il a noté l’érosion de la liberté d’expression, de l’accès à l’information et de la protection des journalistes pour des raisons politiques, des poursuites et d’exclusion dans les démocraties qui bloquent les informations alternatives.  Protestant contre un ensemble d’agressions contre la Russie ces derniers mois dans certains pays, le délégué a dit avoir vu des attaques dans les organes des Nations Unies.  Cela empoisonne le dialogue et paralyse notre capacité à travailler ensemble.  Le représentant a demandé une évaluation du fait que l’ONU est devenue un outil de publication de nouvelles antirusses.

Le représentant a protesté contre le recours à des médias dans différentes opérations visant à s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays.  Ce n’est ni déontologique ni professionnel.  Il a aussi dénoncé la russophobie dans ces attaques.  La Russie est également la cible de cyberattaques contre ses infrastructures civiles, a annoncé le délégué.  Il a accusé les géants d’Internet qui profitent de leur monopole pour censurer ceux qui devraient avoir accès à leur plateforme.  Cela aussi appelle une réponse collective, selon le représentant.  À cet égard, il a souligné la nécessité d’un système de protection des journalistes, des médias et des droits de l’homme, de l’accès à l’information et du pluralisme des opinions.  Pour lui, il n’y a pas d’autre solution que l’ONU pour l’élaboration de mesures dans ce sens.  Avant de terminer, le délégué a réitéré son inquiétude suscitée par différents cas à l’ONU, y compris parmi les responsables du Secrétariat dont les rapports proviennent de sources non vérifiées.  Il a appelé le DCG à avoir une vision équilibrée des événements, notamment dans les pays en situation militaire difficile afin de réduire les tensions et de focaliser sur les aspects humanitaires.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a salué les efforts inlassables déployés par le DGC au cours de ces deux dernières années de pandémie pour s’adapter à la situation requise par la diplomatie numérique.  Il s’est également réjoui que, face au fléau de la désinformation, le Département ait lancé la Stratégie de communication globale de l’ONU, qui permet de contrer les mensonges et de doter le public d’informations précises et fiables.  Le Japon, a-t-il relevé, a activement participé à l’initiative Marquons une pause et soutient toutes les mesures visant à limiter l’« infodémie » en cours.  À ses yeux, les objectifs du Département n’auraient pu être atteints sans l’appui du vaste réseau de centres d’information et de bureaux des coordonnateurs résidents des Nations Unies, qui diffusent des informations sur les activités de l’ONU en langues locales.  À cet égard, il a félicité le CINU de Tokyo, dont la Directrice, Mme Kaoru Nemoto, a reçu en 2021 le prix de la « Personnalité de l’année » décerné par la « Public Relations Society of Japan ».  Enfin, le représentant a dit partager les objectifs du DCG visant à rendre le rôle de l’ONU plus visible pour le grand public.  Prenant note des mesures créatives prises par le Département pour promouvoir les travaux de l’Assemblée générale à l’Exposition universelle 2020 de Dubaï, il s’est déclaré impatient de collaborer avec lui à l’approche de l’Expo 2025 d’Osaka. 

Mme SOFYA MARGARYAN (Arménie) a estimé que la lutte contre le racisme, la haine et la discrimination doit rester une priorité essentielle des activités du DCG.  Elle a appuyé la Stratégie des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine qui représente « une menace pour les valeurs démocratiques, la stabilité sociale et la paix ».  Elle a ensuite salué le lancement d’un nouveau portail dédié à la lutte contre les discours de haine, ainsi que les efforts du Département pour plaider en faveur de la mise en œuvre ou de l’amélioration des politiques des plateformes de réseaux sociaux relatives aux discours de haine et au racisme.

La représentante a ensuite dit soutenir les efforts du Département pour commémorer les dates et anniversaires importants, 2023 marquant le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que celui de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Elle a rappelé une série de résolutions consensuelles sur la prévention du génocide initiées par l’Arménie et approuvées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, avant de demander au DCG de contribuer à la commémoration de ces instruments historiques de défense des droits de la personne.

M. ZARFATI (Israël) a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour lutter contre l’antisémitisme tout en saluant la pertinence du Programme de commémoration de l’Holocauste qui s’appuie sur un large éventail d’outils éducatifs dans les six langues officielles des Nations Unies, en coopération avec de grandes institutions d’enseignement de l’Holocauste et du génocide.  Néanmoins, le représentant d’Israël a regretté que les débats sur la situation au Moyen-Orient soient souvent ponctués de discours erronés, voire de discours de haine ciblant Israël, renforçant les tensions plutôt que favorisant la paix.  Il est regrettable que des déclarations encourageant la haine et ciblant Israël soient entendues périodiquement dans les réunions des Nations Unies, a-t-il insisté.  Le représentant a également regretté que l’exposition permanente sur la question de la Palestine promeuve un discours partial faisant fi de certaines réalités et stigmatise parfois Israël.  C’est pourquoi, il a appelé à mesurer les conséquences de l’information non objective qui ne fait qu’attiser la haine.

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a mis l’accent sur trois aspects ‑l’évolution des défis en matière de communication, la désinformation russe et les usines à trolls‑ avant de féliciter la Secrétaire générale adjointe pour les innovations du Département dans sa réponse aux défis complexes de communication.  Il a salué les nouvelles initiatives comme le Code de conduite mondial sur l’intégrité de l’information publique, qui va de pair avec la demande mondiale croissante de données exactes, impartiales et complètes sur les problèmes les plus pressants du monde.  Il a estimé que les communications de l’ONU ont prouvé que celle-ci peut faire face à la désinformation et aux défis de la désinformation entourant à la fois la pandémie et le discours autour des changements climatiques.

Le représentant a expliqué qu’une recherche financée par le Royaume-Uni a, cette semaine, révélé une opération de désinformation russe à grande échelle, qui utilise une usine à trolls payée pour répandre des mensonges sur les réseaux sociaux, y compris Telegram, Twitter, Facebook et TikTok.  Il a indiqué que les cibles sont notamment des publics au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et en Inde, et des comptes de médias sociaux des dirigeants mondiaux.  Le représentant a appelé à prendre des mesures pour contrer les actions d’information hostiles de la Russie qui déstabilisent l’ordre international.  Il a espéré que le travail du Comité de l’information permettra au DCG, en collaboration avec les plateformes concernées, de monter une forte réponse internationale à la désinformation et préserver un espace propice aux rapports impartiaux.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a souligné que le multilinguisme est une valeur fondamentale des Nations Unies qui doit imprégner son travail et ses activités.  Il a encouragé le DCG à continuer à diffuser les idéaux et les activités de l’Organisation dans autant de langues que possible, compte tenu de la diversité linguistique des pays et leurs différents degrés de développement numérique.  Les campagnes mondiales et les messages des Nations Unies doivent également être adaptés aux différents contextes locaux, a—t-il plaidé.  C’est pourquoi il a invité le DCG à continuer d’utiliser une combinaison d’Internet et des moyens de communication traditionnels, tels que la télévision, les journaux et la radio, ces derniers étant disponibles dans de nombreux ménages dans les pays en développement où il y a encore un accès limité à Internet.

Le représentant a indiqué que le multilinguisme nécessite une action dans bien plus que les six langues officielles de l’ONU, et il a salué le fait que l’Organisation utilise des dizaines de langues dans ses produits d’information.  Il a encouragé le DCG à renforcer son approche multilingue dans la promotion des principes et des travaux des Nations Unies.  Le Secrétaire général lui-même délivre constamment des déclarations dans toutes les langues qu’il parle couramment, y compris son portugais natal, a souligné le délégué.  Il a rappelé que le portugais est la langue officielle d’environ 260 millions de personnes dans le monde et que c’est la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud.  Dans le cadre de la célébration, le 5 mai, de la Journée de la langue portugaise aux Nations Unies, le Brésil entend offrir une collection de livres pour enfants en portugais à l’ONU, a-t-il annoncé.  Le délégué a aussi salué le fait que le nombre de téléchargements de ONU-Info en portugais ait plus que doublé en seulement un an.  Dans la même veine, la consultation du profil de l’ONU en portugais a connu une augmentation de 10% l’année dernière et est actuellement troisième parmi les sites onusiens les plus consultés, devant même des langues officielles de l’Organisation.

Mme HANA BINTI NORDIN (Malaisie) s’est inquiétée, avec le recours accru à l’information et à la communication, de la propagation de la désinformation et de la mésinformation, qui peuvent être utilisées, entre autres, pour induire en erreur, inciter à la violence, à la haine, à la discrimination ou à l’hostilité.  Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres d’information peuvent engendrer de l’instabilité et constituer une menace pour la paix et la sécurité, a-t-elle souligné.  Le DCG joue un rôle important dans la diffusion d’informations factuelles, opportunes, claires, accessibles et fondées sur des preuves, a-t-elle rappelé, une mission que la Malaisie soutient tout comme elle soutient pleinement le multilinguisme.  La déléguée a argué que la promotion du multilinguisme garantit l’inclusivité, la diversité, la tolérance et permet d’augmenter la participation de toutes les parties aux travaux des Nations Unies, tout en favorisant de meilleurs résultats.  Le multilinguisme favorise également les échanges de connaissances et la compréhension interculturelle et il renforce les relations internationales, a poursuivi la représentante avant de demander à l’ONU et à toutes les parties prenantes de mettre l’accent sur la diversité linguistique, non seulement des six langues officielles mais aussi des langues locales, notant que davantage peut être fait, grâce à l’utilisation des moyens modernes d’information et de communication.  Avant de conclure, elle a déclaré que la Malaisie est heureuse de devenir membre du Comité de l’information et de pouvoir travailler en étroite collaboration avec d’autres États Membres pour renforcer « le bon travail de l’ONU, grâce à une communication efficace ».

Pour M. NITISH BIRDI (Inde), la reprise durable après la pandémie doit commencer par les vaccins et, par conséquent, l’accent doit être mis sur l’équité en matière de vaccins.  À cet égard, il a salué les efforts déployés par le DCG pour mettre en évidence cette question par le biais de nouvelles présentées de manière créative et de campagnes sur les réseaux sociaux, notamment avec l’initiative Ensemble seulement.  Passant à un autre défi mondial auquel les États Membres et leurs gouvernements ont été confrontés en ces temps difficiles, il a parlé de la mésinformation et de la désinformation qui se sont propagées « aussi rapidement que le virus lui-même ».  Internet et les plateformes de médias sociaux, « fer de lance de la révolution de l’information », sont malheureusement utilisés à mauvais escient pour répandre des mensonges, a-t-il souligné, en encourageant le DCG à travailler avec les États Membres, d’autres organisations onusiennes et internationales et les entreprises de médias, nouveaux et traditionnels, pour organiser des campagnes d’éducation et de sensibilisation sur ce problème. 

Le représentant a également invité à renforcer le rôle des CINU, souhaitant que les personnes qui y occupent des postes de direction possèdent une connaissance et une compréhension suffisantes de la culture locale et des langues des régions dans lesquelles elles opèrent.  En outre, a souhaité le représentant, les CINU doivent respecter les principes d’impartialité et de neutralité dans leurs messages, en particulier sur les réseaux sociaux.  Prenant note du travail « considérable » accompli par le Département pour promouvoir le multilinguisme dans ses contenus et sa communication, le représentant a mentionné la contribution de l’Inde qui, depuis 2018, travaille en partenariat avec le Département pour faire évoluer un modèle unique visant à intégrer et consolider les actualités et le contenu multimédia en hindi sur le portail d’actualités et les médias sociaux.  Grâce à cette contribution volontaire au cours des cinq dernières années, la capacité du DCG a été renforcée et une vaste partie de l’audience mondiale a pu être touchée.  Le représentant a donc encouragé le Département à rechercher des moyens innovants similaires pour diffuser son contenu dans d’autres langues non officielles également.

Mme MARIAM SHAIKH (Pakistan) s’est félicitée des efforts déployés par le DCG, notamment par le biais de son initiative #MarquonsUnePause, pour freiner la pratique croissante de la diffusion de fausses informations.  Face à la prolifération de la désinformation, en particulier via les plateformes en ligne et les réseaux sociaux, elle a jugé que la mise en œuvre de la résolution 76/227 de l’Assemblée générale est la voie à suivre pour la communauté internationale.  Observant que certains pays se servent de la désinformation pour calomnier ou isoler diplomatiquement un ennemi, et ce, au mépris de leur crédibilité intellectuelle et des idéaux journalistiques, elle a estimé que cette question mérite l’attention urgente de l’ONU.  Il importe aussi que les entreprises, y compris les plateformes en ligne, s’assurent que leurs objectifs commerciaux ne portent pas atteinte aux droits de l’homme et ne permette pas la diffusion de la désinformation, facteur de haine et de polarisation, a-t-elle plaidé, souhaitant que tout futur pacte numérique prévoie des défenses contre ces utilisations abusives.  La représentante a ensuite invité le DCG à continuer de fournir, par le biais de ses activités de sensibilisation, des informations précises, impartiales, complètes, équilibrées, pertinentes et multilingues afin de renforcer le soutien international aux activités de l’ONU.  À cet égard, elle s’est félicitée des campagnes du Département mettant en évidence les pays contributeurs de contingents aux missions de paix onusiennes.  Enfin, elle a exhorté le DCG à sensibiliser la communauté internationale au phénomène alarmant de l’islamophobie ainsi qu’aux autres formes de racisme, de xénophobie et de stigmatisation en promouvant un message de tolérance, de coexistence pacifique et d’harmonie interreligieuse et culturelle.

Pour M. SERHII DVORNYK (Ukraine) la guerre dans son pays n’aurait jamais été possible sans « la boîte à outils de la guerre de l’information de l’agresseur russe ».  Il a accusé « les journalistes de la propagande russe » d’avoir rendu possibles des atrocités de masse avec des milliers de morts à Marioupol, Boutcha et de nombreux autres villes et villages ukrainiens.  Aujourd’hui, a continué le représentant, la propagande et la diplomatie russes déploient leurs efforts dans la production de faux afin d’échapper à la responsabilité de leurs crimes.  Le délégué a dit être préoccupé de constater que l’ONU n’a été qu’une autre plateforme permettant à la Fédération de Russie de diffuser des informations fausses et falsifiées posant la question de savoir en quoi cela correspond au mandat du DCG.  Selon lui, l’utilisation abusive de la plateforme de l’ONU n’est pas la seule attaque de la Russie contre les Nations Unies, ses valeurs et ses principes.  Jeudi dernier, a-t-il dit, alors que le Secrétaire général était à Kiev, « la Russie lui a adressé ses salutations en bombardant le centre de la ville ».  C’était une manifestation délibérée de l’attitude réelle de la Russie envers l’ONU, son Secrétaire général, ses efforts pacifiques et le multilatéralisme en général, a-t-il constaté en précisant que l’un des missiles a frappé un bâtiment résidentiel et tué la journaliste Vira Hyrych, qui a été enterrée hier, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.  Elle était la vingt-deuxième travailleuse des médias tuée par les envahisseurs russes, a précisé le représentant. 

Poursuivant, il a dit que cette « triste liste » a été ouverte le 1er mars, lorsque l’armée russe a bombardé la tour de télévision de Kiev, tuant Yevhen Sakun, caméraman de la chaîne de télévision locale LIVE.  « Des journalistes ukrainiens, mais aussi leurs collègues des États-Unis, de Lituanie, d’Irlande et de Russie, qui ont essayé de dire la vérité au monde sur la guerre de la Russie contre mon pays, ont été tués. »  L’ONG ukrainienne Institute of Mass Information a enregistré 243 crimes contre les médias et les journalistes, commis par la Russie, plus de deux mois après son invasion de l’Ukraine, a cité le délégué: outre les meurtres de journalistes, la liste comprend des enlèvements et des disparitions forcées, des menaces de mort et des tirs les visant, des bombardements de tours de télévision, des cybercrimes et le blocus numérique des médias ukrainiens.  Les forces russes ont voulu désactiver la radiodiffusion ukrainienne, les réseaux mobiles ukrainiens et des services Internet dans les territoires occupés, a encore indiqué le représentant qui s’est aussi plaint de la censure, de la fermeture de tous les médias indépendants, du blocage des réseaux sociaux, et des lois sur les fausses nouvelles visent à couper les citoyens russes de toute information alternative sur la guerre.  Le représentant a aussi exprimé sa préoccupation quant à la détérioration de la situation en ce qui concerne la liberté d’expression et le travail des journalistes en Crimée, en Ukraine occupée.  Il a annoncé l’élaboration d’un document condamnant la propagande agressive russe et encouragé le DCG à se pencher sur des mesures qui pourraient être prises contre la propagande qui menace la paix mondiale. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a salué les efforts déployés par le Département pour répondre à la désinformation et la mésinformation, en particulier au sujet de la pandémie, par le biais d’informations précises, équilibrées et s’appuyant sur la science.  Il a, d’autre part, estimé que si le DCG veut contribuer à la réalisation des ODD, il doit renforcer le multilinguisme dans toutes ses activités en diffusant des messages ciblés dans les langues officielles et non officielles des Nations Unies.  À cette même fin, il importe d’optimiser le travail de communication des centres d’information des Nations Unies dans les différentes régions, a souligné le représentant, selon lequel l’accent doit être placé sur les questions de paix et de sécurité, les changements climatiques, le maintien et la consolidation de la paix et les droits humains, sans oublier les ODD.  Il a toutefois regretté que le Secrétariat ait décidé, sans consulter l’Égypte, de réduire le budget du CINU au Caire et de transférer l’excédent dégagé à d’autres centres.  Il a donc demandé au Secrétariat de respecter les résolutions de l’Assemblée générale et de consulter à l’avenir les pays hébergeant de tels centres.  Il a par ailleurs dénoncé l’usage fait des réseaux sociaux, qui propagent la haine, l’extrémisme et le terrorisme, en particulier au Moyen-Orient.  S’il n’est pas envisageable de restreindre la liberté d’expression en tant que droit garanti par le droit international, il convient de reconnaître que le détournement de ce droit porte atteinte à la sécurité et nous oblige à équilibrer nos efforts de réponse entre ces deux notions, a-t-il fait valoir.  Il a souhaité que, face à la prolifération de la désinformation, le processus de communication stratégique de l’ONU souligne l’importance des principes clefs de la Charte, en particulier la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.

Mme MARIA-IULIANA NICULAE (Roumanie) s’est félicitée des efforts et initiatives entrepris par le DCG pour promouvoir les activités de l’Organisation avant de souligner la pertinence d’approches globales complémentaires rapprochant les États.  Elle a plaidé pour une meilleure coopération entre les médias et la société civile pour contribuer à renforcer la transparence des informations qui, a-t-elle insisté, doivent être fournies en temps opportun.  La déléguée a indiqué que son pays était disposé à jouer un rôle actif dans un contexte de grands défis, en soulignant l’importance de contrer les campagnes de désinformation et de mésinformation.  Elle a enfin dénoncé l’agression militaire injustifiée de la Russie contre l’Ukraine et l’absence d’une information objective et impartiale dans ce pays, où les journalistes sont sous une pression sans précédent.

Mme MA YUANCHUN (Chine) a invité l’ONU à regrouper ses ressources et à se concentrer sur l’agenda prioritaire de l’ONU dans ses communications, notamment le maintien de la paix et la sécurité internationales, la défense du multilatéralisme et la lutte contre la pandémie.  Elle a ajouté d’autres domaines de première importance comme la distribution équitable des vaccins, le relèvement postpandémie et les ODD, y compris la lutte contre les changements climatiques.  Elle a ensuite invité le Secrétariat de l’ONU à renforcer la coordination pour que la voix des Nations Unies reflète la position de la majorité des États Membres.  Dans ce cadre, elle a souhaité que le DCG s’efforce de fournir des informations complètes, exactes, objectives et équilibrées, et de sévir résolument contre l’incitation à la discrimination, à la haine et au racisme.  Dans le même temps, selon les conditions nationales et les caractéristiques de l’audience, le DCG devrait utiliser différentes plateformes telles que les médias traditionnels et les nouveaux médias, et tirer pleinement parti des technologies et du matériel informatique modernes pour faire en sorte que la voix de l’ONU parvienne aux quatre coins du monde.

En outre, concernant le multilinguisme, la déléguée a invité le Département à s’y consacrer résolument en dépassant les goulots d’étranglement tels que le manque de financement et de personnel.  Elle a évoqué le déséquilibre entre l’usage de l’anglais et des autres langues officielles de l’Organisation.  Selon elle, bien que le chinois soit la langue officielle des Nations Unies la plus utilisée dans le monde, la production et le taux d’utilisation des produits d’information des Nations Unies en langue chinoise sont restés faibles.  La représentante a donc appelé le DCG à prendre des mesures pour combler ce déficit de contenus ciblant les publics s’exprimant en chinois.

Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal) a exprimé son soutien sans faille à la Stratégie et au Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine, lancés par le Secrétaire général ainsi qu’à l’initiative Verified et son dérivé « Marquons une pause » du Département de la communication globale, tout en continuant à plaider pour que l’ONU porte une attention particulière à ces défis.  Elle a salué en outre la pertinence du Programme spécial de renforcement de capacités des journalistes palestiniens, tenu du 19 novembre au 22 décembre 2021.  Elle a appelé l’ONU et ses partenaires au développement à renforcer leur appui aux pays en développement et à adopter des mesures aptes à combler le fossé numérique.  Elle a estimé qu’une communication multilingue via les centres, services et bureaux d’information des Nations Unies, dont l’antenne de Dakar, participe aussi de la diffusion rapide et actualisée de l’information. 

Après avoir invité l’Organisation à veiller à un traitement équitable entre les six langues officielles et à mieux assumer le choix du français comme langue de travail, la représentante du Sénégal a insisté sur le respect de la disponibilité, dans les délais et dans les six langues officielles, des documents officiels des Nations Unies sur les plateformes pertinentes.  Elle a réaffirmé l’impératif du respect et de la promotion du multilinguisme dans les opérations de maintien de la paix et la nécessité de prendre en considération le poids du facteur linguistique dans la réussite de ces opérations en veillant au principe d’équilibre entre les langues maîtrisées dans la publication des documents et dans le choix des différents acteurs appelés à servir sur le terrain et au Siège.  « Si le message des Nations Unies a pour ambition d’être mieux reçu et compris par l’ensemble des États et des peuples du monde, y compris au sein des opérations de maintien de la paix, il apparaît alors nécessaire que celui-ci soit véhiculé dans le plus grand nombre de langues possibles. »  La représentante a, enfin, exhorté le DCG à continuer l’élaboration de partenariats dans des domaines clefs et de mobiliser des ressources extrabudgétaires en vue d’atteindre ses objectifs.

M. ISMAÏL MERABET (Algérie) s’est inquiété de la persistance du fossé numérique entre pays développés et pays en développement ainsi que de la propagation coordonnée de fausses nouvelles pour donner une image erronée de la réalité.  Il a noté que ces deux défis sont exacerbés lorsque des peuples vivent dans des contextes de menaces à la sécurité et de conflits armés, ainsi que sous l’emprise de l’occupation.  Il a appelé à coopérer avec le DCG, les commissions pertinentes de l’ONU et les coordonnateurs résidents pour aider les peuples opprimés et leur permettre d’obtenir des informations justes et fiables sur leur situation.  Il a également jugé nécessaire de réfléchir à la définition de cadres juridiques capables de limiter les effets négatifs et malveillants des technologies de l’information.  Il a expliqué que cette nécessité a poussé l’Algérie à prendre la présidence du comité intergouvernemental chargé de l’élaboration d’une convention internationale sur la lutte contre l’utilisation des TIC à des fins criminelles. 

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a jugé regrettable que l’information publique de l’ONU ne remplisse pas correctement son mandat et ne contribue pas au niveau souhaité au progrès et à la prospérité.  Pour le représentant, cela est principalement imputable au fait que certains pays développés disposant d’une suprématie technologique dans le secteur de l’information poursuivent de « sinistres objectifs politiques ».  Sous prétexte de liberté d’expression et de presse, ces pays font assaut de propagande, de diffamation et de perturbations idéologiques et culturelles, principalement contre les pays indépendants, afin d’inciter au désordre social, voire à des mouvements subversifs, a-t-il dénoncé.  Face à cette « dure réalité », qui empêche toute égalité dans les relations internationales, il est urgent, selon lui, d’établir sans délai un ordre international équitable de l’information, dans lequel l’impartialité et l’objectivité de l’information seraient correctement assurées et les activités d’information contribueraient de manière substantielle à la paix internationale, à l’amitié entre les pays et à la prospérité de l’humanité.  Pour cela, il serait également primordial que les activités d’information publique se conforment aux principes de respect de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures, a insisté le délégué.  À ses yeux, une attention particulière devrait, en outre, être accordée à la réduction de la fracture technologique entre les pays dans le secteur de l’information publique et à l’augmentation de la capacité d’information des pays en développement, ce qui suppose de renforcer la coopération internationale par le biais de transferts de technologies de pointe, d’une formation du personnel et d’une amélioration des infrastructures. 

M. EVGENY SHAEV (Bélarus) a salué le travail du DCG sur les activités de l’ONU, tout en dénonçant une approche sélective dans le choix des sujets traités avec une prédominance d’articles politiques au détriment de sujets importants comme la sécurité alimentaire, le développement économique durable, et la protection de l’environnement.  Le représentant a aussi dénoncé l’intervention du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation à la réunion du Conseil de sécurité sur « les conflits et la faim », tenu le 21 avril 2022, affirmant que ce dernier a masqué les véritables causes de la détérioration de la situation alimentaire mondiale, à savoir les mesures coercitives unilatérales.  De même, il a fustigé le silence de l’ONU face à la volonté de certains États d’interdire la participation de sportifs sous leurs drapeaux nationaux à des compétitions internationales. 

Le délégué a ensuite attiré l’attention du DCG sur l’enfouissement de déchets nucléaires à proximité du Bélarus en violation des règlements de construction, s’inquiétant en outre de la sécurité physique des installations de stockage.  Pendant ce temps, les Nations Unies continuent d’inclure des conclusions hâtives et émotionnelles qui ne sont pas étayées par des faits dans leurs documents d’information, déformant souvent la réalité qui prévaut sur le terrain.  Rejetant les allégations selon lesquelles Minsk aurait participé au conflit ukrainien, il a attiré l’attention sur les perquisitions et les arrestations de blogueurs et sur la fermeture du service d’information Spoutnik par plusieurs États européens.

Mme LOUREEN O. A. SAYEJ, de l’État de Palestine, a considéré que le programme d’information spécial sur la question de Palestine contribue à sensibiliser la communauté internationale aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à son indépendance, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  La question de Palestine est née dans les couloirs des Nations unies, a rappelé la représentante.  C’est la question la plus ancienne posée à l’ONU, laquelle, dès lors, a une responsabilité « permanente » envers le peuple palestinien jusqu’à ce que la question soit résolue sous tous ses aspects, a estimé Mme Sayej.  Par conséquent, les tentatives d’« une délégation » de faire planer les doutes sur le programme spécial sont « moralement répréhensibles », a-t-elle indiqué.  De même, les attaques calculées contre le programme spécial sapent le dialogue et les efforts pour parvenir à un règlement juste, durable et pacifique de la question de Palestine.  Cette rhétorique incendiaire contre le programme fait partie intégrante de la campagne israélienne d’effacement du passé, du présent et de l’avenir de la Palestine menée depuis 75 ans, a-t-elle dénoncé.

Elle a mis en garde contre l’escalade des crimes systématiques d’Israël visant les journalistes et les défenseurs des droits humains palestiniens.  Elle a salué la campagne multilingue du DCG de septembre dernier marquant le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur la lutte contre le racisme, l’intolérance et la discrimination.  Compte tenu de l’objectif de Durban, qui est de mettre fin à des « comportements bien enracinés d’exceptionnalisme et de supériorité », elle a regretté la décision prise par certains États de boycotter cet événement.

Mme IFIGENEIA KONTOLEONTOS, Observatrice permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a salué les réalisations du DCG au cours de l’année écoulée, « en particulier le travail de la Section des communiqués de presse, d’ONU Info, de même que celui des centres d’information des Nations Unies ».  Après avoir exprimé sa reconnaissance au Département pour les initiatives qui ont pu être menées de concert avec l’OIF, elle a insisté sur l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui sont de réelles opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique et promouvoir les acteurs qui font vivre au quotidien cette diversité.  Elle a relevé que le multilinguisme est un ressort évident de la revitalisation du multilatéralisme en vue de le rendre plus démocratique et inclusif, et partant, plus proche des populations.  La mise en œuvre du multilinguisme, valeur fondamentale de l’ONU, demeure pourtant inachevée, a-t-elle relevé, dans un contexte marqué tant par la remise en cause de l’efficacité de l’action multilatérale que par la progression des phénomènes de désinformation et de propagation de fausses nouvelles, les infox.  Elle a appelé à non seulement traduire des contenus d’information et de communication de l’ONU dans les langues officielles, mais également à les produire dans d’autres langues pour refléter la diversité des cultures.  Pour l’Observatrice, la communication vers le grand public sur les événements organisés par les organes principaux de l’ONU mérite aussi une attention particulière.  Trop d’événements donnent aujourd’hui l’impression que l’ONU ne parle qu’une seule langue, a-t-elle déploré.

Mme Kontoleontos a rappelé qu’en mars 2022, la Francophonie a publié la nouvelle édition du Rapport sur la langue française dans le monde, élaboré au sein de l’Observatoire de la langue française.  Il en ressort que si le français demeure la cinquième langue la plus parlée dans le monde avec une progression du nombre de locuteurs francophones estimée à 321 millions de personnes, le français et le multilinguisme sont battus en brèche dans la plupart des organisations internationales et régionales où les textes sont produits et circulent essentiellement dans une seule langue.  C’est dans ce contexte que l’OIF a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales, sous l’impulsion de la Secrétaire générale de la Francophonie, a indiqué Mme Kontoleontos.  Elle a en outre précisé que l’OIF collabore actuellement avec le Secrétariat des Nations Unies dans plusieurs domaine, notamment dans le cadre de l’élaboration du nouveau cadre d’action stratégique pour le multilinguisme.

Elle a aussi parlé de la contribution de l’OIF à la lutte contre la désinformation, avec un « projet phare » depuis 2021 qui vise à soutenir quatre axes principaux d’intervention: renforcer les capacités des vérificateurs de faits francophones; lutter contre la désinformation par des formes de régulation démocratiques; sensibiliser et protéger les publics des effets de la désinformation par l’éducation aux médias et à l’information; et encourager la recherche francophone et la diffusion de connaissances sur les phénomènes de désinformation.  De même, l’OIF a lancé en mars 2022 la « plateforme francophone des initiatives de lutte contre la désinformation – ODIL ».  Cette plateforme constitue une réponse nouvelle, à l’échelle de la Francophonie, aux désordres de l’information qui portent atteinte au débat démocratique et à la cohésion sociale.  Aujourd’hui, cette plateforme répertorie déjà plus de 60 initiatives de vérification des faits sur 224 recensées dans l’espace francophone.  Elle offre aussi un portail d’information sur les politiques publiques de lutte contre la désinformation, développées dans les 88 États et gouvernements membres de l’OIF. 

Exercice de droits de réponse à la fin de la séance du matin

Réagissant aux propos de la Fédération de Russie, le représentant des États-Unis a appelé les individus, y compris les diplomates, à soumettre leurs demandes de visas le plus rapidement possible, assurant que son gouvernement se montre conciliant à cet égard dans la mesure du possible.  Mais, a-t-il ajouté, nous ne pouvons pas commenter des cas individuels.  Il a ensuite reproché à la Fédération de Russie de maintenir ses citoyens dans l’« obscurité de la désinformation ».

Le représentant de la Fédération de Russie a réagi aux propos des États-Unis en soulignant que la fabrique des fausses informations est le fruit de médias et des structures d’information du monde occidental, ajoutant que l’ONU en est consommateur.  Pour ce qui est du contexte du conflit en Ukraine, il a regretté que ce soient les habitants de l’Ukraine, de la Fédération de Russie et du monde entier qui en fassent les frais. 

S’adressant ensuite à son homologue du Royaume-Uni, il a affirmé que la chaîne de télévision RT, qui a été interdite de diffusion au Royaume-Uni, diffusait des informations fiables, mais que cela ne semble plus être la norme.  Le représentant russe a ensuite dit au délégué du Royaume-Uni, qui avait accusé la Fédération de Russie de manipulation des textes, que lors de son intervention hier, la Fédération de Russie n’avait fait que citer les documents fondateurs du Comité de l’information sur la mise en place d’un ordre de l’information plus objectif.  Si quelque chose manquait, cela était probablement lié à une mauvaise interprétation, a-t-il expliqué.

Exercice de droits de réponse à la fin de la séance de l’après-midi

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a attiré l’attention de son homologue de l’Ukraine sur le fait que son pays avait vaincu le nazisme, qui est toujours vivant selon lui en Ukraine.  La Rada ukrainienne a d’ailleurs organisé une audience sur la sécurité et les médias, lors de laquelle il a été souligné qu’à partir de 2013, de nombreux journalistes ont été tués en Ukraine, a dit le délégué russe, en rejetant les accusations portées par son collègue ukrainien.  La plupart des faux qui circulent sur Internet sont inventés par les médias occidentaux et sont parvenus à tromper de nombreux « consommateurs », tout en dissimulant des informations sur l’évacuation des civils des corridors humanitaires, a assuré le représentant.

Le représentant de l’Ukraine a réagi aux propos tenus par son homologue de la Fédération de Russie en précisant toutefois qu’il avait hésité à exercer son droit de réponse, n’étant pas sûr qu’il faille répondre à ceux qui colportent le « faux » ou discuter avec les auteurs de la propagande.  « On récolte ce qu’on sème », leur a-t-il dit, en évoquant en particulier le cas de sa propre ville, Boutcha.  Les auteurs des crimes qui y ont été commis seront traduits en justice, a-t-il assuré, en recommandant à son « collègue russe » de bien y réfléchir.

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