BENIN
 

Discours

de

M. Bruno Amoussou
Ministre d' Etat du Benin charge de la coordination de l' action gouvernamentale, 
de la prospective et du développement 

Conférence internacionale sur le financement du développement

Monterrey, Mexique
18-22 mars 2002

Monsieur le Président,

C'est un grand plaisir et un insigne honneur pour moi de prendre la parole au nom des Pays les Moins Avancés devant cette auguste assemblée à l'occasion de la tenue de la Conférence Internationale sur le Financement du Développement.

Je voudrais associer ma voix aux félicitations et aux témoignages de haute appréciation formulés à votre endroit. Cette marque de confiance placée en vous est la reconnaissance par la Communauté Internationale de vos qualités mais aussi un hommage rendu à votre Pays.

Je voudrais également remercier le Gouvernement Mexicain pour l'accueil et les facilités offertes pour un bon déroulement de cette conférence.

La délégation béninoise, par ma voix vous assure de son soutien et de son entière collaboration au cours des travaux.

J'exprime à l'endroit du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Koffi ANNAN, toute la satisfaction et la gratitude de la République du Bénin et des Pays les Moins Avancés pour tous les efforts qu'il a déployés et l'impulsion décisive qu'il a su donner à notre Organisation commune afin que la question du financement du développement soit en ce moment le centre d'intéret de la communauté internationale.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Qu'il vous souvienne que, se fondant sur la nécessité d'un nouveau partenariat, la communauté internationale s'est engagée au Sommet du Millénaire à soutenir la troisième Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés et a demandé aux partenaires au développement d'agir dans le sens de l'allégement de la dette ou de son éventuelle annulation, de l'augmentation de l'aide publique au développement (APD) et de l'ouverture des marchés aux PMA.

Le SOMMET DU MILLENAIRE a aussi adopté la pertinente recommandation tendant à accorder plus de ressources aux PMA pour les aider à sortir de la pauvreté et de la marginalisation.

C'est dans ce cadre que la troisième Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés tenue en mai 2001 à Bruxelles a jeté les bases d'un partenariat mondial renforcé visant à créer les conditions d'une croissance économique soutenue et d'un développement durable dans ces pays, à mettre un terme à leur marginalisation, a éliminer la pauvreté et à leur permettre de s'intégrer et de tirer parti de l'économie mondiale.

Pour ce faire, elle a élaboré un Programme d'Action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010 qui préconise un partenariat fondé sur un pacte d'engagements.

NOUS PMA, avons retenu d'appliquer des mesures et politiques concrètes en vue d'offrir de meilleures opportunités à nos populations, notamment les plus pauvres ; d'éliminer les déficiences structurelles de nos économies par la mise en oeuvre de politiques Macroéconomiques et sociales performantes.

Nous sommes pleinement engagés à mettre en oeuvre les mesures et politiques nationales convenues à Bruxelles. Ce faisant, nous créons de meilleures conditions de vie non seulement pour nos populations mais aussi pour l'humanité toute entière.

En effet, réduire voire éradiquer la pauvreté dans les PMA, c'est accroitre le pouvoir d'achat de millions d'etres humains, donner de nouvelles opportunités aux échanges mondiaux et relever le niveau de vie des habitants de notre planète.

Prévenir et résoudre les conflits qui souvent ne sont que l'expression à la fois de lutte autour de la pénurie de ressources et de faiblesse de capacités dans les PMA, c'est renforcer la sécurité au plan mondial.

Empêcher la dissémination des maladies transmissibles telles que le VIH/SIDA et la tuberculosë et éliminer le paludisme dans les PMA, c'est améliorer l'état sanitaire du monde entier eu égard au développement des moyens de communication.

Promouvoir la jouissance des droits de l'homme par nos populations et la bonne gouvernance, c'est éliminer les sources de frustration et renforcer la paix au plan mondial.

C'est donc dans cet esprit qu' à Bruxelles, nos partenaires au développement et nous memes sommes parvenus a un consensus autour d'un Programme d'Action qui contient nos engagements réciproques dans sept domaines dont la nécessité de mobiliser les ressources financières pour le développement.

Nous considérons donc la présente Conférence sur le Financement du Développement comme étant une suite logique et complémentaire de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA en ce sens qu'elle envisage d'impliquer effectivement toutes les institutions internationales de financement du développement, sans exclusive, dans une action de sensibilisation en vue de mobiliser et de transférer les ressources financières adéquates pour la mise en couvre des engagements convenus à la Conférence de Bruxelles.

Monsieur le Président, 
Mesdames et Messieurs,

L'Aide Publique au Développement demeure une source de financement essentielle pour réaliser les buts et objectifs du Programme d'Action des PMA. Aussi importe-t-il d'examiner avec attention ses aspects tant quantitatifs que qualitatifs et les moyens de la coordonner avec efficacité.

Parmi les conditions requises pour atteindre les objectifs convenus, nous voudrions rappeler l'impérieuse nécessité d'une augmentation significative et réelle du volume des ressources publiques allouées à l'Aide Publique au Développement. Point n'est besoin de souligner les bénéfices qu'en tirent toutes les parties prenantes, bénéfices mesurés en terme de résultats économiques et sociaux et non uniquement en terme de remboursement des prets. C'est de cette manière que nous briserons le cycle de l'accumulation des dettes et éviterons aux générations futures des lendemains difficiles.

C'est le lieu de rappeler notre commune volonté d'impliquer davantage les PMA dans la prise des décisions qui concernent leur développement, que ce soit la coordination de l'aide ou les mesures d'allégement de la dette.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Le remboursement de la dette pèse lourdement sur nos fragiles économies, empeche la croissance économique et le développement. II est l'une des causes majeures de l'échec des précédents programmes de coopération mis en place pour soutenir les politiques de développement pertinentes de nos pays.

Nous apprécions l'ampleur des mesures d'allègement de la dette adoptées à travers divers mécanismes.

Ces mesures, bien qu'importantes, restent encore insuffisantes. Nos pays ont en effet besoin d'une nouvelle impulsion. A cet égard, notre conviction est que l'annulation rapide et totale de toutes les dettes bilatérales publiques et de toutes les dettes multilatérales de l'ensemble des PMA serait une contribution à l'éradication de la Pauvreté. 

Concomitamment, les actions de financement du développement devront s'intensifier et comporter davantage d'éléments de DONS QUE DE PRETS. C'est pourquoi, nous lançons un appel à la Communauté Internationale, notamment aux pays les plus développés et en particulier au G8 afin qu'ils accroissent sensiblement leurs contributions aux institutions multilatérales, notamment à l'Association Internationale de Développement (IDA) du groupe de la banque mondiale, au Fonds Africain de Développement, à toutes les banques régionales ou sous régionales de financement du développement.

II convient de souligner l'impérieuse nécessité de financer des programmes relatifs à des secteurs tels que la santé, l'éducation, la nutrition, ou d'autres secteurs liés au développement des ressources humaines bien qu'ils ne soient pas directement générateurs de revenus et donc ne contribuent pas à court terme au remboursement des prêts.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Tout en reconnaissant que nos pays sont essentiellement dépendants de l'Aide Publique au Développement, nous continuerons d'œuvrer pour attirer d'autres flux de ressources extérieures provenant soit des investissements étrangers directs ou des revenus de nos exportations sur des marchés que nous souhaitons plus équitables.

Les Investissements Etrangers Directs dans les PMA sont faibles. Les mesures visant à les attirer constituent des éléments importants de nos stratégies nationales de développement qu'il convient cependant d'appuyer par le financement des infrastructures de base indispensables à la reduction du cout des investissements.

De même, nos exportations devraient nous permettre d'obtenir des ressources substantielles, outre celles que procurent l'Aide Publique au Développement et les apports de capitaux privés. Aussi lançons-nous un appel à la Communauté Internationale pour que les mesures adoptées à 
Bruxelles en faveur de tous les PMA  soient mises en oeuvre sans délai. Il s'agit essentiellement des mesures visant à

  •  améliorer l'accès préférentiel des PMA en franchise et hors contingent aux marchés des pays développés;
  • mettre en oeuvre de manière intégrale et à titre prioritaire les mesures prévoyant un traitement spécial et différencié en faveur des PMA ; 
  • et faciliter l'accession rapide à l'OMC des PMA qui n'y sont pas encore membres.
Nous appuyons la Déclaration Ministérielle de DOHA et soutenons l'appel lancé aux partenaires au développement pour qu'ils accroissent de manière significative leurs contributions au Cadre intégré de coopération technique lié au commerce pour les actions de renforcement de nos capacités.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
 

Cette CONFERENCE de MONTERREY ne doit pas être considérée comme isolée et déconnectée des conférences passées ou à venir comme celle sur le développement durable à Johannesbourg.

Ses conclusions doivent contribuer à la mise en oeuvre effective des engagements pris au Sommet du Millénaire et ceux qui sont mentionnés dans le Programme d'Action de Bruxelles en faveur des PMA. II est donc primordial que les processus de suivi aussi bien de la Conférence de Bruxelles que de celle de MONTERREY soient bien coordonnés et que le développement de l'ensemble des PMA ainsi que les questions de ressources financières y relatives soient conséquemment examinées.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Je viens de m'adresser à vous en ma qualité de porte parole des Pays les Moins Avancés de la planète. Mon mandat est de cinq années. Je vous prie de faire en sorte que le nombre des membres de notre groupe soit réduit à la fin de mom mandat parce que certains d'entre eux auront changé de catégorie grace à leurs efforts et à votre soutien.

Au Sommet du Millenaire, à la Conférence de Bruxelles et à celle de Monterrey, nous aurons fait les déclarations pertinentes. II ne nous reste plus qu'à passer aux actes. Nous en avons les moyens. Si nous nous armons d'une ferme volonté d'agir, dans la solidarité, alors s'ouvrira l'ère tant souhaitée d'un véritable nouveau partenariat.

Je vous remercie de votre aimable attention.



Déclarations faites durant la Conférence
Nouvelles de la Conférence