BURKINA FASO 
 
 

Déclaration faite

par

Madame Anne Konate
Ministre Délégué auprès du Premier Ministre chargé du 
Développement Economique
 

Conférence internationale sur le Financement du Développment

Monterrey, Mexico
le 22 mars 2002





- Monsieur le President,

- Monsieur le Secrétaire General des Nations Unies,

- Monsieur le Président de l'Assemblée Générale des Nations Unies,

- Excellences

- Mesdames, Messieurs,

La délégation du Burkina Faso s'associe à toutes les voix qui se sont exprimées depuis le début des travaux de cette Conférence pour remercier les autorités mexicaines et particulièrement celles de cette belle ville de Monterrey pour l'accueil extrêmement chaleureux qui lui a été reserve. La tenue de cette rencontre internationale sur le financement du développement en ce début du troisième millénaire est un signe fort des mutations en cours dans notre monde.

Ces Mutations, notamment les menaces de toutes sortes et de toutes origines nous inquiètent sérieusement et nous interpellent chaque jour.
Je voudrais à cet effet adresser mes félicitations au Système des Nations Unies et à son Secrétaire Général pour le rôle éminemment important de promotion de la paix et du développement qu'ils jouent dans un monde de plus en plus interdépendant mais difficile compte tenu des innombrales turbulences que nous vivons tous les jours.

Mesdames, Messieurs,

Le niveau actuel de pauvreté qui atteint la majeure partie de la population de la planète, constitue une atteinte graves et inacceptables à la dignité de l'homme et une menace à la paix et à la sécurité internationales

A cet égard, la solidarité entre Etats,Nations et peuples devrait se manifester à tous les niveaux et exiger des droits et des devoirs. Par conséquent, nous devons tous participer aux prises de décisions ainsi qu'à leur mise en oeuvre.

L'implication d'autres acteurs tels la société civile et le secteur privé dans la recherche de solutions aux problèmes de financement du développement requiert de tout un chacun, volonté et détermination pour faire de ce siècle, une ère de prospérité pour l'humanité. Il convient donc de développer et de renforcer au niveau national le tripartisme « gouvernement, secteur privé, société civile ».

Monsieur le Président,

Les différents thèmes consacrés au financement du développement sont des plus pertinents. Et notre Conférence devra prendre dans des délais très raisonnables, des mesures opérationnelles et des engagements fermes sur toutes les questions, si nous voulons réellement influencer positivement le cours de l'histoire et réduire le niveau de pauvreté. Pour cela, l'aide publique au développement doit être accrue, moins conditionnelle et plus efficace.

S'agissant de la question de la mobilisation des ressources nationales, mon gouvernement oeuvre depuis 1991 avec l'appui de la communauté internationale, a mettre en place un train de mesures de réformes d'ordre institutionnel, économique, financier et politique.

Conscient que l'épargne interne doit constituer la principale source de l'investissement public, un vaste programme de réformes macro-économiques et structurelles a été entrepris. Ces efforts ont permis d'assainir les finances publiques. Un effort particulier a été déployé pour accroître le niveau de mobilisation des ressources intérieures par l'amélioration du recouvrement et du rendement fiscal et la lutte contre la fraude.

Ceci, compte tenu aussi de la fluctuation du niveau de l'aide publique au développement qui fait que le financement du processus croissancedéveloppement doit être porté davantage sur l'épargne intérieure. Entre autres mesures prises, on peut citer le développement de l'initiative privée, le renforcement du secteur bancaire.

Concernant la mobilisation des ressources internationales pour le financement du développement à travers les investissements étrangers directs et autres flux de capitaux privés, le gouvernement a consenti d'énormes efforts, pour créer les conditions favorables pour la stabilisation du cadre macro-économique, pour des réformes politiques, économiques et juridiques afin de créer un cadre propice aux investissements privés. Le secteur privé étant considéré comme le moteur du développement.

Ces efforts n'ont pas été récompensés, car, les investissements étrangers directs restent encore peu développés malgré l'assainissement et le renforcement de l'environnement institutionnel et juridique

Monsieur le President,

L'accès aux marchés développe le commerce international et contribue à la réduction de la pauvreté. Le commerce est le plus important mécanisme de mobilisation de ressources internes et externes. Cependant le commerce exterieur burkinabé reste insignifiant, compte tenu de la faible compétitivité de l'économie et des nombreux obstacles au développement du commerce.

Le Burkina Faso est structurellement dépendant des ressources extérieures pour le financement de son économie.

L'aide publique au développement constitue pour mon pays la principale source de financement dans la mesure où il ne bénéficie pas des investissements étrangers directs en dépit de toutes les mesures et facilités accordées.

Sans doute que si les pays donateurs avaient respecté leur engagement tant de fois rappelé de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement, nous ne serions pas là aujourd'hui à parler d'élimination de la pauvreté. Nous souhaitons que le déliement de l'aide rendra plus efficace l'aide publique au développement.

L'endettement est devenu pour le Burkina Faso un véritable problème de développement. Ses conséquences sont dramatiques. C'est pourquoi mon pays a adopté depuis septembre 1999 une stratégie nationale d'endettement afin de contenir la progression de la dette. Nous saluons l'initiative PPTE et appelons à une accélération et à un renforcement de sa mise en oeuvre, de même qu'à son élargissement. L'annulation de la dette de mon pays alliée à une augmentation de l'aide lui permettrait de progresser davantage dans la lutte pour la réduction de la pauvreté.

Le traitement de la dette dans le cadre de l'initiative PPTE est louable mais il demeure très insuffisant tant dans son ampleur que dans sa mise en couvre. En effet, malgré son originalité, l'initiative PPTE revêt un caractère marginal et limité au regard des besoins actuels de financement de la lutte contre la pauvreté. Il serait souhaitable de la rendre plus efficiente en l'étendant à tous les bailleurs de fonds et en obtenant de tous des termes comparables.

Parlant des questions systémiques, l'adoption de principes de gouvernance adaptés et ouverts, mettant la mondialisation de l'économie au service du développement dans un contexte d'interdépendance croissante est nécessaire.

Monsieur le President,

Au fil du temps, le consensus se fait autour de points jadis soumis à controverses. Je veux parler
- du rôle du secteur privé dans la mobilisation des ressources aux fins du développement,

- de l'importance irréversible de l'aide publique au développement dans le financement du développement,

- de l'inscription de la réduction de la pauvreté comme premier objectif dans le financement du développement,

- de l'amélioration de la collaboration au sein du système des Nations Unies.

L'occasion est donc opportune pour répondre aux multiples inquiétudes dont je faisais cas tout à l'heure et qui n'épargnent aucun pays. L'évolution a permis aujourd'hui d'embrasser un large éventail des questions au coeur du débat sur le financement du développement. Et le financement des biens publics mondiaux devrait permettre de progresser en matière de réduction de la pauvreté, de la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales. C'est pourquoi mon pays soutient l'idée du financement des biens collectifs à l'échelle mondiale.

Je ne terminerai pas mon propos sans aborder l'aspect relatif au suivi des conclusions de notre conférence. Mon pays exprime le vceu qu'un mécanisme de suivi efficace soit mis en place pour permettre de progresser véritablement dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement.
Ensemble, assumons devant l'histoire notre responsabilité collective et individuelle d'éradiquer la pauvreté de notre planète. Nous en avons les moyens.

Je vous remercie de votre attention.



Déclarations faites durant la Conférence
Nouvelles de la Conférence