CUBA

Allocution prononcée

par

Fidel Castro Ruz
President

à la Conference internationale sur le Financement du Developpement

Monterrey, Mexico
du 18-22 mars 2002





Excellences;
Ce que je dirai ici ne sera pas partagé par tous, mais je dirai ce que je pense et je le ferai respectueusement.

L'actuel ordre économique mondial constitue un système de pillage et d'exploitation comme il n'en a jamais existé dans l'histoire. Les peuples croient de moins en moins aux déclarations et aux promesses. Le prestige des institutions financières internationales est au-dessous de zéro.

L'économie mondiale est aujourd'hui un casino gigantesque. Des analyses récentes signalent que sur chaque dollar employé dans le commerce mondial, plus de cent sont consacrés aux opérations spéculatives qui n'ont aucune relation avec l'économie réelle.

Cet ordre économique a mené 75 p. 000 de la population mondiale au sous-développement.

La pauvreté extrême au tiers monde atteint déjà 1,2 milliards de personnes. L'abîme se creuse, la brèche ne se comble pas.

En 1960, la différence de revenus entre les pays les plus riches et les plus pauvres était de trente sept fois contre soixante quatorze à présent. On a atteint des extrêmes tels, que les trois personnes les plus riches du monde possèdent des actifs similaires au PIB de quarante huit pays les plus pauvres. En 2001, 826 millions de personnes souffraient de faim physique , 854 millions d'adultes étaient analphabètes, 325 millions d'enfants n'allaient pas à l'école, 2 milliards manquaient de médicaments essentiels bon marché; 2,4 milliards ne disposaient pas d'un minimum d'assainissement.

Non moins d'once millions d'enfants au-dessous de cinq ans meurent chaque année de causes évitables et cinq cent mille perdent définitivement la vue faute de vitamine A.

La population du monde développé vit trente ans plus que celle de l'Afrique sous-saharienne.

Un véritable génocide !

Nous ne pouvons pas culpabiliser les pays pauvres de cette tragédie. Ils n'ont pas conquit ni pillé des continents entiers, ils n'ont pas établit le colonialisme, ils n'ont pas réimposé l'esclavagisme, ils n'ont pas non plus crée l'impérialisme moderne. Ils en ont été leurs victimes. La responsabilité principale de financer leur développement revient aux états qui aujourd'hui, par des raisons historiques évidentes, bénéficient de tous les profits de ces atrocités.

Le monde riche doit annuler la dette extérieure et allouer de nouveaux prêts bonifiés pour financer le développement. Les offres traditionnelles d'aides, toujours maigres et souvent ridicules; sont insuffisantes ou irréalisables.

Ce dont on a besoin pour un véritable développement économique et social soutenable dépasse de loin ce que l'on affirme. Des mesures comme celles suggérés par James Tobin, récemment décédé, pour freiner le torrent irrépressible de la spéculation monétaire; bien que son idée n'était pas de contribuer au développement, seraient à l'heure actuelle peut-être les seules capables de générer de fonds suffisants, ceux qu'aux mains des organismes des Nations Unies et non pas des institutions funestes comme le FMI, pourraient apporter une aide directe au développement avec la participation démocratique de tous sans sacrifier l'indépendance et la souveraineté des peuples. Le projet de Consensus que les maîtres nous imposent à cette Conférence prétend nous faire accepter une aumône humiliante, conditionnée et ingérenciste.

II faut réexaminer tout ce qui a été crée depuis Bretton Woods jusqu'à présent. II n'y a pas eu à l'époque une véritable vision d'avenir. Les privilèges et les intérêts du plus puissants ont prévalu. Devant la crise profonde actuelle, on nous offre un avenir pire où )on ne pourrait jamais résoudre la tragédie économique, sociale et écologique d'un monde qui sera chaque fois plus difficile à gouverner, dans lequel il y aura chaque jour plus de pauvres et d'affamés; comme si une grande partie de l'humanité serait de trop.

L'heure de réflexion sereine est venue pour les hommes politiques et d'état. Croire qu'un ordre économique et social, déjà démontré insoutenable, peut être imposé par la force est une folle idée.

Comme j'ai déjà dit une fois, les armes de plus en plus sophistiquées stockées dans les arsenaux des plus puissants et riches, pourront tuer les analphabètes, les malades, les pauvres et les affamés, mais elles ne pourront pas tuer l'ignorance, les maladies, la pauvreté et la faim.

Nous devrions dire une fois pour toutes "adieux aux armes". II faudra faire quelque chose pour sauver l'humanité !

Un monde meilleur est possible ! 

Merci
 

CLARIFICATION NOTE FROM DR. FIDEL CASTRO RUZ, PRESIDENT OF CUBA. MONTERREY, MARCH 21, 2002.
 

Mr. President:

I would need twenty seconds for a point of clarification.

Excellencies:

I ask for your indulgence since I will not be able to accompany you any longer. A special situation created by my participation in this Summit obligates me to immediately return to my country.

The leader of the Cuban delegation will then be comrade Ricardo Alarcon de Quesada, Speaker of the National Assembly of People's Power, 
and a restless combatant in defense of the rights of the Third World peoples. I entrust him with the prerogatives corresponding to me as a Head 
of State attending this conference.

I hope he will not be prevented from attending any official function that it is his right to participate in as the Leader of the Cuban delegation and 
the President of the Supreme body of power in the Cuban state.

Thank you, again.



Déclarations faites durant la Conférence
Nouvelles de la Conférence