Organisation internationale de la Francophonie

Intervention 

de 

Monsieur Ridha Bouabid,
 Ambassadeur, Chef de la délégation de l'Organisation internationale de la Francophonie

à la Conférence internationale sur le Financement du Développement

Monterrey, Mexico
le 18 mars 2002

Monsieur le Président,
L'Organisation internationale de la Francophonie compte parmi ses objectifs celui d'aider au renforcement de la solidarité entre ses membres par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l'essor de leurs économies. A Moncton en septembre 1999, à l'occasion de leur huitième Sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage ont affamé leur soutien aux efforts en vue du renforcement et de l'aménagement du système financier mondial, et leur volonté de consolider la libéralisation des échanges commerciaux autour de l'Organisation Mondiale du Commerce. Dans le même temps, conscients des risques de marginalisation que la mondialisation comporte pour les pays en développement, ils ont retenu l'objectif de faciliter l'intégration du plus grand nombre de pays au système du commerce mondial. Et ils ont souligné la détermination de la communauté francophone, en étroite concertation avec les Nations Unies et tous les acteurs des relations internationales, à contribuer à assurer la maîtrise de la mondialisation, afin qu'elle bénéficie à tous, de manière équitable.

Aussi la tenue de la présente Conférence internationale sur le financement du développement revêt-elle une importance particulière pour la Francophonie. Son processus préparatoire a, pour la première fois, associé non seulement les Etats et le système des Nations Unies, mais aussi les institutions financières internationales, l'OMC et les représentants de la société civile, y compris le secteur privé.

La Francophonie se réjouit de l'établissement de cette nouvelle alliance qui, en associant tous ces acteurs, peut seule permettre d'atteindre les objectifs de développement contenus dans la Déclaration du Millénaire.

Pour notre Organisation, au vu de l'idéal de solidarité qui est le nôtre et qui inspire cette conférence, il importe que les pays qui ne l'ont pas encore fait prennent des mesures concrètes pour atteindre l'objectif consistant à consacrer 0,7 % de leur PNB à l'aide publique au développement en faveur des pays en voie de développement.
Pour que la priorité aux Pays les Moins Avancés devienne enfin une réalité, il est impératif aussi de donner une suite concrète aux engagements pris à l'égard de ces pays à l'issue de la 3ème conférence des Nations Unies sur les PMA, notamment pour atteindre l'objectif de 0,15 à 0,20% du Produit National Brut des pays développés qui devrait leur être consacré.

Le continent africain exige des efforts particuliers. Dans ce contexte, l'Organisation internationale de la Francophonie salue l'initiative novatrice des chefs d'Etats africains, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), auquel elle apportera sa contribution, en tenant compte de la spécificité de ses missions.

Le développement dont il s'agit d'assurer le financement doit être durable, et soutenu par des politiques intégrant à la fois les préoccupations économiques, sociales et environnementales. Dans cette perspective, l'élimination de la pauvreté est une condition essentielle. Ce développement doit être aussi respectueux de la diversité culturelle et linguistique, à laquelle nous sommes profondément attachés. C'est dans cet esprit que la Francophonie a adopté en 2001, à Cotonou, une Déclaration sur la diversité culturelle qui prévoit notamment l'instauration d'une concertation permanente élargie aux acteurs culturels de la société civile et . du secteur privé.
Parce que chaque pays a la responsabilité première de son propre développement économique et social, il est essentiel d'assurer une bonne gestion des affaires publiques et, notamment, de mettre en place un système efficace, transparent et responsable pour la mobilisation des ressources publiques et le contrôle de l'utilisation qu'en font les gouvernements. La Francophonie est déterminée à appuyer ses membres dans leurs efforts à cette fin, ainsi qu'en vue d'assurer la paix et la sécurité, ainsi que le respect des libertés, des droits de l'Homme et de l'Etat de droit, en application de la Déclaration de Bamako.

Dans le même temps, les efforts nationaux de développement doivent pouvoir s'appuyer sur un environnement économique international propice. Cela implique des flux suffisants et plus équitablement répartis d'investissements étrangers dans les pays en développement, la prise en compte des impératifs du développement dans le programme de travail de l'Organisation Mondiale du Commerce, une augmentation importante du volume et de la qualité de l'aide publique au développement afin d'atteindre les objectifs fixés, des mesures d'allégement de la dette, ainsi qu'un renforcement de la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux. II est également nécessaire d'envisager, au plan multilatéral, un mécanisme de traitement ordonné du surendettement des Etats en situation de cessation de paiement.

Dans le cadre du renforcement de sa dimension économique, la Francophonie est attachée à la mise en oeuvre des recommandations de la première Conférence des ministres de l'économie et des finances de la Francophonie, tenue à Monaco en avril 1999. Elle entend concourir à la mise en oeuvre du consensus de Monterrey, en poursuivant le resserrement de ses liens avec les organisations internationales à vocation économique. La Francophonie interviendra notamment pour renforcer les capacités des pays en développement et des organisations régionales d'intégration économique, afin qu'ils puissent préparer et participer activement au nouveau cycle de négociations commerciales lancé à Doha. Elle contribuera également à l'élargissement de l'accès des pays en développement aux technologies de l'information, au renforcement de la qualité de l'offre des entreprises exportatrices de ces pays, en particulier celles du secteur culturel, et, de manière plus générale, à l'harmonisation des cadres juridiques existants, qui contribuent à la sécurisation des investissements et des relations commerciales.
Le suivi de la Conférence de Monterrey prendra la forme, également, pour la Francophonie, d'une recherche, dans le cadre d'une action concertée, des moyens d'aider ses membres à présenter des projets de développement éligibles pour un financement par les principaux bailleurs de fonds internationaux. C'est dans cet esprit que l'Organisation internationale de la Francophonie abordera le prochain grand rendez-vous international, le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg.

Je vous remercie.



Déclarations faites durant la Conférence
Nouvelles de la Conférence