Forum parlementaire
Afrique/Asie sur la Sécurité humaine et la Problématique
Hommes-Femmes
Marrakech (Maroc), du 24 au
26 mars 2002
COMMUNIQUÉ
Le
Forum parlementaire Afrique/Asie sur la Sécurité humaine et la Problématique
Hommes-
Femmes - "Le Rôle du Législatif” s’est terminé le 26 mars
2002.
Premier de ce genre, ce Forum était organisé par le Programme de Nations
Unies pour le développement (PNUD) et le Département des Affaires économiques
et sociales des Nations Unies, Division de la Promotion de la Femme
(ONU/DESA/DPF). Parmi les délégués présents à cette réunion de haut niveau on a
accueilli des membres du Parlement de 24 pays africains et asiatiques, parmi
lesquels l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Bangladesh, le Botswana, le Burkina
Faso, le Burundi, le Ghana, la Guinée, l’Ile Maurice, l’Indonésie, l’Iran, le
Japon, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, le Maroc, la Mongolie, la Namibie, le
Népal, le Nigeria, les Philippines, le Tadjikistan, la Tanzanie et la
Thaïlande, ainsi que l’Union interparlementaire, le Fonds de développement des
Nations Unies pour la Femme (UNIFEM), le Programme conjoint des Nations Unies
sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) du Maroc,
et des organisations régionales, y compris le Centre
Asie-Pacifique pour les Femmes dans la Politique (CAPWIP) et le Forum
parlementaire de la Communauté de Développement d’Afrique septentrionale
(SADC).
Le Forum de trois jours était organisé en collaboration avec le Parlement
marocain et le Ministère de la Promotion des Femmes, de la Protection de la
Famille et de l’Enfance et de l’Intégration des Handicapés, et en étroite
collaboration avec le Bureau local du PNUD au Maroc. Cette initiative est
financée par le gouvernement japonais par le truchement du Fonds japonais pour
la Participation des Femmes au Développement (JWID) au sein du PNUD.
Le Forum a mis l’accent sur deux thèmes, à savoir “être à l’abri de la
peur” et “être à l’abri du besoin”. Dans ce contexte, on a discuté le rôle des
parlementaires, les opportunités et les défis à relever quant à la promotion de
l’égalité des sexes dans le contexte de la sécurité humaine. Les délégués ont
échangé leurs expériences, bonnes pratiques et leçons apprises. Ils ont insisté
sur le besoin de renforcer et d’organiser des réseaux de parlementaires
interrégionaux, y compris de mettre en réseau les connaissances pour soutenir
leurs efforts afin d’intégrer les questions sexospécifiques au législatif.
Les délégués ont fait les recommandations suivantes:
RECOMMANDATIONS GENERALES
1.
Suivi du Premier Forum des Parlementaires d’Afrique et d’Asie sur la Sécurité humaine et la
Sexospécificité:
§
Encourager l’échange
d’idées, d’information et d’expériences supplémentaires par l’intermédiaire de
la création d’un réseau électronique.
§
Créer une
bibliothèque virtuelle pour l’échange de documents sur les questions liées au
Forum.
§
Contribuer à
l’amélioration des compétences des parlementaires.
§
Diffuser des
informations sur les concepts de sexospécificité et d’intégration des sexes
afin d’éduquer les décideurs.
2. Les délégués présents à ce Forum ont décidé ce qui suit:
§
Chercher à obtenir
une meilleure représentation des femmes chez les élus et dans les agences
gouvernementales afin de rendre possible aux femmes l’accès à la prise de
décision.
§
Demander la mise en
œuvre, le contrôle et le suivi de la Convention sur
l’Elimination de toutes les formes de discrimination contre les Femmes (CEDAW), y compris ses obligations d’établissement de
rapports, ainsi que de la ratification du Protocole facultatif à la CEDAW.
§
Demander la révision
du code de la famille si nécessaire.
§
Garantir la
ratification et l’application dans le droit interne de la Convention pour la
Suppression du Trafic de Personnes et de l’Exploitation de la Prostitution des
Tiers; du Protocole sur la Prévention, la Suppression et la Punition du Trafic
de Personnes, en particulier des Femmes et des Enfants (qui complète la
Convention contre la Criminalité transnationale organisée); de la Convention sur les Droits des Enfants (CRC); et du Protocole facultatif de la Convention
sur les Droits des Enfants
sur la vente des enfants, la prostitution enfantine et la pornographie
enfantine.
§
Développer la
contribution qualitative des femmes au sein de leur parlement respectif.
§
Souligner
l’importance de la santé et garantir le respect total de tous les droits
humains et libertés fondamentales aux femmes vivant avec le VIH/SIDA et aux
membres de leur famille.
§
Garantir que les
gouvernements, par l’intermédiaire des mécanismes nationaux, s’engagent à rendre
des comptes au parlement, aux ONG et la société civile sur la mise en œuvre de
la Plateforme d’action de Beijing, de la CEDAW, de la CRC et des autres
traités.
§
Développer et
entretenir la mise en réseau et la coordination des stratégies au sein des
parlements et des circonscriptions (mise en réseau locale/nationale).
§
Analyser les budgets
nationaux et introduire des modifications budgétaires pour prendre en compte
les perspectives sexospécifiques et contribuer à l’égalité des sexes.
§
Promouvoir la
formulation et l’adoption de stratégies de réduction de la pauvreté sensibles à
la sexospécificité et développer des moyens nationaux pour le contrôle des
Objectifs de Développement du Millénaire.
§
Influencer les
partis politiques et faire pression afin d’obtenir une plus grande
participation des femmes sur les listes électorales et dans les instances
améliorant leurs chances d’être élues.
RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES
1) VIH/SIDA:
§
Développer la
prévention et l’éducation au sujet de la pandémie.
§
Augmenter le niveau de
sensibilisation en organisant des ateliers et séminaires dans les différentes
régions.
§
Encourager les
comportements sexuels responsables, y compris l’abstinence comme option.
§
Encourager
l’assistance socio-psychologique et le dépistage volontaire.
§
Défendre auprès de
la communauté internationale le besoin de mobiliser encore plus de ressources
pour réduire les effets de la pandémie.
§
Créer des
Commissions parlementaires sur le VIH/SIDA.
§
Encourager d’autres
commissions parlementaires à s’unir dans la lutte contre le VIH/SIDA.
§
Organiser des
négociations avec les agences concernées pour l’utilisation et/ou la production
de médicaments génériques.
§
Faire la promotion
de budgets sensibles à la sexospécificité.
§
Faire la promotion
de l’intégration sexospécifique dans les parlements nationaux.
§
Développer une
collaboration étroite avec les ONG dans la lutte contre le VIH/SIDA.
§
Encourager la
distribution gratuite de préservatifs, y compris de préservatifs féminins.
§
Soutenir les soins à
la maison.
§
Mettre en place des
lois protégeant les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA.
§
Agir sur les
pratiques culturelles et traditionnelles constituant des obstacles à la lutte
contre le VIH/SIDA, comme, entre autres:
·
la sorcellerie
·
la mutilation
génitale des femmes et des filles
·
les rituels et
cérémonies religieuses (purification)
·
les guérisseurs
traditionnels
·
la lobola (dot)
§
Lancer des
programmes d’émancipation des femmes, par exemple :
·
Projets créateurs de
revenus.
·
Programme
d’éducation et de sensibilisation pour les travailleurs de l’industrie du sexe.
·
Protection juridique
pour les travailleurs de l’industrie du sexe.
§
Créer une Commission
juridique afin d’étudier la décriminalisation du travail de l’industrie du
sexe.
§
Encourager une
diminution des dépenses budgétaires allouées aux armes et demander leur
réallocation pour le VIH/SIDA.
§
Evaluer tous les
plans, politiques et programmes sur le VIH/SIDA d’un point de vue
sexospécifique.
2) Politiques socio-économiques:
§
Mener une étude des
conséquences et des évaluations budgétaires en utilisant un cadre d’analyse
sexospécifique qui garantirait l’égalité dans l’allocation des ressources en
tenant compte la sexospécificité. Cette approche renforcerait également la
bonne gouvernance et la transparence des choix et procédures adoptées dans
l’élaboration des budgets nationaux.
§
Renforcer
l’intégration sexospécifique à tous les niveaux et dans tous les processus, y
compris:
-
collecte et analyse
de données séparées concernant les hommes et les femmes
-
analyse d’impact des
politiques macro-économiques d’un point de vue sexospécifique
-
planification
sexospécifique et budget sexospécifique
-
collaboration avec
les agences de l’ONU, les bailleurs de fonds, les gouvernements locaux, etc.
§
Souligner le rôle
des parlementaires dans la promotion de la ratification de la CEDAW, du retrait
des restrictions/conditions, et de la mise en oeuvre effective de la Convention
§
Mettre l’accent sur
les Droits des enfants quant à l’accès à l’éducation.
3) Processus de paix:
§
Renforcer la
législation interdisant le recrutement des enfants-soldats.
§
Faire pression pour
que les crimes sexospécifiques commis en période de conflits, y compris le
viol, soient soumis aux poursuites nationales et internationales.
§
Les Femmes
parlementaires devraient participer aux Commissions sur les affaires
étrangères, la sécurité et la paix au sein des Parlements.
§
Demander à l’ONU et
à la communauté internationale de mettre en oeuvre la résolution 1325c du
Conseil de Sécurité sur les Femmes, la Paix et la Sécurité.
§
Encourager la
participation des femmes dans les partis politiques et les contributions des
organisations de femmes au processus de paix.
§
Renforcer le rôle
des parlementaires dans la prévention des conflits, en particulier afin d’agir
sur les questions sexospécifiques.
§
Eduquer les réfugiées
quant aux instruments internationaux pour le respect de leurs droits.
§
Assurer la
participation des femmes parlementaires aux commissions de rapatriement et
de relocalisation de population.
§
Renforcer la
participation des femmes parlementaires aux négociations et à la mise en oeuvre
des accords de paix.
Les délégués devront hiérarchiser la mise en oeuvre de ces recommandations
selon leurs plans d’action respectifs, et présenteront un rapport sur les
progrès réalisés à l’occasion du Second Forum des
Parlementaires d’Afrique/Asie sur la Sécurité humaine et la Sexospécificité qui se
tiendra en Inde dans la deuxième moitié de 2002. Les résultats de ces deux
réunions constitueront des données importantes pour la Troisième Conférence
internationale de Tokyo sur le Développement africain (TICAD III) prévue pour
2003.