PROGRAMME DACTION MONDIAL CONCERNANT LES
PERSONNES HANDICAPÉES
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SITUATION ACTUELLE
Description générale
Le nombre de personnes handicapées dans le monde au-jourd'hui est considérable et ne
fait que croître. Le chiffre esti-matif de 500 millions est confirmé par les résultats
d'études sur les diverses couches de population et par les observations des experts. Dans
la plupart des pays, une personne sur dix souffre d'une infirmité physique, mentale ou
sensorielle; et 25 p. 100 au moins de la population mondiale en subissent les
conséquences.
Les causes des infirmités varient selon les pays, tout comme l'incidence de
l'invalidité et ses conséquences. Ces varia-tions tiennent à la diversité des
contextes socio-économiques et des dispositions prises par les collectivités pour
assurer le bien-être de leurs membres.
Selon une enquête menée par des experts, 350 millions au moins de personnes
handicapées vivraient dans des régions dé-pourvues des services nécessaires pour les
aider à surmonter leurs difficultés. Dans une large mesure, les personnes handi-capées
doivent faire face à des obstacles physiques, culturels et sociaux qui les désavantagent
même lorsqu'ils peuvent bénéfi-cier d'une assistance pour leur réadaptation.
Plusieurs facteurs sont à l'origine de l'augmentation du nombre des personnes
handicapées et de leur marginalisation croissante, et notamment :
- Les guerres et leurs conséquences et autres formes de violence, la destruction, la
pauvreté, la faim, les épidémies, les mouvements massifs de population;
- Une proportion élevée de familles surchargées et indi-gentes, des logements
surpeuplés et malsains, le manque d'hy-giène;
- Un taux élevé d'analphabétisme et un manque d'information sur les services
disponibles en matière sociale et dans les domaines de la santé et de l'enseignement;
- Méconnaissance de l'invalidité, de ses causes, de sa prévention et de son traitement,
d'où opprobre, discrimination et idées fausses;
- Des programmes inadaptés en matière de soins et de services de santé primaires;
- Des contraintes, notamment le manque de ressources, les distances géographiques et les
barrières sociales, empêchant de nombreuses personnes de profiter des services
disponibles;
- L'utilisation des ressources pour des services hautement spécialisés, ne répondant
pas aux besoins de la majorité des personnes dont l'état nécessite une aide;
- L'absence ou l'insuffisance d'une infrastructure de services connexes en matière de
santé, d'éducation, d'aide sociale, de formation et de placement professionnels;
- Le manque d'importance relative, dans les programmes de développement économique et
social, des activités relatives à l'égalisation des chances, à la prévention de
l'invalidité et à la réadaptation;
- Les accidents qui se produisent dans l'industrie, dans l'agriculture et dans les
transports;
- Les catastrophes naturelles et les tremblements de terre;
- La pollution de l'environnement;
- Les tensions et les problèmes psycho-sociologiques qui découlent du passage d'une
société traditionnelle à une société moderne;
- L'emploi inconsidéré de médicaments, l'abus de substances thérapeutiques et l'usage
illicite de drogues et de stimulants;
- Les soins inadéquats aux blessés au moment d'une catastrophe, d'où parfois
invalidité qui aurait pu être évitée;
- L'urbanisation, la croissance démographique et autres facteurs indirects.
La corrélation entre l'invalidité et la pauvreté a été clairement établie. Si la
pauvreté contribue à accroître les risques d'infirmité, l'inverse est également vrai.
Souvent, la naissance d'un enfant handicapé ou l'apparition d'un cas d'invalidité dans
une famille pèse lourdement sur ses ressources limitées, sape son moral et l'enfonce
encore davantage dans la pauvreté. Ces facteurs ont pour effet combiné une plus forte
proportion de personnes handicapées dans les couches les plus déshéritées de la
société. C'est pourquoi le nombre des familles pauvres ainsi touchées s'accroît
constamment en chiffres absolus. Les consé-quences de cette tendance entravent fortement
le processus du développement.
Etant donné l'état actuel des connaissances et des compé-tences, on pourrait
prévenir un grand nombre d'infirmités et invalidités, aider les personnes atteintes à
surmonter ou à ré-duire leurs handicaps et permettre aux nations d'éliminer les
barrières qui maintiennent les personnes handicapées à l'écart de la vie quotidienne.
Les personnes handicapées dans les pays en développement
Il convient de souligner en particulier les problèmes des personnes handicapées dans
les pays en développement. Quatre-vingts pour cent au moins de toutes les personnes
handi-capées vivent dans des régions rurales isolées de pays en déve-loppement. Dans
certains de ces pays, le pourcentage des per-sonnes handicapées atteint, d'après les
estimations, 20 p. 100 et, si on compte les membres de la famille, on peut dire que 50 p.
100 de la population subissent les conséquences de l'invalidité. Le problème est encore
aggravé par le fait que, dans la plupart des cas, les personnes handicapées sont en
général extrêmement pauvres. Elles vivent souvent dans des zones où les services
médicaux et paramédicaux sont rares, pour ne pas dire inexis-tants et où le dépistage
précoce est impossible. En admettant qui plus est que ces personnes reçoivent des soins,
l'infirmité peut déjà être devenue irréversible. Beaucoup de pays ne disposent pas
des ressources nécessaires pour le dépistage et la prévention et pour assurer les
services de réadaptation et autres aux person-nes handicapées. Le personnel qualifié,
la recherche de stra-tégies et de méthodes nouvelles et plus efficaces de réadaptation
et la mise au point d'appareils et de matériel pour les personnes handicapées sont loin
de suffire aux besoins.
Dans ces pays, les problèmes qui se posent sont aggravés par l'explosion
démographique, qui multiplie inexorablement le nombre et la proportion de personnes
handicapées. Il est donc urgent d'aider ces pays à mettre au point, en toute priorité,
une politique démographique propre à empêcher l'accroissement du nombre des personnes
handicapées, parallèlement aux efforts de réadaptation en faveur de personnes
actuellement handi-capées..
Groupes Spéciaux
Les conséquences des déficiences et de l'invalidité sont particulièrement graves
pour les femmes. Nombreux sont les pays où des obstacles sociaux, culturels et
économiques em-pêchent les femmes d'accéder aux soins de santé, à l'enseigne-ment, à
la formation professionnelle et à l'emploi; si ces femmes sont de surcroît atteintes
d'incapacité physique ou mentale, leurs possibilités de participer à la vie de la
communauté sont encore réduites. Dans les familles, la responsabilité des soins à
donner à un parent handicapé incombe souvent aux femmes, ce qui entrave
considérablement leur liberté et leurs possibilités d'avoir une autre activité.
Les enfants qui souffrent d'une infirmité sont très souvent rejetés ou privés des
expériences qui font partie du développe-ment normal. Cette situation peut être
aggravée par des erreurs d'attitude et de comportement que commettent la famille et la
communauté pendant les années critiques au cours desquelles se forgent la personnalité
de l'enfant et l'idée qu'il se fait de lui-même.
Dans la plupart des pays, le nombre des personnes âgées ne cesse d'augmenter et, dans
certains d'entre eux, les deux tiers des personnes handicapées sont des personnes
âgées. La plupart des états qui sont à l'origine de leurs handicaps (arthrite,
congestion cérébrale, maladies cardiaques, baisse de l'ouïe et de la vue) sont rares
parmi les handicapés plus jeunes et nécessitent peut-être des modalités différentes
de prévention, de traitement, de réadaptation et de soutien.
Depuis la naissance de la "victimologie", branche de la cri-minologie, on
commence à mesurer la gravité réelle des bles-sures que subissent les victimes de la
violence et qui causent une incapacité permanente ou temporaire.
Les victimes de la torture, qui ont été handicapées physi-quement ou mentalement,
non pas à la naissance ou au cours d'une activité normale, mais à la suite de blessures
volontaire-ment infligées, forment aussi un groupe distinct de personnes handicapées.
A la suite des désastres provoqués par l'homme, il y a au-jourd'hui plus de 10 d'une
incapacité physique ou psychologique causée par la persécution, la violence et les
périls. La plupart d'entre eux vivent dans des pays du tiers monde où les installations
et services sont extrêmement restreints. Etre un réfugié est déjà en soi un handicap
et les réfugiés qui souffrent d'une incapacité sont doublement handicapés.
Des travailleurs émigrés se trouvent souvent en situation difficile parce qu'ils
vivent dans un environnement différent, qu'ils ignorent ou connaissent mal la langue du
pays d'accueil, qu'ils sont victimes de préjugés et de discrimination, qu'ils ont une
formation professionnelle nulle ou insuffisante et que leurs conditions de vie sont
inadéquates. Du fait de leur situation particulière dans le pays d'accueil, les
travailleurs migrants et leurs familles courent des risques supplémentaires de maladie et
d'accidents du travail susceptibles d'entraîner une infirmité ou une incapacité. La
situation des travailleurs migrants handicapés peut être encore aggravée par le fait
qu'ils doivent rentrer dans leur pays d'origine où, très souvent, les services et les
installations spécifiques sont très limités.
Prévention
Les activités visant à prévenir l'infirmité se développent régulièrement dans
plusieurs domaines : amélioration des conditions d'hygiène, de l'éducation, de la
nutrition, meilleure alimentation et meilleure surveillance sanitaire grâce aux soins de
santé primaires, en particulier maternels et infantiles, conseils aux parents en matière
de génétique et de soins prénatals, vaccination et lutte contre les maladies et les
infections, prévention des accidents, amélioration de la qualité de l'environnement,
etc. Dans certaines régions du monde, les mesures prises à ces divers égards ont permis
de réduire de façon sensible l'incidence des infirmités physiques et mentales.
Toutefois, dans la plupart des pays, notamment dans ceux qui en sont aux premiers
stades du développement économique et social, ces mesures de prévention ne touchent
véritablement qu'un faible pourcentage de la population. La majorité des pays en
développement doivent encore mettre en place un système de dépistage précoce et de
prévention des infirmités grâce à des examens de santé périodiques, en particulier
pour les femmes en début de grossesse, les nourrissons et les jeunes enfants.
Dans la Leeds Castle Declaration on the Prevention of Disablement (Déclaration du
château de Leeds sur la prévention de l'incapacité), du 12 novembre 1981, un groupe
international de chercheurs, de médecins, d'administrateurs de services de santé et
d'hommes politiques a insisté, notamment, sur les mesures concrètes ci-après visant à
éviter l'invalidité :
- Les infirmités dues à la malnutrition, aux infections et à la négligence pourraient
être évitées, grâce à une amélioration peu coûteuse des soins de santé primaires.
- Nombre d'invalidités survenant plus tard dans la vie pourraient être retardées ou
évitées. Des recherches prometteuses sur la lutte contre les maladies héréditaires et
dégénératives sont en cours.
- L'invalidité ne doit pas nécessairement constituer un handicap. Très souvent, elle
est aggravée par l'absence de remèdes simples, et les attitudes et les structures de la
société augmentent les risques qu'un individu soit désavantagé à cause d'une
invalidité. L'information permanente du grand public et des gens de métier s'impose
d'urgence.
- Les cas d'invalidité qu'on aurait pu éviter sont une cause majeure de gaspillage
économique et de frustration de l'être humain dans tous, les pays, qu'ils soient
industrialisés ou en développement. Cette perte peut être réduite rapidement.
- Les techniques qui permettront d'empêcher ou de maîtriser la plupart des invalidités
existent et s'améliorent mais il faut que la société soit déterminée à résoudre les
problèmes. Il faut réorienter les programmes sanitaires en cours, nationaux et
internationaux, de façon à assurer la diffusion des connaissances et des techniques.
- Bien que les techniques propres à assurer le traitement préventif et curatif de la
plupart des invalidités existent, les progrès spectaculaires enregistrés récemment
dans le domaine de la recherche biomédicale font espérer la mise au point de nouveaux
instruments révolutionnaires, qui pourraient grandement renforcer toutes les
interventions. Tant la recherche fondamentale que la recherche appliquée méritent
d'être soutenues au cours des années à venir.
On reconnaît de plus en plus que les programmes tendant à prévenir les infirmités
ou à les empêcher de dégénérer en invalidités plus gênantes sont beaucoup moins
coûteux pour la société, à long terme, que les soins aux personnes handicapées. C'est
le cas notamment des programmes de sécurité professionnelle, domaine encore très
négligé dans de nombreux pays.
Réadaptation
Les services en matière de réadaptation sont souvent assurés par des organismes
spécialisés. Toutefois, on tend actuellement de plus en plus à les intégrer dans des
centres non spécialisés.
Aussi bien le contenu que l'esprit des activités dites de réadaptation ont subi une
évolution. Traditionnellement, la réadaptation était un ensemble de soins et services
fournis aux personnes handicapées dans un établissement spécialisé, souvent sous
contrôle médical. En plus des services médicaux, sociaux et pédagogiques spécialisés
qui continuent d'être fournis, les programmes de réadaptation tout de plus en plus
participer la famille et la communauté et les aident à soutenir les efforts de la
personne handicapée à surmonter les effets incapacitants de leur infirmité dans un
environnement social normal. De plus en plus, on reconnaît que même des personnes
gravement handicapées peuvent dans une large mesure vivre indépendamment si on leur
fournit les services nécessaires. Il y en a en l'ait beaucoup moins que l'on ne pensait
qui doivent être traitées dans un établissement spécialisé et même elles peuvent
mener une vie indépendante dans ses éléments essentiels.
Un grand nombre de personnes handicapées ont besoin d'auxiliaires techniques. Certains
pays disposent des techniques de pointe nécessaires et peuvent fabriquer des équipements
très perfectionnés qui facilitent le déplacement, la communication et la vie
quotidienne des personnes handicapées. Toutefois, ce matériel coûte très cher et seuls
quelques pays peuvent le fournir.
Beaucoup de personnes ont besoin de matériel pour faciliter les déplacements, la
communication et la vie quotidienne en général. Ce matériel existe dans certains pays.
Toutefois, dans de nombreux autres, il n'est pas disponible et/ou d'un prix élevé. On
s'intéresse de plus en plus à la conception d'un matériel plus simple et moins
coûteux, pouvant être produit par des méthodes plus faciles à adapter aux conditions
locales, répondant mieux aux besoins de la plupart des personnes handicapées et plus
aisées à obtenir.
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