Dialogue de haut niveau sur les
Migrations internationales et le développement
Assemblée générale des Nations Unies, 14 et 15 septembre 2006

Information de base

Le point sur les migrations internationales


1. Depuis la nuit des temps, les migrations sont pour l'homme une manière courageuse de manifester sa volonté de surmonter l'adversité et d'avoir une vie meilleure. Aujourd'hui, en raison de la mondialisation et des progrès des communications et des transports, le nombre de personnes qui désirent s'installer dans d'autres régions et qui en ont les moyens a considérablement augmenté.

2. Cette nouvelle ère est porteuse aussi bien de problèmes que de possibilités pour les sociétés du monde entier. Elle met aussi en relief la corrélation manifeste entre les migrations et le développement de même que les possibilités de codéveloppement qu'offrent les migrations, c'est-à-dire les possibilités d'amélioration concertée de la situation économique et sociale aussi bien dans les régions d'origine que dans celles de destination. Le présent rapport a pour objet d'étudier ces problèmes et possibilités et de dégager les changements qui se produisent actuellement. Il constitue donc un plan de campagne préliminaire destiné à cette nouvelle ère de mobilité.

3. Les migrations évoluent en même temps que les marchés du travail et les sociétés se mondialisent. Le contremaître d'une compagnie de l'Indiana (États-Unis) s'installe en Chine pour former des ouvriers aux nouvelles méthodes de production; un professeur originaire de Johannesburg (Afrique du Sud) décide d'aller vivre à Sydney (Australie) d'où il fait la navette pour se rendre à Hong Kong (Chine) où il occupe un poste d'enseignant; une infirmière formée à Manille travaille à Dubaï. Parallèlement, les travaux de recherche continuent de battre en brèche les vieilles certitudes concernant les migrations - ils montrent par exemple que les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'émigrer vers les pays développés, que les migrants peuvent avoir des vies transnationales et que les transferts de fonds peuvent stimuler considérablement les économies locales. En même temps, la nouvelle manière dont les politiques sont formulées permet de gérer les migrations internationales d'une manière nouvelle - la Chine et la République de Corée incitent les chercheurs expatriés à rentrer dans leur pays en leur proposant des parcs scientifiques ultramodernes; les pouvoirs publics collaborent avec les associations de migrants à l'étranger afin de relever le niveau de vie dans le pays d'origine et des programmes de développement aident les chefs d'entreprise migrants à créer de petites entreprises dans leurs communautés d'origine.

4. Compte tenu de ces changements, les pouvoirs publics ont partout la possibilité de revoir leurs politiques en matière de migration et ils ont de bonnes raisons de le faire.

5. Les avantages liés à la migration - tant pour les migrants que pour les sociétés dont ils deviennent membres - ne sont pas aussi bien compris qu'ils devraient l'être. Les migrations suscitent bien sûr des débats passionnés. Elles peuvent priver les pays de leurs éléments les plus dynamiques et diviser les familles. Bien qu'elles puissent être bénéfiques, elles peuvent aussi engendrer des tensions sociales - c'est ainsi que les questions liées à l'intégration des migrants font l'objet d'une intense controverse. Il arrive aussi que les criminels et les terroristes profitent de la circulation des populations. Toutefois, c'est grâce à l'engagement constructif et au débat que l'on résoudra bon nombre des problèmes que posent les migrations. Il en résultera une connaissance accrue des avantages et des possibilités considérables qu'offrent les migrations.

6. Les 14 et 15 septembre 2006, des représentants de haut niveau de tous les États Membres de l'Organisation des Nations Unies se réuniront en Assemblée générale afin d'étudier l'un des aspects les plus prometteurs des migrations, à savoir leur rapport avec le développement. Les possibilités qu'ont les migrants d'aider à transformer leurs pays d'origine ont frappé l'imagination des autorités nationales et locales, des organisations internationales et du secteur privé. Un consensus se fait jour sur le fait que les pays peuvent collaborer afin de rendre la situation avantageuse à la fois pour les migrants, pour leurs pays d'origine et pour les sociétés qui les accueillent.

7. Toutefois, nous commençons seulement à apprendre comment faire en sorte que les migrations facilitent plus systématiquement le développement. Chacun d'entre nous a entre les mains l'un des éléments de l'énigme que posent les migrations mais aucun d'entre nous ne dispose de tous les éléments. Il est donc temps de reconstituer tous les éléments de l'énigme. Nous avons une occasion sans précédent de le faire en mettant en évidence, en évaluant et en partageant les nombreuses données d'expérience sur les modes de gestion des migrations que l'on trouve actuellement à travers le monde. L'ONU est l'instance la plus appropriée pour ce partage d'idées, d'expériences et d'enseignements tirés. Les migrations constituant un phénomène mondial, qui se produit non seulement entre tel ou tel pays ou à l'intérieur d'une même région mais aussi à partir de presque tous les coins du monde en direction de tous les autres, nous devons nous y intéresser ensemble.

8. Je suis persuadé que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qui se déroulera les 14 et 15 septembre restera dans les mémoires comme marquant le moment où la coopération sur cette question cruciale a atteint un nouveau niveau. Les États souverains ont le droit de décider qui ils autorisent à entrer sur leur territoire à condition de respecter les obligations conventionnelles internationales qu'ils ont acceptées. Ce droit ne doit toutefois pas nous empêcher d'oeuvrer ensemble pour que les migrations internationales facilitent la réalisation de nos objectifs de développement. L'ampleur du potentiel bénéfique des migrations ne saurait être sous-estimée. Pour ne prendre que l'exemple le plus concret, les fonds que les migrants rapatrient dans les pays en développement, qui se chiffraient à 167 milliards de dollars au moins rien qu'en 2005, sont maintenant de très loin supérieurs à toutes les formes d'aide internationale conjuguées.

Source : Rapport du Secrétaire général (A/60/871)