Les Nations Unies et les défis conceptuels
d'une économie qui se mondialise
Divers organismes des Nations Unies occupent une position idéale leur permettant de contribuer à la mise en place d'un meilleur système conceptuel dans le cadre duquel on pourra comprendre les phénomènes qui accompagnent la mondialisation:
Les crises économiques et autres événements survenus à la fin des années 90 ont entraîné la naissance de deux consensus généraux, qui sont en train d'évoluer, sur les suppositions erronnées concernant la mondialisation. La conviction selon laquelle une déréglementation poussée finirait par profiter à tout le monde a été sévèrement ébranlée. Comme le disait le Secrétaire général Kofi Annan, la marée montante, pour reprendre la métaphore couramment utilisée pour l'élargissement considérable des marchés, ne soulève pas forcément tous les bateaux; elle a plutôt soulevé les yachts. M. James Wolfensohn, de la Banque mondiale, a estimé qu'"au niveau des gens", le système de l'économie mondiale ne fonctionnait pas. Nombre d'observateurs ont concédé que la mondialisation enrichit une minorité au détriment de la majorité et que ses promesses d'un développement économique équitable n'ont été tenues nulle part. Un autre argument important, qui est en train d'évoluer, est que la démarche qui consiste à appliquer la même analyse et les mêmes solutions aux problèmes économiques est au mieux élémentaire du point vue intellectuel et au pire responsable de catastrophes dans les pays dont l'économie est perturbée. Le principal défi conceptuel pour les institutions de l'ONU vient du fait que l'on ne voit pas de remède généralement accepté pour l'une ou l'autre de ces deux erreurs. Deux secteurs méritent notre attention: Il convient d'abord d'enquêter et de s'interroger sur la question de savoir où il faut établir la limite entre un type (et degré) de libéralisation des marchés qui sera stimulateur et un type qui aura des effets négatifs sur le développement socio-économique recherché sur le marché intérieur. Il existe par exemple de bonnes raisons de conclure que l'influx d'une vaste quantité de capitaux étrangers dans certains pays a non seulement accru la richesse des classes propriétaires mais a également stimulé le développement économique même s'il ne l'a pas fait partout. Il est également incontestable que la déréglementation des systèmes financiers locaux a profondément affecté certains pays lorsque des événements imprévus et incontrôlables ont déclenché une fuite de capitaux. Il serait probablement utile dans ce contexte d'insister sur la nette différence entre les investisseurs étrangers traditionnels qui souhaitent participer au développement de certaines industries et les spéculateurs qui, tels des hordes d'antilopes, se ruent hors des marchés émergents à la moindre provocation. Plusieurs institutions de l'ONU sont bien placées pour contribuer à l'élaboration de mises en garde réalistes dans ce qui a été, jusqu'à présent, une discussion internationale simpliste et relativement stérile sur les avantages de marchés déréglementés. Les principaux arguments à l'encontre des opposants qui manifestaient contre la réunion de l'OMC à Seattle fin 1999 rappelaient la manière dont on s'est servi des arguments avancés pour justifier l'arrangement international économique du libre-échange, relativement bien compris et relativement avantageux, pour demander une libéralisation qui a déchaîné des forces économiques tout à fait différentes et mal comprises. Les partisans de la mission politique de la mondialisation ont effectué un saut mental entre l'évidence qu'un flux transfrontières relativement libre de marchandises avait grandement bénéficié aux pays participant au système de libre-échange international et la conclusion qu'une circulation aussi libre des capitaux accroîtrait encore ces avantages et que les pays participants à un système industriel mondial étaient obligés d'accorder des droits généraux aux investisseurs étrangers. D'importantes différences existent entre ces deux types de commerce, même si elles ont été en grande partie négligées:
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