Un vaccin contre le sida est-il possible ?
Les personnes infectées par le VIH développent des anticorps et d'autres réponses immunitaires contre le virus mais ceux-ci ne suffisent pas à éliminer l'infection ou à empêcher l'évolution de la maladie. Un vaccin contre le VIH devra donc "faire mieux que la nature", induisant peut-être des réponses immunitaires de protection qui n'apparaîtraient pas chez une personne séropositive. La variabilité génétique du virus a donné lieu à différents "sous-types" (connus par les lettres A à J) qui sont distincts selon les zones géographiques. Par exemple, les virus de sous-types B se rencontrent en Amérique et en Europe de l'Ouest tandis que ceux du type C et A sont plus courants en Afrique. Actuellement, nous ne disposons pas de suffisamment d'informations pour savoir si un vaccin mis au point à partir des virus rencontrés en Amérique du Nord serait efficace en Afrique ou s'il serait nécessaire de mettre au point un vaccin différent pour chaque sous-type de VIH. Malgré ces défis, il y a tout lieu de se montrer optimiste. Les différents types de vaccins au stade expérimental ont montré qu'ils protégeaient partiellement les singes et les chimpanzés contre les défis posés par les virus pathogènes bien que l'on ne sache toujours pas à quel point ces expérimentations effectuées sur les animaux sont efficaces chez les êtres humains. Seuls des essais vaccinaux effectués chez des volontaires sains peuvent apporter une réponse. Le premier essai vaccinal contre le VIH a été réalisé en 1987 aux États-Unis. Depuis, plus de 30 vaccins ont été testés chez des volontaires au cours d'essais à petite échelle (essais de phase I/II). Plus de 6 000 volontaires ont participé la plupart des essais ayant eu lieu aux Etats-Unis et en Europe et le reste au Brésil, en Chine, à Cuba, en Thaïlande et en Ouganda. Les essais de phase I/II ont montré que les candidats vaccins ne présentent aucun risque et qu'au moins certains d'entre eux induisent une réponse immunitaire qui pourrait protéger contre l'infection par le VIH ou le sida. Cependant, la seule façon de savoir si un vaccin protège contre le VIH/sida est de mener des essais d'efficacité de phase III sur une grande échelle auxquels participeraient des milliers de volontaires. Ceci est extrêmement complexe d'un point de vue scientifique, éthique et logistique mais c'est une étape indispensable à la réalisation des vaccins contre le VIH. Les essais de phase II ont débuté aux Etats-Unis en 1998 et en Thaïlande en 1999, avec la participation de 8 000 volontaires non infectés. Les candidats vaccins ont été produits par VaxGen, une entreprise basée en Californie, utilisant des souches de VIH dominantes dans ces pays. Les résultats initiaux des essais de phase III seront disponibles au cours des deux prochaines années et nous permettront de savoir si nous sommes sur la bonne voie d'une mise au point d'un vaccin. Le deuxième essai de phase III, utilisant une combinaison de deux candidats vaccins, est en cours de préparation aux Instituts nationaux de la Santé des Etats-Unis et devrait débuter au cours des deux prochaines années. En outre, une nouvelle génération de candidats vaccins actuellement en cours de développement sera bientôt utilisée dans des essais à petite échelle menés chez des volontaires. Le candidat vaccin le plus efficace sera choisi pour les essais de phase III. Alors que l'épidémie du VIH/sida continue de faire des ravages, la nécessité de trouver un vaccin efficace est plus réelle que jamais. De l'avis général, la meilleure façon d'accélérer le développement d'un vaccin contre le sida est d'effectuer simultanément des essais vaccinaux multiples dans les pays industrialisés et dans ceux en développement. Cela est essentiel pour évaluer les différents types de vaccins pour les différents sous-types. La recherche d'un vaccin devrait constituer une priorité aussi urgente que celle de la recherche de médicaments pour traiter le VIH. Et cela n'est pas le cas, au moins en termes financiers : globalement, seulement 300 millions de dollars ont été investis dans la recherche d'un vaccin en 1999, ce qui ne représente qu'une modeste fraction des 3 milliards de dollars qui sont dépensés chaque année en médicaments pour traiter le VIH aux Etats-Unis et en Europe. Il est vrai qu'il existe une énorme demande sur le marché pour l'investissement en médicaments, avec des marges de profit importantes et la promesse de rentrer rapidement dans ses fonds. Il est aussi vrai que les progrès en matière de médicaments sont accueillis favorablement et essentiels. Mais il faut corriger immédiatement ce déséquilibre car un vaccin efficace peut annoncer des bénéfices à long terme pour les société et les économies. Un effort sérieux est nécessaire pour obtenir des fonds supplémentaires afin de favoriser la mise au point de nouveaux vaccins qui permettront de tester et de renforcer les sites dans les pays en développement où ces vaccins seront testés puis mis en place. Si la communauté internationale réalise qu'un vaccin contre le VIH est l'un des meilleurs exemples de ce que nous appelons "un bien public mondial" et assume la responsabilité d'apporter son engagement total à sa mise au point, la recherche d'un vaccin sera alors prête à aboutir.
Une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida aura lieu en juin 2001 pour obtenir un engagement mondial dans la lutte contre la maladie.
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