L'INTERVIEW de Chronique ONU
C'est un moment très spécial pour présider l'Assemblée générale. J'espère sincèrement que le Sommet du millénaire donnera un nouvel élan aux travaux des Nations Unies, en particulier à la 55e session de l'Assemblée générale. A la lumière du Rapport du millénaire du Secrétaire général, j'ai fondé de grands espoirs sur le Sommet. Et j'espère que l'Assemblée du millénaire veillera à la mise en œuvre des idées présentées dans la Déclaration du Sommet. Certes, je sais déjà que j'ai à affronter certains problèmes. Il y a, par exemple, les questions budgétaires, et plus spécialement le barème des quote-parts. Il s'agit d'un problème très critique qui doit néanmoins être résolu avant la fin de l'année. Et puis, il y a des problèmes plus sérieux comme la réforme du Conseil de sécurité des questions que le président de l'Assemblée générale doit au moins ne pas perdre de vue. Il reste à déterminer quels sont les véritables problèmes, mais les défis et obstacles sont nombreux. Essayons donc de changer les obstacles en avantages. Les Finlandais font preuve de transparence et d'ouverture d'esprit dans leur manière de prendre des décisions politiques. Je pense pouvoir me considérer comme un décideur politique. Que l'on soit président, ici ou ailleurs, quel est le principal défi pour celui qui préside une réunion ? Ce n'est pas la discussion la discussion n'est qu'un outil. On vise un objectif. Le but final doit être de prendre une décision. Votre point de vue personnel sur une question n'est pas toujours très important, même s'il l'est pour vous en tant que personne. Pour obtenir une décision, il faut parfois savoir mettre ses propres idées et points de vues de côté. Lorsque je m'occupais des problèmes internes de la Finlande, je procédais de la sorte réunir les gens et les faire travailler ensemble au lieu de de se disputer. Dans les négociations politiques, certaines règles sont importantes. La première règle, c'est de créer un climat de confiance entre les parties. On constate généralement un manque de confiance lors des crises internationales ou nationales. Pour obtenir des résultats, il faut changer les mentalités. Cela semble idéaliste, et cela l'est, mais il faut que le message soit clair : si la confiance fait défaut, si l'on ne s'attache pas à instaurer la confiance entre les parties, on ne réussira jamais. D'un côté, il s'agit d'instaurer la confiance et, de l'autre, de faire preuve de volonté politique.
En d'autres termes, le conflit en Irlande du Nord illustre un antagonisme politique en général ?
L'Irlande du Nord est un cas en soi, mais il n'est pas unique. Cet antagonisme entre les unionistes et les nationalistes ou tel qu'on les appelle, les Protestants et les Catholiques, existe au moins depuis 800 ans. Au début, ce n'était pas une question de protestantisme ou de catholicisme parce que l'Eglise catholique était la seule église à ce moment-là c'était un conflit nationaliste. Mais dans chaque pays européen, y compris le mien, il y eut des problèmes au cours de l'histoire où la société était aussi divisée. Il y a un peu moins de cent ans, une guerre civile a éclaté en Finlande, comme en Irlande. Si vous examinez l'histoire des nations nouvellement indépendantes, vous remarquerez que, malheureusement, la guerre civile est presque toujours présente, même aux Etats-Unis. Dans ce pays, la guerre civile n'a pas éclaté immédiatement mais elle présentait des ressemblances avec celle qui a eu lieu dans mon pays ou en Irlande. En examinant l'histoire des différentes nations, on constate que la violence et l'usage de la force, et bien souvent les guerres civiles, font partie de leur héritage. Ce sont les traditions de l'humanité. En Finlande, nous avons beaucoup appris de notre guerre civile. Lorsque j'étais jeune, les blessures étaient visibles, quand le pays était divisé entre les communistes et les démocrates. Mais ma génération a connu la deuxième guerre mondiale et cela a unifié la nation. Les blessures sont désormais pansées.
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