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Quand survient la catastrophe


Tandis que plusieurs organismes des Nations Unies se sont dotés de programmes de secours 24 heures sur 24 pour répondre aux besoins des sinistrés, nombreux sont ceux qui cherchent, tout d'abord, à réduire la vulnérabilité des populations. La Chronique examine les deux aspects de la gestion des catastrophes.



En Inde, le 26 janvier devait être une journée sans problèmes. C'était le jour de la commémoration de la Constitution — journée de la République — et, cette année, la fête tombant un vendredi, les gens avaient devant eux un long et tranquille week-end. Mais les catastrophes surviennent sans prévenir. À 8 h 46 heure locale, le sol tremblait.

Les catastrophes prennent de nombreuses formes; elles sont à la fois d'origine naturelle et humaine — séismes, inondations, ouragans, nuées de criquets, peste du bétail, guerres, conflits civils. Avant le séisme, l'État du Gujerat, le plus touché, avait connu deux ans de sécheresse qui avait réduit de 30 % la production agricole, culture principalement pluviale. Les pauvres, les femmes et les enfants étaient déjà fragilisés.

La première action fut de mener des recherches et de secourir les personnes, phase organisée rapidement par les équipes nationales. Les équipes internationales sont arrivées le lendemain soir suivies, deux jours plus tard, par des équipes de secours et d'approvisionnement. Selon l'équipe des Nations Unies chargée de l'évaluation et de la coordination des catastrophes dans le Gujerat, il y a eu sur place jusqu'à 245 organisations et organismes, y compris au moins 55 organisations nationales et 99 internationales non gouvernementales, et des représentants de la Croix-Rouge venus de 10 pays.

Deux jours après la catastrophe, plusieurs comités ont été formés pour gérer les soins de santé, les abris, l'eau, les problèmes sanitaires, les secours et la logistique. Les problèmes spécifiques aux enfants et aux femmes ont ensuite été traités séparément.

Les réunions sectorielles et générales ont permis d'établir un meilleur échange d'informations entre les ONG, le gouvernement et les organisations de l'ONU.

Dans le cadre des premières opérations de secours, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont fourni les médicaments de première nécessité.

L'OMS a également collaboré avec le gouvernement pour mettre sur pied un programme complet de surveillance des maladies dans les zones les plus touchées du Gujerat, système similaire à celui établi le lendemain du cyclone tropical qui a ravagé l'Orissa, en 1999.

Le programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé dans la zone sinistrée 300 tonnes de biscuits riches en vitamines qui ont été ensuite distribués, pendant deux semaines, à 100 000 personnes. Puis, il a lancé un programme d'aide alimentaire de 4 millions de dollars sur une période de quatre mois pour aider les femmes enceintes, les mères qui allaitent ainsi que les enfants, et a également distribué des sacs de farine de blé et de lentilles aux familles. Le Fonds des Nations Unies pour la population a fourni des services de santé mobiles afin de répondre aux divers besoins de la population et, plus particulièrement, à ceux en matière de soins génésiques. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a dépêché une mission pour évaluer les incidences du séisme sur les récoltes, le bétail et l'infrastructure agricole.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUP) et les Volontaires de l'ONU ont recruté 107 personnes chargées de coordonner un groupe de 5 000 volontaires faisant partie d'organisations de jeunes près de l'épicentre du séisme.

La Division de réponse d'urgence du PNUP a aussi mis en place un dispositif de préparation aux catastrophes et de formation pour en atténuer les impacts. Le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) et le PNUP appuieront aussi un projet en cours, mené par les organisations locales, visant à réduire la vulnérabilité des populations par l'application de mesures de construction temporaires et permanentes, dans le cadre d'un processus de reconstruction et de réhabilitation.

L'UNICEF a fourni des trousses d'éducation, des tentes pour l'enseignement scolaire et envoyé des enseignants formés. Compte tenu des quelque 3 millions d'enfants de moins de 15 ans directement touchés par le séisme dans les six districts du Gujerat les plus dévastés, l'UNICEF et ses partenaires ont joué un rôle majeur afin d'assurer une aide psychologique aux enfants.

L'aide apportée aux victimes du séisme par les Organisations des Nations Unies se poursuit bien que des situations dans des régions telles que l'Afghanistan, la Corne de l'Afrique, l'Érythrée, El Salvador et le Soudan nécessitent également des secours humanitaires d'urgence. En fait, un Appel interorganisations a été lancé le même jour où le séisme est survenu en Inde afin de débloquer 34 millions de dollars pour aider l'El Salvador(voir encadré à la page 12) qui avait été, à nouveau, dévasté par un tremblement de terre.

Moins d'une semaine après le séisme dans le Gujerat, 200 responsables gouvernementaux et experts en catastrophes ont assisté à une conférence au Japon afin de tirer les leçons du tremblement de terre qui avait fait 6 432 morts à Kobe. Le Secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires et le Coordinateur des secours d'urgence, Kenzo Oshima, ont annoncé l'ouverture prochaine du premier bureau de l'ONU en Asie qui sera chargé de surveiller les séismes et autres catastrophes dans le monde. De tels bureaux sont actuellement en place à Genève et à New York.

Les défis les plus importants auxquels sont confrontés les pays du monde consistent à trouver les moyens de réduire les risques encourus par les communautés vivant dans les zones à risque et les aider à gérer la situation après la catastrophe.

Le Bureau des opérations spéciales de secours de la FAO fournit des conseils et du matériel agricole pour parer au plus pressé, en attendant qu'un approvisionnement régulier soit mis en place. Certains projets récents comprennent la coordination des activités agricoles d'urgence au Timor oriental et l'aide d'urgence pour améliorer les capacités logistiques et techniques du Département des services des animaux en vue de lutter contre la peste porcine.

Entre autres activités, le Programme de gestion des risques et des catastrophes d'Habitat déploie des missions d'évaluation et de conseils techniques dans les pays présentant les plus grands risques de tremblements de terre et, en collaboration avec d'autres pays et organismes d'aide extérieure, crée des projets de mise en œuvre et de techniques d'appui aux niveaux national, régional et international. Ces missions comprennent la reconstruction des communautés urbaines en Afghanistan, le soutien à la prévention des inondations et des projets de redressement en Chine et au Bangladesh, l'assistance à la réhabilitation de l'habitat dans le nord de l'Iraq, le rétablissement de la gouvernance en milieu urbain et la fourniture de services en Somalie.

Le Programme de prévention des catastrophes et de redressement du PNUD vise à promouvoir et à soutenir la création de capacités de construction et/ou à appuyer les autorités nationales et les institutions adéquates dont le rôle est d'atténuer, de prévenir et de préparer aux catastrophes naturelles, technologiques/industrielles et environnementales.

Dans ce cadre, il a établi le Programme pour le volcan Guagua Pichincha en Équateur, le soutien au système de gestion des catastrophes au Viet Nam et le renforcement des capacités de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes au Mozambique.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) possède un groupe Environnement composé du PNUE et du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) qui fournit une assistance d'urgence aux pays touchés par les catas-trophes, telles que les accidents industriels/technologiques, le déversement de produits chimiques et les marées noires, les incendies de forêts, les inondations et autres situations d'urgence qui affectent l'environnement, la santé et le bien-être des hommes. Récemment, le Groupe a répondu à la menace de rupture d'un barrage en Arménie et en Géorgie, et d'un incendie d'origine chimique à Madagascar.

L'UNICEF fournit une aide à la reconstruction et au développement, participant également, de manière active, aux questions de l'éducation et des jeunes, des minorités, des problèmes sexospécifiques et du trafic des êtres humains. En Yougoslavie, il a déployé des équipes mobiles d'évaluation pour analyser la situation générale et les besoins, particulièrement en matière de santé, de nutrition, d'eau et d'assainissement, d'éducation et de services sociaux. En Albanie, il a créé des Parlements des jeunes en vue d'accroître la participation des jeunes aux débats publics.

L'OMS maintient en réserve une équipe d'experts prête à être déployée vers un site donné dans les 24 heures. Les réponses d'urgence comprennent le contrôle de l'épidémie de la maladie à virus Ébola à Gulu (Ouganda) ainsi que l'évaluation de la toxicité de l'uranium appauvri au Kosovo et les risques sur la santé et les besoins.

Dans son rapport du Millénaire, le Secrétaire général Kofi Annan a annoncé le lancement d'un nouveau programme de réponse aux catastrophes, appelé "Les premiers sur place", qui fournira et assurera l'entretien des téléphones mobiles et par satellites ainsi que des liaisons hyperfréquences pour le personnel humanitaire. L'initiative, a-t-il précisé, sera menée par Ericsson — un fournisseur leader de solutions de communications qui associent les technologies de télécommunications et de transmission de données. Cette société s'est jointe au programme du Secrétaire général, Compact global, afin de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises dans son projet de partenariat destiné aux pays en développement.

Ericsson a ajouté que sa participation reflète l'engagement de l'entreprise à fournir "une réponse plus efficace et plus rapide aux souffrances des victimes de catastrophes". Ses bureaux situés dans le monde établiront des programmes d'intervention en association avec le PNUD, l'OCHA et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. En plus des solutions de communications pour un déploiement rapide, il inclura un programme d'action mondial et une communauté d'experts basée sur le web.



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