Une gouvernance urbaine inclusive
Lexpérience de Santo André
Par Celso Daniel
On peut considérer lexclusion sociale comme labsence de droits fondamentaux compatibles avec un minimum
social qui permet la pratique de la citoyenneté. Défini en ces termes, le concept dexclusion est plus large que celui de la pauvreté, ce dernier étant habituellement
associé aux variables telles que la famine et labsence de revenus.
Lexclusion et linclusion sont multidimensionnelles : elles se
reflètent dans les secteurs sociaux, culturels et urbains. Il sagit donc délaborer des politiques qui ne se limitent pas à une approche sectorielle : le droit à la
ville, fondé sur laccès à des normes sociales minimales, nécessite la mise en œuvre dune série de politiques intégrées destinées
à promouvoir linclusion sociale.
En se fondant sur ces hypothèses, ladministration municipale de Santo André, dont le mandat couvre la période 1997-2000, a lancé
le Programme intégré destiné à promouvoir linclusion sociale. Elle a mis en œuvre un projet pilote dans quatre zones de bidonvilles comprenant 20 % de la population
vivant dans les bidonvilles de la ville. Les principales caractéristiques du Programme sont les suivantes :
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Photo/Santo André City Council
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La ville de Santo André
Située dans la partie sud-est de la région métropolitaine de Sao Paulo (Brésil), Santo André compte 648 433 habitants. Cette ville au
secteur industriel dynamique fait actuellement lobjet dune importante restructuration économique. Mis à part les industries toujours en place, le secteur commercial et celui des
services sont en expansion. Le niveau de vie de la population dans son ensemble est satisfaisant. Pourtant, 16 % de ses habitants vivent dans des bidonvilles. Santo André reproduit donc
à léchelon urbain les violents contrastes qui existent entre les riches et les pauvres au Brésil, héritage du modèle de développement global du pays. La
stagnation économique des années 80 et 90 a renforcé lexclusion sociale des pauvres dans les villes brésiliennes. |
Ensemble de politiques intégrées.
La dimension économique - la plus importante sans aucun doute - a été intégrée par le biais de projets visant à la création de
pépinières de coopératives, de programmes de microfinancement, dactivités de formation professionnelle et de salaire minimum. La dimension sociale a été
abordée par des programmes destinés à promouvoir des campagnes dalphabétisation pour les adultes, des soins de santé pour la communauté, la culture et les
loisirs pour les enfants vivant dans la rue, etc. Enfin, lamélioration des bidonvilles, permettant leur intégration dans les programmes de nettoyage de la ville, a facilité
linclusion des populations visées dans les villes.
Intégration du gouvernement local.
Afin déviter une approche purement sectorielle, une caractéristique de ladministration publique, la municipalité a créé une unité de coordination
générale composée de plusieurs secrétariats. En outre, une unité plus technique, disposant dune équipe mobile regroupant des personnes de la
communauté ayant pour tâche de coordonner les actions quotidiennes, a été mise sur pied.
Mesures dinclusion sociale.
Une carte comportant les indicateurs dinclusion et dexclusion sociales au niveau municipal a été mise au point. Pour chaque région, un indicateur relatif a été
élaboré, fondé sur un ensemble de variables plus spécifiques. Cette méthodologie avait pour but de mettre en valeur laspect multidimensionnel de linclusion
sociale plutôt que de se centrer sur la pauvreté urbaine.
Participation de la communauté.
Les domaines visés ont été choisis par le biais du budget participatif, mécanisme qui implique les populations dans les mécanismes de décision. En outre,
des réunions ont été régulièrement organisées avec les associations de la communauté. Enfin, des programmes en matière de soins de
santé, dalphabétisation pour les adultes et de nettoyage des bidonvilles ont été mis en œuvre par les agents de la communauté vivant dans les
bidonvilles.
Partenariats.
Jusquà présent, le programme a établi des partenariats avec 14 organisations nationales et internationales : le Programme de gestion urbaine, la Commission européenne, le
gouvernement central et la Banque interaméricaine, les universités ainsi que les organisations non gouvernementales.
Une évaluation de létape initiale du programme montre que plusieurs résultats importants ont été obtenus en termes damélioration des bidonvilles,
dinvestissements sociaux et culturels ainsi que de réinsertion économique des familles. Cependant, plusieurs défis continuent de se poser. Il faudrait appliquer ce programme
au-delà des quatre zones de bidonvilles; en même temps, le gouvernement local est confronté à des contraintes budgétaires. Il faudrait aussi améliorer la
coordination entre les institutions municipales. Enfin, les voies de participation de la communauté existantes et les indicateurs qui mesurent les résultats du programme devraient
également être mieux intégrés dans le programme. Cest dans ce but que ladministration actuelle a intégré les changements suivants :
Venir en aide à toutes les familles exclues.
Tout en conservant lapproche du Programme intégré, celui-ci est élargi pour aider, dune part, tous les bidonvilles - avec des projets damélioration des bidonvilles
différenciés, donnant la priorité à la régularisation du statut doccupation - et, dautre part, toutes les familles exclues du marché du travail, en
redéfinissant le programme de salaire minimum et en créant de nouveaux programmes générant des revenus et des emplois. Dans le même temps, des stratégies
globales visant à lutter contre la violence urbaine et la misère ont été intégrées dans le programme.
Changements institutionnels.
Afin daugmenter lefficacité opérationnelle du programme intégré, un Secrétariat spécial pour linclusion sociale et lhabitation a été
créé, qui coordonne directement toutes les activités faisant partie du programme, outre les questions liées à lhabitation, au salaire minimum et aux enfants vivant
dans la rue.
Observatoire local de linclusion sociale.
En se fondant sur les résultats de la carte des indicateurs dinclusion et dexclusion sociales, la mise en œuvre sera améliorée afin de permettre une meilleure
corrélation entre les indicateurs urbains et les politiques municipales. Premièrement, la carte sera régulièrement mise à jour. Deuxièmement, la
corrélation entre plusieurs échelons territoriaux aux niveaux micro et macro-économiques, comprenant les quartiers, les régions interurbaines et la ville dans son ensemble
- sera améliorée. Enfin, la communauté participera à lélaboration des indicateurs. Cela fournira un ensemble varié dindicateurs quantitatifs et qualitatifs
ainsi que des évaluations subjectives. Le premier diagnostic de participation a été terminé en février 2001.
Celso Daniel est maire de Santo André, à Sao Paulo, au Brésil.
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