Chronique ONU | Edition en ligne


Combattre le terrorisme:
Coordonner la coopération internationale

Par Pino Arlacchi
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Le terrorisme n’est pas une nouvelle menace. L’ONU s’est unie pour faire face à ce défi historique, atteignant un nouveau niveau de coopération non seulement contre les groupes et les personnes qui menacent notre mode de vie mais aussi contre les réseaux et les puissances qui les soutiennent. Après le choc initial et la condamnation, les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et - surtout - un nombre impressionnant d’États islamiques, se déclarent prêts à s’engager dans la longue lutte contre le terrorisme.

Je souligne l’importance de la contribution du monde islamique dans ce combat parce que c’est précisément le point qui marquera notre première victoire contre les commanditaires et les auteurs de ces attaques. Ces fanatiques voulaient provoquer un “choc des civilisations”, une “guerre sainte” entre l’Islam et le reste du monde. Une ferme condamnation de leurs actes barbares de la part d’un grand nombre de pays à dominance islamique démontre à la fois l’unité de la communauté internationale et sa capacité à isoler, à punir et à vaincre les groupes et les réseaux de terroristes, quelles que soient leurs origines régionales ou religieuses. Il faut éviter à tout prix que cela ne devienne un choc des civilisations. Il faut que ce soit un combat - dans chacune de nos sociétés - entre les forces du bien et du mal, entre ceux qui sont inspirés et guidés par une vision d’amélioration et ceux qui représentent les idéologies fondées sur la haine.

L’humanité fait face au plus grand défi du XXIe siècle, que les grands titres des journaux ont nommé “la guerre contre le terrorisme”. Mais ce sera un type de guerre entièrement nouveau parce nous faisons face à un nouveau type d’ennemi : il ne s’agit plus d’une simple entité, pas même d’un seul État, mais d’un réseau qui fonctionne dans un grand nombre de pays et affecte tous les pays, en se servant des avantages de la mondialisation et de la technologie moderne. Ayant perdu peu à peu le soutien des États, le terrorisme international a développé, au cours des dix dernières années, une importante infrastructure de soutien bien dissimulée.

En tant qu’Organisation mondiale, l’ONU a un rôle vital à jouer pour canaliser l’indignation internationale causée par les attaques et combattre le terrorisme en mettant en place une stratégie coordonnée, à plusieurs facettes, à savoir des conventions juridiques, la coopération entre les États et leurs organismes d’application de la loi, le partage de l’information et de l’intelligence, le développement et la mise en œuvre de mécanismes destinés à éliminer le soutien financier accordé aux groupes de terroristes, etc.

Tandis que nous recherchons tous de nouvelles stratégies, conscients de la nécessité d’adopter sans tarder une convention contre le terrorisme, il faut se rappeler qu’il existe actuellement douze conventions et protocoles de l’ONU traitant du terrorisme. La tragédie du 11 septembre souligne la nécessité de procéder à leur ratification et à leur application. Je voudrais seulement mentionner la dernière convention.

La Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, adoptée le 9 décembre 1999, prévoit qu’une personne commet une infraction si elle “fournit ou collecte des fonds avec l’intention de s’en servir ou en sachant qu’ils seront utilisés, dans leur intégralité ou en partie, pour commettre des actes de terrorisme”, et demande à tous les États parties de “prendre les mesures [...] destinées à permettre l’identification, le signalement, le gel ou la saisie des fonds utilisés ou alloués dans le but de commettre une infraction”.

Mais, jusqu’à présent, cette Convention n’a été ratifiée que par quatre États Membres de l’ONU, alors que 22 sont nécessaires pour qu’elle entre en vigueur. Le mandat et les ressources de notre Bureau de l’ONU de contrôle des drogues et de la prévention du crime sont limités dans ce domaine - notre service de prévention du terrorisme a été créé il y a seulement deux ans, en 1999, en tant que division de coopération technique et de recherche. Tandis que nous n’avons ni le mandat, ni les moyens d’action nécessaires pour soutenir les efforts globaux menés contre le terrorisme, nous pouvons aider les États Membres à mettre en œuvre les conventions et les protocoles sur le terrorisme international, en coopération étroite avec le Bureau des Affaires juridiques de l’ONU, situé à New York.

Nous estimons également qu’en travaillant sur les principaux points de notre mandat - le contrôle de la drogue et la prévention du crime - nous pouvons aussi apporter une contribution importante aux efforts internationaux menés contre le terrorisme. La Convention contre la criminalité transnationale organisée, signée à Palerme en décembre 2000, fournit des instruments puissants qui, même s’ils ne visent pas directement le terrorisme, peuvent contribuer à cet effort. Ceux-ci comprennent une plus grande coopération entre les États et leurs organismes d’application de la loi; de nouveaux outils pour identifier les avoirs des terroristes et prévenir le blanchiment de l’argent (tel que la levée du secret bancaire qui les protège); la facilité et la rapidité des procédures d’extradition; et la protection des témoins.

Je saisis donc cette occasion pour lancer un appel urgent à la ratification et à la mise en œuvre complète des conventions existantes qui fournissent un cadre juridique solide aux efforts globaux déployés pour éradiquer le terrorisme. En même temps, le débat de l’Assemblée générale portant sur les mesures à prendre pour éliminer le terrorisme international, qui aura lieu du 1er au 5 octobre, offre l’occasion d’élaborer une convention complète contre le terrorisme différée depuis si longtemps.



Pino Arlacchi est Secrétaire général adjoint à l’ONU et Directeur exécutif du Bureau de contrôle des drogues et de la prévention du crime, établi à Vienne (Autriche), qui comprend la nouvelle division Prévention contre le terrorisme.

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