Le coût réel de la faim
Par George McGovern
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La faim est une condition politique. Le monde possède le savoir et les ressources pour éradiquer cet ancien fléau. La faim ravage
le monde depuis des milliers dannées. Mais, plus que jamais, éradiquer la faim est un impératif moral parce que, pour la première fois, lhumanité
dispose de moyens pour vaincre cette cruelle ennemie à un coût raisonnable. Nous avons la capacité dassurer à tous une nourriture adéquate dici les trois
prochaines décennies. Certaines statistiques, comme celle-ci, sont encourageantes : lorsque je faisais campagne pour les élections présidentielles de 1972, 35 % de personnes dans
le monde souffraient de la faim. En 1996, tandis que la population mondiale avait augmenté, la faim touchait 17 % de la population de la planète - la moitié par rapport à
il y a trente ans. Cest un fait impressionnant, surtout au vu des prévisions alarmantes faites dans les années 60 selon lesquelles la croissance démographique était
sur le point dexcéder la production alimentaire. On prévoyait aussi que le tiers-monde allait connaître de grandes famines. De toute évidence, laugmentation de
la production alimentaire obtenue grâce aux nouvelles techniques agricoles, y compris la Révolution verte, ainsi que le ralentissement de la croissance démographique ont
réduit la faim dans les pays en développement.
Dautres statistiques sont encourageantes : si elle était distribuée équitablement, la production céréalière mondiale actuelle pourrait fournir
à chaque personne 3 500 calories par jour, ce qui est suffisant pour assurer les besoins de base. Et ce, sans prendre en compte les légumes, les fruits, le poisson, la viande, la
volaille, les huiles alimentaires, les fruits à coque, les racines alimentaires ou les produits laitiers. Malgré les prévisions alarmantes selon lesquelles la population mondiale
progresse plus vite que la production alimentaire, linverse sest produit : la production alimentaire ayant augmenté, elle est supérieure de 16 % à la croissance
démographique. Selon lAmerican Association for the Advancement of Science, 78 % des enfants sous-alimentés vivent dans des pays enregistrant des excédents alimentaires. De
toute évidence, cette situation indique la nécessité de développer une plus grande conscience sociale et un meilleur leadership politique. Selon les prévisions
dune enquête réalisée en 1996 par les Nations Unies, considérée comme la plus exacte à lheure actuelle, la population mondiale augmentera pour se
stabiliser dans les années 2050 à près de 10 milliards - une augmentation de 4 milliards par rapport à la population mondiale actuelle. Elle devrait ensuite diminuer
légèrement en raison de la baisse du taux de natalité. Mais de telles estimations sont hypothétiques. Il se peut que les progrès médicaux et les soins de
santé permettent de prolonger la vie, ce qui compenserait alors la baisse du taux de natalité. Une population qui compte 10 milliards épuisera sans aucun doute une certaine
quantité des ressources disponibles mais les estimations sur laugmentation de la production alimentaire indiquent quil y aura suffisamment de nourriture pour assurer les besoins de
cette population pendant un demi-siècle. Comme nous le verrons dans les pages suivantes, les nations et les peuples du monde devront prendre une série de mesures de bon sens pour
assurer à tous une nourriture suffisante. Mais il ny a pas lieu de paniquer, ni dadopter des stratégies alarmistes. Il y a suffisamment de nourriture dans
limmédiat, tout au moins pour les cinquante prochaines années. Le monde ne sera pas privé de nourriture. Les jeunes daujourdhui, qui seront adultes en 2050,
devront prendre dautres mesures pour assurer une transition sûre vers la deuxième moitié du siècle. Mais qui peut prévoir quelles seront les avancées
scientifiques dont disposeront les générations futures ?
Métant attaqué pendant des années à la situation de la faim dans le monde et aux États-Unis, je sais que nous possédons les ressources et le savoir
nécessaires pour éliminer la faim à travers le monde.
La question essentielle est de savoir si nous avons, à notre époque, le leadership et la volonté politiques pour éradiquer ce fléau.
Un jour, lun de mes amis de longue date, le feu archevêque du Brésil, Dom Helder Camara, ma dit : Quand je donne de la nourriture à un pauvre, on dit que je suis
un saint. Quand je demande pourquoi les pauvres sont privés de nourriture, on dit que je suis un communiste. Cet homme remarquable ma beaucoup appris sur les difficultés et
les souffrances des pauvres.
Lorsque lon analyse le problème de la faim dans le monde, deux questions se posent : (1) Combien léradication de la faim coûterait-elle aux nations qui agiraient par
le biais des Nations Unies ? et (2) Quel en sera le coût si nous ne faisons rien pour latténuer ? Parmi le grand nombre dexperts qui travaillent sur la question de la faim
dans le monde au sein des organisations de lONU établies à Rome, je ne connais pas un seul conservateur, libéral ou indépendant - qui ne pense pas que, pour la
communauté internationale, le coût de la faim, est plus élevé que celui de léradication. Aucun investissement ne profiterait plus à la communauté
internationale que léradication de la faim de la surface de la terre. Quel en sera donc le coût ? En plus des contributions actuelles des États-Unis et des autres pays, on
estime que 5 milliards de dollars par an seraient nécessaires, dont 1,2 milliard devrait venir des États-Unis. Si cette allocation annuelle était versée pendant quinze
ans, jusquen 2015, nous pourrions réduire de moitié le nombre de personnes qui souffrent de la faim, soit 800 millions. La même somme serait nécessaire pour
éliminer la faim dont souffrent les 400 millions restants, si cette tâche devait être accomplie durant les quinze années qui précèdent 2030.
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Photo FAO
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LAgence américaine de développement international (USAID) estime que le coût annuel sélèvera à 2,6 milliards
de dollars tandis que, selon lOrganisation de lONU pour lalimentation et lagriculture, le coût sera plus élevé, de lordre de 6 milliards. Le chiffre
de 5 milliards de dollars par an que javançais plus haut - et qui prend en compte certaines mesures qui me tiennent à cœur, notamment un programme de repas offerts à
lécole pour chaque enfant dans le monde - est supérieur de 2,4 milliards de dollars à celui de lUSAID mais inférieur dun milliard à celui
avancé par les Nations Unies. Les estimations du Bread for the World Institute à Silver Spring (Maryland), me semblent tout à fait pertinentes : 5 milliards de dollars
supplémentaires seraient nécessaires, principalement pour améliorer notre programme daide alimentaire, afin de répondre aux besoins des 31 millions
dAméricains qui nont pas accès à une nourriture suffisante. Le coût annuel total de laide américaine, aux niveau international et national,
augmenterait donc de 6,2 milliards de dollars - une fraction par rapport aux dépenses en cigarettes, bières ou produits de beauté. En augmentant légèrement le
salaire minimum, nous pourrions réduire de moitié laugmentation des coupons daide alimentaire.
Quel sera le coût si nous néliminons pas la faim dont souffrent tant dêtres humains ? La Banque mondiale a conclu que, chaque année, la malnutrition engendre une
perte de 46 millions dannées de vie productive, soit un coût annuel de 16 milliards de dollars, ce qui représente plusieurs fois le coût nécessaire pour
éradiquer la faim et transformer cette perte en gain productif.
Mais vaincre la faim ne sera possible quavec lassistance de pays comme les pays européens, le Japon, le Canada, lAustralie, lArgentine et les États de
lOPEC. Et peut-être quavant que la bataille ne soit terminée, des pays comme la Chine, lInde et la Russie seront également en mesure de se joindre à nous.
Tout aussi importante, voire même plus importante, est la nécessité dune réforme dans les pays en développement. Cela signifie des méthodes agricoles
plus efficaces, une plus grande attention à la conservation et lutilisation des ressources aquatiques limitées, la promotion de droits et dopportunités,
particulièrement dans le domaine de léducation - pour les filles et les femmes du tiers-monde, un engagement plus important de la part des gouvernements démocratiques afin
de répondre aux besoins humains de base, y compris la sécurité alimentaire, et la nécessité de donner la priorité aux négociations dans la
résolution des différences au lieu dy répondre par des conflits civils, ethniques et nationalistes qui ont ravagé les peuples, les biens et les terres dans tous les
pays du tiers-monde. On estime que 10 % des populations dans le monde souffrent de la faim en raison des bouleversements causés par les guerres et autres conflits civils. Les villageois et les
fermiers, y compris les femmes et les hommes pauvres, ainsi que les citadins doivent prendre part aux prises de décisions politiques et économiques qui affectent leur vie.
Léducation et la démocratie sont peut-être les meilleures armes pour combattre la faim et la pauvreté.
En plus du programme de repas scolaires, jaimerais quun autre programme soit développé au niveau mondial : le
programme américain dalimentation supplémentaire destiné aux femmes, aux nouveau-nés et aux enfants, qui fournit de la nourriture, des conseils ainsi que
laccès aux services de santé pour les femmes enceintes et celles qui allaitent dont les revenus sont insuffisants, des soins postnatals et des soins aux nouveau-nés et aux
jeunes enfants qui présentent des risques nutritionnels.
Une troisième initiative dans la lutte contre la faim dans le monde pourrait consister à créer des réserves de nourriture à travers la planète.
Lhistoire biblique de Joseph, qui construit un grenier en Égypte pour entreposer les récoltes abondantes de céréales en prévision des années
difficiles, est toujours une leçon pertinente. Les pays, dont la production de céréales est excédentaire, devraient être encouragés à les stocker en
prévision des mauvaises récoltes, des périodes de sécheresse ou des secours durgence internationaux. Dans les pays en développement qui possèdent une
expérience limitée en matière de méthodes modernes de stockage, les lieux dentreposage pourraient être améliorés et élargis, puis
être étroitement surveillés par lOrganisation de lONU pour lalimentation et lagriculture afin dempêcher des négligences ou des
manutentions inadéquates.
Une quatrième initiative pourrait être linstrument fondamental à long terme dans la lutte contre la faim : aider les États en développement à
améliorer leur propre production agricole ainsi que la transformation et la distribution des produits alimentaires. En Asie, en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient, la
plupart des populations vivent dans des fermes ou dans des villages. Lagriculture est leur bouée de sauvetage physique et économique. Nombreux sont ceux qui cultivent encore avec
des méthodes et un matériel archaïques. Pourquoi ne pas créer un Corps des fermiers sur le modèle du Corps des volontaires de la paix ? Aux États-Unis et dans
les autres pays développés, des agriculteurs à la retraite pourraient être recrutés et payés un salaire modeste pour aller à létranger,
pendant six mois ou plus, enseigner des méthodes agricoles modernes, chaque pays ayant la responsabilité de financer le coût de lopération. Un grand nombre
dagriculteurs, qui ont pris leur retraite pour des raisons dâge ou de santé, ne savent pas comment employer leurs années de retraite. Un Corps de fermiers devrait
être régi par lOrganisation de lONU pour lalimentation et lagriculture.
Lémergence de lagriculture scientifique permettant daméliorer les rendements, y compris les cultures génétiquement modifiées, est une
cinquième arme qui semble très prometteuse. Les controverses que soulève la modification génétique ont jeté une ombre sur cette promesse. Des questions
légitimes ont été posées sur lutilisation de produits chimiques dans lélevage du bétail. Elles méritent des réponses honnêtes
et scientifiques. Mais lamélioration à la fois de la qualité et de la quantité de la production animale et végétale par les biotechnologies est une
avancée majeure pour la lutte contre la faim dans le monde qui permet aux plantes de résister aux ravageurs, à la salinité, à la sécheresse - en
dépendant moins des pesticides et de lirrigation. Les céréales peuvent être modifiées pour pousser plus rapidement tout en augmentant leurs avantages
nutritionnels.
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Ce sont quelques situations parmi dautres quil sera nécessaire de confronter afin de construire pour la première fois
larchitecture de la sécurité alimentaire sur notre planète.
Parmi les personnes qui souffrent de la faim dans le monde, 300 millions sont des enfants dâge scolaire. Non seulement ils supportent les affres de la faim mais, sous-alimentés,
ils manquent dénergie, sont apathiques et vulnérables aux maladies de toutes sortes. Ces enfants ne peuvent pas suivre des études scolaires normales - quand ils ont la
possibilité daller à lécole. La faim et la malnutrition pendant lenfance peuvent avoir des effets dévastateurs irréversibles sur le corps et sur
le cerveau. Chaque minute, plus de dix enfants de moins de cinq ans meurent de faim. Dailleurs, nul ne connaît vraiment le nombre exact dadolescents et dadultes dont la vie a
été endommagée par la malnutrition avant et après la naissance.
Offrir un repas nutritif équilibré à chaque enfant est le meilleur investissement que nous puissions faire pour la santé, léducation et la
société mondiale de lavenir. Après ma nomination par le Président John Kennedy, en 1961, à la tête du programme américain Alimentation pour la
paix, jai été contacté par un prêtre catholique remarquable qui était installé avec les Frères Maryknoll à Puno, une région pauvre
du Pérou. Le Père Dan McClellan ma convaincu que si les États-Unis fournissaient de la nourriture, les Frères pourraient mettre en place un programme de repas
scolaires dans la région.
Le 12 mai 1961, le Premier Ministre péruvien, Pedro Beltran, est venu dans mon bureau, à la Maison-Blanche, pour signer un accord sur la distribution de repas scolaires à 30 000
élèves de Puno qui devait être gérée par les Frères Maryknoll. Cependant, sur la recommandation du Premier Ministre, les repas ont été
distribués aux enfants, dès le matin, lors de leur arrivée à lécole. M. Beltran nous a en effet expliqué que ceux-ci ne mangeaient pas suffisamment
pour commencer la journée. Un petit-déjeuner offert à lécole pourrait inciter les élèves à être ponctuels et leur fournirait suffisamment
de calories pour participer aux activités éducatives. Un verre de lait accompagné dun gâteau sec ou dun morceau de pain pourrait être offert en milieu de
journée pour leur redonner des forces.
Dans la région de Puno, 90 % des personnes étaient analphabètes. Seule une faible proportion délèves allaient à lécole. Dans certaines
écoles, neuf élèves sur dix abandonnaient leurs études avant la sixième. Les enfants étaient léthargiques et apathiques à cause de la
malnutrition. Mais six mois après le lancement du programme soutenu par les États-Unis, dans le courant de lautomne 1961, les enseignants ont remarqué que le nombre
délèves avait presque doublé et que les résultats scolaires sétaient considérablement améliorés.
Linitiative que javais lancée avec le Premier Ministre Beltran a mis en avant limportance des programmes de repas scolaires soutenus par les États-Unis.
Cétait le premier accord américain de ce type. En 1964, en Amérique du Sud, 12 millions denfants dâge scolaire, soit un sur trois, recevaient chaque jour
un repas offert par le programme Alimentation pour la paix.
En Asie, en Afrique et en Amérique latine, là où les initiatives de ce type ont été lancées, le nombre délèves a doublé en une
année et les notes ont été meilleures. Offrir chaque jour un repas à lécole est le meilleur moyen que lon puisse inventer pour stimuler les enfants. Ce
fait est très important parce que sur les 300 millions denfants dâge scolaire dans le monde, 130 millions sont analphabètes et non scolarisés. Si
léducation est la clé du développement dans les pays du tiers-monde, le repas offert à lécole est la clé qui permet douvrir la porte de
léducation. Sur les 130 millions denfants non scnt, enolarisés, la plupart sont des filles, les garçons étant de loin favorisés. Analphabètes,
elles se marient à lâge de onze, douze ou treize ans et ont, en moyenne, six enfants. Celles qui poursuivent des études se marient plus tard et o moyenne, 2,9 enfants. Les
repas scolaires sont le meilleur moyen quon ait trouvé pour que les filles et les garçons fréquentent lécole. Bien que modestes, ils permettent indirectement
daméliorer la santé des adolescents, de promouvoir léducation, de réduire le taux de natalité et fournissent un marché rentable pour le surplus
des produits agricoles des États-Unis et des autres pays producteurs.
Assurer chaque jour un repas à lécole à tous les enfants dans le monde nécessiterait la collaboration et linitiative dun grand nombre de personnes et de
pays. Aux États-Unis, les églises, les synagogues et les mosquées ainsi que les organisations philanthropiques devront être mises à contribution. Celles-ci
participent déjà à la gestion et à la distribution de secours alimentaires mais elles devraient être encouragées à développer leur assistance.
Chaque fois que ces organisations pourraient prendre la place du gouvernement dans la gestion et la surveillance des repas scolaires ou dautres programmes daide alimentaire, elles
devraient être encouragées à le faire. Dautre part, lorsque cela est possible, les agriculteurs locaux devraient avoir la possibilité de fournir aux programmes de
repas scolaires de la nourriture à un prix modique. Lorsque les denrées alimentaires sont produites localement, laide alimentaire peut être obtenue à un meilleur prix
lorsquelle provient de pays bénéficiaires ou de pays voisins que de sources éloignées qui nécessitent des frais de transport et de manutention importants. Le
programme nécessitera néanmoins la participation des États-Unis et des autres pays excédentaires pour assurer la production de produits laitiers, de bétail et de
céréales, loffre au niveau local nétant pas toujours égale à la demande. Ensuite, les fondations privées, les syndicats, les entreprises et les
particuliers devront apporter leurs contributions à cette cause, lesquelles seront envoyées au Programme mondial de lalimentation établi à Rome.
Selon mes estimations, les coûts nécessaires pour financer pendant les deux premières années un programme de repas scolaires au niveau mondial,
sélèveraient à 3 milliards de dollars. Les États-Unis étant déjà engagés dans ce processus, notre portion pourrait être
réduite de moitié - 1,5 million de dollars réparti sur deux ans, qui serait en grande partie constitué par des biens excédentaires achetés sur le
marché américain. Les élèves étant de plus en plus nombreux à participer au programme, les coûts devraient augmenter mais nous espérons
quavec laide financière dun plus grand nombre de pays, laugmentation, si augmentation il y a, devrait être minimale pour les États-Unis. De plus, les
contributions prévues venant des fondations privées, des entreprises, des syndicats et des particuliers devraient maintenir les coûts du gouvernement peu élevés.
Jai bon espoir que les gouvernements bénéficiaires pourraient être capables, dans cinq ou six ans, de prendre le programme en main et de le financer. En attendant, le
programme fonctionnerait sous les auspices du Programme mondial de lalimentation qui est doté dun personnel compétent et expérimenté dans les bureaux de huit
pays.
George McGovern, qui vient de quitter son poste dAmbassadeur des États-Unis auprès des organisations des Nations Unies pour
lalimentation et lagriculture établies à Rome, a été sénateur du Dakota du Sud de 1963 à 1981 et candidat du parti démocrate à
lélection présidentielle des États-Unis en 1972. Il a été premier Directeur du Programme américain Alimentation pour la paix. Cet article est
tiré de son livre intitulé The Third Freedom-Ending Hunger in Our Time publié par Simon & Schuster
© 2001 par George McGovern.
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