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Ceux qui sont bien nourris ont de nombreux problèmes,
ceux qui ont faim n’en ont qu’un

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Les progrès accomplis pour réduire la pauvreté et éliminer la faim chronique dépendent principalement des populations et des gouvernements des pays en développement. Cependant, d’une part la communauté internationale devrait leur offrir un soutien plus important et, d’autre part, la coopération au développement devrait être renforcée. Pendant les années 1960, l’aide accordée à l’agriculture et au développement rural a baissé de manière significative. Pour atteindre les objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation, il faut renverser cette tendance.

Dans ce contexte, on peut espérer que plus de pays, à l’exemple du Danemark, de la Norvège, des Pays-Bas, du Luxembourg et de la Suède, consacreront 0,7 % de leur produit national brut à l’aide au développement et accorderont une plus grande proportion de l’aide aux zones rurales où les pauvres vivent et à l’agriculture dont ils dépendent pour vivre. Un meilleur accès au commerce des pays en développement dans les marchés des pays développés doit être une priorité. La décision récente de l’Union européenne d’autoriser les importations en franchise de “toute marchandise sauf des armes” en provenance des pays moins développés est une mesure positive mais insuffisante.

Le système de l’ONU ainsi que les nombreuses autres organisations qui travaillent dans le domaine du développement international peuvent avoir un plus grand rôle à jouer. Nous pourrions prendre des mesures collectives pour renverser la tendance de la baisse de l’aide destinée aux communautés agricoles rurales et commencer à augmenter les activités adéquates dans ce domaine. Deux actions sont particulièrement importantes : collaborer efficacement, créer et démontrer l’impact.

Élaboré l’année dernière par le FIDA, le Rapport sur la pauvreté rurale 2001 a présenté les conclusions essentielles de la discussion concernant les efforts actuels menés par la communauté internationale. Bien que l’éradication de la pauvreté et l’élimination de la faim dans le monde soient souvent considérées comme des priorités dans la coopération au développement, le fait que la majorité des pauvres vivent dans les zones rurales ne se reflète ni dans les politiques des pays, ni dans les allocations d’aide. Comme le démontre le Rapport, la corrélation est très faible entre les allocations d’aide et les zones où vivent les populations pauvres. Les conclusions essentielles sont:
  • Environ 75% des pauvres dans le monde vivent dans les zones rurales.
  • La population rurale dépend principalement de l’agriculture et des activités associées pour assurer leurs moyens d’existence.
  • La proportion de l’aide publique au développement accordée à l’agriculture est passé de 20% à la fin des années 1960 à 12% de nos jours.
  • En règle générale, la valeur réelle de l’aide a décliné entre 1987/1988 et 1997/1998.
  • La proportion de l’aide octroyée aux pays à faible revenu ou les moins avancés, où vivent plus de 35% de pauvres, a stagné à environ 63%.
Chaque institution de l’ONU a un mandat. Son rôle est de veiller à ce que ces mandats soient complémentaires et ne fassent pas double emploi - trouver la synergie plutôt que de s’enliser dans l’inertie des organisations. Un exemple typique est la convergence des objectifs du développement international et de ceux du Sommet mondial de l’alimentation cinq ans après. C’est un pas important qui permettra d’instaurer un cadre pour la collaboration entre les organisations et d’établir une communication plus claire et plus cohérente avec le public. Les activités actuelles entre les organisations concernant l’insécurité alimentaire, les informations sur la situation de vulnérabilité des populations et les systèmes de cartographie sont un exemple de collaboration pratique qui a permis la création de réseaux nationaux et internationaux ayant pour but de réunir, d’analyser et de diffuser des informations relatives à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. L’examen de ces problèmes au niveau national nécessite les efforts communs des gouvernements, des donateurs, des organisations de la société civile et des communautés.

Le manque de coordination des donateurs et des organisations d’aide - et même la concurrence qui existe entre eux - ainsi que l’absence de dialogue avec les gouvernements nationaux peuvent gaspiller des ressources précieuses. Un cadre, approuvé par tous, établissant des objectifs globaux, peut aussi avoir un impact au niveau de la communauté. Pouvoir mieux capter et mesurer l’impact des projets est une priorité du FIDA. Par “impact”, j’entends des changements profonds dans la vie des populations pauvres rurales, opposé aux “produits”, tels que le nombre de comités formés, de personnes formées ou de bâtiments construits.

À ce sujet, les méthodes les plus prometteuses comprennent l’utilisation de mesures de malnutrition chez les jeunes enfants (indicateurs anthropométriques). En plus de refléter l’état nutritionnel et la sécurité alimentaire de base des ménages, le cadre du dialogue entre les civilisations reconnaît maintenant la malnutrition des enfants comme un indicateur de bien-être économique. Ces indicateurs ont l’avantage d’être applicables à la communauté, au pays et aux niveaux internationaux et tiennent compte des disparités entre les sexes.

La réduction de la malnutrition chronique, ou “arrêt de la croissance prématuré” est une priorité des programmes du FIDA. Des niveaux élevés de malnutrition chronique indiquent une privation de nourriture au cours de plusieurs mois ou de plusieurs années. La malnutrition chronique peut entraver le développement mental et physique des enfants, et ce, parfois de manière irréversible, et diminuer leur capacités d’apprentissage scolaire. Ceci a des conséquences désastreuses sur le développement potentiel des communautés et contribue à perpétrer la pauvreté d’une génération à l’autre. Réciproquement, tel qu’il est noté dans le Rapport sur la pauvreté 2001, “les fonds alloués à l’amélioration de la nutrition des enfants engendre un cycle positif : ils améliorent la santé, l’éducation et la productivité des adultes, ce qui améliore la nutrition des enfants.”

L’établissement de mesures de référence de malnutrition chez les enfants permet d’estimer l’impact des projets sur la sécurité alimentaire des ménages par le biais d’enquêtes réalisées afin d’évaluer le projet, à différents stades de son développement. Bien entendu, ces mesures sont utilisées seulement comme indicateurs d’impact intermédiaires. Toute évaluation détaillée nécessite des informations, tant quantitatives que qualitatives, ainsi que la participation de tous les participants au projet.

Les progrès nécessaires pour atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation nécessiteront un regain d’énergie de notre part. Reconnaître que nous ne sommes pas près d’atteindre l’objectif du Sommet ne veut pas dire que nous baissons les bras. C’est un avertissement, un message non équivoque qui demande à la communauté internationale de redoubler ses efforts.

Dans la présentation du Sommet mondial de l’alimentation cinq ans après, il est temps de tenir compte de cet avertissement et de prendre les mesures nécessaires. Si nous pouvons collaborer de manière plus efficace, améliorer l’impact de nos travaux et démontrer cet impact à tous les niveaux, ces actions devraient aussi favoriser un renversement de la tendance à la baisse des ressources destinées au développement rural.

“La pauvreté, la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont étroitement liées. ”
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Lennart Båge, qui assume les fonctions de Président du FIDA depuis avril dernier, travaille depuis vingt-cinq ans dans la coopération au développement et a participé au développement rural en mettant en place des projets, des programmes et des politiques. Il a dirigé plus de 70 délégations suédoises lors de conférences bilatérales et multilatérales et a occupé le poste d’Ambassadeur et de Sous-secrétaire adjoint au Ministère suédois des Affaires étrangères. Pendant les dix dernières années, M. Båge a participé activement aux activités du FIDA, mettant l’accent sur l’élaboration de politiques et sur la mobilisation des ressources. Il a été chargé de la préparation du budget de l’aide alloué par la Suède qui s’élève à 1,6 milliard de dollars.



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