La disparition des sardines en Californie
et autres mystères de locéan
Par Giulio Pontecorvo
La première contribution majeure de la FAO fut le développement dun système de rapports statistiques mondiaux. Pour la première fois, il
était possible de connaître le volume des captures, les espèces de poissons et les autres organismes pêchés, de localiser les prises et de déterminer les pays
halieutiques les plus importants. Malheureusement, elle dépend des nations pour lui fournir ces données, économiques et autres, de sorte quelle ne peut compiler que les
informations qui lui parviennent.
La fin dun siècle et le début dun nouveau sont une période idéale pour faire le point et examiner
lévolution des politiques et des méthodes de pêche au cours des cinquante dernières années ainsi que pour définir les orientations futures. Cette
discussion sera centrée sur le rôle que jouent les Nations Unies et leur institution, la FAO. Par manque de place, je ne ferai quune référence rapide aux
contributions uniques faites par lONU dans lélaboration de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ratifiée comme droit international et acceptée
comme droit international coutumier par les États-Unis et par quelques autres nations non signataires.
Aujourdhui, nous sommes constamment interpelés par les crises - réelles et imaginées - notamment la détérioration des océans dans le monde :
augmentation des niveaux de pollution, destruction de lhabitat dans les zones littorales et disparition des poissons. Nul ne peut nier quun certain nombre de pêcheries sont dans une
situation désespérée, notamment celles des morues de lAtlantique nord-ouest. Mais comprendre comment elles sont arrivées à ce stade et ce quil faut
faire nest pas aisé. LONU a participé à la gestion des pêcheries commerciales de trois façons : en élaborant les articles sur les pêcheries
énoncés dans la Convention sur le droit de la mer, en menant des négociations continues comprenant les nombreux traités sur les pêcheries et par
lintermédiaire du Département des pêches de la FAO. Lévolution de la FAO, depuis son affiliation aux Nations Unies à la fin de la Deuxième Guerre
mondiale, nous permet de comprendre certains problèmes auxquels font face les pêcheries aujourdhui.
Sa première contribution majeure fut le développement dun système de rapports statistiques mondiaux. Pour la première fois, il était possible de
connaître le volume des captures, les espèces de poissons et autres organismes pêchés, de localiser les prises et de déterminer les pays halieutiques les plus
importants.
Ce système a été amélioré au cours des années. Sa présentation sous forme électronique est désormais accessible. Cest la
principale mesure globale rendant compte du statut des ressources halieutiques dans le monde. Il y a cependant un besoin urgent délargir lensemble des données,
principalement pour fournir plus dinformations économiques nécessaires à la gestion et à la structuration des économies de pêche. Malheureusement, la
FAO dépend des nations pour lui fournir ces données, économiques et autres, de sorte quelle ne peut compiler que les informations qui lui parviennent.
La FAO a également réalisé des progrès dans dautres domaines. Initialement, sa mission consistait à aider les pays en développement à
améliorer leur secteur de la pêche. Elle continue de poursuivre cet objectif et a déjà aidé de nombreux pays. Mais devant la nécessité de
préserver les stocks de poissons, la FAO a étendu son activité de recherche afin de mieux comprendre la complexité du problème. Certains travaux ont porté
sur leffet que les changements climatiques peuvent avoir sur labondance de certains stocks de poissons (petits pélagiques, sardines, anchois), spécialement El Niño,
le courant chaud du sud, responsable des changements importants dans la capture de ces poissons, dont la disparition des sardines en Californie et la raréfaction des anchois sur la côte
ouest de lAmérique du Sud.
De la fin des années 60 au début des années 80, les Nations Unies ont participé à la négociation de la Convention du droit de la mer. Depuis, celle-ci a
suivi deux grandes lignes : les traités, qui comprenaient les accords sur la conservation, et les stocks de poissons chevauchant et grands migrateurs. La Convention autorisant une zone de
pêche étendue de 200 milles marins, un grand nombre de stocks de poissons sont répartis entre plusieurs nations. Certaines questions ont été également
soulevées, notamment la note dite donut dans le Pacifique Nord, où dimportantes pêcheries ne relevaient daucune juridiction nationale. Lobjectif des
traités était de statuer sur ces demandes. Parallèlement, le concept dune pêche responsable, plus spécifiquement le Code international de conduite
pour une pêche responsable, a été développé par la FAO et adopté en 1995. Le but de ce Code était de sensibiliser les pays sur la
nécessité dassurer la conservation des ressources marines.
Au cours des cinquante dernières années, les Nations Unies et la FAO ont insisté davantage sur un engagement ferme en matière de conservation que sur le
développement des pêcheries. Ceci sest fait par le biais de la négociation de traités ainsi que par la signature daccords entre les nations halieutiques. En
outre, il est apparu de plus en plus urgent de mener des recherches pour étudier les causes, à la fois économiques (la surpêche) et biologiques (les changements de
régime), de la réduction et de la disparition des stocks de poissons.
Étant donné la situation actuelle, où un nombre excessif de pêcheurs et de bateaux continuent de dépeupler les mers, il est probable quau cours des 25
prochaines années, la recherche sera en grande partie centrée sur les causes de la diminution des stocks de poissons dans les océans et sur la nécessité
dassurer leur conservation par le biais de traités et dautres types de négociations internationales.
Giulio Pontecorvo est Professeur émérite dÉconomie à la Business School de Columbia University, a New York.
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