Perspectives
Après les attaques terroristes, les appels à un renforcement des instruments internationaux existants destinés à combattre le
terrorisme sont de plus en plus pressants. Parmi les diverses propositions figurent les appels lancés pour réunir un sommet mondial sur le terrorisme. Invités par la Chronique de
lONU, les ambassadeurs de lInde, de la Malaisie et de la Fédération russe - pays qui ont introduit ces initiatives - présentent leurs points de vue.
Une Conférence internationale sur le terrorisme
Par Hasmy Agam, Représentant permanent de la Malaisie auprès de lONU
Après les attaques de New York et du Pentagone, perpétrées le 11 septembre 2001, le Premier Ministre de Malaisie Mahathir Mohamed a demandé quune conférence
internationale rassemblant les leaders mondiaux soit organisée pour débattre de la montée du terrorisme international, considérant quun telle initiative simposait compte
tenu de la nature grave de cet acte criminel qui affecte tous les pays. Alors quil soutenait les États-Unis dans leur intention de traquer les groupes terroristes et de mettre fin au
terrorisme, le docteur Mahatir sest déclaré contre le recours à la force qui ferait des victimes parmi la population civile, ajoutant que des actions de représailles ne
résoudraient pas le problème mais provoqueraient des contre-représailles.
Il estimait que pour pouvoir maîtriser efficacement le terrorisme, il était important que la communauté internationale traite le problème de manière objective et
impartiale. La conférence quil propose devrait procéder à un examen approfondi du terrorisme, y compris sa définition et ses causes. Il a ajouté que les mesures
adoptées pour combattre le terrorisme, y compris le recours aux armes, ne résoudrait pas le problème tant que ne seront pas résolues les questions concernant loppression
des peuples dans plusieurs parties du monde, particulièrement en Palestine. Tandis que la Malaisie soutenait les efforts visant à vaincre le terrorisme, la communauté mondiale
devrait, de son côté, porter une attention particulière aux problèmes qui poussent des populations à recourir aux actes de terrorisme et trouver des solutions.
Une Convention internationale sur le terrorisme nucléaire
Par Sergey Lavrov, Représentant permanent de la Fédération russe auprès de lONU
Lexpérience montre que lobjectif des attaques de terroristes est de créer un impact dramatique immédiat et, pour ce faire, lutilisation de matières nucléaires et
dautres semblables est idéale. Il est donc important de prendre des mesures le plus tôt possible afin détablir un appareil juridique international fiable pour contrecarrer le
terrorisme nucléaire qui peut constituer une menace réelle pour un nombre considérable de personnes et porter atteinte à la paix et à la sécurité
internationales. Malheureusement, la Convention de 1980 sur la protection physique des matières nucléaires est trop étroite pour combattre efficacement la menace du terrorisme
nucléaire. La convention proposée a pour but de réglementer, en premier lieu, lélimination des actes de terrorisme nucléaire, y compris la coopération
visant à prévenir et à éliminer les actes de terrorisme, de poursuivre en justice les terroristes et de surmonter les conséquences de tels actes.
Les attaques récentes, perpétrées aux États-Unis, marqueront un tournant décisif quant à la redéfinition des philosophies. Le temps est venu de
renforcer la coopération internationale, notamment en établissant un régime juridique international pour combattre le terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations. Vu
le nombre de pays qui ont exprimé leurs inquiétudes sur la question du terrorisme nucléaire, jespère que les délégations redoubleront leurs efforts et
chercheront tous les moyens possibles pour finaliser les questions non réglées - champ dapplication de la Convention - par consensus.
Une Convention complète sur le terrorisme
Par Kamalesh Sharma, Représentant permanent de lInde auprès de lONU
Les conventions multilatérales existantes sur le terrorisme international ne couvrant pas tous les moyens ni toutes les méthodes employés pour perpétrer des actes de
terrorisme, lInde a proposé, lors de la 51e Assemblée générale, ladoption dune convention complète sur le terrorisme international. Dans sa résolution
54/110, lAssemblée a mandaté le Comité ad hoc sur le terrorisme international, créé le 17 décembre 1996, délaborer la Convention puis, lInde a
présenté un projet révisé.
Comme dans les dispositions de la Convention internationale sur la répression du financement du terrorisme, le projet faisait une distinction entre les actes criminels terroristes et non
terroristes, lorsquils sont commis pour intimider une population ou pour contraindre un gouvernement ou certaines organisations internationales à certaines actions. Est
considéré comme acte criminel tout acte causant la mort de personnes ou des blessures graves, ou causant des dégâts importants à une propriété publique
ou privée, un lieu public, un système de transports publics ou à des installations dinfrastructure.
Compte tenu de leur gravité, les États parties doivent considérer ces délits comme des infractions pénales sanctionnées par des peines. Il appartient
à un État de créer une juridiction chargée dexaminer ces infractions lorsquelles sont commises sur leur territoire, à bord de ses navires ou de ses
aéronefs, ou par ses ressortissants ou ses résidents vivant sur son territoire et également lorsquun acte commis à lextérieur de son territoire entraîne une
infraction sur son territoire. Les États doivent adopter une législation de sorte que les auteurs de crimes ne puissent justifier leurs actes en invoquant des raisons dordre
idéologique, religieux ou autres, ainsi que des raisons politiques lors des procédures dextradition. Les États doivent également développer leur entraide
juridique, interdire les camps dentraînement, empêcher leur formation ainsi que leur financement, refuser lasile à toutes les personnes liées à des activités
terroristes, les expulser ou les poursuivre en justice sur leur territoire.
De nombreuses dispositions du projet ont été finalement acceptées par les délégations et la Convention devrait être finalisée lors de cette session de
lAssemblée générale, ce qui fournira un instrument efficace pour une coopération internationale contre le terrorisme international.