De nouveaux espoirs dans la limitation de certaines armes classiques
Par Les Luck
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Photo ONU/John Olsson
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Nombreux sont ceux qui considèrent que les traités multilatéraux accordent moins dimportance aux armes classiques quaux armes de
destruction massive. Or, ce sont elles qui entraînent la plus grande perte en vies humaines.
La Convention de 1980 sur certaines armes classiques - également connue sous le nom de Convention sur linterdiction ou la limitation de lemploi de certaines armes classiques qui peuvent
être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination - est le seul instrument en la matière. Cette Convention a
été créée en se fondant sur le droit international coutumier et sur deux de ses principes essentiels : le droit des parties au conflit de choisir les moyens ou les
méthodes de guerre nest pas illimité; il est interdit dutiliser des méthodes ou des moyens de guerre qui sont conçus pour causer, ou dont on peut attendre quils
causeront, des dommages étendus, durables et graves à lenvironnement naturel.
La Convention sur certaines armes classiques sinspire, entre autres, de ces principes en visant à protéger les civils contre les effets des armes et à éviter que les
combattants ne subissent des souffrances qui seraient excessives par rapport à lobjectif militaire. Cet objectif est inscrit dans la Convention elle-même et ses Protocoles sont
établis afin de réglementer la limitation ou linterdiction de lemploi de certains types darmes et couvrent les éclats non localisables, les mines non détectables (ainsi
que les pièges et autres dispositifs), les armes incendiaires et les armes laser aveuglantes.
La Conférence a été conçue pour être un instrument dynamique en mesure de sadapter à lévolution des technologies et de lopinion internationale. En
effet, elle prévoit que les États parties puissent modifier la Convention ou ses Protocoles ou proposer lajout de nouveaux protocoles. Les Conférences dexamen sont le
mécanisme évident pour ce faire.
La nouvelle Conférence dexamen se réunira du 11 au 21 décembre 2001 pour évaluer les différentes propositions ayant trait au renforcement de la Convention et
à lélaboration de ses obligations fondamentales. Elle offre aux États parties loccasion de réaffirmer leur engagement aux objectifs de la Convention, dintensifier leurs
efforts pour quelle soit ratifiée par le plus grand nombre dÉtats, daméliorer son image ainsi que sa position en tant que pilier du droit humanitaire international. Les
États parties pourront, bien entendu, y exprimer dautres points de vue. Les propositions qui seront examinées et traitées par le Comité préparatoire lors de la
Conférence dexamen sont les suivantes : le champ daction de la Convention, le respect de la Convention, les mines anti-véhicules, les explosifs de guerre non désamorcés
et les armes et munitions de petit calibre.
En plus de ces propositions, la Conférence dexamen devra examiner et évaluer de manière plus générale le fonctionnement de la Convention et négocier une
déclaration politique afin détablir un nouvel ordre du jour et fixer des objectifs communs pour la période qui suivra la Conférence. Il est important dobtenir une
adhésion universelle à la Convention, ce qui sera lun des objectifs de la Conférence. Il y a actuellement 87 États parties à la Convention mais les travaux
prévus sur certaines questions importantes et pertinentes devraient encourager de nouvelles ratifications et adhésions. Les États parties peuvent également y contribuer en
sassurant, lors de la Conférence, que les dispositions existantes sont opérationnelles.
Les propositions damendement à la Convention et à ses Protocoles, ainsi que celles de négociation des protocoles existants, ont été présentées de
manière délibérée et consultative aux sessions successives du Comité préparatoire, en se fondant sur les solides traditions humanitaires de cette Convention.
Nous devrions donc pouvoir nous mettre daccord sans difficultés sur les mesures à prendre pour renforcer ces traditions, soit par le biais de nouvelles obligations, soit par le
renouvellement des engagements à appliquer les dispositions existantes. Tout au long du processus de préparation, les États parties ont souligné leur engagement à
collaborer de manière constructive afin datteindre un accord sur les propositions visant à renforcer la Convention et, en même temps, sa mise en œuvre, y compris par son
universalisation. Les progrès accomplis dans ces domaines permettraient de démontrer davantage le rôle important de la Convention dans le contexte du droit humanitaire
international et de celui du contrôle des armes.
Propositions de la Conférence dexamen
- Champ dapplication de la Convention : Les États parties examineront la possibilité délargir le champ dapplication de la
Convention pour quelle couvre à la fois les conflits armés internes et les conflits internationaux. Elle ne traite actuellement que des conflits internationaux bien que les
États parties aient amendé le Protocole II (sur les mines), lors la Première Conférence dexamen en 1995, afin dinclure les conflits internes. Cette proposition
reflète la prise conscience quun grand nombre de conflits actuels sont internes.
- Respect de la Convention : Les États parties examineront les dispositions destinées à renforcer le respect de la Convention et/ou
de certains de ses Protocoles. À lexception du Protocole modifié sur lemploi des mines, aucune disposition ne traite de lobservation de la Convention. Au nombre des propositions
figurent le renforcement de lobservation des dispositions de Protocole amendé sur les mines, le transfert des obligations existantes du Protocole à la Convention,
létablissement de nouvelles obligations.
- Mines anti-véhicules : Le Protocole modifié sur lemploi des mines de 1996 est le seul instrument international qui impose une limitation
à lemploi des mines anti-véhicules. Les États parties examineront une proposition visant à créer un nouveau protocole qui couvrirait de manière plus
complète lemploi de ces mines, dont le renforcement des dispositions existantes sur lautodestruction (ou, comme alternative, lautoneutralisation), lautodésactivation des mines
anti-véhicules dispersables et lintroduction de règles sur la détection de toutes ces mines. Tandis que les organisations humanitaires continuent de signaler les
conséquences désastreuses que ces mines ont sur leurs propres membres et les civils, la question a fait lobjet de nouvelles discussions.
- Les explosifs de guerre non désamorcés : Les États parties envisageront de créer un groupe dexperts gouvernementaux
chargé dexaminer la question des explosifs de guerre non désamorcés, terme qui couvre un grand nombre de munitions, telles que les bombes à dispersion, les grenades, les
obus de mortier et les bombes dartillerie. Ce groupe aura, entre autres, pour tâche de déterminer les munitions qui constituent le plus grand risque pour le personnel humanitaire et de
trouver les moyens de minimiser le danger. Cest en grande partie grâce au Comité international de la Croix-Rouge que cette question a été inscrite à lordre du jour
de la Conférence mais les États parties reconnaissent de plus en plus que ce problème nécessite une attention immédiate. Il est également reconnu que la
Conférence est le cadre idéal pour examiner cette question.
- Armes et munitions de petit calibre : Les États parties examineront létablissement de nouvelles restrictions sur les armes de petit
calibre qui causent de nombreuses blessures. Vu la nature technique de la question, la Conférence dexamen examinera la possibilité de faire appel à des experts
techniques.
Lambassadeur Les Luck, Représentant permanent de lAustralie à la Conférence sur le désarmement à Genève, a
été élu Président de la Deuxième Conférence dexamen de la Conférence sur certaines armes classiques. Depuis avril 2001, il assume les fonctions de
Président du Comité préparatoire de la Conférence.
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