Message du Secrétaire général:
Pensez à cette petite fille
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Photo PAM/Khaled Mansour |
Aujourdhui, une petite fille est née en Afghanistan.
Sa mère va la prendre dans ses bras, la nourrir, la bercer et lui apporter ses soins comme toute mère le ferait partout ailleurs dans le monde. À ce niveau le plus fondamental,
dans les actes dictés par la nature humaine, il ny a pas de distinction entre les hommes.
Pourtant, naître fille aujourdhui en Afghanistan, cest commencer la vie à des années lumières de la prospérité dont jouit une fraction de
lhumanité. Cest être condamnée à des conditions de vie que la plupart dentre nous, ici présents, jugeraient inhumaines.
Jai pris lexemple dune petite Afghane, mais jaurais tout aussi bien pu prendre celui dun enfant, garçon ou fille, né en Sierra Leone. Chacun est conscient
aujourdhui du fossé qui sépare les pauvres et les riches dans le monde. Nul ne peut prétendre ignorer le prix de cette inégalité pour les pauvres et les
déshérités, qui sont pourtant, comme vous et moi, dignes de vivre comme des êtres humains, de jouir des libertés fondamentales, de se sentir en
sécurité, de manger à leur faim et dapprendre. Mais ils ne sont pas seuls à payer le prix de linégalité. En fin de compte, nous le payons tous :
Nord et Sud, riches et pauvres, hommes et femmes de toutes les races et de toutes les religions.
Dans le monde daujourdhui, les véritables frontières ne séparent par les nations, mais les forts et les faibles, les privilégiés et les humiliés,
les hommes libres et ceux qui vivent dans les fers. Aucun mur ne peut plus empêcher une catastrophe humanitaire ou des violations systématiques des droits de lhomme dans un pays de
mettre en péril la sécurité nationale dautres pays situés aux antipodes.
Les scientifiques nous disent que notre univers naturel est en fait si petit, et que tous ses éléments sont si étroitement liés entre eux, quun battement daile
de papillon en Amazonie peut déclencher une violente tempête de lautre côté du globe. On désigne ce principe sous le nom deffet papillon.
Aujourdhui, il est clair, peut-être plus clair que jamais, quil sapplique aussi à lunivers de lactivité humaine, avec toutes les conséquences,
bonnes ou mauvaises, que cela a.
Nous sommes entrés dans le troisième millénaire par une porte de feu. Si aujourdhui, après lhorreur du 11 septembre, nous voyons plus clair, et plus loin, nous
comprendrons que lhumanité est indivisible. De nouveaux dangers nous menacent, toutes races, nations et régions confondues. Un sentiment dinsécurité a
gagné tous les esprits, sans que la fortune des uns ou le statut des autres fasse aucune différence. Lâge non plus ny change rien : jeunes et vieux ont
désormais une conscience beaucoup plus nette des liens qui nous unissent tous, pour le meilleur et pour le pire.
En ce tout début du XXIe siècle - un siècle qui a déjà appris à ses dépens, et combien violemment - que le progrès vers la paix et la
prospérité mondiale est tout sauf inévitable, nous ne pouvons plus ignorer cette nouvelle réalité. Nous devons y faire face.
Le XXe siècle a peut-être été le plus meurtrier de lhistoire de lhumanité ; il a été le témoin dinnombrables conflits
destructeurs, de souffrances indicibles et de crimes sans nom. À maintes reprises, un groupe ou une nation sest déchaîné contre un autre groupe ou une autre nation,
motivé souvent par une haine ou des soupçons irrationnels, une arrogance sans borne ou une soif illimitée de puissance ou de richesse. Face à ces cataclysmes, au milieu du
siècle, les dirigeants des pays du monde ont décidé de lier les nations par un lien plus étroit que jamais.
Une instance a été créée - lOrganisation des Nations Unies - au sein de laquelle les nations pouvaient œuvrer ensemble pour affirmer la dignité et la
valeur de chaque être humain et assurer la paix et le développement à tous les peuples de la terre. À lONU, les États pouvaient sunir pour renforcer
létat de droit, mettre en lumière les besoins des pauvres et tenter dy répondre, mettre un frein à la brutalité et à lavidité de
lhomme, protéger les ressources naturelles et la beauté de la nature, garantir des droits égaux aux hommes et aux femmes et assurer la sécurité des
générations à venir. Nous avons donc hérité du XXe siècle les outils politiques, scientifiques et techniques qui, si nous voulons seulement en faire usage,
nous donnent les moyens de vaincre la pauvreté, lignorance et la maladie.
Au XXIe siècle, la mission de lOrganisation des Nations Unies sera, je crois, définie par une conscience nouvelle et plus profonde du caractère sacré et de la
dignité de toute vie humaine, indépendamment de toute considération de race ou de religion. Il faudra pour cela que notre regard passe au-delà des frontières entre
États et sous la surface des nations et des communautés. Nous devons, plus que jamais, nous donner pour tâche daméliorer les conditions de vie des individus, hommes
et femmes, qui font la richesse dun État ou dune nation et lui donnent son caractère unique. Nous devons commencer par nous occuper de la petite Afghane dont je parlais, en
sachant que sauver une vie, cest sauver lhumanité elle-même.
Ces cinq dernières années, jai souvent rappelé que la Charte des Nations Unies commence par les mots Nous, peuples. Ce qui nest pas toujours compris,
cest que ces peuples sont composés dindividus dont les droits les plus fondamentaux sont régulièrement sacrifiés à lautel des
intérêts supposés de lÉtat ou de la nation.
Un génocide commence quand un homme est tué non pour ce quil a fait, mais pour ce quil est. Une campagne de nettoyage ethnique commence quand un homme sen prend
à son voisin. La pauvreté commence quand un enfant ne peut exercer son droit fondamental à léducation. Ce qui commence quand la dignité dun seul
individu est foulée aux pieds se solde trop souvent par une calamité pour une nation tout entière.
En ce siècle nouveau, nous devons partir du principe que la paix nappartient pas quaux États et aux peuples, mais aussi à chacun des membres de chaque
communauté. La souveraineté des États ne peut plus servir décran pour masquer des violations systématiques des droits de lhomme. La paix doit être
instaurée, de façon réelle et tangible, dans lexistence quotidienne de tous les nécessiteux. La paix doit être recherchée, surtout, parce quelle
est indispensable pour que chaque membre de la grande famille humaine puisse vivre dans la dignité et en sécurité.
Les droits individuels ne comptent pas moins pour les immigrants et les membres des minorités en Europe et en Amérique que pour les femmes dAfghanistan et les enfants
dAfrique. Ils sont aussi fondamentaux pour les pauvres que pour les riches ; ils sont aussi nécessaires à la sécurité du monde développé
quà celle du monde en développement. De cette conception du rôle que doit jouer lOrganisation des Nations Unies au XXIe siècle découlent trois
priorités pour lavenir : éliminer la pauvreté, prévenir les conflits et promouvoir la démocratie. Il faut un monde débarrassé de la
pauvreté pour que tous les hommes et toutes les femmes puissent exploiter leur potentiel. Il faut que les droits de lhomme soient respectés pour que les différends puissent
être réglés dans larène politique, par des moyens pacifiques. Il faut un environnement démocratique, fondé sur le respect de la diversité et la
concertation, pour que les individus puissent sexprimer librement, choisir le gouvernement qui leur convient et jouir de la liberté dassociation.
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Photo ONU
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Depuis le début de mon mandat, je mefforce de placer les êtres humains au centre de tout ce que fait lOrganisation, de la
prévention des conflits au développement en passant par les droits de lhomme. Cest à laune des améliorations réelles et durables apportées
dans la vie des hommes et des femmes du monde que se mesure chacune des actions que nous menons. Cest dans cet esprit que jaccepte très humblement le centième prix Nobel de
la paix. Il y a 40 ans jour pour jour, en 1961, ce prix a été décerné pour la première fois au Secrétaire général de lOrganisation des
Nations Unies, à titre posthume puisque Dag Hammarskjöld avait déjà donné sa vie pour la paix en Afrique centrale. Et le 10 décembre de lannée
davant, il avait été décerné pour la première fois à un Africain : Albert Luthuli, un des premiers champions de la lutte contre lapartheid en
Afrique du Sud. Pour le jeune Africain que jétais alors, qui allait, quelques mois plus tard, commencer sa carrière à lONU, ces deux hommes étaient des
modèles; je me suis, depuis, efforcé de marcher dans leurs traces. Ce prix ne revient pas quà moi. Je ne suis pas seul à cette tribune. Au nom de tous mes
collègues, qui représentent les diverses entités des Nations Unies aux quatre coins du globe et qui consacrent leur vie à la paix - quand ils ne vont pas
jusquà la risquer, voire à la donner - je remercie les membres du Comité Nobel pour linsigne honneur quils nous font.
Si jai moi-même eu la possibilité de servir lOrganisation, cest grâce aux sacrifices et à la foi de ma famille et de nombreux amis de tous les continents -
dont certains ne sont plus - qui mont formé et guidé. Ils ont ma reconnaissance la plus profonde.
Dans un monde où les armes de guerre sont trop présentes et les déclarations de guerre trop fréquentes, le Comité Nobel est un inestimable instrument de paix.
Malheureusement, la paix est rarement récompensée. Alors que la plupart des nations érigent des monuments à la guerre, des statues de bronze rappelant des batailles
héroïques et des arches de triomphe, ni parades, ni panthéons nimmortalisent les victoires de la paix. Ce qui les immortalise, cest le prix Nobel, qui transmet un
message despoir et de courage empreint dune force et dune autorité peu communes. Ce nest quen comprenant le besoin de paix, de dignité et de
sécurité qua chaque individu et en essayant dy répondre que lOrganisation des Nations Unies pourra espérer être à la hauteur de
lhonneur qui lui est fait aujourdhui et réaliser le vœu de ses fondateurs. Cest de cette vaste mission de paix que sacquittent chaque jour, partout dans le monde,
ceux qui servent lOrganisation des Nations Unies.
Quelques-uns dentre eux, des hommes et des femmes, sont ici avec nous aujourdhui. Il y a notamment parmi eux un observateur militaire sénégalais qui aide à assurer un
minimum de sécurité en République démocratique du Congo, une conseillère de la police civile, venue des États-Unis, qui aide à renforcer
lÉtat de droit au Kosovo, une représentante de lUNICEF, originaire dÉquateur, qui est spécialisée dans la protection des enfants et contribue
à faire respecter les droits des citoyens colombiens les plus vulnérables, et une représentante chinoise du Programme alimentaire mondial qui aide à nourrir le peuple
nord-coréen.
Lidée selon laquelle un peuple détient le monopole de la vérité, et il ny a quun moyen valable de régler les problèmes du monde et de
répondre aux besoins de lhumanité a fait un tort immense tout au long de lhistoire, surtout au cours du siècle dernier. Aujourdhui, même si les conflits
ethniques continuent de faire rage dans le monde, il est de mieux en mieux compris que la diversité humaine est à la fois une réalité qui rend le dialogue
nécessaire et le fondement même de ce dialogue. Nous comprenons, mieux que jamais, quen tant quêtre humain, chacun de nous a droit au respect et à la
dignité.
Nous savons que nous sommes les produits de cultures, traditions et héritages multiples, que la tolérance nous permet détudier les autres cultures et dapprendre
delles, et quen puisant à la fois dans linconnu et dans le familier, nous devenons plus forts. Toutes les grandes religions et traditions prônent la tolérance et
la compréhension de lautre. Le Coran, par exemple, dit ceci :Nous vous avons créés dun mâle et dune femelle et vous avons désignés en
nations et tribus pour que vous vous entre-connaissiez. Confucius, pour sa part, donnait ce conseil à ses disciples : Quand le gouvernement a des principes, parlez droit et agissez
droit. Quand le gouvernement est sans principes, agissez droit, mais parlez prudemment. Dans la tradition juive, linjonction Aime ton prochain comme toi-même est
considérée comme lessence même de la Torah. Cette pensée se retrouve aussi dans lÉvangile, qui nous enseigne daimer nos ennemis et de prier pour
ceux qui nous persécutent. Les Hindous, quant à eux, apprennent que la vérité est unique, mais que les sages la nomment sous des noms différents. Et dans la
tradition bouddhiste, chacun est sensé agir avec compassion envers toutes choses. Chacun dentre nous a le droit dêtre fier de sa foi ou de son patrimoine. Mais la notion
selon laquelle ce qui nous appartient soppose nécessairement à ce qui appartient à autrui est à la fois fausse et dangereuse.
Elle a suscité des antagonismes et des conflits sans fin, amenant les hommes à commettre les pires crimes au nom dune puissance supérieure. Ce nest pas
inévitable. Des gens de religions et de cultures différentes coexistent dans presque toutes les parties du monde, et la plupart dentre nous ont une identité mixte qui nous
rattache à des groupes très divers. Nous pouvons aimer ce que nous sommes sans haïr ce - et qui - nous ne sommes pas. Nous pouvons nous épanouir dans nos propres traditions
tout en apprenant des autres et en respectant les enseignements quelles véhiculent. Mais cela nest possible que si chacun jouit de la liberté de religion, dexpression
et de rassemblement, et si tous sont égaux devant la loi. Le siècle dernier nous a en effet bien montré que lorsque la dignité de lindividu est foulée aux
pieds ou menacée, lorsque les citoyens nont pas le droit fondamental de choisir leur gouvernement ou de le remplacer régulièrement, il faut sattendre à des
conflits dont les civils innocents paieront le prix, en vies perdues et en communautés ravagées. Les facteurs qui font obstacle à la démocratie nont pas grand-chose
à voir avec la culture ou la religion; ils sont plutôt liés au désir quont ceux qui sont au pouvoir de sy maintenir à tout prix. Le
phénomène nest pas nouveau, et nest pas lapanage dune région ou lautre du monde. Dans toutes les cultures, les gens accordent un grand prix à
leur liberté de choix et ressentent le besoin dêtre associés aux décisions qui les concernent.
LOrganisation des Nations Unies, dont sont membres presque tous les États du monde, est fondée sur le principe de la valeur égale de tous les êtres humains. Elle est
ce que nous avons de plus proche dune institution représentative, en mesure de tenir compte des intérêts de tous les États et de tous les peuples. Grâce
à cet instrument universel indispensable au progrès de lhumanité, les États peuvent servir les intérêts de leurs citoyens en déterminant quels
intérêts ils ont en commun avec les autres États et en œuvrant avec eux pour les défendre. Cest probablement pour cette raison que le Comité Nobel dit
quil souhaite, en lannée de son centenaire, proclamer que la seule voie possible vers la paix et la coopération dans le monde passe par les Nations Unies.
À mon sens, le Comité a également tenu compte du fait que les problèmes mondiaux daujourdhui ne nous laissent dautre choix que de coopérer
à léchelle mondiale. Lorsquun gouvernement sape lÉtat de droit ou viole les droits des citoyens, il devient une menace non seulement pour le peuple de son pays,
mais aussi pour les pays voisins et pour le monde entier. Ce dont nous avons besoin aujourdhui, cest dun monde mieux gouverné, par des régimes légitimes et
démocratiques qui permettent à tous les individus de sépanouir et à tous les États de prospérer en coopérant.
Souvenez-vous de la petite fille qui vient de voir le jour en Afghanistan. Certes, sa mère fera tout ce quelle peut pour la protéger et laider à grandir; il nen
reste pas moins quelle a une chance sur quatre de ne pas survivre jusquà son cinquième anniversaire. Laiderons-nous ? Ce nest là quune des questions
qui éprouvent notre humanité, notre conviction dêtre chacun, individuellement, responsable de nos frères et sœurs humains. Mais cest la seule question qui
compte.
Pensez à cette petite fille, et les buts plus généraux que nous poursuivons - faire reculer la pauvreté, prévenir les conflits, lutter contre la maladie - ne
sembleront plus hors de portée, ni même très lointains. Ils paraîtront au contraire tout proches, et tout à fait accessibles, comme ils le devraient. Car sous la
surface des États et des nations, des idées et les langues, il y a des êtres humains dans le besoin. Répondre à leurs besoins : ce sera ça, la mission de
lOrganisation des Nations Unies au cours du siècle qui commence.
Texte du discours que le Secrétaire général a prononcé le 10 décembre 2001, à Oslo, en
Norvège, à loccasion de la remise du prix Nobel de la paix, décerné à M. Annan et aux Nations Unies. Le prix a été reçu par le
Secrétaire general et le Président de lAssemblée générale, Han Seung-soo.
Les pays abandonnés à leur triste sort
- Nous partageons cette petite planète avec plus dun milliard de personnes à qui sont niés les principes de base de la dignité humaine et avec quatre ou
cinq milliards qui ont des choix limités comparés aux nôtres. En fait, pour un grand nombre dentre nous, la planète sapparente de plus en plus à un petit
bateau poussé par un vent violent dans des eaux sombres et inconnues avec, à bord, de plus en plus de gens qui espèrent survivre. Sur ce bateau, personne ne peut ignorer la
condition des autres passagers. Sils sont malades, nous risquons tous de lêtre. Et sils sont en colère, nous pouvons tous en pâtir.
- La faute en est, entre autres, attribuée à la mondialisation, dirigée par une élite internationale composée de ceux qui assistent à ce forum - ou
du moins représentée par eux - [...] Je ne partage pas cet avis. La mondialisation, loin dêtre la cause de la pauvreté et des autres maux sociaux, offre le meilleur
espoir pour les surmonter. Mais cest à vous de le prouver, en traduisant les actions en résultats concrets au bénéfice des opprimés, des exploités et
des exclus. Il ne suffit pas de dire - même si cela est vrai - que, sans le commerce, les pauvres nont aucune chance de sortir de la pauvreté. Ils sont déjà bien trop
nombreux à navoir aucun espoir. Vous devez montrer que léconomie, appliquée à bon escient, et que les profits, investis judicieusement, peuvent offrir des
avantages sociaux non seulement à une minorité mais à la majorité, et finalement à tous.
- Les leaders commerciaux se rendent de plus en plus compte quil existe un certain nombre de pays pauvres dans lesquels ils ninvestissent pas suffisamment - non pas parce
quils sont mal gouvernés ou que leurs politiques sont hostiles, mais tout simplement parce quils sont trop petits et trop pauvres pour représenter des marchés
intéressants ou pour être des producteurs importants, et parce que le savoir-faire, linfrastructure et les institutions dont une économie de marché a besoin pour
prospérer y font défaut. En fait, les marchés mettent laccent sur la réussite et tendent à pénaliser les pauvres parce quils sont pauvres.
Abandonnés à leur triste sort, ces pays risquent de seffondrer ou de retomber dans les conflits et lanarchie, qui constituent une menace pour leurs voisins et peuvent
être - comme les événements du 11 septembre nous lont rappelé - une menace pour la sécurité internationale. Pourtant, pris dans leur ensemble, ils
représentent un marché potentiel important - et leur situation pourrait être considérablement améliorée si les acteurs du commerce international et les
gouvernements donateurs adoptaient une stratégie commune visant à les rendre plus intéressants pour linvestissement et à assurer quils en
bénéficient.
- Je citerai, par exemple, lindustrie salinière mondiale. En collaboration avec les Nations Unies, elle a pris les mesures nécessaires pour que le sel destiné
à la consommation contienne de liode. Résultat : chaque année, plus de 90 millions de nouveau-nés sont protégés contre une déficience en iode
qui constitue une cause majeure du retard mental. Je vous invite tous à suivre cet exemple et à chercher comment votre entreprise peut mobiliser la science et la technologie mondiale
afin de sattaquer aux problèmes interdépendants que sont la faim, les maladies, lenvironnement et les conflits qui entravent lévolution des pays en
développement.
- Extrait du discours de M. Annan lors du
Forum économique mondial, New York, le 4 février 2002
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