Un sujet qui nous interpelle tous
Par Michelle Bologna, pour la Chronique
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Photo UNICEF/Giacomo Pirozzi |
En 1990, les dirigeants mondiaux se sont réunis à lONU pour débattre de la question des enfants.
Cétait un événement sans précédent. Jamais autant de dirigeants ne sétaient rassemblés pour discuter dun tel sujet, quel que
fût son caractère urgent ou important. Cétait un acte de compassion.
Les pays les plus influents ont tendu la main pour venir en aide aux innocents sans défense. Cétait une action nécessaire.
Il y a à peine onze ans, les dirigeants du monde ont reconnu publiquement que la paix durable dépendait du bien-être des générations futures et se sont
engagés à assurer les soins de santé, la sécurité et léducation à tous les enfants et les adolescents, où quils soient et quels
quils soient.
Du 8 au 10 mai 2002, les États membres de lONU se réuniront à nouveau à New York pour débattre de la situation actuelle des enfants. La Session
extraordinaire de lAssemblée générale de lONU consacrée aux enfants reflétera, dans une certaine mesure, le Sommet mondial pour les enfants de 1990 mais
son objectif a été modifié, comme il se doit, pour refléter à la fois le caractère et lesprit du monde actuel. Par exemple, les questions relatives
à la santé et à léducation, qui ont dominé le Sommet de 1990, continueront de faire lobjet de débats et de réflexions mais avec
lobjectif spécifique de discerner les empiétements sur les buts fixés dans le Plan daction il y a plus de dix ans. Les Chefs dÉtat, les organisations non
gouvernementales et les associations de défense des enfants, entre autres, chercheront des solutions aux défis de santé auxquels les enfants font face dans le monde.
Il reste, sans aucun doute, de nombreux obstacles à surmonter. Par exemple, alors que 63 pays ont réduit le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans de 33 %, plus de 10
millions denfants appartenant à cette tranche dâge meurent chaque année de maladies qui peuvent être évitées et/ou de malnutrition. Les
progrès en matière déducation sont également mitigés depuis 1990. Alors quun plus grand nombre denfants sont scolarisés, 100 millions, dont
60 % sont des filles, ne vont pas à lécole. Le projet de document final de la Session extraordinaire - « Un monde digne des enfants » - vise à réaffirmer
lengagement de la communauté mondiale vis-à-vis des objectifs du Sommet de 1990 et, par létablissement de points de repères, invite les États Membres
à sengager de nouveau à les atteindre.
Le sujet central de la Session est cependant le rôle des enfants dans le maintien de la paix et la stabilité dans le monde. Au vu des récents attentats terroristes, cela na
rien de surprenant. Mais cela révèle également les préoccupations de plus en plus marquées dans le monde concernant les droits des enfants - une tendance qui a
commencé en 1989 avec ladoption de la Convention des droits des enfants, un traité international des droits de lhomme le plus largement reconnu dans lhistoire. De
fait, la prise de conscience croissante de la communauté internationale concernant les droits des enfants, ainsi que leur exploitation et les mauvais traitements quils subissent, ont
incité lONU à agir au nom des enfants.
Par exemple, en 1999, le Conseil de sécurité a, pour la première fois, mis de côté son débat régional pour débattre de la question mondiale,
plus urgente, concernant les enfants et les conflits armés. Reconnaissant le risque pour la sécurité que les enfants soldats posent à la communauté internationale,
le Conseil a voté les résolutions 1261 (1999), 1314 (2000) et 1379 (2001) qui condamnent le recours aux enfants soldats, fournissent une zone de protection aux enfants dans les zones de
guerre et assurent que les États Membres contrôlent activement le marché des armes légères et de petit calibre ainsi que le commerce des diamants qui prolongent les
guerres et blessent des enfants. Le projet de document qui sera examiné lors de la Session de mai continue de reconnaître le rôle des enfants dans les conflits mondiaux en
consacrant une attention toute particulière à leur protection contre leur recrutement dans les conflits armés, le travail et le commerce sexuel. Ceci constitue une
différence considérable par rapport au document final du Sommet 1990, où la protection des enfants faisait seulement lobjet dun court paragraphe.
La pandémie du VIH/sida, mentionnée également brièvement dans le document de 1990, est désormais lun des quatre grands thèmes qui sera débattu
lors de la Session. Alors quon estime à 13 millions le nombre denfants qui sont orphelins avant lâge de 15 ans (chiffre qui devrait doubler dici à 2010),
ce réajustement de lordre du jour nest pas injustifié. De fait, léducation de milliers denfants dans le monde est interrompue par la mort de leurs
enseignants et dautres mentors. Lincidence du VIH/sida augmente exponentiellement les autres violations des enfants. Ceux-ci, sans conseil parental ni éducation, sont facilement
recrutés dans les armées qui déstabilisent davantage leurs régions respectives. En Sierra Leone et au Liberia, les régimes violents ont réussi à
simposer grâce à des armées denfants soldats. Le Conseil de sécurité est si préoccupé par la menace que pose le VIH/sida quen janvier
2000, il a convoqué sa première réunion consacrée à lépidémie. Il est largement documenté que le sida fait plus de victimes que les
guerres. En 1998, 200 000 personnes sont mortes à cause de la guerre en Afrique sub-saharienne alors que le nombre de décès causés par le sida y était dix fois
supérieur.
Bien quil soit clair que les défis mondiaux ont un impact sur lordre du jour de la Session, la participation denfants délégués indique un changement
positif et plus stimulant dans la manière dont les questions des enfants sont abordées. Les jeunes ne seront plus un sujet de débat lointain ni mis à lécart
des réunions préparatoires de la Session extraordinaire. En effet, lété dernier, 200 enfants délégués ont pris part au troisième
Comité préparatoire et ont présenté leurs opinions sur les points qui devraient être soulignés et figurer dans le document final. Pendant la Session, ces
enfants prendront la parole durant la séance plénière de lAssemblée générale et présenteront leurs observations liminaires lors des tables
rondes des dirigeants mondiaux sur laction future à entreprendre au nom des enfants. Ces tables rondes, présidées par deux Chefs dÉtat ou de gouvernement, ont
pour but de définir de manière précise les moyens qui permettront dassurer aux enfants une meilleure qualité de vie, une éducation adéquate, la
protection contre lexploitation, la violence et les mauvais traitements, de lutter contre le VIH/sida et la pauvreté, de mobiliser des ressources et de créer des partenariats.
La Session sera précédée par un Forum des enfants de trois jours où les jeunes délégués auront loccasion détoffer les questions
figurant dans le projet de document et de formuler les recommandations qui seront présentées à la session plénière. En reconnaissance de leur statut égal et
de leur contribution à la Session extraordinaire, les jeunes délégués disposeront de leur propre salle de réunion et dun soutien technique tout au long de la
Session et du Forum.
Les résultats de la campagne « Dites Oui pour les enfants » seront un autre point central de la Session. Cette
campagne mondiale, qui a incité 51 millions de citoyens dans le monde à se faire entendre et à agir au nom des enfants, a encouragé les jeunes comme les adultes à
cerner les questions les plus importantes en matière de droits des enfants et à sengager à assurer leur protection et leur garantie. Les résultats de la campagne,
rassemblés via Internet et par vote à bulletins secrets, seront présentés aux Chefs dÉtat et de gouvernement par lancien Président de
lAfrique du Sud, Nelson Mandela.
Liens:
UNICEF: Session extraordinaire consacrée aux enfants
UNICEF: Dites Oui pour les enfants
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