Le développement durable mondial :
la responsabilité des entreprises
Une idée qui a fait son chemin
Par Fred Higgs
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Dans une plantation de tabac de la municipalité de Santiago Ixcuintla, au Mexique, un garçon, assis sur des branches de palmier, attachent des feuilles de tabac pour les faire sécher. (Photo reproduite avec lautorisation de lUNFIP/José Hernández-Claire) |
Lorganisation que je représente, la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM), a été la première des fédérations de syndicats à adhérer au Pacte mondial des Nations Unies lancé par le Secrétaire général, Kofi Annan. LICEM prend également une part très active aux travaux de lOrganisation internationale du travail (OIT). Elle a participé à une réunion de haut niveau, organisée par lOIT à Genève les 25 et 26 mars, qui a réuni des responsables gouvernementaux, de lindustrie et des syndicats en vue de promouvoir la Déclaration tripartite de principes de lOIT sur les entreprises multinationales et la politique sociale.
En plus de sa participation active à ces réunions, la Fédération a fait des efforts importants pour négocier des accords mondiaux avec des entreprises multinationales du secteur industriel dans lesquelles travaillent nos membres. Les accords actuellement en vigueur ont été conclus avec Statoil, la multinationale norvégienne de lénergie, Freudenberg, une multinationale établie en Allemagne qui fabrique des élastomères et des plastiques, et Endesa, lun des grands groupes électriques privés mondiaux dont léventail des domaines dintérêt déborde du secteur de lélectricité. Dautres accords sont en cours de négociation et nous sommes confiants que leur nombre augmentera au cours des années à venir.
Ces activités ont un point commun. LICEM est déterminée à jouer un rôle constructif dans le développement, la promotion et la surveillance dinitiatives et daccords destinés à promouvoir les meilleures normes possibles en matière de responsabilité sociale des entreprises. Pour ce faire, nous adoptons une perspective unique. LICEM nest pas simplement une organisation non gouvernementale de plus. Nous représentons les travailleurs qui ont un intérêt direct dans lavenir durable des industries et des entreprises dans lesquelles ils sont employés. Ils peuvent jouer un rôle crucial en aidant à développer et à assurer la crédibilité des engagements pris par les entreprises.
Au cours des années passées, de nombreuses déclarations, de nombreux codes de conduites et dengagements publics divers ont été promulgués en matière de responsabilité des entreprises. Beaucoup se sont montrés sceptiques quant à leur valeur ainsi quà limportance et à la profondeur des engagements pris. Il sagit souvent de déclarations de bonne intention. Cela devra changer, surtout si lon souhaite que ces engagements soient pris aux sérieux par les pauvres, les employés non représentés, les peuples autochtones, les minorités, les personnes âgées, les personnes handicapées, les jeunes et les pays sous-développés. Je suis persuadé que les accords pris dans le lieu de travail peuvent contribuer au développement de manière considérable et faciliter la mise en œuvre des engagements dans le domaine de la responsabilité des entreprises.
Pour être efficaces et crédibles, ces accords devront sappliquer à tous les niveaux, de la chaîne de production à la direction. Les trois accords conclus par lICEM sont destinés à fournir un cadre et, en même temps, mettent en place la structure et les mécanismes nécessaires pour sassurer quils peuvent être mis en pratique et quils engagent tous ceux à qui incombe la responsabilité de lentreprise.
LICEM représente les travailleurs syndiqués employés dans les industries les plus intensives en énergie, les plus polluantes et les plus dangereuses au monde mais aussi celles qui sont les plus performantes sur le plan économique. Cest pourquoi nous estimons avoir la responsabilité de solliciter la participation des employeurs de ces secteurs où nos membres travaillent. Cest aussi pourquoi, dans nos accords et dans toutes nos discussions, nous mettons laccent sur les meilleures normes et les meilleures pratiques possibles dans les domaines de la santé, de la sécurité et de lenvironnement.
Il est clair que nous sommes encore loin dune entente salariale au niveau mondial mais nous estimons que dans le domaine social un grand nombre de questions devraient être séparées de la sphère de la concurrence, telles que, entre autres, la santé et la sécurité sur le lieu de travail, la protection de lenvironnement, labolition du travail des enfants, lautonomie des femmes et des minorités ainsi que le droit dadhérer à un syndicat et de participer aux négociations collectives. Nous considérons que ces questions doivent être reconnues comme des principes et des droits fondamentaux.
Les entreprises qui se sont engagées à assumer leur responsabilité sont un exemple prometteur. LICEM apportera son soutien et, si nécessaire, défendra les entreprises qui travaillent avec elle et ses organisations affiliées, à cette fin, en bonne foi. Nous sommes conscients que dans un monde complexe où sévit la concurrence, des problèmes se présenteront de temps à autre. Mais avec un minimum de bonne foi et la mise en place des structures et des mécanismes adéquats, il est possible déviter que ces problèmes ne se transforment en crises. Le problème actuel nest pas tant le manque dengagement public de la part des industries au concept de responsabilité des entreprises mais plutôt un manque de structures et de mécanismes suffisamment solides, transparents et crédibles pour sassurer que les belles paroles seront traduites en actions mesurables. Les travailleurs et leurs syndicats peuvent contribuer à rendre ce processus à la fois plus représentatif et plus crédible.
Je crois quil est vital pour lICEM de rechercher activement ses interlocuteurs, que ce soit les multinationales, les associations ou les organisations internationales demployés. Le lieu de travail nest peut-être pas lendroit où se pose le plus grand défi du développement durable, mais il devra être pris en compte par les entreprises. En somme, la responsabilité sociale des entreprises est une idée qui a fait son chemin. Son succès dépendra en grande partie du haut niveau de coopération des industries - du niveau local au niveau mondial - fondé sur ladoption de mécanismes et dapproches communes entre les travailleurs, leurs syndicats, les employeurs et les associations. Il dépendra également du haut niveau de sophistication et de maturité des personnes concernées. Le processus ne sera pas nécessairement synonyme de confrontations, comme certaines grandes entreprises sen sont déjà rendu compte. Mais il ne sera pas toujours facile. Cest pourquoi il est vital que les employeurs et les syndicats adoptent des approches efficaces et durables de sorte que lorsque des difficultés se présenteront, la confiance, louverture et lhonnêteté nen pâtissent pas.
Lors du lancement du Pacte mondial en juillet 2000 à New York, auquel jétais présent, le Secrétaire général de lONU a dit : « Les syndicats de travailleurs peuvent mobiliser leur force de travail - car, après tout, les cadres ne sont pas les seuls éléments dune entreprise. » LICEM est prête à relever ce défi.
Liens:
La Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses
Fred Higgs est Secrétaire général de lICEM et, depuis 1967, membre du Syndicat des travailleurs du transport et généraux, une entreprise britannique affiliée à lICEM. Il a travaillé au sein du Comité consultatif ad hoc de la Commission européenne pour lindustrie chimique. Il possède une grande expérience du syndicalisme à tous les niveaux.
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