Une planète. Ses habitants
Pourra-t-on dépenser deux millions de dollars par mois ?
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Photo ONU |
Selon lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), un investissement public supplémentaire de 24 milliards de dollars par an est nécessaire pour réduire de moitié dici à 2015 le nombre de personnes sous-alimentées. En effet, sans ces ressources, il y aura 600 millions de personnes souffrant de la faim, et lobjectif fixé par le Sommet de lalimentation mondiale de 1996 - réduire de moitié (soit 400 millions) leur nombre- ne sera pas atteint. La FAO a souligné que linvestissement public devait être accompagné de ressources privées suffisantes. Selon « Le Programme de lutte contre la faim », réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées devrait engendrer des bénéfices supplémentaires de lordre de 120 milliards de dollars par an, dus à lamélioration de la qualité de la vie. Selon la FAO, environ une personne sur sept ne mange pas à sa faim, principalement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
Les chefs dÉtat et de gouvernement ainsi que les organisations internationales et non gouvernementales se sont réunis à Rome, du 10 au 13 juin, pour le Sommet mondial de lalimentation : cinq ans après, afin dexaminer les progrès réalisés et de chercher les moyens daccélérer le processus. Il est possible de réduire la faim chronique dans les pays en développement mais, pour cela, une plus grande détermination politique est nécessaire. Nous savons ce quil faut faire pour combattre la faim, indique le rapport de la FAO.
Le Programme préconise des investissements dans lagriculture et le développement rural ainsi que des mesures pour améliorer laccès direct et immédiat à la nourriture des personnes souffrant le plus de la faim. Il se concentre principalement sur les petites fermes et vise à créer de meilleures opportunités pour les populations rurales, qui représentent 70 % des pauvres, afin daméliorer leurs moyens dexistence de manière durable.
Le Programme lancé par la FAO comprend entre autres :
- Le lancement dinnovations agricoles dans les communautés rurales pauvres. Les ressources mobilisées pourraient augmenter la productivité agricole par le biais dinvestissements destinés à lachat de graines, dengrais, de petites pompes dirrigation, à la création de jardins dans les écoles et à la mise en place de services juridiques pour faciliter laccès à la terre. Soixante millions de foyers dans le monde pourraient en bénéficier dici à 2015 avec, en moyenne, un capital initial de 500 dollars par famille. Le coût total annuel sélèverait à 2,3 milliards de dollars.
- Le développement et la conservation des ressources naturelles. Des investissements supplémentaires devraient être orientés vers la construction de systèmes dirrigation ainsi que la conservation et lutilisation des ressources en plantes génétiques et des écosystèmes aquatiques. Des fonds sont également nécessaires pour assurer une exploitation rationnelle des pêcheries et des forêts. Selon les estimations, les coûts annuels sélèveraient à 7,4 milliards de dollars.
- Le développement de linfrastructure rurale. Il faudrait donner la priorité à lamélioration des infrastructures de base telles que les routes rurales pour stimuler linvestissement privé. Des fonds sont également nécessaires pour assurer la qualité et la sécurité de la nourriture, empêcher la propagation des maladies transfrontalières des animaux et développer des entreprises de traitement, de distribution et de commercialisation des denrées alimentaires en encourageant la création de coopératives et dassociations de petites fermes. Linvestissement public est estimé à 7,8 milliards de dollars par an.
- Le développement de la recherche, de léducation et des communications agricoles tant au niveau international que national est estimé à 1,1 milliard de dollars par an.
- Des programmes pour améliorer laccès des plus démunis à la nourriture par la fourniture de repas dans les écoles, la prise en charge de lalimentation des femmes enceintes, de celles qui allaitent et des enfants de moins de cinq ans ainsi que par la création de programmes « nourriture contre travail ». Ces activités toucheraient les 200 millions de personnes qui sont le plus dans le besoin. Le coût annuel sélèverait à 5,2 milliards de dollars, dont 1,2 milliard serait consacré à la création dun programme de repas dans les écoles.
Malheureusement, laide publique au développement (APD) en faveur de lagriculture a connu un déclin très important dans les années 90, a indiqué la FAO. En termes réels, laide à des conditions libérales a diminué de plus de 30 % entre 1990 et 1999. Il faut de toute urgence inverser cette tendance.
LOrganisation de lONU a proposé que les investissements publics supplémentaires consacrés à lagriculture et au développement rural soient partagés de manière égale entre les pays développés et les pays en développement, et de diminuer la part des pays où la prévalence de la faim est la plus élevée. Ces mesures devraient permettre de doubler lAPD allouée à lagriculture et au développement rural, soit passer de 8 milliards de dollars en 1999 à 16 milliards par an. Les pays en développement devraient augmenter leur budget agricole de 20 % en moyenne.
Il est nécessaire denvisager de nouvelles formes de financement, a indiqué la FAO. Par exemple, certaines des ressources économisées par la libéralisation du commerce et la réduction des subventions pour lagriculture dans les pays développés « pourraient être mobilisées sous forme dune aide au développement afin de promouvoir lagriculture et le développement rural dans les pays en développement ». En outre, la FAO a suggéré que, dans un nombre de pays de lOrganisation de coopération et de développement économiques, les taxes à la consommation sur les produits tropicaux transformés soient affectées à laide au développement au profit des pauvres des pays qui produisent ces marchandises.
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