Actualités/Système La Suisse devient membre de lONU
Par Johannes J. Manz
 | Photo/UN |
Le 3 mars 2002, le peuple suisse et les cantons (une double majorité est requise) ont accepté linitiative populaire pour ladhésion de la Suisse à lOrganisation des Nations Unies. Sur la base dune décision prévue des organes compétents de lOrganisation, mon pays deviendra, à lautomne prochain, le 190e membre des Nations Unies. Cela me touche de près au moins pour deux raisons.
Dabord, ayant travaillé pendant une vingtaine dannées avec le système de lONU et au sein de celui-ci, je me considère, en quelque sorte, un homme de lONU. Jai débuté ma carrière en 1971 à la Mission permanente dobservation auprès des Nations Unies, puis jai poursuivi mes activités à Vienne (à lOrganisation des Nations Unies pour le développement industriel et à lAgence internationale de lénergie atomique), où jai proposé la création de la première mission à Donaupark, et je lai inaugurée, et jai ensuite été muté à Genève au poste de Chef adjoint de mission (Affaires internationales et questions politiques du pays hôte). En 1990/91, jétais le Représentant spécial du Secrétaire général au Sahara occidental, une tâche difficile mais fascinante, avant dêtre nommé Observateur permanent de la Suisse à New York. Mon travail au sein de lONU a été une expérience intéressante dont jai beaucoup appris. Bien que vivant dans un pays où les diverses communautés linguistiques et culturelles vivent en harmonie, faire face à cette situation dune telle ampleur représentait un défi.
Au début, jétais angoissé à lidée de disposer dun personnel appartenant à plusieurs nations et dêtre en liaison avec des collègues venant du monde entier. Mais tout sest bien passé. Il ma simplement fallu accepter lidée quon peut arriver au même résultat en utilisant des méthodes différentes et que personne ne peut prétendre avoir la seule valable. Le Secrétariat de lONU possède une identité spécifique qui rassemble la plus grande partie de son personnel. Jai un grand respect pour ces fonctionnaires internationaux qui sont, pour la plupart, des personnes responsables, dûment formées et sérieuses dans leur travail. Il y a, bien sûr, des exceptions, ce qui est inhérent à la nature humaine et certainement pas unique à lONU. Ceci dit, et malgré quelques expériences moins heureuses, pour rien au monde je naurai manqué mon travail à lONU et je suis reconnaissant davoir eu cette opportunité.
À part ces quelques années passionnantes passées au sein de lONU, dont je garde des souvenirs merveilleux, je suis resté en contact avec de nombreux amis parmi lesquels le Secrétaire général, Kofi Annan, que javais connu lors de notre séjour commun à Genève et pour qui javais une grande admiration. La relation entre mes amis de lONU à New York est si solide quici, à Tokyo, jai suggéré, avec mon ami Yasushi Akashi, de créer un groupe très informel, qui se réunit de temps à autre pour discuter des questions concernant lONU et se remémorer notre travail à lONU.
Que la Suisse devienne enfin membre de lONU est un événement très important. À première vue, cette décision peut sembler anodine et certainement logique. Mon pays participe depuis bon nombre dannées au système des Nations Unies. Nous sommes membres de toutes les institutions spécialisées, telles que lOrganisation internationale du travail, lOrganisation mondiale de la santé, lUnion internationale des télécommunications, et nous participons activement à de nombreux programmes de lONU, dont le Fonds des Nations Unies pour lenfance, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
En outre, Genève abrite le siège européen des Nations Unies de même que celui dun grand nombre dorganisations du système de lONU. Dans ce contexte, nous avons travaillé avec lONU comme un membre à part entière avec des objectifs concrets. Mais, malgré tout, la décision prise par les Suisses est très importante. Elle démontre surtout que mon pays est solidaire avec le monde. Elle indique clairement que la Suisse est prête à collaborer avec les autres pays pour résoudre les problèmes mondiaux, que ce soit les souffrances, les maladies ou les guerres. Nous sommes peut-être le dernier pays à adhérer à lONU mais nous sommes le seul à le faire sur la base dun vote populaire, et jen suis fier. Et en tant que membre de lOrganisation mondiale, la Suisse restera ce quelle a toujours été : une démocratie forte, un État souverain, un pays neutre.
Je garde des souvenirs merveilleux de mon travail à lONU et je souhaite à tous mes collègues, spécialement au premier Représentant permanent de la Suisse, déprouver autant de satisfaction dans son travail que moi. Je suis persuadé que notre équipe de lONU , à Berne ainsi quà New York, contribuera activement à la cause noble de cette Organisation unique.
Johannes J. Manz est Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Suisse au Japon depuis 1997 et membre du Conseil du doyen, à la Gallatin School of individualized à New York University. De 1992 à 1997, il a été chef de la Mission permanente dobservation de Suisse auprès des Nations Unies.
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