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Photo ONU
| Avant de devenir le 191e membre des Nations Unies, le Premier ministre, Mari Alkaitiri, et le Ministre des affaires étrangères, Jose Ramos-Horta, ont été invités à l'Asia Society, à New York, pour discuter de l'avenir de leur pays. Gouverné par l'Indonésie après avoir été sous la dictature portugaise pendant des siècles, le Timor-Leste, appelé auparavant le Timor oriental, qui avait sombré dans la violence et le chaos à la veille du référendum de 1999 pour l'indépendance, est devenu un État indépendant le 20 mai 2002.
Après avoir lu une déclaration du Président Kay Rala Xanana Gusmão, M. Ramos-Horta, prix Nobel de la paix, s'est entretenu avec MM. Alkaitiri et Ian Martin, vice-présidents du Centre international de justice transnationale, sur les défis auxquels fait face la nouvelle nation la plus pauvre. M. Martin, qui était chef de la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO), a pris une part active à l'organisation du référendum et, au cours des dernières années, a collaboré étroitement avec les deux ministres afin d'aider leur pays à réaliser leur rêve d'indépendance.
M. Ramos-Horta a dit que " les institutions de l'ONU et la communauté internationale avaient apporté un soutien considérable " et que les besoins budgétaires des trois prochaines années seraient satisfaits grâce aux diverses contributions annoncées. Cependant, en ce qui concerne la nouvelle infrastructure du pays, il a parlé des dangers de construire une nation sur une base aussi faible. Les ministres ont exhorté les pays développés à offrir non seulement une assistance financière mais aussi une aide à l'éducation et à la formation, sans engendrer le syndrome tant redouté de la " fuite des cerveaux " qui a affecté d'autres pays en développement.
Les deux Ministres ont loué la détermination du peuple du Timor-Leste à " poursuivre le combat " ainsi que son engagement à promouvoir l'autogouvernance, même si celle-ci avait parfois semblé lointaine. M. Ramos-Horta a également salué la ténacité du peuple indonésien qui avait adopté la démocratie après avoir été également muselé pendant des années de dictature, rappelant que d'autres pays tout aussi courageux et disposant souvent de plus grandes ressources, n'avaient pas encore trouvé la liberté. Il a souligné que la victoire était due à de nombreux facteurs extérieurs. " Elle n'est pas seulement due à nos propres actions mais aussi à la coalition de nombreux partenaires. "
Il a fait remarquer que le Timor-Leste et l'Indonésie avaient fait des progrès importants sur le plan diplomatique, le Timor-Leste étant conscient de la nécessité d'améliorer la situation dans le pays et de développer les infrastructures, et en particulier de maintenir une stabilité sociale et politique tout en essayant de stimuler l'économie, tâches qui seront facilitées grâce aux relations amicales qu'il entretient avec les pays voisins.
Le Timor-Leste est confronté à de nombreux défis tels que le rapatriement de centaines de réfugiés qui ont fui la violence au cours des dernières années, la poursuite en justice des auteurs d'atrocités ainsi que la transition vers le retrait progressif de la mission de l'ONU. Trouver un juste équilibre entre le châtiment et la justice tout en maintenant la stabilité et la paix a toujours été une tâche difficile pour les nations qui ont traversé des périodes de violence. Les institutions, insuffisamment développées et manquant de personnel, et la population ravagée par la guerre seront mises à l'épreuve.
" Le voyage ne sera pas de tout repos ", a admis le Premier Ministre. " Il serait peu réaliste de penser que nous n'aurons pas de problèmes. " Construire une nation et répondre aux besoins de la population posent les plus grandes menaces : la corruption, la violence et la dictature, maux qui ont détruit d'autres nations en développement ou ont affaibli leur potentiel. " En tant que nouvel État indépendant, nous pouvons tirer les leçons de nos erreurs et des expériences réussies d'autres pays. L'avantage d'être le dernier venu permet d'éviter les erreurs commises par un grand nombre de pays pauvres ", a dit le Président Gusmão. Même s'il espère que le Timor-Leste saura éviter ces obstacles, M. Ramos-Horta a estimé que la seule façon de tester la détermination de son peuple sera de voir comment le pays allait évoluer dans les années à venir.
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