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Photo HCR | Depuis la signature d'un accord de paix en 1997 mettant fin à la guerre civile meurtrière au Tadjikistan, des mesures positives mais insuffisantes ont été prises pour assurer la transition du pays vers un ordre civil et la démocratie.
Il est vrai qu'un cinquième anniversaire de paix est un événement important, mais c'est aussi l'occasion de mesurer les effets dévastateurs de la guerre et de redoubler d'efforts pour établir la primauté du droit et une culture de pluralisme. Au cours d'une visite à Dushmabe le 21 octobre, le Secrétaire général Kofi Annan a exhorté les 63 membres du nouveau Parlement tadjik à continuer d'ouvrer à l'établissement de la primauté du droit. " La confiance du peuple dans le système judiciaire ", a-t-il dit, " et l'impartialité des autorités est la meilleure garantie contre l'extrémisme et le regain de la violence. " Une société qui traite des questions fondamentales, telles que la primauté du droit et le pluralisme, doit tenir compte des points de vue de tous ses membres et solliciter leur participation, y compris celle des femmes, pour trouver des solutions, a-t-il souligné.
Dans un message antérieur adressé à la conférence internationale tenue au Tadjikistan en juin 2002 pour commémorer l'anniversaire, M. Annan a fait remarquer que le facteur le plus important dans la résolution du conflit avait été l'engagement politique des parties à mettre fin aux dévastations de la guerre et à entamer un processus de réconciliation nationale. Cet engagement a été l'élément décisif de plus de trois ans de négociations complexes, qui ont finalement donné lieu à l'Accord général de paix signé à Moscou le 27 juin 1997, après des compromis difficiles mais nécessaires sur le plan politique. Après la déclaration de l'indépendance du Tadjikistan en septembre 1991, une guerre civile a éclaté. Au milieu de 1993, dans un pays qui compte moins de 6 millions d'habitants, on estimait qu'il y avait eu 50 000 victimes, 600 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et 60 000 réfugiés dans le nord de l'Afghanistan, dans les Républiques d'Asie centrale voisines et dans d'autres pays de l'ex-Union soviétique.
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Photo HCR/S.Herbert
| La première intervention active de l'ONU au Tadjikistan remonte à l'automne 1992, avec l'envoi d'une mission d'enquête dirigée par l'envoyé du Secrétaire général, Raymond Sommereyns, directeur du Département des affaires politiques. Il a dit à la Chronique que le rapport de la mission avait recommandé que le Secrétaire général poursuive ses efforts et " soutienne les efforts locaux et régionaux ". Les nouveaux États indépendants " avaient sollicité l'aide de l'ONU ", mais attendaient également plus du " dividende de la paix ".
À l'appui des recommandations de la mission, une opération de maintien de la paix, la Mission des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT), a été mise sur pied à Dushanbe à la fin de l'année. Les informations fournies par la MONUT ont conduit à la nomination d'un envoyé spécial du Secrétaire général en avril 1993. Les efforts de l'ambassadeur d'Irak, Ismat Kittani, et ceux ultérieurs de l'ambassadeur d'Uruguay, Ramiro Píriz-Ballón, ont porté leurs fruits : les premiers pourparlers ont eu lieu à Moscou en avril 1994, suivis en septembre par la signature d'un cessez-le-feu temporaire. Au cours des années suivantes, l'Envoyé spécial et les divers Représentants spéciaux du Secrétaire général ont continué à ouvrer au processus de négociation et à l'intégration des efforts des autres pays et des autres organisations.
Les parties elles-mêmes, ainsi que les pays voisins du Tadjikistan et les autres pays concernés, ont reconnu que l'ONU devait être l'organe international de premier plan chargé de faciliter le processus de paix et la coordination des efforts visant à empêcher l'extension du conflit. Huit pays observateurs, l'Afghanistan, l'Iran, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Pakistan, la Fédération russe, le Turkménistan et l'Ouzbékistan, ont organisé plusieurs séries de négociations et fourni une assistance inestimable aux parties pour qu'elles surmontent leurs différences. Le processus de paix a également conduit à la création d'" un groupe contact " de pays garants et d'organisations internationales, y compris la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), appelée désormais Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et l'Organisation de la Conférence islamique (OCI).
Pendant plus d'une année suivant la signature d'un accord de cessez-le-feu en 1994, les combats entre les forces d'opposition ont été peu fréquents et peu intenses. Mais ils ont repris l' été 1995. Des efforts internationaux intenses ont conduit à un autre accord de cessez-le-feu à la fin de 1996 et à l'Accord général de paix en juin 1997. En novembre, le mandat de la MONUT a été prorogé pour aider à la mise en ouvre de l'accord de paix et à la surveillance des élections de la Chambre basse d'un nouveau Parlement bicaméral qui se sont déroulées sans indicents graves au début de 2002.
Les Nations Unies, en coopération avec l'OSCE, avaient activement participé à la préparation de la surveillance internationale du processus électoral. Le 15 mai 2002, la MONUT achevait son mandat avec succès, et fut remplacée par Le Bureau d'appui des Nations Unies à la consolidation de la paix au Tadjikistan.
Le pays a lancé un train de réformes et a enregistré l'an dernier une croissance économique de 10 %. Mais, la détérioration des infrastructures et des services sociaux ainsi qu'une économie de subsistance criminalisée font obstacle au progrès. L'ensemble de l'économie demeure dépendante de deux principaux produits d'exportation, le coton et l'aluminium, et les revenus sont contrôlés par les élites qui ont le pouvoir. Le gouvernement n'a pas été capable d'attirer les investissements domestiques et étrangers nécessaires pour relancer la croissance économique. Son incapacité à empêcher les déplacements des extrémistes islamiques et des trafiquants de drogue a poussé l'Ouzbékistan a réduire l'activité à leur frontière commune, ce qui a interrompu une grande partie du commerce international du Tadjikistan ainsi que le flux de travailleurs migrants. La Banque mondiale estime que la dette extérieure totale du Tadjikistan est légèrement supérieure à 1,2 milliard de dollars, soit 129 % du produit intérieur brut, principalement envers la Fédération russe et l'Ouzbékistan. En 2002, 50 % des revenus du gouvernement devront être alloués au paiement du service de la dette. Deux années de sécheresse consécutives ont contribué aux difficultés du pays à relancer l'économie.
M. Sommereyns, qui est retourné à Dushanbe pour participer à la conférence du cinquième anniversaire, a dit : " Nous avons pris part à l'ensemble du processus : navette diplomatique; pourparlers; maintien de la paix et maintenant la MONUT. Cela peut durer une année ou deux de plus jusqu'aux prochaines élections générales. Il sera alors probablement temps de nous retirer. Ils devront alors se débrouiller seuls. " Il s'est déclaré confiant, notant que les deux parties semblaient nourrir de bonnes intentions et manifester la volonté d'établir la paix.
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