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Vers un partenariat mondial pour le développement: "Comment peut-on produire tant de documents et être efficace ?"

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La Biographie
Photo ONU
Anna Maria Agnes van Ardenne-van der Hoeven a été nommée Ministre de la coopération et du développement des Pays-Bas le 22 juillet 2002. Membre de la Chambre des représentants des États généraux de 1994 à 2002, elle était également membre de l'Assemblée de l'Atlantique Nord et du Conseil de l'Assemblée parlementaire européenne. Alors que ce numéro était près d'être imprimé, le cabinet du Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende a démissionné. Mme van Ardenne et les autres ministres continuent d'assumer leurs fonctions jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement.

Quand elle a assisté au Sommet mondial du développement durable, Agnes van Ardenne n'était Ministre des Pays-Bas pour la coopération et le développement que depuis quatre semaines. Pendant deux ans, sept ministères néerlandais—de la coopération et du développement, des Finances, du commerce, de l'agriculture, du travail, des Affaires étrangères et de l'environnement—ont préparé une position commune pour le Sommet, a souligné Mme van Ardenne, ajoutant qu'il lui incombait de mener à bien les instructions et de revenir avec des résultats.
Horst Rutsch, de la Chronique, s'est entretenu le 16 septembre 2002 avec Mme Ardenne.

Article
Sur les Objectifs du millénaire pour le développement
L'eau est vitale, un assainissement adéquat l'est aussi pour vivre dans la dignité. Or, l'assainissement ne faisait pas partie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Après des négociations difficiles, les membres de la Conférence ont convenu de fixer 2015 comme date butoir pour réduire de moitié la proportion de gens n'ayant pas accès à l'assainissement, soit 2,4 milliards de personnes, et de réduire de moitié le nombre personnes n'ayant pas accès à l'eau, soit 1,2 milliard. En ce qui concerne la biodiversité, nous avons ajouté un nouvel objectif relatif à l'énergie durable. Mais je crois qu'il faut arrêter d'en ajouter de nouveaux car nous avons déjà suffisamment de pain sur la planche. De nouvelles discussions ou de nouvelles conférences ne sont pas nécessaires, nous devrions plutôt nous concentrer sur la mise en ouvre ainsi que sur le programme d'action, c'est ce qui importe le plus.

Sur le Sommet de Johannesburg
Le Sommet de Johannesburg a été important surtout parce que de nouvelles questions y ont été abordées. Pour la première fois, nous avons associé dans une approche holistique la réduction de la pauvreté, le commerce et la protection de l'environnement—ce qui est crucial. Nous avons également constaté que mis à la part la responsabilité des gouvernements, nous avions besoin du secteur privé et de la société civile. Nous avons besoin de partenaires du développement durable : les organisations multilatérales, le secteur privé, la société civile ainsi que les gouvernements. C'est un aspect nouveau de Johannesburg—la recherche de nouveaux partenaires du développement durable dans le secteur privé, les organisations non gouvernementales et le système de l'ONU. Ce type de partenariat complète la coopération bilatérale en matière de développement. Les partenariats apportent de plus grandes capacités, une plus grande expertise en matière de gestion, renforcent la mise en place des institutions—ce qui est important lorsqu'il s'agit de l'amélioration de l'eau, de l'énergie, de la santé, de l'éducation ou de la biodiversité. Les capacités et les personnes sont nécessaires pour rendre le développement durable.

Sur le caractère central des questions liées à l'eau
Lors du Sommet, l'eau était l'une de nos priorités, comme l'était d'ailleurs l'énergie. Le Prince d'Orange s'est particulièrement intéressé aux questions liées à l'eau. C'est notre ambassadeur dans ce domaine. Il voyage dans le monde entier pour que cette question figure à l'ordre du jour politique et il a réussi parce qu'à Johannesburg, ce fut la question la plus présente : l'eau et l'agriculture; l'eau et la biodiversité; l'eau et la santé; l'eau et l'éducation. Aux Pays-Bas, nous connaissons à fond les questions liées à l'eau. Nous vivons en dessous du niveau de la mer depuis des siècles et nous avons appris à survivre. Nous pouvons apprendre aux autres pays à faire de même en gérant l'eau. Des commissions des eaux ont été créées afin d'assurer la transparence et la démocratie. En Égypte, cette idée a déjà fait son chemin : il existe des commissions des eaux pour la gestion des ressources d'eau locales ainsi que pour celle de la qualité et du niveau de l'eau pour l'irrigation.

Sur le rôle de la gouvernance locale
Agir au niveau mondial, penser au niveau local. C'est, plus que jamais, le cas. Depuis que la décentralisation du développement a été amorcée, non seulement dans le monde occidental mais aussi en Afrique, les maires, par exemple, doivent s'attaquer au problème de l'eau, de l'énergie, de la santé et de l'éducation. Mais ils n'ont pas la capacité ou les fonds pour le faire. En conséquence, comme l'a expliqué un maire à Johannesburg, l'industrie privée de l'eau se charge de l'approvisionnement en eau, de sa qualité et fixe les prix et ce, au détriment des pauvres. C'est pourquoi les partenariats au niveau local sont beaucoup plus importants qu'au niveau gouvernemental. Il faut accélérer leur création, spécialement en Afrique. Nous devons tenir nos engagements sans plus tarder et adopter une approche commune. Il y a des cyniques qui disent : " Attendons de voir ce qui se passe avec le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique). Y a-t-il un leadership ? Souhaitent-ils poursuivre une bonne gouvernance et des processus démocratiques ? Je réponds : " Rejoignons-les et marchons côte à côte, non seulement les Africains mais aussi les pays occidentaux, tous ensemble.

Sur la consolidation de la paix et l'aide au développement
Un grand nombre de questions sont liées entre elles : la consolidation de la paix, le redressement de l'économie, la protection de l'environnement sont liés à l'aide au développement. Dans certaines régions d'Afrique, ces relations existent et doivent être examinées si l'on veut que l'aide au développement soit efficace. Comment pouvons-nous obtenir de meilleurs résultats dans la réduction de la pauvreté et atteindre les OMD, non seulement en termes de réduction de la pauvreté mais aussi pour promouvoir la consolidation de la paix et le respect des droits de l'homme ? C'est un tout. Dans la région des Grands Lacs, nous avions établi une relation bilatérale avec le Rwanda mais elle a été interrompue parce que le pays était en guerre avec la République démocratique du Congo. S'il n'y a aucun signe d'accord sur le processus de paix, tout espoir de reconstruction du Rwanda ou du Congo est vain. Nous essayons donc de trouver d'autres partenaires, tels que l'Afrique du Sud, qui accepte d'envoyer des soldats afin de surveiller la démobilisation, le désarmement et le rapatriement des rebelles congolais pour que les soldats rwandais puissent rentrer chez eux. Ce nouveau type de politique intégrée n'est pas simple, mais elle est nécessaire afin de réduire la pauvreté dans les deux pays.

Sur les droits en matière de reproduction des femmes
À Johannesburg, nous avons dû nous battre pour faire figurer les droits en matière de santé génésique dans le document final alors qu'il avait été convenu de le faire lors du Sommet de l'enfance, en mai. Certains États—les États-Unis, quelques États arabes et le Saint-Siège—ont tenté de s'y opposer. Avant cela, les États-Unis avaient refusé de contribuer au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Lorsque j'étais à La Haye, j'avais pris contact par téléphone avec la Directrice exécutive du FNUAP, Thoraya Obaid. Lorsque je l'ai rencontrée à New York, je lui ai dit que les Pays-Bas souhaitaient participer aux travaux du FNUAP et promouvoir les droits des femmes en matière de santé génésique. J'ai proposé d'organiser un séminaire à La Haye le 8 mars, la Journée internationale de la femme, et d'inviter les Ministres arabes. Dans les pays arabes, les droits en matière de reproduction des femmes et des jeunes filles sont non seulement importants pour les femmes mais aussi pour les familles. J'ai constaté que si vous expliquez comment ce droit a des répercussions dans la planification de la famille, il est mieux compris. Tout dépend de la manière dont cela est expliqué. Et il y a aussi le problème du VIH/sida, en Afrique et en Asie; mais en Afrique australe, c'est une catastrophe. La situation est déjà insoutenable lorsqu'on n'a pas accès aux biens, mais lorsqu'on empêche ou refuse officiellement cet accès c'est, à mon avis, une violation des droits de l'homme. Un grand travail d'éducation reste à faire et je suis prête à le faire avec Mme Obaid et d'autres partenaires.

Sur l'aide publique au développement
Les Pays-Bas font partie des quelques pays qui ont dépassé l'objectif d'accorder 0,7 % de leur PNB à l'aide publique au développement. Je me souviens lorsque nous avions atteint 0,9 %. J'étais alors membre du Parlement et j'étais partisan de l'augmenter de 1 %. Mais je ne crois pas que cela soit possible actuellement. Nous nous sommes engagés à accorder 0,8 % or, très peu de pays le font. Il faut que les partenaires soient crédibles. Les pays ont convenu d'accorder au moins 0,7 %. Ce n'est pas un maximum, c'est un minimum. Je vais faire appel à tous, mettre l'accent sur la nécessité d'être crédibles et sur le devoir d'octroyer 0,7 % du PNB a l'APD. J'ai constaté certains progrès : les Belges, par exemple, ont mis sur pied un programme d'action pour atteindre 0,7 %. C'est pourquoi nous devons maintenir notre 0,8 %.

Sur l'importance du multilatéralisme
L'importance du multilatéralisme, l'importance de travailler ensemble dans une approche multinationale, est immense. Au cours des vingt dernières années, nous avons accompli beaucoup de choses, spécialement en matière de droits de l'homme, de traités, de désarmement, de droits de la femme. Nous avons trouvé un terrain d'entente sur de nombreuses questions et nous partageons des valeurs. Il est important que ces valeurs guident notre travail. Dans de nombreux pays, nous ne pouvons pas travailler par le biais de l'aide bilatérale—nous avons besoin des organisations multilatérales. La nouvelle approche est d'établir des partenariats. Les institutions de l'ONU ont déjà commencé à le faire—c'est la nouvelle manière de travailler ensemble—et elles ont montré l'exemple dans certains domaines. Par exemple, en Afghanistan, il est impossible pour un donateur de se charger à lui seul du développement de l'infrastructure ou du rapatriement des réfugiés. Une approche intégrée est nécessaire. Nous devons essayer de mettre en place un cadre fiable qui sera plus durable avec le concours d'un plus grand nombre de partenaires et dans le cadre du système de l'ONU. Nous devons nous unir et participer à cet effort commun.

Sur l'importance de poursuivre la réforme de l'ONU
Au cours des deux dernières années, l'ONU a publié 6 000 rapports et organisé 50 000 réunions. Comment peut-on produire tant de documents et être efficace ? Nous savons déjà ce que nous voulons et ce que nous devons faire. " Arrêtons de parler et mettons-nous à la tâche ", a dit à Johannesburg notre Premier ministre, Jan Peter Balkenende. Nous devons être plus efficaces. Nous soutenons les plans de réforme de l'ONU, spécialement l'idée d'une collaboration sur le terrain. Ce qui m'a frappé au cours de mes voyages, comme, par exemple, à Addis Ababa, c'est que souvent quatre, cinq bureaux se trouvent dans une rue. Ce sont des institutions de l'ONU, mais elles ont leur propre ambassadeur, elles produisent leurs propres documents et font leur travail indépendamment. Elles ne travaillent pas ensemble. Et à cause de cela, elles ne sont pas efficaces sur le terrain. Il faut que nous coordonnions nos efforts et coopérions davantage de manière à être plus efficaces.
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