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Stopper la propagation du VIH/sida et inverser la tendance
L'éducation: le seul vaccin dont nous disposons
Par John Katsigeorgis, pour la Chronique

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Dans la municipalité de Seshego, en Afrique du Sud, une troupe se sert du théâtre pour éduquer le public en matière de VIH/sida. Phakama, qui signifie " lève-toi et marche ", voyage dans la commune, délivre son message à la population locale et encourage sa participation. C'est une façon parmi de nombreuses autres de promouvoir l'éducation en vue de toucher un public plus vaste et de mettre fin à la propagation de la maladie. La mise au point d'un vaccin ou même d'un traitement pour une maladie qui est en constante mutation et qui résiste aux médicaments pouvant prendre des années, d'autres méthodes de prévention ont été envisagées.

Photo UNESCO
Depuis la découverte du VIH/sida, la communauté médicale a concentré ses efforts sur la recherche de solutions alternatives. L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture a adopté une autre approche dans la lutte contre le sida en se servant de l'éducation, au lieu de médicaments, pour mettre fin à la propagation de cette maladie mortelle. Le document intitulé " La stratégie de l'UNESCO en matière d'éducation préventive VIH/SIDA " fait état que l'impact de la maladie sur la société pourrait être réduit en combattant l'apathie, en encourageant un comportement responsable et en améliorant les soins. La nouvelle stratégie de l'UNESCO s'articule autour de cinq objectifs : la mobilisation à tous les niveaux, l'adaptation du message en fonction des groupes socio-économiques visés, le changement des comportements à risque et la vulnérabilité, la prise en charge des personnes infectées et affectées ainsi que la prise en compte de l'impact du sida sur la société.

Afin de mettre en place une nouvelle stratégie efficace en matière d'éducation préventive, une mobilisation massive et sans réserve à tous les niveaux ainsi qu'un soutien des autorités politiques au niveau national sont essentiels, a déclaré une porte-parole de l'UNESCO.

Pour ce faire, il faut toucher le public, en commençant par les personnes qui sont le plus à risque, en tenant compte des valeurs culturelles locales, l'éducation préventive devant s'intégrer aux mours locales. De par son expérience interdisciplinaire et son mandat mondial, l'UNESCO est en mesure de toucher un public plus large.

La répartition inégale du savoir est un facteur principal dans la répartition inégale des taux d'infection dans le monde. Les facteurs sociaux qui déterminent la capacité de compréhension et de jugement sont multiples : âge, sexe, éducation, conditions économiques et croyances religieuses.

Le message doit être adapté aux différents groupes de manière que ceux qui le reçoivent puissent le comprendre et le transmettre. L'UNESCO considère que la diffusion de matériel éducatif destiné à faire comprendre la manière dont se développe le sida dans le corps peut mettre fin aux idées fausses et diminuer la vulnérabilité à la maladie. Il faut cependant veiller à ne pas lancer de campagnes négatives pouvant susciter la stigmatisation et la discrimination. Il est impératif d'informer les gens qu'ils ne peuvent pas être contaminés par simple interaction avec une personne infectée. Pour réduire la discrimination, l'UNESCO, en coopération avec le programme des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), prévoit d'encourager l'attention et la compassion à l'égard des personnes infectées en vertu de la sauvegarde des droits de l'homme.

C'est seulement par la communication des connaissances qu'il est possible de changer les comportements à risque. Il est possible de prévenir le sida si les enfants et les jeunes adultes savent comment le virus se transmet et changent de comportements. Les écoles ont un impact plus fort sur les communautés que toute autre institution car elles touchent le groupe d'âge se situant entre 10 et 25 ans où la plupart des nouvelles infections apparaissent chaque année et transmettent les informations en matière de prévention.

Selon l'UNESCO, l'éducation en matière de sida devrait être dispensée même aux jeunes enfants et la transmission de la maladie devrait faire partie de leur éducation de base. Mais à elles seules les écoles ne suffisent pas car elles ne touchent pas de nombreux groupes à risque, tels que les soldats, les migrants et les prostituées. Il faudrait également que les médias transmettent le message de la prévention et éduquent les gens sur la maladie. Il existe d'autres moyens d'informer le public. Par exemple, à Phayao, en Thaïlande, pour tenter de mettre fin à la propagation de la maladie chez les prostituées, dont environ 60 % sont infectées, les autorités sanitaires se rendent régulièrement dans les maisons closes pour distribuer des préservatifs et expliquer les pratiques sexuelles sans risque. Les programmes de ce type déchargent les écoles et montrent comment d'autres institutions pourraient promouvoir l'éducation en matière de sida.

Alors que le sida a des conséquences graves sur la population mondiale, la prise en charge des personnes infectées et affectées est devenue une question cruciale. Plus de 40 millions de personnes dans le monde sont infectées et plus de 5 millions seront infectées chaque année, laissant des millions d'enfants orphelins et rendant le développement durable de plus en plus difficile dans les pays en développement en raison de la perte de capital humain.

Pourtant, la destruction sociale causée par le sida peut être minimisée. L'UNESCO fait valoir qu'avec un traitement et un soutien social adéquats ainsi qu'une meilleure nutrition, les personnes infectées par le VIH peuvent mener une vie productive pendant de nombreuses années. Pour ce faire, le financement international des traitements, les investissements dans la recherche d'un vaccin et l'expérimentation de médicaments dans les pays en développement doivent être mis en vigueur.

Enfin, la prise en compte de l'impact du VIH/sida sur la société est le dernier objectif de la stratégie de l'UNESCO en matière d'éducation. La perte de capital humain rendant de plus en plus difficile le maintien du gouvernement et de la stabilité, le sida pourrait miner tous les services de santé, les institutions éducatives et les services publics. Comme l'a souligné l'UNESCO, il s'agit de protéger les fonctions essentielles des institutions sociales, économiques et politiques contre les ravages du VIH/sida. Mais il faut continuer à fournir l'éducation à l'école afin de permettre aux enfants de forger leur avenir fondé sur le savoir et les compétences. En mettant l'accent sur l'éducation en matière de prévention du sida au lieu de dépendre des médicaments pour traiter la maladie, l'UNESCO a placé la responsabilité sur les gouvernements, les systèmes éducatifs et les personnes elles-mêmes. Seul un engagement sans réserve permettra de sauver des vies et de réduire l'impact du VIH/sida sur la société.

Les scientifiques et les hommes politiques, ainsi que les organisations de donateurs multilatérales et les industries du monde entier, y compris quinze pays africains, se sont réunis au Cap (Afrique du Sud) les 3 et 4 juin pour définir un plan d'action pour les sept prochaines années et réunir 233 millions de dollars pour le Programme africain de vaccin contre le sida. Selon l'ONUSIDA, le manque d'infratructures constitue un obstacle majeur à la recherche en Afrique. Une partie des fonds contribuera à construire des centres régionaux et à renforcer l'expertise locale. Deux tiers des personnes infectées vivent en Afrique. Sur les 2,5 milliards dépensés pour la recherche, 1,6 % seulement est alloué à la recherche d'un vaccin dans la région. Sur la trentaine d'essais de vaccins contre le VIH réalisés depuis 1987, deux seulement ont été faits en Afrique. Selon l'ONUSIDA, certaines souches de VIH présentes dans la région étant différentes de celles que l'on trouve dans d'autres parties du monde, le vaccin actuel testé en Asie et aux États-Unis pourrait ne pas être efficace pour les Africains.

—Erika Reinhardt pour la Chronique

" Une génération d'orphelins ": L'Assemblée générale se penche sur le VIH/sida
On estime à plus de 3 millions le nombre de victimes du sida en 2001 et à 14 millions le nombre d'orphelins du sida depuis le début de l'épidémie. Avec 28,4 millions de personnes infectées, l'Afrique subsaharienne est de loin la région qui présente l'incidence la plus élevée. Au vu de ces chiffres, il n'est pas surprenant que la pandémie soit une question qui continue de préoccuper les dirigeants mondiaux. Lors du débat de la cinquante-septième session de l'Assemblée générale, les États membres des Nations Unies ont insisté sur la nécessité de s'y attaquer de toute urgence.

Pour le Président du Botswana, Festus G. Mogae, la pandémie est la " menace la plus sérieuse au progrès économique et social dans le monde ". Au Botswana, le taux de prévalence de VIH chez les femmes enceintes (44,9 %) et chez les adultes (38,8 %) est le plus élevé au monde. Aucun pays n'a les moyens de la combattre de manière efficace, a-t-il dit, ajoutant qu'il fallait élaborer une stratégie commune. Il a exprimé sa gratitude envers l'ONU et les autres partenaires, précisant qu'avec l'aide de la communauté internationale, le Botswana " sera toujours debout lorsque les choses rentreront dans l'ordre ".

Le Ministre des affaires étrangères du Malawi, Lilian E. Patel, a appelé les organisations transnationales, qui " tirent d'immenses profits des entreprises implantées dans les pays pauvres ", à augmenter leurs investissements dans la prévention du VIH/sida, estimant que c'était une question de responsabilité morale. Les laboratoires pharmaceutiques internationaux devraient " montrer plus de compassion " en étendant l'accès aux antirétroviraux et aux médicaments essentiels au maintien de la vie par une réduction significative des prix et l'octroi de donations.

Il a remercié les laboratoires qui ont déjà pris des mesures allant dans ce sens. L'Ambassadeur du Cameroun, Martin Belinga Eboutou, a parlé de la gravité de la pandémie dans son pays, où 860 000 adultes (11,8 % des adultes) sont infectés. L'épouse du Président, Mme Chantal Biya, a organisé une réunion, à laquelle les épouses de chefs d'État examineront cette question, qui aura lieu en novembre 2002 à Yaoundé, la capitale du Cameroun.

Barnabas S. Diamini, Premier ministre du Swaziland, a dit que des efforts étaient menés pour combattre la pandémie dans son pays, où 33,4 % des adultes sont infectés. Le gouvernement n'ayant pas les moyens de se procurer les médicaments antirétroviraux, il s'est tourné vers les traditions culturelles du pays pour trouver une solution en redonnant de l'importance à " la chasteté et au respect de soi ", valeurs qui ont porté leurs fruits pour les générations précédentes et qui sont accueillies de plus en plus favorablement.

Pour le Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, Timothy S. Harris, l'ampleur de la crise du VIH/sida dans la région des Caraïbes menace de " détruire les familles et de créer une génération d'orphelins ", faisant remarquer que la pandémie entrave également le développement, puisque les citoyens sont de moins en moins en mesure de contribuer à l'activité et à la croissance économique du pays. De plus, les fonds alloués à d'autres domaines sont maintenant dépensés pour combattre la pandémie. Il a appelé les donateurs à atteindre le montant de 10 milliards de dollars prévus pour le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme.

—Jonas Hagen pour la Chronique

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