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Comment envisager l'avenir ?

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Cinq adolescents se sont adressés au Sommet de Johannesburg lors de l'ouverture du segment de haut niveau et ont présenté aux dirigeants mondiaux une liste de défis—inspirée, rédigée et votée par 400 enfants venant de 80 pays—faisant état de leurs espoirs et de leurs craintes pour l'avenir de la planète. Trois membres de la Jeunesse mondiale ont écrit les articles suivants.

Des statistiques alarmantes
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Près de 5 millions d'enfants meurent chaque année de maladies évitables. Les dangers environnementaux tuent l'équivalent d'un avion gros porteur plein d'enfants toutes les 45 minutes. Devant ces statistiques alarmantes, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une nouvelle campagne destinée à enrayer la crise et à réduire de deux tiers d'ici à 2015 le nombre de décès des enfants de moins de cinq ans.

Sous la direction de Gro Harlem Brundtland, Directrice générale de l'OMS, le mouvement cherche à mobiliser des partenaires, tels que les organisations clés et les gouvernements, afin d'atteindre des résultats dans six domaines : la qualité de l'eau et l'approvisionnement en eau des ménages, l'hygiène et l'assainissement, la pollution de l'air intérieur et extérieur, les vecteurs des maladies tels que les moustiques ainsi que les produits chimiques et les accidents.

Selon Mme Bruntland, fournir aux enfants un environnement sain sera l'une des priorités sociales et politiques fondamentales de la décennie. " Notre priorité numéro un doit être d'investir dans l'avenir des enfants, un groupe qui est particulièrement vulnérable aux dangers environnementaux ", précisant que ces dangers étaient présents dans l'environnement où les enfants vivent, apprennent et jouent. Elle a ajouté que le développement de l'industrialisation, la croissance de la population urbaine et le manque de contrôle en matière de pollution étaient des facteurs supplémentaires qui affectaient la vie des enfants.

Ces menaces sont plus graves pour les enfants pauvres parce que la pauvreté aggrave les dangers environnementaux.

—Lauren Kansley, Membre de la Jeunesse mondiale, Afrique du Sud

Des applaudissements enthousiastes
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Le 2 septembre, les dirigeants mondiaux ont entendu la vérité de la bouche des enfants. Ce fut une expérience rare et inestimable. Ces enfants ont défié les plus grands de faire davantage pour sauver le monde du déclin de l'environnement. " Votre engagement seul ne suffit pas ", ont-ils dit. " Nous voulons des actions concrètes ! ".

Au nombre des enfants, âgés de six à quatorze ans, figuraient Justin Friesen (Canada), Mingyu Liao (Chine), Analiz Vergara (Équateur) ainsi que Tiyiselani Manganuyi et Julius Ndloven, tous deux d'Afrique du Sud. Ils représentaient 400 enfants venant de 80 pays qui ont récemment participé à une conférence du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à Victoria, au Canada. Pendant dix minutes ininterrompues, ils se sont adressés aux quelque 100 chefs de gouvernement présents.

Les dirigeants mondiaux ont écouté attentivement et ont applaudi avec enthousiasme plutôt que par politesse. " Le problème avec les leaders, c'est qu'ils ne veulent pas nous écouter ", a dit Justin Friesen lors de la réunion de haut niveau. Mais ce jour-là, ils ont écouté. Et les enfants ont saisi l'occasion pour leur demander sans détour d'accélérer les initiatives afin de s'attaquer aux problèmes de l'environnement.

" Les enfants du monde sont déçus parce trop d'adultes sont intéressés par l'argent et la richesse pour prendre note des problèmes graves qui affectent notre avenir ", ont-ils dit, s'exprimant l'un après l'autre. Ils ont demandé aux leaders s'ils pouvaient affirmer sans l'ombre d'un doute que les enfants auront un avenir meilleur grâce aux actions qu'ils ont entreprises. " Nous ne demandons pas l'impossible. Vous avez dit que ce Sommet était tourné vers l'action. Nous voulons plus que vos applaudissements et vos commentaires sur nos présentations. Nous voulons des actions concrètes ! ". Puis, ils ont déclaré d'une voie commune : " N'oubliez pas ces défis. Nous vous défions, les leaders du monde, de les relever. "

La place attribuée aux enfants lors de la séance plénière semblait représenter un changement d'attitude positif envers les jeunes de la part des organisateurs de la conférence et des leaders politiques. En revanche, le jeune président du Forum des jeunes lors la dernière Conférence générale, organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture n'a eu droit qu'à cinq minutes pour résumer les résultats de trois jours de discussions auxquelles avaient participé plus de 100 délégués de jeunes.

Nous espérons que cela ne se renouvellera plus ! Il faudrait multiplier ce genre d'initiatives à l'avenir. Nous demandons aux organisateurs de traiter les enfants comme des partenaires. C'était une occasion de se le rappeler. Et, si les enfants n'ont pas droit à la parole, pour qui les adultes préparent-ils l'avenir ?

—Charles M. Sendegeya, Membre de la Jeunesse mondiale, Ouganda

La montagne de l'espoir
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Ce n'est qu'une petite colline mais elle a été baptisée la " Montagne de l'espoir ". Au centre de Soweto, la vision d'un homme, un activiste local, Madla Mentoor, soutenu par la communauté, a transformé cette colline de Somoho couverte de détritus pour en faire un centre artistique, planter des arbres et organiser des célébrations.

Le 2 septembre, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a gravi la colline sous les applaudissements de la foule pour recevoir une déclaration du " Sommet de la Terre des enfants ". " L'endroit où nous sommes réunis est un sommet mondial de son propre droit. Ces rencontres avec les jeunes comme vous me donnent des raisons d'espérer dans l'avenir [...] Nous avons tous le même ancêtre. Ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise ", leur a-t-il dit.

Pendant les dernières années de l'apartheid, Mandla Mentoor a travaillé avec des enfants pour créer des sculptures à partir de papier journal, de bouteilles et de morceaux de métal. De ce point de départ modeste, il a créé la Montagne de l'espoir et a entrepris de remettre en état le système de terres humides qui alimente la township de Soweto.

Somoho était le lieu idéal pour que les 100 enfants du Sommet de la Terre lisent leur déclaration au Secrétaire général. Ces enfants qui étaient venus des quatre coins de la planète, y compris d'Inde, du Lesotho, d'Afrique du Sud et du Royaume-Uni, avaient discuté de la manière dont les jeunes pouvaient montrer l'exemple. Et ils sont arrivés à un consensus.

" Notre sommet suscitera une plus grande prise de conscience de la vision qu'ont les enfants du monde de leurs problèmes, de leurs solutions et de leur vision commune ", a expliqué Vikram Aditaya, un jeune Indien.

Leur déclaration est centrée sur les cinq questions liées aux droits fondamentaux, à l'éducation, à la santé, à la pollution et à la pauvreté. Elle fait état du désir d'améliorer certaines choses à l'école, y compris avoir des enseignants motivés et compétents, promouvoir une prise de conscience des problèmes liés à l'environnement dès le plus jeune âge et assurer un environnement sûr et propice au travail. Somoho est l'environnement propice au travail - et bien plus encore.

En haut de la colline, M. Annan et sa femme, accompagnée de la primatologue Jane Goodall, ont été invités à se rendre autour d'une table décorée de bibelots et de jouets. M. Mentoor a rallié la foule en lançant " ta ta ta ". Il a décrit comment la Montagne de l'espoir était là pour " créer des relations étroites entre la population locale, les visiteurs et l'environnement " et comment les pneus entassés au bas de la montagne qui, pendant les années de l'apartheid avaient servi à transformer des gens en torches humaines, " symbolisent maintenant le processus qui a transformé la violence en liberté [...] l'horreur en espoir. "

Des enfants, chaussés de bottes en caoutchouc trop grandes pour eux, ont exécuté une danse en frappant dans leurs mains. " C'est un moment merveilleux et émouvant ", a dit Mme Goodall, nommée récemment Ambassadrice de l'ONU pour la paix. " C'est l'événement le plus motivant du Sommet de Johannesburg. C'est un vrai symbole d'espoir. "

Après diverses allocutions, M. Annan a planté un arbre en haut de la colline tandis que la foule chantait. Puis, il s'est engouffré dans une Mercedes blanche et a été conduit à son hélicoptère. Mais après son départ, l'enthousiasme était toujours présent.

" C'est tellement important qu'il soit venu. C'est quelqu'un de spécial ", a commenté Humbulani Mulaudzi, 21 ans. Son amie, Innocentia, 16 ans, a dit : " Il se préoccupe des jeunes. On le voit toujours à la télévision mais je n'aurais jamais pensé le voir en personne. "

Un agent de la sécurité a expliqué : " C'est notre Montagne de l'espoir. Nous n'avons pas de travail, mais peut-être que nos rêves se réaliseront. " Somoho est situé à côté de l'immense cimetière d'Avalon, et tous les enterrements passent par cette colline. On ne peut pas mieux trouver comme symbole d'espoir pour le changement.

—Annabel Short, Membre de la Jeunesse mondiale, Royaume-Uni

" Nous ne devrions pas être les seuls à payer l'addition "
L'Assemblée générale se penche sur le développement durable
L'ouverture de la cinquante-sixième Assemblée générale s'est déroulée dans la foulée du Sommet mondial du développement durable. Le Sommet était donc encore présent dans les esprits des 171 délégués qui ont pris la parole au cours du débat de l'Assemblée, qui s'est tenue du 12 au 20 septembre à New York.

Un grand nombre de pays se sont déclarés optimistes par rapport aux progrès accomplis au Sommet de Johannesburg. Selon Thabo Mbeki, Président de l'Afrique du Sud, " un nombre de décisions ambitieuses ont été prises à cet important Sommet afin de s'assurer que nous léguerons aux prochaines générations un monde meilleur, plus humain et plus équitable. " Des objectifs importants ont été fixés concernant les trois piliers du développement durable : le développement économique, le développement social et la protection de l'environnement, a-t-il précisé. Notant que l'éradication de la pauvreté était considérée comme le " défi important et la condition indispensable du développement durable, particulièrement dans les pays en développement ", le Ministre tanzanien des Affaires étrangères, M. Kikwete, a loué la manière dont le Sommet mondial avait réussi à équilibrer les préoccupations environnementales et le développement durable, créant ainsi une impulsion pour les États de " traduire les paroles en action de manière à réaliser le développement social et économique tout en maintenant un environnement sain et en le protégeant ".

Le Ministre islandais des Affaires étrangères, Halldor Asgrimsson, a rappelé qu'il appartenait à chaque pays de remplir les promesses faites au Sommet, réitérant les engagements de son pays de fournir une assistance bilatérale aux pays en développement dans la réglementation des ressources halieutiques et les sources d'énergie renouvelable—deux domaines dont l'Islande possède une grande expérience. Un grand nombre de petits États insulaires en développement ont critiqué le Sommet, constatant que peu de progrès avaient été accomplis concernant les mesures à prendre pour maîtriser le réchauffement de la planète. L'Ambassadeur des îles Marshall, Alfred Capelle, a fait remarquer que ces pays " font face à la menace d'être rayés de la carte du monde si l'élévation du niveau des océans se poursuivait à un niveau marginal constant ". La Vice-présidente de Palau, Sandra Sumang Pierantozzi, s'est déclarée profondément déçue par l'" échec des grandes puissances à renouveler leurs engagements aux objectifs du Sommet de la Terre de Rio " et par leur " manque d'engagement " vis-à-vis du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques.

Le Gouverneur général des îles Tuvalu, Sir Thomas Paupau, a lancé un appel aux pays industrialisés pour qu'ils " ratifient et mettent en ouvre de toute urgence " le Protocole de Kyoto et fournissent un soutien concret aux efforts de son pays afin de faire face aux changements climatiques et à l'élévation du niveau de la mer. Les îles Tuvalu, a-t-il dit, " n'ayant peu ou rien à voir avec les causes de ces phénomènes, ne devraient pas être les seules à payer l'addition. " Le Président de Sao Tomé-et-Principe, Fradique de Menezes, a exhorté les pays industrialisés à participer à la protection de l'environnement. " C'est vous qui mettez la planète en danger par la pollution que vous engendrez. C'est vous qui coupez les forêts, polluez les océans, détruisez l'atmosphère et causez le réchauffement de la planète. C'est vous qui pouvez prendre des initiatives au niveau mondial afin de développer des technologies propres, de promouvoir une meilleure utilisation de ressources naturelles ainsi que des moyens efficaces pour réparer les dégâts causés aux terres, à l'air et à la mer. "

Un grand nombre de petits États insulaires ont exprimé leur satisfaction de voir le Sommet de Johannesburg reconnaître l'importance de la conservation et de l'utilisation durable des océans, des îles, des zones côtières et des ressources marines. Pour le Premier ministre des îles Fidji, Laisenia Qarase, la santé des océans était une préoccupation spécifique des petits États insulaires parce que leur survie en dépendait et que leur culture y était étroitement liée. Il a fait remarquer qu'ils étaient victimes de l'" exploitation commerciale anarchique " des océans et qu'alors que les flottes de pêche étrangères capturaient 95 % des poissons dans le Pacifique Sud, la région ne bénéficiait que de 3 % des revenus.

Le Président de la Micronésie, Leo A. Falcam, a fait observer que la sécurité internationale avait fait l'objet de changements fondamentaux et bénéfiques, alors que cela n'était pas le cas de la pauvreté ou des questions environnementales. Dix après le Sommet de Rio, la qualité de l'environnement et sa capacité à assurer la vie diminuait chaque jour. Critiquant le " cocon d'intérêts personnels " des pays développés, il a ajouté : " Comment peut-on justifier le fait qu'une minorité privilégiée continue de conduire des 4X4 avec air climatisé alors que des milliards d'êtres humains luttent chaque jour pour survivre avec moins de 1 dollar ? Combien de temps les pays industrialisés comptent-ils maintenir leur style de vie alors que les ressources naturelles de la planète se dégradent et diminuent à un rythme constant ? La réponse et le message de Johannesburg sont clairs : " Nous ne pouvons plus continuer de la sorte. "

—Jonas Hagen pour la Chronique
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