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L'évolution du climat
Peut-être saurons-nous en 2100
ce qui a causé les inondations de 2002

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À tout instant, les eaux d'un cours d'eau en crue menacent quelque part les biens, parfois la vie, d'une population. Ces événements sont rarement mentionnés car leurs conséquences sont limitées géographiquement. En revanche, les inondations qui ont frappé l'Europe centrale et la Chine ont attiré l'attention de la Communauté internationale.

Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), plus de 17 millions de personnes dans le monde ont été victimes des inondations survenues dans plus de 80 pays depuis le début de 2002. On a déploré près de 3 000 victimes et des dégâts immobiliers de plus de 30 millions de dollars. Au total, plus de huit millions de kilomètres carrés ont été ensevelis sous les eaux, soit presque la superficie des États-Unis d'Amérique.

Photo ONU
À l'opposé et au même moment, la sécheresse continue de sévir dans le monde. Au sud et dans le centre de l'Afrique, les pays de la Coordination du développement de l'Afrique australe (SADC) souffrent d'un manque d'eau qui oblige à demander une aide alimentaire pour soulager la famine. Plus de 37 % du territoire des États-Unis sont frappés par une grave sécheresse, la plus longue jamais relevée dans les États du sud-est. En même temps, il est tombé entre 200 et 500 mm d'eau sur une bonne partie de l'Europe depuis la milieu du mois de juin 2002. En quelques jours, il est tombé entre 100 et 400 mm d'eau du sud-est de l'Angleterre à la mer Noire. En Chine, comme en Europe, les mois de juin et de juillet ont été particulièrement pluvieux. En Europe, la crue du Danube a dépassé de 3 cm son précédent record à Budapest, de 22 cm à Komaron et de 30 cm à Esztergom. Dans le cas de la Vlata et de l'Elbe, on a estimé que des crues de cette ampleur ne surviennent que tous les 250 à 500 ans. En Chine, le Xiangjiang, le Xijiang et le Yangtsé ont inondé de vastes bandes de terre dans le sud du pays. Le débordement du lac Dongting a été causé par des pluies diluviennes qui sont tombées sur des terres déjà gorgées d'eau. À certains endroits, la période de récurrence d'un phénomène d'une telle intensité a été estimée à mille ans. Les pluies ont provoqué une autre crue importante qui a descendu le Yangsté jusqu'au lac Dongting. L'année dernière, en Afrique de l'Est, les inondations ont perturbé la vie d'un grand nombre de pays et les eaux ont envahi les locaux de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée. Il est difficile à l'heure actuelle d'affirmer que ces inondations sont liées au changement climatique. Nous serons en mesure de le faire seulement lorsque nous replacerons ces événements dans le contexte global du XX et XXIe siècles. Ce qui est sûr, cependant, c'est que les précipitations ont commencé à augmenter dans le nord de l'Europe. Le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), établi par l'OMM et le Programme des Nations Unies pour l'environnement en 1983, prévoit une hausse de la fréquence des inondations dans les années et les décennies à venir. Par ailleurs, les modifications de l'utilisation des terres en amont et les aménagements fluviaux, décidés dans le passé pour des raisons économiques et sociales, ont assurément contribué à la hausse des pointes de crue et à l'accélération de la vitesse d'arrivée en aval. Mais ces effets sont sans doute négligeables par rapport aux simples facteurs suivants :

  • les bassins en amont étaient déjà saturés par les pluies antérieures;
  • une série de violentes tempêtes ont déversé des quantités d'eau importantes, records dans certains cas;
  • de grands volumes d'eau se sont écoulés vers l'aval et, n'ayant d'autre endroit où aller, ont envahi ou tenté d'envahir les plaines inondables naturelles et, dans le cas du Yangsté, son lac naturel de déversement;
  • des centaines d'années d'aménagement ont conduit à implanter sur ces rives et dans ces plaines d'inondation des habitations, des bâtiments industriels et commerciaux et des exploitations agricoles, car ce sont des terrains plats au sol alluvial.


  • Les Services hydrologiques nationaux, prolongement de l'OMM à l'échelle des pays, ont commencé à analyser ces événements afin d'indiquer à leurs gouvernements comment éviter que ce type de catastrophes naturelles ne se reproduise.

    Les investissements dans les plaines inondables ont été si massifs et présentent une telle valeur historique qu'aucun transfert n'est envisageable. D'autre part, les crues sont des phénomènes naturels qui se répéteront certainement, dans un mois, dans un an ou dans dix ans, mais les zones en question seront à nouveau menacées. Il est primordial d'intégrer la lutte contre les crues à la gestion des plaines inondables et des bassins versants et les décisions de retenir ou de dévier les eaux de crue en amont. Mais elles ne peuvent être prises à la hâte car il faut tenir compte de l'ensemble des incidences de chaque mesure, y compris la nécessité de gérer les débits fluviaux tant en période de sécheresse qu'en période de crue. Les liens entre les inondations et les sécheresses sont déterminants.

    Ce sont les deux conditions extrêmes et opposées d'un même milieu en constant changement, avec lequel nous devons apprendre à vivre en harmonie. Nous n'avons pas le pouvoir d'empêcher les sécheresses mais nous sommes en mesure de diminuer leur impact sur les populations en comprenant mieux les régimes normaux de précipitations et leur variabilité saisonnière et annuelle, en utilisant les terres selon la pluviosité propre à chaque région, en améliorant la gestion de l'eau et en veillant à ce que les villages, les villes et les États élaborent et mettent en ouvre des plans d'urgence en cas de déficit pluviométrique et de sécheresse — un monde où les cyclones n'engendrent plus de tragédies et où les inondations envahissent les paysages sans effacer les promesses.

    Nombre de grandes catastrophes naturelles par an, 1950-2001
    Source: Munich Re 2001, tiré des Perspectives de l'environnement mondial 3, publié par le Programme de l'ONU pour l'environnement.
    Le graphique montre l'évolution du nombre de " grandes " catastrophes naturelles. Une catastrophe naturelle est considérée de grande ampleur lorsque la région dans laquelle elle se produit n'est pas en mesure de faire face à la situation et que l'assistance inter-régionale ou internationale s'avère indispensable. C'est généralement le cas lorsque des milliers de personnes sont tuées, des centaines de milliers privées de foyer, ou lorsqu'un pays est victime de pertes économiques considérables.

    Vivre avec le risque
    Les Nations Unies ont lancé une étude mondiale de 400 pages sur les initiatives menées dans le domaine de la prévention des catastrophes. Vivre avec le risque présente les différents enseignements tirés des expériences d'experts et de communautés en réponse aux menaces que représentent les phénomènes naturels tels que les volcans, incendies, ouragans, raz de marée, glissements de terrain et tornades, ainsi que les accidents technologiques et la dégradation de l'environnement. Au cours de la décennie précédente, 4 777 catastrophes naturelles ont fait 880 000 victimes, affecté le foyer, la santé et le revenu de 1,88 milliard d'individus, infligeant du même coup des pertes économiques de l'ordre de 685 milliards de dollars aux économies mondiales.

    Vivre avec le risque analyse les enseignements tirés de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles, qui s'est achevée en 1999. Le rapport étudie les solutions traditionnelles qui ont protégé, pendant des siècles, les communautés du monde entier contre les inondations, les tempêtes, les incendies ou les sécheresses. Il met en garde contre les nouvelles pressions générées par l'explosion des villes.

    Il souligne comment l'imagination politique et une meilleure communication ont déjà contribué à sauver des vies humaines et à redonner l'espoir aux pays en développement. Le rapport étudie les liens complexes existant entre le développement économique et l'insécurité environnementale, prônant l'intégration de simples mesures telles que l'évaluation des risques, des mécanismes d'alerte précoce et des programmes de sécurité publique, dans les plans de développement futurs. " L'un des défis les plus ambitieux dans le domaine de la prévention des catastrophes, consiste à assurer que toute activité ou investissement destiné à subvenir aux besoins immédiats d'une communauté contribue, dans le même temps, à prévenir tout risque de catastrophe. Ceci est d'autant plus important dans des pays pour lesquels le développement est une question de survie " insiste Sálvano Briceño, Directeur du secrétariat inter-institution de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes lancée en 2000.
    (Le rapport complet est disponible à http://www.unisdr.org)
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