Tirer parti des engagements pris Les besoins particuliers des États insulaires Par Chithambaranathan Mahendran
" Ce vaste et puissant océan et cette terre bénie sont formés par de petites gouttes d'eau, de petits grains de sable. "
Les îles ont toujours évoqué l'image d'un " paradis ". Mon pays, le Sri Lanka, est considéré comme la perle de l'océan Indien. Mais, aujourd'hui, les lagons bleu azur, leurs récifs de coraux et leurs luxuriantes forêts sont menacés, situation qui a été portée à l'attention de l'ONU. En mai 1994, lors de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits États insulaires en développement (Conférence de la Barbade), 111 nations ont adopté la Déclaration et le programme d'action de la Barbade. La communauté internationale exprimait la volonté d'aborder les problèmes auxquels faisaient face les États insulaires qui se trouvent dans l'impossibilité d'inverser le processus de destruction de leurs écosystèmes fragiles, ainsi que d'augmenter leurs revenus pour faire face aux problèmes de plus en plus nombreux causés par une économie mondiale complexe et de conserver leurs manières de vivre traditionnelles qui sont l'un de leurs meilleurs atouts.
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Photo ONU
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Le Programme de la Barbade appelle à une action nationale, régionale et internationale dans quatorze domaines prioritaires, tels que les ressources en eau douce, les changements climatiques, la biodiversité, les ressources marines et le tourisme, le développement en ressources humaines ainsi que le financement et le soutien nécessaires pour la mise en ouvre du programme. La Commission du développement durable a à maintes reprises appelé la communauté internationale à coopérer avec les petits États insulaires, en leur fournissant les moyens nécessaires, y compris des ressources suffisantes, prévisibles, nouvelles et supplémentaires, (en application du chapitre 33 d'Action 21).
Malheureusement, ces déclarations d'intention sont restées jusqu'à présent lettres mortes. Le Protocole de Kyoto sur le réchauffement de la planète est un exemple typique de la manière dont le développement durable peut être entravé par les grandes puissances économiques au détriment des petits États insulaires qui sont désavantagés par leur taille, sont divisés en de nombreuses îles groupées entre elles, dépendent d'une base de ressources limitée, sont tributaires du commerce international, ont une forte densité de population, surutilisent leurs ressources pour répondre aux besoins d'une population croissante et ont des lignes de partage des eaux réduites qui limite les ressources en eau douce. La communauté internationale est consciente de ces problèmes, mais même à l'approche du Sommet du développement durable, nous sommes encore bien loin d'avoir répondu aux besoins de base en matière de financement et d'assistance technique afin d'atténuer les problèmes graves auxquels font face les nations insulaires. Le Sommet a défini les engagements qui devront être réalisés au cours des deux prochaines années.
De par les petites dimensions des nations insulaires, le développement et l'environnement sont des questions étroitement liées et interdépendantes. Les récents événements ont prouvé que ces États ont perdu quelques-unes de leurs îles suite à des dégâts environnementaux dévastateurs, tels que le réchauffement de la planète, causés par des stratégies de développement mal conçues. Le développement durable menace non seulement le développement des populations mais aussi leur culture et leurs terres.
Les engagements de Johannesburg pour 2004
Appuyer l'accès à des services énergétiques adéquats, abordables et écologiquement rationnels en vue du développement durable des petits États insulaires en développement, notamment en intensifiant les efforts en matière d'approvisionnement en énergie et de fourniture de services énergétiques; renforcer les initiatives visant à mettre en ouvre le Programme de protection de l'environnement marin contre les activités terrestres afin de réduire, prévenir et contrôler les déchets et la pollution et leurs impacts sur la santé et élaborer des initiatives communautaires sur le tourisme durable.
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Le changement climatique, l'élévation du niveau de la mer et la surexploitation des ressources marines et terrestres aggravent la misère de ces États. Il faut prêter une attention particulière aux écosystèmes fragiles mais, comme leurs ambassadeurs auprès des Nations Unies me l'ont répété maintes et maintes fois, leur demande tombe dans l'oreille d'un sourd. En raison de l'amélioration des soins de santé, la croissance démographique dans les États insulaires a surpassé la croissance économique. Ce déséquilibre doit être corrigé. En outre, leur faible base de ressources dans les secteurs de l'agriculture, des minéraux et des industries est préoccupante en raison de la baisse des recettes d'exportation et du chômage. Considérées comme des entités à haut risque en raison de leur taille, ces nations font face à de nombreux problèmes en matière d'investissements, de coûts de production et de développement des infrastructures. Les assurances sont également très élevées et s'ajoutent au lourd fardeau qui entrave l'économie.
Dans les petites nations insulaires, les options de développement sont limitées. Les meilleurs atouts qu'elles possèdent sont leurs ressources humaines. L'ONU devrait examiner le rôle que les jeunes et les femmes de ces États pourraient jouer pour atteindre les objectifs du développement durable. Il faut que la communauté internationale fournisse l'accès à de nouvelles ressources financières adéquates, prévisibles, optimisant l'utilisation des ressources existantes et adoptant des mesures pour soutenir la mise en place de capacités endogènes, en particulier pour le développement des ressources humaines ainsi que pour les programmes de développement efficaces sur le plan de l'énergie et respectueux de l'environnement. Suite à sa nomination officielle en tant que Haut Représentant des pays les moins développés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement, Anwar Karim Chowdhury s'est engagé à fixer des objectifs et à s'organiser pour remplir les tâches qui lui sont assignées, c'est-à-dire mobiliser la communauté internationale avec, au centre, le système et les organisations de l'ONU chargés de s'assurer que des actions concrètes sont prises. Cette initiative dépendra de la volonté politique des nations les plus avancées et des grandes puissances de financer le programme d'action, tel qu'il a été envisagé à Bruxelles en mai 2001. Des possibilités se présentent donc et le système de l'ONU peut jouer un rôle important si les pays riches respectent les engagements qui ont été pris. S'il y a une volonté, il y a un moyen.
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L'ambassadeur Chithambaranathan Mahendran est le Représentant permanent du Sri Lanka auprès des Nations Unies. Il est membre du Foreign Service du Sri Lanka depuis 1957 et jouit d'une longue et brillante carrière diplomatique. |
Quarante-huit États et une organisation internationale ont participé à une cérémonie de signature au siège de l'ONU, qui a eu lieu en même temps que le Sommet de Johannesburg, au cours de laquelle 83 États ont signé ou ratifié 39 traités (5 signatures et 78 ratifications, approbations, acceptations, accessions et autres). Dans une lettre adressée aux chefs d'État et de gouvernement, le Secrétaire général, Kofi Annan, les avait exhortés à signer ou à ratifier les 25 traités multilatéraux concernant le développement durable ou encore d'y accéder. Palitha Kohona, Chef de la Section des traités au Bureau des Affaires légales de l'ONU, a dit à la Chronique que la lettre de M. Annan avait eu " un effet considérable " et que de nombreux leaders du monde entier avaient répondu pour féliciter le Secrétaire général de son initiative. Même si la participation à la cérémonie était inférieure à celle qui a eu lieu pendant le Sommet du Millénaire 2000, M. Kohona a fait remarquer que " cela peut s'expliquer par le fait que la conférence avait lieu à Johannesburg, alors que la cérémonie s'était déroulée à New York pendant que de nombreux leaders assistaient au Sommet. "
Voici la liste des traités qui ont attiré le plus grand nombre de ratifications, de signatures ou d'adhésions :
Le Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (11 ratifications/accessions). À ce jour, 84 pays ont signé le Protocole et 93 parties y adhèrent. Il entrera en vigueur 90 jours après la date du dépôt de leurs instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion par au moins 55 Parties à la Convention-cadre parmi lesquelles les Parties visées à l'annexe I dont les émissions totales de dioxyde de carbone représentaient en 1990 au moins 55 % du volume total des émissions de dioxyde de carbone de l'ensemble des Parties visées à cette annexe.
Le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biologiques à la Convention-cadre sur la diversité biologique (11 ratifications/accessions). Avec 103 signataires et 34 parties, le Protocole entrera en vigueur 90 jours après la date de dépôt du cinquantième instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'accession.
La Convention de Rotterdam sur les procédures de consentement préalable de l'informé pour certains produits chimiques dangereux et pesticides dans le commerce international (8 ratifications/accessions). À ce jour, 73 pays l'ont signé et 32 parties y adhèrent. Elle entrera en vigueur 90 jours après la date de dépôt du cinquantième instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'accession.
La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (5 ratifications/accessions). Avec 151 signataires et 21 parties, elle entrera en vigueur 90 jours après la date de dépôt du cinquantième instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'accession.
L'Amendement au Protocole de Montréal relatif à des substances appauvrissant la couche d'ozone, adopté à Pékin le 3 décembre 1999 (4 ratifications/accessions). Il est entré en vigueur le 25 février 2002 et compte 38 parties.
D'autres Conventions et Protocoles ont fait l'objet d'accessions et ratifications : la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification (3 accessions); la Convention sur la diversité biologique (1 accession); la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination (1 accession); l'Amendement au Protocole de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination (1 ratification) et le Protocole à la Convention de 1979 sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (2 ratifications/acceptations).
Sanjay Sethi pour la Chronique
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