L'opération des visites guidées des Nations unies a célébré son 50e anniversaire par des manifestations spéciales qui ont eu lieu le 6 novembre 2002. Pour marquer cet événement, plusieurs centaines de guides, actuels et anciens, ainsi que les médias ont assisté à l'inauguration d'une exposition de photos sur les expériences des guides et des visiteurs à l'ONU. Le Secrétaire général Kofi Annan a inauguré l'exposition, qui aura lieu jusqu'en janvier 2003 dans le hall du siège de l'ONU. Après l'inauguration, une visite a été offerte aux anciens guides et aux représentants des médias, suivie d'un dîner qui regroupait tous les guides. Ce n'était pas seulement la célébration du 50e anniversaire mais aussi la reconnaissance des contributions inestimables des guides au système de l'ONU.
Plusieurs Missions permanentes auprès des Nations Unies, l'Association de l'ONU des États-Unis d'Amérique (ONU-USA) et l'International Photographic Council (IPC) se sont associés au Département de l'information de l'ONU pour annoncer cet anniversaire et faire davantage connaître les visites au public. La société Kodak a conçu et organisé l'exposition, tandis que Canon, Fuji, Nikon et Olympus ont parrainé la réception d'inauguration.
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Au cours des cinq dernières décennies, plus de 37 millions de personnes ont visité le siège de l'ONU, guidés par 2 000 jeunes issus de plus de 100 pays différents. La visite d'une heure comprend les principales chambres de conseil (le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social), des expositions sur le maintien de la paix, la décolonisation et le désarmement, une collection d'ouvres d'art composée de tapisseries, de fresques murales, de mosaïques et de sculptures présentées par les États Membres et, pour finir, le hall d'entrée de l'Assemblée générale. Les guides ont été qualifiés d'" Ambassadeurs auprès des Nations Unies " parce qu'ils sont le lien direct entre les visiteurs et l'ONU, informant ceux-ci des travaux et des activités de l'Organisation.
De 1953 à 1955, l'Association américaine de l'ONU (le précurseur d'ONU-USA) dirigeait les visites jusqu'à ce qu'elles aient été intégrées au Bureau de l'information de l'ONU. En septembre 1952, une annonce parue dans le New York Times proposait des postes de guides : " L'ONU entreprend des visites guidées : recherchons des jeunes femmes charmantes ! " Nina Miness, l'une des premières guides, se souvient du jour où elle a été engagée : " Le bureau de placement était situé dans un immeuble miteux de la 42e rue et était dirigé par une femme du nom de Mae Sweeny. Elle m'a dit que pour ce travail, il fallait parler plusieurs langues et travailler avec des diplomates. Or, la réalité était tout autre. J'ai réalisé que l'annonce parue dans le New York Times recherchait des guides ! " Malgré cette fausse information, Mme Miness a accepté et a rejoint le premier corps de guides de visites, composé de dix jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Au début de novembre 1952, les premières visites guidées étaient offertes au siège de l'ONU, qui était alors un nouvel élément du paysage urbain de New York.
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Dans le cadre de leur formation, les femmes ont appris comment repousser poliment les avances des hommes, et portaient des uniformes semblables à ceux des hôtesses de l'air. Dès le début, ce travail était considéré comme prestigieux et intéressant. Mme Miness explique les raisons qui l'ont poussée à accepter ce poste. " Ce qui m'avait surtout d'abord attirée, c'était l'aspect international de l'environnement. Venant de France, un tel cadre correspondait parfaitement à mon expérience passée. Ayant été élevée dans plusieurs pays étrangers, je me suis sentie chez moi à l'ONU, et je garde un excellent souvenir des années que j'y ai passées. "
L'image des guides de visites a changé mais de nombreux aspects demeurent identiques. Le premier guide homme a été engagé en 1977 et, actuellement, les hommes représentent un quart du personnel. Les guides forment un mélange de nationalités et d'expériences. L'unité des visites guidées emploie 58 guides venant de 31 pays offrant des visites dans plus de 20 langues.
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Alors que tous sont tenus de parler couramment l'anglais et au moins une autre langue, de nombreux guides sont multilingues. Il leur arrive souvent de faire des visites en trois ou quatre langues au cours d'une même journée. Ils doivent également pouvoir s'exprimer devant un public avec aisance et être titulaires de diplômes supérieurs. Au cours des cinq dernières décennies, de nombreux grands noms, tels que Christian Dior, Benetton, Harvé Bernard et Evan Picone, ont été chargés de créer leurs uniformes. Les uniformes actuels ont été créés par Mondrian et les chaussures par Valleverde. Les femmes peuvent également porter leur costume national au lieu de l'uniforme officiel.
La structure des visites est restée essentiellement la même, à quelques exceptions près. Le tarif initial de 1 dollar est passé à 8,50 dollars. Tandis que les visites couvrent les sites, les fonctions et les organes des Nations Unies, chaque présentation reflète les derniers développements relatifs aux travaux de l'Organisation. Non seulement les guides doivent connaître l'histoire de l'ONU, les fonctions de ses principaux organes et les principes de la Charte mais, chaque matin, ils sont aussi tenus au courant des derniers faits importants afin d'être en mesure de répondre de manière aussi précise que possible aux questions posées par les visiteurs. Certains sujets débattus lors de ces réunions d'information comprennent les mines terrestres, le réchauffement de la planète, les enfants et les conflits armés.
Les guides doivent faire appel à leur créativité pour mettre sur pied leurs présentations. D'autre part, la patience, le tact et un sentiment politique sont nécessaires pour communiquer avec succès avec les visiteurs. Même s'ils peuvent être frustrants et parfois difficiles, ces échanges de points vue entre des gens de cultures différentes sont généralement positifs. C'est une expérience enrichissante tant pour les guides que pour les visiteurs. Melissa Maldonado, d'origine colombienne, se rappelle une expérience qui a changé ses idées préconçues sur certains types de visiteurs. " J'étais sûre qu'ils étaient là pour prendre des photos du hall d'entrée du Conseil de sécurité ou pour poser des questions concernant les drapeaux. À en juger par leur style vestimentaire, longs imperméables et baskets, je pensais changer ma présentation. En fait, leurs questions reflétaient un désir véritable de comprendre et de mieux connaître le monde, même si c'était la première fois qu'ils quittaient leur petite ville du centre de l'Amérique. Cette expérience m'a appris à ne jamais juger les gens sur leur apparence.
Bien que les visites guidées aient été temporairement interrompues suite aux attaques terroristes du 11 septembre dernier à New York, ces guides ont mis leurs compétences au service d'une cause qui transcendait les exigences de leur emploi. Traducteurs volontaires, ils ont informé les visiteurs, les New-yorkais et les membres de familles de victimes et de disparus des diverses opérations de secours mises en place. Leurs compétences ont permis d'aider de nombreuses personnes pendant l'une des expériences les plus tragiques de l'histoire.
Nombreux sont ceux qui, par la suite, ont occupé des emplois importants dans le gouvernement, les universités, les médias ou les arts. Les anciens guides de l'ONU qui ont fait des carrières brillantes comprennent l'ancienne Secrétaire du Cabinet d'État des États-Unis, Elizabeth Hanford Dole, la princesse de Thaïlande Wiwan Wariwan, l'auteur de romans à succès israélienne Yael Hedaya ainsi que Madhur Jaffrey, auteur de livres de cuisine et actrice indienne.
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La célébration du cinquantième anniversaire et l'exposition de photos seront des événements marquants, spécialement pour les guides. Non seulement ceux-ci ont permis à de nombreux visiteurs de se familiariser avec le système des Nations Unies, mais ils ont aussi tiré des leçons de leurs expériences. Mme Miness, qui a pris la parole lors de l'événement, a continué de travailler à l'ONU pendant plus de 40 ans. " Mais ce qui est surtout important à l'occasion de cette célébration, c'est de revoir mes amis et mes collègues du passé ", a-t-elle dit. " Je suis sûre que nous allons dire : "Tu n'as pas du tout changé." Ce n'est pas vrai, bien sûr, mais nous partageons tous cette expérience commune et merveilleuse qui nous unit, celle d'avoir été guides à l'ONU. Cela a influencé notre vie. " Mme Maldonado, qui entreprend une maîtrise dans le domaine des affaires internationales ainsi que dans le domaine du développement économique et social, a également fait remarquer l'importance que cette célébration et les visites revêtaient pour les guides et les visiteurs, anciens et actuels. " Pendant les 50 dernières années, nous avons accueilli des milliers de visiteurs venus du monde entier et nous espérons continuer de la sorte pendant les 50 prochaines années ", a-t-elle commenté. " Les guides sont des enseignants, des étudiants, une personne parmi de nombreuses autres et de nombreuses personnes formant un tout, idéalistes un jour, réalistes l'autre. Les guides représentent la diversité des visiteurs venant des quatre coins de la planète. "
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