Deuxième Commission: économique et financière La mondialisation pour tous
Suite aux engagements pris lors de trois conférences de l'ONU en 2001 et en 2002, la Deuxième Commission (économique et financière) a marqué un tournant important sur la manière de mesurer ces engagements en vue d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, dont l'un est de réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015.
Le Sommet mondial du développement durable, qui s'est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud en août/septembre 2002, a associé la réduction de la pauvreté à la protection de l'environnement. La Conférence internationale sur le financement du développement à Monterrey, au Mexique, en mars 2002, s'est penchée sur les insuffisances des moyens mis en ouvre pour atteindre les objectifs de développement et la Conférence ministérielle de l'Organisation internationale du commerce (OMC), à Doha, au Qatar, a placé les intérêts des pays en développement au centre de la réforme commerciale. Ces conférences ont regroupé les trois besoins des pays en développement : le développement durable, les finances et le commerce au service du développement.
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Marco Antonio Suazo Fernández, ambassadeur
représentant permanent du Honduras. Président de la Deuxième Commission. Photo Chronique
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La Commission a voté quatre résolutions afin de préciser les objectifs, d'établir un calendrier et d'évaluer les accomplissements au cours d'un suivi. " Cela a marqué une étape décisive pour les activités menées entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods ", a dit le Président de la Commission, Marco Antonio Suazo Fernández, ambassadeur du Honduras, à la Chronique. " Après ces trois grandes conférences où les donateurs et les institutions de Bretton Woods ont pris un grand nombre d'engagements pour éradiquer la pauvreté, la tâche a été ardue ", a-t-il dit. [La Commission a également décidé de revoir son programme de travail à la lumière des engagements pris.]
L'Assemblée générale a décidé d'engager un dialogue de haut niveau d'ici à octobre 2003, avec la participation de l'OMC, du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de la société civile afin d'" évaluer les progrès " réalisés après Monterrey. Les conférences ont suscité un sentiment d'espoir dans les pays en développement qui font face à des barrières commerciales unilatérales, a commenté Suazo Fernández. " Les nations en développement ont beau posséder des ressources, si elles n'ont pas la possibilité de les exploiter et de les commercialiser, c'est peine perdue. "
Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les exportations sont passées de 1 296 milliards de dollars à 3 919 milliards dans les pays développés entre 1980 et 2001, avec 64 % de parts de marché mondial, alors que dans les pays en développement, elles sont passées de 581 milliards de dollars à 1 992 milliards, avec 30 % de parts.
Au cours du débat sur les mesures à prendre pour réduire la pauvreté, les délégués du Bangladesh, du Burkina Faso, de la Chine, de l'Égypte, de l'Inde, du Myanmar, de la République démocratique du Congo et du Venezuela, parmi d'autres, ont dit que les nations développées devaient honorer leur engagement pris à Monterrey d'augmenter l'aide publique au développement (APD) à hauteur de 0,7 % de leur produit intérieur brut (PIB) - soit environ 100 millions de dollars - et fournir un meilleur accès aux marchés développés.
" C'est en quelque sorte un ensemble de mesures " impliquant les pays développés et ceux en développement, a expliqué Suazo Fernandez. " Si vous voulez que nous augmentions notre APD, il faut que vous assuriez une bonne gouvernance, des élections équitables et libres et que vous luttiez contre la corruption. " Alors que les donateurs partageaient le même message, la même structure, la même philosophie, la situation était plus complexe pour les pays en développement, a-t-il dit. " Le G-77 comprend plus de 180 pays sur les 191 pays membres de l'ONU. On ne peut donc pas comparer le système économique et social de l'Inde avec celui de Cuba, celui du Brésil avec celui de l'Argentine ou celui de l'Indonésie avec celui de la Thaïlande, a-t-il ajouté.
Le débat sur la pauvreté s'est conclu par l'adoption d'une résolution par consensus où " les pays en développement reconnaissaient leur responsabilité ", a dit le Président à la Chronique, et où l'Assemblée générale adoptait sans vote le texte intitulé " Mise en ouvre de la première décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006) ".
Selon le CNUCED, dans les pays les moins avancés (PMA), huit personnes sur dix dépensent moins de 2 dollars par jour et souffrent de pauvreté chronique. Sur les 49 PMA, 16 sont des pays sans littoral dont les activités commerciales dépendent des droits de passage et de l'infrastructure des transports des pays voisins. Présentant un rapport devant la Commission, le Haut Représentant des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement, Anwarul Chowdhury (Bangladesh), a affirmé que les coûts de transport ralentissaient la croissance des exportations, augmentaient les coûts des importations et limitaient les gains commerciaux.
Le Représentant de la République populaire démocratique Lao, Saleumxay Kommasith, a dit à la Chronique que la situation géographique de son pays nuisait à la compétitivité. " Pour transporter des marchandises, le Laos doit présenter dix documents dans les pays de transit ", a-t-il noté. " Cela engendre des coûts élevés. Nous voulons que des mesures concrètes soient prises dans trois domaines : l'établissement d'un cadre juridique régissant les services de transport; la construction de routes, de voies de communication, d'établissements portuaires et de points de contrôle ainsi que l'allègement des procédures administratives et des formalités douanières dans les pays de transit. "
Reconnaissant les besoins des PMA et des pays sans littoral, la Commission a salué la décision du Secrétaire général de l'ONU de créer un fonds d'affectation pour soutenir le Bureau du Haut Représentant. Elle a, d'autre part, appelé les gouvernements membres, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales ainsi que le secteur privé à contribuer volontairement au fonds. Elle a également voté une résolution concernant la " préparation de la Conférence ministérielle internationale sur la coopération en matière de transport et de transit " qui se tiendra au Kazakhstan en 2003. " Nous voulons un programme d'action mondial doté de mesures concrètes, un programme orienté vers l'action.
Même si la Conférence de Johannesburg a permis de renforcer la collaboration entre les gouvernements, les entreprises et la société civile en vue d'éradiquer la pauvreté et que le dialogue de haut niveau, qui se tiendra à Monterrey, peut constituer une étape importante dans la conduite des activités entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods, "ils viennent à nous ", a dit Marco Suazo. Le rôle du FMI et de la Banque mondiale a fait l'objet d'une attention particulière, avec une introduction critique de Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel des sciences. Les délégués ont noté que les vues du professeur Stiglitz sur la mondialisation faisaient écho à celles des pays en développement.
Le délégué de l'Équateur, Humberto Jimenez, a dit à la Chronique que les politiques de prêts du FMI ne devraient pas être uniquement orientées sur la privatisation, la libéralisation et la dérégulation. " Elles devraient tenir compte des réalités sociales ", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'au cours des dix dernières années, l'Amérique latine avait " appliqué les recommandations " du FMI. " Il est facile de voir les conséquences néfastes de ces politiques. La dette totale de l'Équateur représente 118 % de son produit intérieur brut, 40 % de son PIB annuel sont consacrés à la dette publique et 20 % au service de la dette extérieure. "
Michael Siamashvili, le délégué de la Géorgie, a déclaré à la Chronique que les conditions des prêts du FMI et de la Banque mondiale posent la question de savoir si les prêts servaient à atteindre le but recherché, ajoutant qu'il ne fallait pas suspendre les prêts " si des critères sans rapport direct ne sont pas satisfaits ". Lorsque les paiements de la dette sont canalisés dans les programmes d'éradication de la pauvreté ou du sida, par exemple, " ce n'est pas refuser de payer mais dépenser l'argent pour être dans une position où l'aide financière n'est plus nécessaire ".
Par ailleurs, Joseph Stiglitz a fait remarquer qu'en période de crise en Argentine, les flux d'argent allaient de l'Argentine vers Washington alors que cela devrait être " le contraire ", étant donné que l'idée première était de relancer l'économie. M. Suazo Fernández a reconnu que des délégués avaient critiqué le " Consensus de Washington " du FMI et de la Banque mondiale, mais a estimé que ces critiques " faisaient partie du passé ".
Dans le débat concernant le commerce et le développement, le Directeur général du CNUCED, Rubens Ricupero, a dit que la prolifération des accords commerciaux régionaux présentait une menace au régime commercial multilatéral. " Ces accords étaient généralement discriminatoires envers les non-membres, et seuls les signataires bénéficiaient de la libéralisation du commerce ", a-t-il mis en garde. Deux points de vue ont été remarqués au cours du débat. Le représentant du Venezuela, qui s'exprimait également au nom du G-77 et de la Chine, a noté que les pays en développement s'étaient rapidement intégrés au système commercial mondial mais que les profits avaient été loin de répondre aux attentes, citant comme raison principale les restrictions imposées par les marchés développés. Le représentant du Danemark, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a noté que l'accès au marché ne pourrait pas stimuler le développement et réduire la pauvreté sans que soient mises simultanément en place des politiques nationales.
Selon l'ONU, les 15 pays de l'Union européenne ont atteint les niveaux les plus élevés dans les échanges commerciaux, les exportations ayant attteint 2 234 milliards de dollars en 2001, dont 1 400 milliards au sein de l'Union. De même, les exportations des dix pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est ont atteint 3 910 milliards de dollars, dont 885 millions à l'intérieur de l'ANASE. Et pour les trois pays soumis à l'Accord de libre-échange nord-américain, les exportations représentaient 1 149 milliard dont 624 milliards à l'intérieur de l'ALENA.
Par contre, le commerce régional combiné de 47 pays - 7 pays membres de l'Association pour la coopération, 11 de l'Association latino-américaine d'intégration, 14 de la Communauté sud-africaine pour le développement et 15 de la Communauté économique des États de l'Afrique occidentale - n'égale pas celui de l'Union européenne, de l'ALENA ou de l'ANASE. Marco Suazo a dit : " L'OMC fait face à un défi. Cette question sera traitée au cours du dialogue de haut niveau. Quelle est la situation commerciale mondiale ? Quels effets l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce et l'OMC ont-ils eus au niveau mondial ? Comment se fait-il qu'une région spécifique soit plus compétitive que les autres régions ? C'est une question qu'il faudra examiner. "
La Commission a recommandé 43 textes à l'Assemblée générale qui ont été tous adoptés sans vote, sauf celui concernant " la souveraineté permanente du peuple palestinien sur les ressources naturelles des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien ", qui a obtenu 155 voix pour, 4 voix contre et 4 abstentions.
Résumant les travaux de cette session, M. Suazo a estimé que " c'était une transition non seulement pour la Commission mais aussi pour les Nations Unies. Mais ce n'est pas pour autant un processus accéléré. Nous avons un sentiment positif.
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En 2001 seulement, un total de 97 pays (le plus grand nombre jamais atteint) ont conclu 158 ABI, passant de 1 941 à la fin 2000 à 2 099 à la fin de 2001. Le nombre d'ABI conclus entre les pays en développement ont augmenté : 66 en 2001 (comparé à 36 en 2000). Les pays asiatiques ont conclu 70 ABI (dont 19 entre eux), suivi par les pays africains qui ont conclu 58 ABI (dont 29 entre eux) et les pays d'Amérique latine qui ont conclu 21 ABI (dont 5 entre eux) . Les pays de l'Europe centrale et de l'Est (CEE) ont signé 18 ABI avec les pays en développement, 12 avec les pays développés et 10 entre eux.
On constate une nette augmentation du nombre de pays en développement les moins avancés (PMA) ayant signé des ABI. En 2001, un total de 23 PMA ont conclu 51 ABI, dont 13 entre eux, 24 avec les pays en développement restants, 12 avec les pays développés et 2 avec les économies en transition.
Source: CNUCED, données de base sur les ABI et les ADI, Rapport sur l'investissement dans le monde 2002 |
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Israël a voté contre la résolution sur la souveraineté des Palestiniens en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est et de la population du Golan syrien occupé concernant leurs ressources naturelles, estimant que la " résolution partiale et improductive ne servirait ni à faire progresser les négociations de paix ni à promouvoir de meilleures relations entre Israël et les Palestiniens. " Israël estime que cette question est motivée par des raisons politiques ", a dit son représentant, Marco Sermoneta, à la Chronique, " et devrait être retirée de l'ordre du jour de la Deuxième Commission. Les divergences devraient être traitées par des négociations directes entre les parties. "
Le Venezuela, s'exprimant au nom du groupe des 77 pays en développement et de la Chine, a introduit un projet de résolution. L'Assemblée générale a adopté la résolution par 155 voix pour, 4 voix contre et 4 abstentions, Israël, les États fédérés de la Micronésie, les États-Unis et les îles Marshall ayant voté contre. La résolution reconnaissait le droit du peuple palestinien de demander des dommages et intérêts pour l'" exploitation et la perte des ressources naturelles ", laissant aux Palestiniens et aux Israéliens le soin de traiter la question dans le cadre de négociations.
Parmi les acteurs principaux dans le processus de paix au Moyen-Orient, l'Union européenne, votant en faveur de la résolution, " a estimé que les ressources naturelles de tout territoire occupé par la force des armes ne devraient pas être utilisées de manière inadéquate ou illégale par la puissance d'occupation ". Elle a réaffirmé l'applicabilité de la Quatrième Convention de Genève de 1949 envers les territoires occupés et a rappelé que toute violation aux droits du peuple palestinien eu égard à la Convention était illégale. L'Union a ajouté que cette question devait être traitée dans un cadre de négociations portant sur le statut final. Le Japon a également voté pour, ce qui réaffirmé son soutien à la résolution, déclarant que son pays " était concerné par les souffrances des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza ". Il a exhorté les deux parties à mettre fin au cycle de violence.
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