Première Commission: désarmement et sécurité internationale 'Il faut mettre l'accent sur le multilatéralisme'
Dans ses derniers rapports sur les travaux de l'Organisation et la mise en ouvre des Objectifs du millénaire pour le développement acceptés au niveau international, le Secrétaire général a déclaré que les dépenses militaires annuelles mondiales dépasssaient 800 milliards de dollars et que les efforts de désarmement visant à éliminer les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, étaient insuffisants, 30 000 armes n'ayant toujours pas été détruites. Il a également indiqué que le terrorisme nucléaire, chimique ou biologique constituait un danger et que les efforts menés pour prévenir la militarisation de l'espace a étaient au point mort.
La Première Commission sur le désarmement et la sécurité internationale a discuté de ces questions dans différents débats. Sur les 52 résolution élaboré, 23 ont été votées le plus grand nombre parmi les six Commissions dont près de la moitié concernait les armes nucléaires. Les résolutions qui affirmaient, réitéraient et recommandaient l'élaboration de normes sur le désarmement nucléaire ou la consolidation des normes existantes, ont recueilli plus de " oui " que de " non ".
Tandis que les États dotés de l'arme nucléaire, déclarés et non déclarés, votent le plus souvent contre l'interdiction et la réduction des armes nucléaires et refusent de fournir des garanties aux États non dotés de l'arme nucléaire ou de respecter les normes environnementales, la Commission a cependant réussi à obtenir l'approbation unanime de tous les membres sur un texte concernant la Convention sur les armes chimiques interdisant le développement, la production et le stockage de telles armes, et sur deux textes concernant l'" Aide aux États afin de réduire le trafic illicite et l'acquisition des armes légères " ainsi que leur commerce illicite.
Un diplomate du Bangladesh a dit à la Chronique ONU que les délégations s'étaient comportées de manière " habituelle ", affichant leur satisfaction envers les réussites passées et leur frustration devant le refus des grandes puissances militaires de prendre les mesures nécessaires pour assurer un désarmement général et complet. Elles ont également constaté qu'il existait un nouveau sentiment d'inquiétude dans le monde et que la situation au Moyen-Orient et dans le Golfe tendait à s'enliser dans un conflit plus étendu. "
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Matia Mulumba Semakula Kiwanuka,
ambassadeur, représentant permanent de l'Ouganda, Président de la
Première Commission Photo Chronique |
Le Président de la Commission, Matia Mulumba Semakula Kiwanuka (Ouganda) a dit à la Chronique: " Alors que pratiquement tout le monde souscrit au concept du multilatéralisme, il est surprenant que personne ne veuille que ce point soit mentionné dans le texte proposé par le Président. " Selon lui, les membres de la Commission considéraient qu'aucun groupe, qu'aucune organisation n'avait le " monopole " du concept du multilatéralisme " de portée universelle ". " Ce n'était pas tant le multilatéralisme qui était la source de désaccord, mais ce qui y était ajouté. Pour ne pas couper l'herbe sous les pieds du Mouvement des non-alignés, le Président a décidé de retirer sa résolution. "
Déclarant leur intérêt pour le multilatéralisme en tant que " principe fondamental " régissant les négociations dans le domaine du désarmement, Cuba et l'Iran, s'exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, ont parrainé une résolution sur la " Promotion du multilatéralisme dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération ". Elle a été adoptée par l'Assemblée générale par 105 voix pour, 44 voix contre et 12 abstentions. Rodolfo Benitez (Cuba) a dit à la Chronique que les divisions au sein de la Commission portaient sur des " divergences importantes " entre les pays. " Certaines nations occidentales semblaient particulièrement ne pas approuver la formulation claire et directe ", a commenté Rodolfo Benitez, " y compris la réaffirmation du multilatéralisme en tant que principe "fondamental" dans les négociations en matière de désarmement et de non-prolifération. " Il a ajouté que la résolution demandait également aux " États parties aux traités sur les armes de destruction massive de s'abstenir de recourir ou de menacer de recourir à des actions unilatérales ou de porter des accusations non vérifiées les uns contre les autres, précisant qu'un recours à des actions unilatérales par les États Membres en vue de résoudre leurs problèmes de sécurité constituaient une menace pour la paix et la sécurité internationales ". Mais le Mouvement s'en est tenu à sa version initiale, a-t-il ajouté.
Le texte du Président de la Commission portant sur le " désarmement, la non-prolifération ainsi que sur la paix et la sécurité internationales " a été repris mais devant l'impossibilité de parvenir à un consensus, la version du texte a été retirée. L'année dernière, la Commission avait adopté à l'unanimité une résolution similaire; cette année, Cuba et l'Iran ont proposé un amendement qui n'a pas été accepté. " L'année dernière, le concept de multilatéralisme était mentionné comme principe fondamental ", a dit Reza Najafi (Iran) à la Chronique. " Cette année, cette mention a été retirée du texte. C'est pourquoi l'Iran et Cuba ont présenté un amendement pour reprendre le projet de résolution antérieur. Certains États Membres craignaient que le fait qu'un Président présente un projet de résolution ne crée un précédent. "
Les pays des Caraïbes ont soulevé à plusieurs reprises la question du transfert des déchets nucléaires en mer des Caraïbes. Au cours de la 56e session, l'Assemblée avait adopté une résolution sur l'interdiction de déverser des déchets radioactifs, rappelant en partie que " les États qui assurent le transfert maritime des déchets radioactifs sont invités à fournir [...] des garanties aux États concernés ". Cette année, cependant, cette question était moins importante.
Pedro Padilla Tonos, ambassadeur de la République dominicaine, a expliqué à la Chronique que la question du transport des déchets nucléaires en mer des Caraïbes était soulevée depuis longtemps par les pays de la région. " Il n'existe aucune garantie qu'une catastrophe ne survienne pas un jour. Souvenez-vous du pétrolier qui a sombré en novembre au large des côtes espagnoles. Cela pourrait tout aussi bien se produire avec des déchets nucléaires. "
Stafford Neil, ambassadeur de la Jamaïque, s'exprimant également au nom de la communauté des Caraïbes, a dit à la Chronique qu'il était " regrettable que la question du transport maritime des déchets nucléaires n'ait fait l'objet d'aucune attention pendant la 57e session de l'Assemblée générale. Ces déchets nous exposent à un risque écologique dont nous ne tirerons aucun avantage ", a-t-il commenté, ajoutant que " la Jamaïque est exposée à un risque que nous ne pouvons pas contrôler, les Caraïbes n'étant qu'un lieu de passage. " M. Kiwanuba a fait remarquer que même lorsque la question " était soulevée, elle n'était pas placée au premier rang. C'est pourtant une question très importante ".
Sur un autre sujet relatif aux armes nucléaires, sept pays, l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et la Suède, ont introduit deux textes : une résolution " omnibus " et une nouvelle résolution sur la réduction des armes nucléaires non stratégiques. Un diplomate irlandais a déclaré à la Chronique que la Coalition voulait, par ce biais, que la Commission " prenne parti " et donner une " impulsion " au désarmement nucléaire.
La résolution omnibus avait pour but de prévenir une course aux armements dans l'espace, alors que la seconde, en particulier, préconisait une réduction des armes nucléaires non stratégiques dans le cadre du désarmement nucléaire. L'Assemblée a adopté les deux résolutions, respectivement par un vote de 125 voix pour, 36 voix contre et 6 abstentions, et 120 voix pour, 42 voix contre et 3 abstentions. Trois États non parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1968, l'Inde, Israël et le Pakistan, qui ont été appelés à accéder au Traité et à signer un accord de garanties avec l'Agence internationale de l'énergie atomique, ont voté contre. La Coalition s'est néanmoins déclarée satisfaite du résultat, qui devrait être vu dans le contexte de la prochaine Conférence des parties chargées de l'examen du TNP, qui aura lieu en 2005.
Dans le processus de désarmement nucléaire, le soutien au Traité d'interdiction complète des essais d'armes nucléaires (CTBT) et le Traité sur la limitation des systèmes antimissiles balistiques (ABM) sont deux mesures parmi les treize prises en 2001 par les États parties au TNP, un traité de référence comprenant 187 signatures.
En juin 2002, les États-Unis ont annoncé leur retrait du Traité ABM, alors que le CTBT, ouvert à la signature depuis 1996, nécessite la ratification de 13 États sur 44 avant d'entrer en vigueur. Les pays qui n'ont pas encore ratifié le Traité sont l'Algérie, la Chine, la Colombie, la République démocratique populaire Lao, l'Égypte, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, Israël, le Pakistan, les États-Unis et le Viet Nam. L'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord ne l'ont toujours pas signé.
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Les accords de cessez-le-feu prennent de plus en plus en compte la relation entre le désarmement et le développement et cherchent en particulier à réduire le nombre d'armes légères détenues par les anciens combattants. Photo ONU/J. Bleibtreu |
Un texte sur " le désarmement et le développement ", introduit par l'Afrique du Sud, a été adopté par un vote de 160 voix pour, 4 voix contre et 1 abstention. Lors de la session précédente, il avait été adopté à l'unanimité. Les États-Unis ont expliqué qu'ils ne soutenaient pas le concept de " relation symbiotique " entre le désarmement et le développement, tel que contenu dans la résolution, estimant que ces deux domaines étaient des questions distinctes " qui n'ont rien à voir entre elles ". M. Kiwanuka a déclaré à la Chronique que si les pays s'engageaient à " un vrai désarmement, dans des limites raisonnables, cela libérerait de nombreuses ressources pour le développement ", ajoutant que " la relation entre le désarmement et le développement existe dans le sens où les milliards de dollars en dépenses militaires pourraient être allouées au développement sous forme de dividende de la paix ".
Même si les négociations sur le désarmement ont abouti à une impasse, une nouvelle zone exempte d'armes nucléaires devrait être créée en Asie centrale entre le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan. De son côté, Cuba a annoncé qu'il signerait le TNP et soutiendrait la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes.
L'Assemblée a adopté sans vote une résolution proposée par l'Inde sur les " mesures à prendre pour empêcher l'acquisition d'armes de destruction massive par des terroristes ". En revanche, un texte proposé par La Hongrie, concernant la " Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) et sur leur destruction ", a été limité à une décision procédurale.
" De l'avis de tous, il faut mettre l'accent sur le multilatéralisme ", a dit M. Kiwanuka. " Mais il faut trouver un terrain d'entente entre les États dotés de l'arme nucléaire et les autres, les États non parties du TNP et le Mouvement des non-alignés. Ces divisions ont fait perdre de vue l'importance d'un ordre du jour commun qui est le multilatéralisme ", a-t-il conclu.
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L'ensemble du budget des Nations Unies (2,6 milliards de dollars) ne représente qu'une fraction des dépenses militaires mondiales (0,3 %).
Avec environ 800 milliards de dollars par an, les dépenses militaires mondiales et le commerce des armes sont les dépenses les plus élevées dans le monde. En 2001, les dépenses militaires mondiales étaient estimées à 839 milliards de dollars, représentant 2,6 du produit intérieur brut (PIB) et une moyenne de 137 dollars par habitant. Et ce budget est censé atteindre 850 milliards de dollars lorsque l'augmentation des dépenses résultant des actions entreprises face aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 sera prise en compte.
L'acquisition d'armes représente généralement 20 à 30 % du budget militaire des pays acheteurs d'armes, le reste étant principalement consacré aux opérations, à la maintenance et au personnel.
L'année 2001 a enregistré une baisse (principalement due aux mauvaises conditions économiques mondiales) après une tendance à la hausse entre 1994 et 2001.
Un rapport du Congrès américain de 2001, intitulé " Le transfert d'armes classiques vers les nations en développement, 1994-2001 ", fait état que :
" Les accords en matière de transfert d'armes (à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement) représentaient près de 26,4 milliards de dollars en 2001. C'est une diminution importante par rapport à 2000 et la première fois, depuis 1997, que le budget de l'armement était inférieur à celui de l'année précédente (plus de 35 milliards de dollars).
" Entre 1998 et 2001, 65,8 % des transferts internationaux d'armes ont été réalisés dans les pays en développement contre 60,5 % en 2001. (L'année précédente, ils représentaient 68 %).
Malgré une baisse entre 2002 et 2001 la première depuis 1997 " pour la période 1998-2001, la valeur totale (environ 133,1 milliards de dollars) des transferts internationaux d'armes était légèrement supérieure à celle entre 1994 et 1997 (128,2 milliards de dollars), soit une augmentation de 3,7 % ".
Dans les conflits modernes, plus de 80 % des victimes sont des civils, 90 % des accidents étant causés par des armes légères armes de poing, pistolet, fusils, carabines, armes semi-automatiques, mitraillettes, grenades et baïonnettes, mines terrestres, pistolets mitrailleurs moyens, lance-grenades, mortiers légers et lance-roquettes tirés à l'épaule. Source: http://www.globalissues.org
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Selon les autorités de l'ONU, sur les 52 résolutions que la Première Commission a recommandées à l'Assemblée générale pour adoption, une seule concernait les femmes : la résolution 57/88 intitulée " Mesures de confiance à l'échelon régional : activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale ".
Sous les auspices du Comité consultatif permanent, une Conférence sous-régionale sur la " protection des femmes et des enfants dans les conflits armés en Afrique centrale " s'est tenue à Kinshala, en République démocratique du Congo, du 14 au 16 novembre 2001 ainsi qu'une autre consultation sous-régionale, ayant pour thème " Parité et développement : la participation des femmes centrafricaines ", qui a eu lieu à Doula, au Cameroun, du 29 au 30 mai 2002. La résolution " a noté avec satisfaction " les progrès accomplis par les membres du Comité consultatif dans la mise en ouvre du programme des activités pour la période 2001-2002. Le texte ne concerne pas la conférence, ont déclaré les autorités de l'ONU, mais le Comité consultatif permanent qui a organisé la sous-conférence, dans le cadre du suivi à la " Conférence sous-régionale sur la question des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique centrale ", qui s'est tenue en août 2000 à Bujumbura, au Burundi.
Un nombre d'acteurs de la société civile ont souligné la nécessité d'un examen plus approfondi en ce qui concerne la vulnérabilité des femmes dans les situations de conflit et leur participation au processus de paix. Le Conseil de sécurité avait mis l'acent sur ces points dans sa résolution " 1325 (2000) ", adoptée le 31 octobre 2000. |
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