Chronique ONU
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La péninsule de Bakassi

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L'article
Depuis des années, les relations entre le Nigeria et le Cameroun sont tendues en raison d'un différend concernant les 1 600 km de frontière terrestre allant de la région du lac Tchad à la péninsule de Bakassi ainsi que le partage des eaux territoriales dans le golfe de Guinée. À la fin de 1993, les tensions se sont envenimées et ont abouti à une confrontation militaire, avec le déploiement de l'armée nigériane dans la péninsule de Bakassi, riche en pétrole et en eaux poissonneuses.

En 1994, le Cameroun a saisi la Cour internationale de justice qui, en octobre 2002, a accordé la souveraineté de la péninsule au Cameroun, bien que la population soit composée en majorité de Nigérians. De son côté, le Cameroun devait céder au Nigeria une dizaine de villages situés au sud de la frontière.

La Commission mixte Cameroun-Nigeria a été établie en novembre 2002 par l'ONU pour faciliter la mise en ouvre pacifique de l'arrêt de la CIJ. Pour que les deux pays respectent la décision, les Nations Unies ont eu recours à de nombreuses mesures dont la médiation diplomatique et les incitations financières.

Le 18 décembre 2003, le Nigeria a retiré son administration civile et ses forces militaires et de police de la région du lac Tchad et a cédé 33 villages frontaliers au Cameroun. Lors de sa neuvième réunion, la Commission mixte a décidé que le processus de retrait et de transfert d'autorité le long de la frontière terrestre débuterait le 15 juin pour s'achever le 15 juillet 2004, et que ce même processus débuterait le 15 juillet et pour s'achever le 15 septembre 2004 dans la péninsule de Bakassi.

On estime qu'un budget de 12 millions de dollars est nécessaire pour aider les deux pays à appliquer la mise en ouvre pacifique de l'arrêt. La neuvième session de la Commission mixte, qui s'est tenue les 7 et 8 avril 2004 à Yaoundé, au Cameroun, a confirmé que chacun des deux pays contribuerait 3 millions de dollars au Fonds d'affectation spécial de l'ONU de la démarcation à la fin avril 2004. Bien que le Royaume-Uni ait offert une contribution de 1 million de livres sterling et que la Commission européenne se soit engagée à fait don de 400 000 euros, ont est encore loin du compte, et la Commission a appelé les amis du Cameroun et du Nigeria à faire des contributions généreuses.

Une délégation tripartite composée des représentants du Cameroun, du Nigeria et des Nations Unies, a rencontré au début de 2004 les responsables de la Banque mondiale à Washington pour discuter de la coopération économique entre les deux pays, y compris du financement de projets de développement communautaire. La Commission européenne a également convenu de demander une plus grande assistance financière. Suite à une réunion avec la Commission mixte, qui s'est tenue à Tunis et a été présidée par l'envoyé spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Ahmed ould Abdallah, dans le cadre des efforts de bons services du Secrétaire général, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé le 14 mai qu'elle financerait les projets communs entre le Nigeria et le Cameroun qui renforceraient la paix entre ces deux pays. La Commission a demandé à la BAD de financer un projet afin d'améliorer une route reliant Mamfe, dans le nord du Cameroun, à Abakaliki, au sud du Nigeria, qui fait partie d'un projet plus vaste de construction d'une autoroute transafricaine qui faciliterait les échanges commerciaux entre les deux pays. Elle a aussi demandé à la BAD de contribuer à d'autres initiatives visant à consolider la paix et le développement ainsi qu'à des projets de protection de l'environnement.

Une telle réussite dans la prévention d'un conflit armé reflète une nouvelle approche qui pourrait et devrait être appliquée ailleurs. La Commission mixte représente également une initiative importante qui devrait être perçue comme un modèle de diplomatie préventive. Conjugués, ces efforts créent un précédent dans la résolution pacifique des différends frontaliers et d'autres questions qui pourraient être des menaces pour la paix.
  -Nguyen Tang Le Huy Quoc-Benjamin
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