La revue des livres de la Chronique La gouvernance mondiale, un processus complexe Par Andrew F. Cooper
Dans mon livre Tests of Global Governance : Canadian Diplomacy and United Nations World Conference (Presses de l'Université des Nations Unies (UNU), Tokyo, 2004), je fournis une analyse détaillée de la relation entre les pratiques diplomatiques et les nouvelles formes de gouvernance mondiale lors des conférences mondiales parrainées par les Nations Unies. Présentés sous forme de tests soulignant les concepts et les questions au centre du fonctionnement des relations internationales, ces travaux démontrent que la gouvernance mondiale est devenue un processus complexe au sein duquel les États et les non-États jouent un rôle vital, souvent en opposition. Le rôle du Canada et des Canadiens dans ces conférences est pris comme exemple unique et représentatif de la manière dont les pratiques gouvernementales et les nouvelles pratiques sociétales ont pris forme au cours de la dernière décennie. Le tableau qui en résulte suggère le renforcement d'un réseau d'institutions, d'acteurs et d'organisations qui animent les régimes complexes traitant les grandes questions de la politique mondiale.
Comme test de transition concernant la machine diplomatique, les conférences mondiales de l'ONU fournissent une toile impressionnante et fascinante. Chronologiquement, on remarque un grand bond en avant entre la présence importante, quoique encore limitée, des organisations non gouvernementales dans les années 1960 et 1970 et l'immense participation à la Conférence de Rio de l'ONU en 1992 sur l'environnement et le développement et au-delà. Cette tendance a ouvert la possibilité d'une intégration plus globale et plus marquée des « deux mondes » entre l'État et la société.
Le deuxième test concerne les tensions entre la fragmentation et la consolidation des pratiques diplomatiques. Les conférences mondiales de l'ONU sont considérées comme un exemple typique d'événement impliquant une multiplicité d'activités. Mais si un aspect est apparu par l'adaptation bureaucratique, un autre l'a été par l'exercice du leadership au sommet du pouvoir. Les pratiques diplomatiques ont été considérablement influencées par les considérations politiques très personnalisées.
Le troisième test a trait aux objectifs de la diplomatie. Les conférences de l'ONU peuvent être perçues comme faisant partie d'une stratégie de compensation destinée à orienter et à compenser l'élan vers l'une des tendances néolibérales/du marché. Pour les opposants, cependant, ce mode de multilatéralisme est devenu un outil de discipline coercitive dans le système international. J'approfondis ces questions en examinant deux études de cas : la Convention mondiale sur les forêts et le Sommet mondial de Copenhague pour le développement social.
Le quatrième test traite du croisement entre les objectifs et les moyens tels qu'illustrés dans le débat sur la souveraineté. Ces conférences ont renforcé l'image (et l'image de soi) du Canada en tant qu'acteur, prêt et en mesure de proposer des solutions créatrices sur la question de la souveraineté. Un aspect de ses pratiques politiques plus axées sur le territoire est apparu dans la formulation du texte sur les populations autochtones ou les droits des aborigènes lors de la Conférence mondiale de Vienne sur les droits de l'homme en 1993. Au lieu de répondre aux attentes des partisans préconisant une nouvelle diplomatie inclusive, le style adopté par la délégation canadienne a renforcé la notion de diplomatie, encore prisonnière de son passé problématique.
Le cinquième test élargit la notion de diplomatie comme moyen de dialogue entre les frontières de l'identité dans la politique mondiale. La Conférence du Caire de 1994 sur la population et le développement est examinée à la lumière du concept de « choc des civilisations » de Samuel Huntington. Le poids qu'il attribuait aux identités particulières et rigides est diminué par l'existence d'une culture diplomatique commune. Toute confrontation sur cette question est supplantée par un processus plus créatif qui marque une volonté de penser et d'agir au-delà de la notion de « civilisation ».
Le sixième test pose la question de savoir si la diplomatie conduit à une modification fondamentale des règles du jeu dans les affaires internationales. Ici le rôle et le droit des femmes est central. Car si tel est le cas, la participation des femmes dans le processus des conférences et les limites d'un ordre du jour centré sur les femmes doivent être redéfinies d'une manière décisive. « En quoi la Quatrième Conférence de Beijing de 1995 sur les femmes est-elle différente du suivi des autres conférences de l'ONU ? »
La Conférence mondiale de 2001 contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance associée, qui s'est tenue à Durban, en Afrique du Sud, sert à illustrer l'importance des conférences mondiales de l'ONU. La valeur fondamentale de la Conférence de Durban a été sa capacité à traiter les grandes lignes de la gouvernance mondiale. La participation importante, bien qu'inégale et parfois difficile, à ces événements d'une grande diversité d'acteurs de la société est devenue l'une des caractéristiques de l'engagement diplomatique. Les conférences mondiales de l'ONU ont continué d'être au premier rang des efforts menés pour s'attaquer aux divers problèmes associés à l'accélération de la mondialisation dans les années 1990 et au XXIe siècle.
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Andrew F. Cooper est directeur associé du Centre for International Governance Innovation et professeur de Sciences politiques à l'université de Waterloo (Ontario, Canada). Avec John English et Ramesh Thakur, il a co-édité Global Governance: Towards a New Diplomacy? (UNU Press, 2002). |
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