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Des élèves mexicains représentant San Marino élaborent la position de leur pays pour les séances simulées. Photo/Kyo Morishima |
Dans les classes du monde entier, il faut ouvrir les yeux des enfants sur le monde et les peuples. À moins d'apprécier les diverses cultures de leur pays et du monde, de connaître plus d'une langue ou de comprendre les institutions multilatérales et leurs travaux, les jeunes ne peuvent pas développer le savoir, les compétences et les attitudes nécessaires pour agir comme citoyens de la communauté mondiale. Alors que les événements nationaux deviennent plus souvent des préoccupations internationales, les élèves héritent d'un monde très différent de celui qui existait il y a seulement dix ans.
Pourtant, aux États-Unis, les élèves n'ont pas toujours la possibilité d'étudier les questions mondiales pour diverses raisons. Les limites de temps dues en partie à la rigueur des programmes qui les préparent aux examens empêchent les enseignants de couvrir de nouveaux sujets. Ceux-ci sont donc considérés comme des sujets hors programme ou traités seulement après les cours. De plus, en raison de contraintes financières, les ressources éducatives dont disposent une classe pour étudier, par exemple, la crise humanitaire au Soudan ou les effets du déboisement sur les peuples autochtones dans le bassin de l'Amazone ne sont plus actuelles.
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Des élèves simulent les débats de l'Assemblée générale au siège de l'ONU. Photos/Kyo Morishima |
D'un autre côté, le manque de créativité de la part des enseignants peu habitués à enseigner en dehors des méthodes préconisées donne souvent lieu à un apprentissage rigide. Très souvent, les élèves sont encouragés à apprendre simplement des faits et des chiffres au lieu de faire un travail de réflexion à partir d'informations. En conséquence, l'éducation internationale est concentrée non pas sur les forces mondiales mais sur des aspects particuliers d'une nation et de ses habitants. Si les élèves américains apprennent seulement à danser le flamenco ou à préparer des tapas, auront-ils pour autant acquis les bases nécessaires pour comprendre le rôle de l'Espagne dans la politique mondiale ? Éduquer les élèves sur le monde et ses défis ne se résume pas à fournir des informations simples, superficielles et isolées.
Aujourd'hui, les professeurs et les élèves sont déjà engagés dans ce type de pédagogie fondé sur des programmes innovants, centrés sur le monde. Par le biais d'un programme appelé « l'ONU mise en scène », les élèves assument le rôle d'ambassadeurs représentant un pays, qu'il s'agisse de l'Afghanistan ou du Zimbabwe, et débattent de questions actuelles inscrites sur le vaste ordre du jour de l'Organisation mondiale.
Les élèves participant à cette initiative, connus sous le nom de « délégués », préparent des projets de résolution, élaborent des stratégies avec des partisans et des adversaires, trouvent des solutions aux conflits en tenant compte des règles et des procédures établies par l'ONU - et ce, pour mobiliser la coopération afin de résoudre les problèmes mondiaux. Dans ce cadre, ils apprennent l'art de la négociation, de la recherche d'un consensus et de l'éloquence et sont à même de comparer leurs droits avec ceux des citoyens des autres nations. Tout en découvrant le monde, ils apprennent ce que sont les valeurs civiques, la démocratie, la citoyenneté et le gouvernement, ce qui leur donne des bases pratiques qui les aident à mieux comprendre la place d'un individu dans un pays ou dans la société mondiale.
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Lors de ces séances, les élèves apprennent à exprimer leurs points de vue, à négocier et à rédiger leur texte en vue de mobiliser la coopération internationale. Photo/Kyo Morishima |
La première étape dans cette mise en scène de l'ONU consiste en des recherches à la fois sur les Nations Unies et un pays donné. Après quelques semaines ou, parfois, quelques mois d'étude, les élèves représentent le pays qui leur a été désigné dans des simulations du fonctionnement de l'ONU, discutent des problèmes qui font la une des journaux ou qui sont inscrits à l'ordre du jour de l'ONU. Ces simulations ont lieu pendant les heures de cours dans des clubs extrascolaires et ensuite dans les conférences « l'ONU mise en scène » dans le monde. Chaque année, des écoles et d'autres programmes organisent plus de 400 conférences dans plus de 36 pays auxquelles participent 400 000 élèves.
Il y a une soixantaine d'années, lors de la création des Nations Unies, plusieurs écoles avaient ouvert la voie. Avec des ressources financières et un programme scolaire souple, ces institutions ont pu intégrer l'approche dynamique de « l'ONU mise en scène » dans les exercices en classe. À la fin du XXe siècle, cette initiative s'est développée dans presque tous les continents. Cependant, la portée du programme restait encore limitée. Quand il était appliqué dans les écoles publiques, c'était souvent dans le cadre de programmes destinés aux « élèves talentueux et doués », ceux qui sautent une classe, ou dans le cadre du baccalauréat pour les étudiants internationaux. Même si le soutien à « l'ONU mise en scène » s'est développé, un grand nombre d'écoles sont restées à l'écart de l'expérience. Aux États-Unis, le défi consiste à faire connaître les Nations Unies à un plus grand nombre d'élèves et d'enseignants. Dans la plupart des régions urbaines, les jeunes vivent dans des communes financièrement faibles. L'étude des peuples du monde étant considérée comme un sujet extrascolaire, ce sujet est facilement laissé de côté lorsque le budget est serré.
Depuis des décennies, l'Association des États-Unis pour les Nations Unies (UNA-USA), une organisation à but non lucratif qui soutient les Nations Unies et encourage la participation active des citoyens aux questions mondiales, a considérablement contribué au développement de « l'ONU mise en scène ». En organisant des conférences, en publiant des ressources et en créant des programmes d'éducation internationaux, l'Association donne aux élèves et aux enseignants les outils pour tirer le meilleur parti des séances simulées ou des cours pour apprendre à connaître les peuples du monde. Mais pendant de nombreuses années, le matériel pédagogique d'UNA-USA a fait défaut dans les écoles publiques, alors que ce sont pourtant elles qui avaient le plus besoin d'outils innovants pour éduquer les élèves sur les événements mondiaux.
UNA-USA, la plus importante organisation au niveau de la communauté dans le domaine de la politique étrangère et le premier centre de recherches politiques sur les Nations Unies et les questions mondiales, offre aux Américains l'opportunité d'apprendre à connaître les questions auxquelles est confrontée l'Organisation mondiale, telles que la santé dans le monde, les droits de l'homme, la propagation de la démocratie, le développement équitable et la justice internationale. UNA-USA éduque les Américains sur les travaux de l'ONU et encourage les citoyens à soutenir un leadership solide des Nations Unies. Cette association est membre de la Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies. |
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Puis, en 2000, UNA-USA a créé le programme Global Classrooms. Vu les contraintes de temps, d'argent et de ressources de la plupart des écoles publiques, le programme fournit des méthodes concrètes pour intégrer l'éducation internationale dans l'expérience scolaire. Aujourd'hui, les élèves des écoles publiques américaines à Boston, à Chicago, dans le District de Columbia, à Houston, à Los Angeles, à New York et à Tampa peuvent participer gratuitement à « l'ONU mise en scène ». Ils reçoivent les modules pédagogiques (sur le maintien de la paix, le développement durable et les droits de l'homme), ainsi qu'un soutien et une formation approfondis et sont invités à participer à une conférence « l'ONU mise en scène » où des centaines d'élèves, voire des milliers, participant au programme Global Classrooms simulent les délibérations aux Nations Unies.
En mai 2004, plus de 2 300 élèves du secondaire ont participé à la Conférence « l'ONU mise en scène » organisée par UNA-USA, qui s'est tenue au Jacob Javits Center et au siège des Nations Unies à New York. Après deux jours de négociations et de compromis, ils se sont réunis dans la salle de l'Assemblée générale pour les cérémonies de clôture, transportés par un enthousiasme débordant.
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Des élèves participant à la conférence « l'ONU mise en scène » 2004 organisée par UNA-USA rédigent une résolution dans une salle de conférences de l'ONU. Photos/Kyo Morishima |
Pour Priscilla Gonzalez, 17 ans, élève de l'University Neighborhood High School à New York, l'événement a renforcé sa confiance non seulement dans les Nations Unies mais aussi en elle. « Cette nouvelle expérience m'a beaucoup apporté. Avant, j'avais l'impression que, parce que j'étais jeune, ma voix et mes points de vue ne comptaient pas. Mais grâce à « l'ONU mise en scène », je sais que je peux étudier ces importantes questions mondiales actuelles. »
« L'ONU mise en scène » peut être bénéfique aux élèves de tous les horizons, dans divers cadres académiques. Et alors que ces programmes sont parfois proposés seulement quelques mois par an, les élèves en gardent un souvenir si fort que leur passion pour les questions internationales dure toute leur vie. Sharon Shambourger, enseignante à la Life Sciences Secondary School à New York, parle de son expérience : « Au cours de ces séances simulées, mes élèves ont appris à écouter, à réfléchir et n'ont pas eu peur de prendre la parole. À la rentrée, nous prévoyons de participer au programme d'adoption des champs de mines (programme lancé par UNA-USA) et avons souscrit au bulletin UNA-USA Student Alliance. Nous ne voulons pas seulement participer aux événements mondiaux une fois par an. »
Il est important de reconnaître que les élèves d'aujourd'hui doivent apprendre beaucoup plus que les trois techniques traditionnelles de l'éducation : la lecture, l'écriture et le calcul. Grâce aux séances simulées de l'ONU, ils développent des compétences essentielles et apprennent les subtilités des prises de décision au niveau mondial. En même temps, ils montrent un intérêt croissant pour l'Organisation mondiale qui continuera tout au long de leur vie. Si nous voulons surmonter les défis, tels que la crise humanitaire au Soudan, le déboisement de la forêt tropicale humide en Amérique du Sud ou les attaques terroristes à Madrid et ailleurs, nous devons donner à nos élèves l'occasion de s'informer sur les actions menées aujourd'hui à l'échelon mondial pour résoudre ces questions. Et ce faisant, nous aurons d'autant plus de raison de croire qu'ils seront à même d'élaborer leurs propres résolutions plus tard.
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