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Photo de la MONUG |
La Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) et ses participants sont arrrivés dans la zone de conflit. Je me souviendrai toujours des premiers mots que m'a adressés ma logeuse : « Le premier jour, vous êtes notre invité mais, très vite, vous vous sentirez un membre de la famille ». Cela traduit mes pensées et mes sentiments envers mes collègues, ainsi qu'envers la population locale.
Chaque jour, lorsque je me rends au camp, je rencontre les visages familiers de mes voisins, des enfants qui vont à l'école, des gens du village voisin qui viennent au marché - une vie normale, enfin presque. Je vois aussi des gens qui ont souffert de la guerre, qui attendent et prient pour la paix, dans un environnement qui est toujours affecté par les activités criminelles et les mauvaises conditions de vie. Les plus âgés ont connu la paix, mais les enfants, non.
Une mise à jour rapide des derniers développements est faite par le responsable des opérations. Il peut s'agir d'assassinats ou d'échanges de tir qui ont eu lieu pendant la nuit. Nous informons le commandant du secteur du programme de la patrouille et de la présence de nouvelles recrues. Puis a lieu la réunion d'information du matin sur le secteur. Ensuite les patrouilles partent. Les Observateurs militaires des Nations Unies font également partie des équipes de secours. Ils conduisent les ambulances pour notre sécurité et apportent leur assistance aux autorités locales et aux villageois en fournissant le traitement médical nécessaire pour faire face aux situations extrêmement graves. Pendant que ces activités de routine ont lieu, nous formons aussi de nouveaux collègues, nous cherchons des solutions à des problèmes, prévenons des incidents, mettons sur pied et améliorons le futur programme et travaillons en collaboration avec la force de maintien de la paix de la Communauté des États indépendants, les autorités locales et les organisations non gouvernementales. Nous effectuons aussi des travaux d'ingénierie et menons des actions de coopération civile et militaire. Après le retour de notre patrouille, une réunion d'information a lieu avec le commandant du secteur, le personnel et l'équipe, pour discuter de sujets aussi divers que la violation de l'Accord de Moscou, les assassinats, les échanges de tir, le pillage, les mauvaises conditions de vie des habitants et le manque d'assistance médicale dans les régions éloignées. Ces réunions me rappellent toujours ma propre expérience à l'Hotel Team Patrols, l'enthousiasme des nouvelles recrues prêtes à faire leur possible pour améliorer la situation dans la région.
Dans la soirée, nous nous retrouvons au Gali Paradise Club, situé dans le secteur de Gali, pour nous détendre ou chez des amis, pour dîner et discuter de nos expériences -bonnes et mauvaises - et de nos rêves d'une vie meilleure pour cette région ainsi que pour nos hôtes et leur famille. Un appel nous ramène à notre devoir que nous assumons 24 heures sur 24 : « 42, ici 47, nous avons un patient à la grille ». Un Medevac est envoyé dans l'autre secteur.
Nous sommes loin de chez nous et de nos familles. Nous connaissons des gens qui ont perdu leur vie en servant la paix mais à la fin de la journée, nous nous posons tous la même question : « Avons-nous fait assez ? » La réponse est oui, quand vous sauvez ne serait-ce qu'une vie, quand vous prévenez les violations, quand vous aidez à améliorer les conditions de vie dans la région. Mais la réponse est non tant que le conflit ne sera pas résolu de manière permanente.
Un autre jour va commencer à Gali Paradise. J'attends avec impatience de travailler avec mes collègues du monde entier, de remplir les tâches qui nous seront confiées et de voir les sourires illuminer le visage des personnes que nous rencontrons, nous rappelant de ne jamais abandonner notre travail pour la paix.
À la fin de la mission, je tiens à remercier tous ceux que j'ai rencontrés pendant ce séjour de six mois. C'était une expérience enrichissante. Certaines situations, certains mots et certains visages resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Et aussi la question : « Avons-nous fait assez pour cette région, pour les populations et pour la paix ? » Chacun d'entre vous devrait répondre chaque jour à cette question et j'espère que personne ne répondra négativement. Nous devons soutenir tous les efforts en faveur de la paix.
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