Chronique ONU

Le droit de participer, le droit de gagner
Les jeux Paralympiques internationaux
Par Amy Farkas

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L'article
© photos : Lieven Coudenys-www.coudenys.be
Le 17 septembre 2004 à Athènes, 3 837 athlètes de 136 nations ont participé aux cérémonies d'ouverture des XIIe jeux Paralympiques. Deuxième manifestation sportive dans le monde, les jeux Paralympiques donnent aux athlètes handicapés du monde entier l'occasion de prouver leurs talents. Ce même jour, le Comité paralympique international (CPI), en collaboration avec Rehabilitation International (RI), qui défend également les droits des handicapés et leur inclusion, a accueilli le premier Symposium paralympique international sur les droits des handicapés. Ce colloque, destiné à soutenir le projet de convention de l'ONU visant à promouvoir et à protéger les droits et la dignité des personnes handicapées, s'est penché sur la défense des droits de l'homme à la fois des athlètes participant aux jeux Paralympiques et des citoyens handicapés en général. Ces droits comprennent entre autres le droit aux jeux, aux sports et aux loisirs ainsi que le droit de participer pleinement à la société. Il est vital que les personnes handicapées et les organisations travaillant avec elles soient éduquées et s'engagent dans leurs communautés pour soutenir les travaux de l'ONU destinés à élaborer une convention pour les handicapés.

Les jeux Paralympiques ont été choisis pour lancer le soutien du CPI à l'élaboration d'une convention de l'ONU. Comme l'explique le Secrétaire général, « les jeux Paralympiques démontrent la vitalité et les accomplissements des handicapés du monde entier ». Les athlètes illustrent l'esprit humain qui inspire et motive le monde. Ils montrent l'énergie que le sport offre pour changer les perceptions. Le sport étant un langage mondial commun, les jeux Paralympiques sont une occasion d'unir les athlètes. En septembre, le CPI a adopté une déclaration de position sur les droits de l'homme qui sert à renforcer sa profonde conviction que chaque personne devrait avoir accès aux loisirs et au sport. Ce droit devrait être accordé et sauvegardé par les systèmes juridiques et administratifs des gouvernements et des communautés responsables. Le CPI considère que le droit aux sports et les droits de l'homme devraient être offerts à tous.

Même si certains pays ont fait des efforts pour améliorer la vie des handicapés, le fait est que seule une convention internationale des droits de l'homme peut garantir les droits de ces membres de la société. Bien qu'étant le groupe de minorités le plus important dans le monde entier, les handicapés n'ont pas bénéficié de la même attention que les autres minorités et continuent d'être victimes de discrimination de nombreuses façons. Une convention de l'ONU aura une portée mondiale et renforcera la capacité de défense des droits de la personne, à la fois aux niveaux local et national.

Dans le contexte du sport et des loisirs, les handicapés ont, entre autres, le droit de : participer aux activités de sport et de loisirs à tous les niveaux; organiser et participer aux activités sportives; recevoir l'éducation, l'entraînement et les ressources nécessaires; et avoir accès aux sites des activités de sport et de loisirs. En outre, les enfants et les jeunes handicapés ont le même droit d'accès à ces activités, y compris dans le système éducatif. Ils ont également le droit de participer aux jeux sportifs. Or, malgré ces vérités évidentes, ces droits sont déniés à la plupart des citoyens atteints d'un handicap.

Les droits de l'homme reconnaissent également que toute personne a droit au repos et aux loisirs et a le droit de participer aux activités de loisirs et de sport. En 1976, la première Conférence internationale des ministres et des hauts fonctionnaires responsables de l'éducation physique et du sport, organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a soutenu, entre autres, le droit des personnes handicapées de participer à l'éducation physique et au sport. Dans le commentaire général 5, l'organe de supervision du Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a reconnu la pertinence de ces droits élargis pour les personnes handicapées, qui s'étendent à la participation aux activités de tourisme et de loisirs, y compris le sport. Dans les Règles de l'ONU, la règle 11 sur l'égalisation des chances des handicapés souligne les mesures que les États devraient prendre pour rendre accessible aux handicapés les lieux de loisirs et de sport.

Comme le montrent ces observations sur le plan mondial, les handicapés font face à la discrimination qui, dans certains cas, se manifeste dans l'impossibilité de participer aux activités de loisirs, y compris aux manifestations sportives en tant qu'athlètes ou spectateurs. Même dans les cas où ces activités leur sont accessibles, ils font néanmoins face à des limitations dues au manque d'aménagement pour leur assurer l'accès physique, aux prix prohibitifs, aux services et aux programmes inadéquats ou aux mauvaises conditions d'intégration. Le manque de compréhension et de sensibilisation sur la manière d'inclure les handicapés aux sports et aux loisirs a contribué à leur exclusion, leur participation étant sous-évaluée et ignorée. Il est donc essentiel que la convention en cours d'élaboration inclue explicitement une disposition concernant ce droit et cette application spécifique aux handicapés.

Le sport et les loisirs sont également liés à la réhabilitation et l'éducation. La philosophie de base du Mouvement repose sur la réhabilitation. En 1994, à la demande du gouvernement britannique, le docteur Ludwig Guttmann a ouvert un centre pour soigner les paraplégiques à l'hôpital de Stoke Mandeville, utilisant le sport comme thérapie et comme moyen de rééducation. Rapidement, ce programme de réhabilitation a évolué pour intégrer les sports de loisirs puis, en quelques années, les sports de compétition. Le sport et les loisirs contribuent à atteindre les objectifs de nombreux programmes de réhabilitation. Selon le prince Ra'ad Bin Zeid de Jordanie, « le sport est un élément primordial de la réhabilitation pour les personnes atteintes d'un handicap et joue un rôle important dans leur intégration ». Il est crucial que ces personnes aient accès à une réhabilitation complète et proactive et qu'elles aient la possibilité de participer au sport et aux loisirs.

Il est également important de reconnaître le rôle du sport et des loisirs dans l'éducation et le développement professionnel. Pour les handicapés, la force physique, l'autodétermination et l'autonomisation souvent atteintes par la participation accroissent les obstacles à surmonter pour atteindre l'excellence dans ces domaines. « En pratiquant le sport, j'ai acquis la force, l'agilité et les compétences pour manouvrer mon fauteuil, ce qui me permet de suivre les cours à l'École de médecine où les tâches physiques sont souvent une partie très importante de mes activités », a commenté un athlète paralympique.

Le CPI croit fermement au droit de participer aux activités de sport et de loisirs. Comme il l'a affirmé dans sa déclaration de position, il continuera de promouvoir sa philosophie sur les droits de l'homme et de faciliter l'accès des handicapés aux jeux Paralympiques et aux autres manifestations sportives qu'il soutient. Au niveau de base, ceci est souvent réalisé en coopérant avec les nations, les régions, les organisations sportives et les groupes représentant les personnes handicapées. Le CPI supervise et coordonne les jeux Paralympiques d'été et d'hiver et d'autres compétitions, les plus importantes étant les Championnats mondiaux et régionaux. Ce Comité dont le siège est situé à Bonn, en Allemagne, participe également au recrutement et au développement des athlètes du monde entier à tous les niveaux de performance.

Pour en savoir plus, veuillez consulter les kits d'outils créés par RI et CPI sur les droits aux loisirs et aux sports des personnes atteintes d'un handicap. Ils sont disponibles sur le site de CPI à www.paralympic.org. RI et le Centre sur le sport dans la société à l'université de Northeastern ont contribué à cet article.

« Si je veux être championne du monde du marathon et que je m'engage à suivre l'entraînement et à adopter le style de vie afin de devenir une athlète de première classe, rien ne devrait m'empêcher de le faire. Si je veux me lever à 6 heures du matin pour parcourir 42 km par jour pendant des mois, je ne devrais pas en être empêchée par les quelques marches qui mènent à la piste d'entraînement. En outre, je devrais pouvoir dire avec fierté que je participe au Marathon en fauteuil roulant et qu'en définissant mon parcours, j'ai la possibilité d'être membre de l'Équipe paralympique des États-Unis. C'est un droit de la personne ».
-Cheri Blauwet
Athlète paralympique américaine en 2000 et en 2004

Biographie
Amy Farkas est directrice du développement au Comité paralympique international depuis 2003 et soutient le Mouvement paralympique. Auparavant, elle a été responsable du programme Sports pour la vie au Kosovo de la Fondation Vietnam Veterans of America et a été spécialiste de l'information au Centre national des États-Unis sur l'activité physique et le handicap.
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