Chronique ONU
L'éducation par le film
Montrer le rôle important de l'ONU
Par Jean Krasno

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L'article
Je ne compte plus les fois où l'on est venu me dire que les Nations Unies n'étaient pas à même d'affronter les problèmes de l'époque actuelle. Sachant que j'enseigne et que j'écris sur les Nations Unies, ces personnes sont venues spécialement me voir pour me faire part de leurs réflexions. Il n'est pas facile d'y répondre par quelques mots et de convaincre les sceptiques que l'Organisation mondiale fonctionne comme par le passé : elle répond aux besoins humanitaires, déploie des casques bleus, cherche des solutions pacifiques aux conflits et s'efforce à ce que les États Membres agissent collectivement au nom de la paix et de la sécurité internationales. La seule façon de répondre aux critiques est de mieux éduquer les gens sur les activités de l'ONU. Et pour cela, le film est un moyen efficace.

Photo/Jean Krasno
Lorsque j'étais directrice exécutive du Conseil académique sur le système des Nations Unies (ACUNS), j'ai produit et réalisé, avec le soutien de l'ACUNS, un documentaire intitulé Uncertain Soil: the Story of United Nations Peacekeeping. Comment peut-on mettre en cause la crédibilité de l'ONU alors qu'elle a déployé une soixantaine d'opérations de maintien de la paix sur le terrain depuis 1948 ? Toutes ces missions ont nécessité une action collective et une prise de décisions de la part des États Membres qui ont envoyé, en tenant compte des rotations, un million de soldats dans des pays lointains et peu sûrs afin d'assurer la paix. Elles ont coûté plus de 26 milliards de dollars et la vie de plus de 1 800 hommes et femmes. L'ONU n'a pas reculé devant ces tâches difficiles, elle a répondu avec détermination aux nouveaux défis en assignant des mandats en vertu du chapitre VII de la Charte de l'ONU. À ce jour, la Sierra Leone compte quelque 12 000 soldats sur le terrain; la mission en République démocratique du Congo compte plus de 10 000 casques bleus sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général, William Lacey Swing; et le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de 15 000 soldats au Liberia. Ces opérations complexes, l'ONU les a menées à bien, alors qu'il y a quelques années beaucoup disaient qu'elle n'était pas prête à le faire.

Que ce soit à cause du rapport Brahimi, par crainte d'humiliation après le Rwanda et la Bosnie-Herzégovine ou par peur que ces conflits ne dégénèrent, les États Membres semblent vouloir s'attaquer à ces problèmes difficiles, conscients qu'il s'agit d'un travail de longue haleine. Lorsque le Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (DPKO) a été créé en 1992, il y a à peine douze ans, il était confiné dans un petit bureau au bout d'un couloir et ne comprenait que quelques employés qui examinaient les actions à mener au cas par cas. Aujourd'hui, il compte 600 personnels ayant des compétences et des tâches diverses. Cela montre que les États Membres prennent cette question au sérieux et considèrent que le maintien de la paix est au cour des préoccupations de l'Organisation.

Il faut que cela soit dit. Le nouveau film cherche à toucher les étudiants et le public en leur présentant ce sujet de manière intéressante. Il couvre les diverses actions menées, de la première Force d'urgence de l'ONU dans le secteur du canal de Suez à celle déployée à Chypre, au Sahara occidental, en Bosnie-Herzégovine, en Sierra Leone et au Kosovo, traite des opérations de maintien de la paix classiques et de celles plus complexes ainsi que des politiques qui se jouent dans les coulisses. Nous avons tourné une centaine d'heures de film et avons complété avec des séquences et des photos des archives de l'ONU. Le Département de l'information et le Secrétaire général adjoint, Shashi Tharoor, nous ont apporté un grand soutien de nombreuses façons.

Nous avons beaucoup travaillé. Nous avons interviewé quelques-uns des experts du maintien de la paix de l'ONU les plus importants, tels que Brian Urquhart et Alvaro de Soto, ainsi que des représentants comme Jacques Klein et William Lacey Swing. Le film explique en quoi consistent le travail des officiers de secteur, des observateurs militaires et les activités quotidiennes des casques bleus, telles que la destruction des armes dans le cadre des programmes de désarmement/démobilisation ou la recherche de solutions aux problèmes qui surviennent dans les camps de réfugiés. C'est le but que nous recherchons : les gens doivent se rendre compte par eux-mêmes que l'ONU accomplit des travaux pertinents dans le monde.

Le film, d'une durée de 110 minutes, a été projeté pour la première fois le 26 mai 2004, au siège de l'ONU à New York, dans le cadre de la Journée internationale des casques bleus (29 mai). L'ACUNS est reconnaissant du soutien du DPI et des contributions financières apportées par le Fonds pour un monde meilleur, la Newman Foundation, l'Arthur Ross Foundation et Soka Gakkai International grâce auxquels ce film a pu être réalisé.

Des copies sont en vente à www.acuns.wlu.ca.
Biographie
Jean Krasno est membre du Centre d'études internationales sur la sécurité et chercheur associé au département de Sciences politiques à l'université de Yale. Elle a été directrice exécutive d'ACUNS de 1998 à 2003 et directrice associée d'un projet de Yale traitant de la réforme de l'ONU, qui a donné lieu à un rapport publié en 1995 « The United Nations in its Second Half-Century ».
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