Des infrastructures adaptées Par James Cho
Le 26 décembre 2004, un tsunami a dévasté l'Asie du Sud, causant l'une des pires catastrophes que le monde n'ait jamais connue. Au fil des jours, le bilan de la catastrophe s'est alourdi, atteignant plus de 200 000 victimes. Pourtant, le cauchemar ne faisait que commencer. Le tsunami a détruit les moyens d'existence des populations et déplacé des millions de personnes, les laissant vulnérables face aux risques sanitaires liés à de mauvaises conditions d'hygiène et aux eaux saumâtres qui recouvraient ces terres.
Dans les mois qui ont suivi, des observateurs ont apporté certains éléments de réponse sur la manière dont la catastrophe pouvait, aurait pu et aurait dû être évitée. La discussion a, en partie, permis à la communauté internationale d'acquérir un semblant de contrôle sur les innombrables pertes en vies humaines et a créé un sentiment de sécurité sachant que les dégâts et les pertes en vies humaines auraient pu être facilement évités par l'action des hommes et la technologie.
Le tsunami a cependant souligné la vulnérabilité des pays en développement face aux catastrophes naturelles. Alors que les hommes ne peuvent rien contre ce phénomène naturel, leurs effets peuvent être évités en élaborant des plans de préparation et de prévention.
La première initiative en ce sens a été présentée lors de la Réunion internationale d'examen de la mise en ouvre du programme d'action pour le développement durable des petits États insulaires en développement qui s'est tenue à Port-Louis (Maurice). Dans son discours de clôture, le Secrétaire général de la Réunion internationale, Anwarul Chowdhury, a appelé à la création d'une feuille de route pour la mise en ouvre de la Déclaration de Maurice. Élaborée par les délégués de la Conférence, la Déclaration concerne le développement durable et comprend des mesures de préparation aux catastrophes.
La deuxième initiative a été lancée quelques semaines plus tard, lors de la Conférence sur la réduction des catastrophes, qui s'est tenue du 18 au 22 janvier à Kobé, au Japon. À cette occasion, Margaret Arnold, de l'Unité de la Banque Mondiale pour la gestion des risques, a souligné la nécessité de mettre au point des codes de construction mieux conçus et de construire des structures plus solides sur les zones côtières.
Ces initiatives soulignent le rôle important de l'infrastructure dans le développement durable. Alors qu'il fait partie des mesures préconisées pour assurer le développement durable, le développement d'infrastructures qui répondent à la fois aux besoins quotidiens et aux besoins urgents d'une communauté n'est pas toujours mis en ouvre.
L'une des différences en matière de réponse aux catastrophes et de relèvement entre les pays en développement et les pays développés concerne la mise en place d'une infrastructure vitale qui joue une rôle important dans la gestion des catastrophes et peut permettre de sauver plusieurs centaines de milliers de personnes. Les stratégies adoptées pour réaliser le développement durable peuvent permettre de créer les infrastructures nécessaires mais il faut, parallèlement, renforcer les normes de construction afin de construire des structures plus solides.
« Une feuille de route pour la mise en ouvre de la Stratégie de Maurice devrait servir de guide général. Elle permettrait la coordination des activités des diverses parties intéressées. Elle constituerait une base pour la mise en place de systèmes de surveillance et d'observation. Elle permettrait d'indiquer les progrès réalisés ou le manque de progrès. »
-Anwarul K. Chowdhury Secrétaire général de la Conférence de Maurice |
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Des infrastructures mal adaptées peuvent augmenter les risques potentiels au lieu de les atténuer. « Une mauvaise planification peut transformer un phénomène naturel en un désastre économique et humain », a déclaré Mme Arnold. « Permettre à des populations à forte densité de vivre dans des plaines inondables ou autoriser des normes de construction inadaptées dans les zones de tremblement de terre risque de causer autant de victimes et de pertes humaines que la catastrophe naturelle elle-même. »
Le Japon et les États-Unis sont deux pays qui ont pris des mesures de réglementation pour la sécurité des citoyens. Kobé et Los Angeles sont des régions présentant des risques sismologiques élevés. Dans le passé, le nombre de victimes était aussi élevé que dans les pays en développement. Au fil des ans, les deux régions ont mis en ouvre ou modifié leurs codes de construction pour que les bâtiments soient plus résistants aux séismes. Même si le tremblement de terre de Kobé en 1995 a fait 5 000 victimes, un rapport publié par EQE International a montré qu'un grand nombre de structures qui satisfaisaient aux normes de construction avaient résisté.
En plus de l'atténuation des risques, l'infrastructure permet de protéger l'investissement réalisé dans le capital humain et physique. Alors qu'aucune infrastructure n'aurait pu résister au tsunami, l'infrastructure publique bien préparée et bien conçue a permis de fournir des abris et de distribuer des vivres aux rescapés. La construction d'établissements publics, tels que les écoles, les centres gouvernementaux et autres bâtiments publics, est l'un des outils indispensables à la gestion des catastrophes. Ces établissements peuvent fournir un nombre de services autres que ceux auxquels ils sont destinés et servir de quartier général pendant les périodes de crise, de centres de soins de santé et d'abris temporaires ou permanents. Après le tremblement de terre qui a endommagé un grand nombre d'habitations à Kobé, celles qui ont résisté ont accueilli les habitants sans abri.
Les ressources économiques et humaines peuvent constituer des obstacles aux mesures de préparation et d'atténuation. La Banque mondiale cite les îles Samoa comme exemple d'une nation qui a bénéficié de l'intégration de mesures d'atténuation des risques. Le cyclone qui a frappé ces îles en 2004 n'a fait aucune victime. Selon les responsables de la Banque mondiale, les 30 millions de dollars de dégâts auraient pu être cinq à huit fois plus élevés si les mesures de préparation et de réduction des risques n'avaient pas été mises en ouvre. Cuba a également mis en place une infrastructure efficace et préparé les habitants à faire face aux cyclones qui ravagent le pays chaque année.
Alors que la reconstruction des pays de l'Asie du Sud a commencé, ceux-ci se trouvent à un point crucial de leur développement. Les efforts ont été déployés pour reconstruire la région afin que les populations puissent retrouver une vie normale. Alors qu'il est urgent de reconstruire les habitations et de relancer l'économie, il faut aussi examiner le rôle que l'infrastructure jouera dans la gestion des catastrophes et mettre en ouvre les normes de réduction des risques nécessaires. Il faut aussi s'assurer que les mesures de développement adoptées sont durables afin qu'elles soient efficaces le moment voulu.
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Pour toute information complémentaire sur les catastrophes naturelles et les mesures de préparation, voir Chronique ONU, numéros 4, 1999 et 2000. |
James Cho travaille au Bureau de New York pour la gestion des situations de crise. Cet article reflète l'opinion de l'auteur et pas celle de son Bureau. |
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