Chronique ONU

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Romuald Sciora: « Le prix de la paix »

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Une façon unique de présenter l'histoire des Nations Unies
Le film Le prix de la paix, réalisé par le cinéaste français Romuald Sciora, est un projet ambitieux en deux parties sur le passé et l'avenir des Nations Unies. « Mister Secretary-General » est une série télévisée sur l'histoire des Nations Unies, telle qu'elle est vue par les secrétaires généraux de l'ONU, avec la participation de l'actuel Secrétaire général Kofi Annan et ses prédécesseurs, Kurt Waldheim, Javier Pérez de Cuéllar et Boutros Boutros-Ghali, ainsi que sir Brian Urquhart, qui parle de son expérience lorsqu'il travaillait aux côtés des trois premiers secrétaires généraux aujourd'hui disparus : Trygve Lie, Dag Hammarskjöld et U Thant. Ce film sera d'abord diffusé à Genève puis à New York, le 29 novembre 2005, à l'occasion du soixantième anniversaire des Nations Unies. La deuxième partie, On the Blue Road, est un documentaire long métrage structuré comme un voyage dans les diverses institutions du système de l'ONU qui explore la manière dont l'ONU traite les questions critiques auxquelles fait face le monde aujourd'hui. Ce film devrait sortir en salles en 2006.

M. Sciora, qui est également dramaturge, a débuté sa carrière avec une série de documentaires saluée par les critiques, intitulés Chroniques d'une ère barbare. Son dernier long métrage, Les cendres du phénix, est inspiré de l'ouvre du père Mansour Labaky, qui consacra sa vie aux enfants défavorisés au Liban et qui, à travers ses écrits, chercha à enseigner la paix et la tolérance.

Horst Rutsch de la Chronique ONU s'est entretenu avec M. Sciora le 6 juin 2005.

L'interview
Sur la structure du projet
La première partie est une série télévisée composée de plusieurs films sur l'histoire des Nations Unies vue par les anciens secrétaires généraux. C'est le premier projet de la sorte. Sir Brian Urquhart, ancien secrétaire général adjoint, a présenté le premier épisode consacré aux trois premiers secrétaires généraux : Trygve Lie, Dag Hammarsjköld et U Thant. Le deuxième à Kurt Waldheim; le troisième à Perez de Cuéllar; le quatrième à Boutros Boutros Ghali et le dernier au Secrétaire général actuel, Kofi Annan. Chaque épisode, qui durera 30 mn en raison des contraintes de diffusion, est le résultat d'environ dix heures de tournage : il est clair que le matériel ne manque pas.

Nous travaillons en étroite collaboration avec les Nations Unies et consultons des archives rares qui complètent les témoignages des interlocuteurs. Nous avons pu organiser des réunions de préparation avec les divers secrétaires généraux et filmer pendant des heures d'affilée, ce qui nous a permis d'aller au-delà du simple entretien et de faire un travail de réflexion et d'histoire orale. Au cours des épisodes, alors que les interlocuteurs explorent l'histoire de l'Organisation, plusieurs anecdotes brèves sont présentées, comme les rencontres entre les dirigeants mondiaux telles que celle de Kurt Waldheim et de George Herbert Walker Bush quand il était ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies, ou bien Perez de Cuéllar tentant de convaincre Saddam Hussein de retirer ses troupes du Koweït. Nous essayons de relater la formidable histoire des Nations Unies en l'émaillant de réflexions personnelles.

Sur le lancement de la série télévisée
La première série, organisée par l'Ambassade de France, sera projetée le 29 novembre 2005 à l'Alliance française à New York. Deux épisodes seront présentés, suivis d'une discussion à laquelle participeront notamment le Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, Shashi Tharoor, Sir Brian Urquhart et Stephen Schlesinger, du Center for UN Reform Education. Des manifestations auront également lieu simultanément à Paris. Pour la célébration du soixantième anniversaire de l'Organisation, l'ancien Ministre des Affaires étrangères français a créé un comité sur les Nations Unies dont je suis membre. Nous organisons également une première en décembre à Paris qui sera suivie d'un débat.

Avec l'ancien Secrétaire général Javier Pérez de Cuéllar Photo de Romuald Sciora

Sur le prochain livre
À l'occasion du soixantième anniversaire, l'ONU publie un livre en relation avec la série télévisée. La préface sera rédigée par le Président français Jacques Chirac. La première partie est un essai de Steven Schlesinger sur l'histoire de l'Organisation et des secrétaires généraux. La deuxième partie est consacrée aux transcriptions d'entretiens issus de la série et la troisième est un recueil d'entretiens avec des personnalités travaillant à l'ONU, ce qui permet d'avoir le point de vue de divers intellectuels sur le travail actuel de l'Organisation. Cet ouvrage se penche sur les perspectives d'avenir mais revient finalement au rôle clé des secrétaires généraux, puisque que c'est le thème central à la fois de la série télévisée et du livre.

Ce livre sera publié en français et lancé à Genève en octobre 2005. J'espère qu'il sera traduit en anglais, mais ce n'est pas à moi de décider. Cependant, le film étant en anglais, cela devrait faciliter la tâche. De plus, la majorité des entretiens sont aussi en anglais et chaque transcription a dû être traduite en français pour le livre. Étant donné qu'il est publié par le Bureau des Nations Unies à Genève, il sera lancé une deuxième fois lors de l'élection d'un nouveau Secrétaire général, l'année prochaine, mais son contenu sera toujours actuel.

Sur le film
Le livre et la série télévisée constituent la première partie de ce projet destiné à célébrer le soixantième anniversaire. Il y aura ensuite un long métrage qui sortira en salles. Il s'agira d'un documentaire de deux heures ayant pour thème « l'ONU d'aujourd'hui face aux défis de demain ». Alors que la série et le livre sont consacrés à l'histoire des Nations Unies, le film, intitulé On the Blue Road, se concentrera sur l'avenir. Il s'agit d'un immense projet qui sera tourné avec le matériel et l'expertise que requiert la production d'un long métrage. Il débutera par une chorégraphie du danseur français Maurice Béjart, comme hymne aux valeurs humanistes des Nations Unies. La première partie examinera l'ONU au niveau institutionnel et sera en grande partie filmée à New York, à Genève, à Vienne et à Nairobi, les quatre grands bureaux de l'Organisation.

La deuxième partie suivra les opérations de l'ONU dans le monde et sera donc orientée vers les actions menées sur le terrain. Nous filmerons une semaine au Timor-Leste avec le lauréat du prix Nobel José Ramos Horta pour illustrer le travail accompli par le diplomate brésilien et représentant spécial auprès du Secrétaire général, Sergio Vieira de Mello, aujourd'hui décédé. Nous filmerons des scènes avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance en Sierra Leone ou en Angola; avec Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation au Moyen-Orient pour illustrer les questions liées à l'eau; et avec Bernard Kouchner, ancien chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo, en ex-Yougoslavie, pour traiter de la question d'autodétermination. En tout, nous travaillerons dans six ou sept pays. Pour la première fois, un grand nombre de membres de l'équipe actuelle des Nations Unies participeront à cette entreprise. Nous interrogerons des personnes en dehors de l'Organisation, des intellectuels, des politiques, des personnes rencontrées sur les lieux du tournage, et aussi ceux qui ont des opinions opposées à celles de l'ONU. Les opinions soutenant le point de vue des Nations Unies en matière de politique mondiale seront également présentées.


Sur le fait de filmer l'ensemble des activités de l'ONU
Nous ne nous limitons pas uniquement au maintien de la paix. Nous voulons aussi faire un portrait de l'ONU en conjonction avec les questions liées au développement, à l'environnement et à la politique et nous travaillons avec différents programmes et différentes institutions spécialisées. Par exemple, avec l'aide du Secrétaire général adjoint pour les enfants et les conflits armés, Olara Otunnu, nous allons montrer le travail qui a été accompli pour les enfants. Nous voulons aussi montrer ce qui a été fait pour les réfugiés, ainsi que par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Nous discuterons avec la Haute Commissaire aux droits de l'homme, Louise Arbour, des questions les plus urgentes dans ce domaine; nous montrerons même ce que l'ONU accomplit dans le domaine de l'aviation civile.

Il est, bien sûr, impossible de décrire toutes les activités de l'ONU, mais notre but est de démontrer que cette institution mondiale n'est pas limitée aux missions de maintien de la paix, qui sont certainement essentielles, mais qui ne sont qu'une partie de ses activités. Notre mission est d'aider le public à comprendre les défis auxquels l'ONU est confrontée, et ce qui peut être fait dans ces domaines de préoccupations spécifiques. Nous montrerons les actions qui ont été menées en Afrique, par exemple, par la Fondation Ted Turner. Si nous avons la chance de travailler avec Nelson Mandela, nous parlerons des efforts actuels de l'ONU pour combattre l'épidémie du sida. Plutôt que de nous concentrer sur le passé, sur l'héritage de l'apartheid par exemple, nous montrerons les efforts déployés pour lutter contre le sida et le rôle de l'ONU dans cette campagne. Nous essaierons d'examiner plusieurs mandats de l'ONU.

Sur l'origine et les buts du film
L'idée m'est venue en 2003 lors d'une réunion avec Staffan De Mistura, alors représentant personnel du Secrétaire général pour le Liban Sud. Je tournais alors un autre film, Les Cendres du Phénix, sur la ligne bleue entre le Liban et Israël et il m'a fait découvrir le travail de l'ONU. J'ai ensuite parlé avec Jean Lacouture, le célèbre journaliste français qui était avec moi pendant le tournage, de la nécessité de présenter au grand public une vision mondiale pour qu'il comprenne en quoi consistent les activités de l'ONU. Cela comprendrait non seulement l'histoire de l'Organisation mais donnerait aussi une vue d'ensemble de ses activités. J'ai rencontré plusieurs personnes qui ont été emballés par cette idée.

Le financement du film a été bouclé assez rapidement, ce qui nous a permis de continuer le tournage sans interruption. L'un dans l'autre, c'est un film politique. La motivation de fond, c'était de montrer que malgré les problèmes et les réformes nécessaires, l'ONU a la capacité de répondre aux menaces et aux défis, ainsi que de proposer des solutions mondiales aux crises. Elle n'est peut-être pas parfaite, mais rien ne l'est. Elle existe et offre un espoir à des millions de personnes dans le monde. Mon objectif est de transmettre cette réalité. De la conception au point final, lorsque le DVD sortira à la fin du printemps 2007, j'aurai consacré environ quatre ans de travail à ce projet.

L'objectif du film est de toucher le plus grand nombre de spectateurs, pas seulement des spécialistes, et de clarifier les questions traitées par l'ONU tout en faisant un travail artistique de qualité. Le tournage commencera début 2006, et durera environ trois à six semaines. Le film sera projeté en décembre à New York, ouvrira ensuite le festival du film international des droits de l'homme à Genève en mars 2007, puis sortira dans les salles du monde entier.

Sur les objectifs ultimes du projet
La série télévisée vise un public plus intellectuel et sera diffusée sur des chaînes comme Arte en France et History en Amérique du Nord. Comparée au film, elle touchera probablement un public plus restreint, même si la série sur les secrétaires généraux est un événement historique sans précédent. Le documentaire touchera un public plus vaste. Étant donné qu'il a été réalisé avec la coopération des Nations Unies, il attirera probablement des millions de spectateurs. Avec la magie du cinéma, nous pouvons aller au-delà du discours politique et essayer d'atteindre l'universel. L'idée générale est non seulement de rendre le cadre politique simple et accessible au plus grand nombre mais aussi de le rendre attrayant. C'est un film politique, mais aussi un travail artistique et poétique.
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