Chronique ONU
La 58e Conférence annuelle DPI/ONG
« Le moment est venu de procéder à un changement »
Par Sally Bolton

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L'article
Photo ONU
Dans la semaine qui a précédé le Sommet mondial historique de 2005, un autre groupe de délégués se réunissait au siège de l'ONU, à New York. Comme les participants au Sommet, ils ont discuté des progrès accomplis dans la mise en ouvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ainsi que des questions présentées par le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, dans son rapport intitulé Dans une liberté plus grande : vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous.

La 58e Conférence annuelle DPI/ONG, qui s'est tenue du 7 au 9 septembre 2005, a accueilli près de 700 organisations de la société civile de 86 pays représentés, les 2 000 participants profitant de leur grand nombre pour faire entendre leur voix. Le Département de l'information de l'ONU (DPI), organisateur de cette rencontre, a fait remarquer que cette réunion revêtait un caractère spécial. Non seulement c'était la dernière chance pour la société civile d'exprimer ses attentes vis-à-vis du Sommet mondial mais c'était aussi la première fois que les États Membres et des parlementaires participaient à des tables rondes avec des représentants d'organisations non gouvernementales (ONG).

La Conférence DPI/ONG, ayant pour thème Notre défi : des voix pour la paix, la conclusion
de partenariats et le renouveau,
s'est penchée sur l'importance de plus en plus grande des partenariats stratégiques entre les Nations Unies et les ONG pour réaliser la vision de l'Organisation. Les participants ont souligné à maintes reprises que l'ONU avait adopté une nouvelle approche concernant les relations externes, cherchant activement à établir une relation avec la société civile. Bruce Jenks, directeur du Bureau des ressources et des partenariats stratégiques du Programme des Nations Unies pour le développement, a indiqué que l'idée de créer des partenariats et d'établir une communication avec le secteur privé pour réaliser les objectifs des Nations Unies « va loin - ce n'est pas de la pure rhétorique ». Citant les OMD comme exemple, il a ajouté qu'« un tel agenda est impossible sans les ONG ».

Des intervenants ont répondu dans la foulée qu'il y avait encore du chemin à parcourir avant que l'ONU soit en mesure de tirer pleinement parti de la participation de la société civile. Victoria Tauli-Corpaz, directrice exécutive de la Fondation Tebtebba établie aux Philippines, a reconnu qu'« il est à la mode de parler de partenariats pour construire l'avenir, mais qu'il est très difficile de concevoir comment développer des partenariats égaux dans ce monde où règnent tant d'inégalités ».

La Conférence a pris la coopération multilatérale comme idée de départ pour débattre de l'éradication de la pauvreté, des droits de l'homme et de la sécurité collective. Les délégués avaient conscience que, non loin de là, des décisions cruciales étaient prises au même moment au siège de l'ONU, alors que les chefs d'État et de gouvernement étaient réunis pour adopter le document final du Sommet mondial. La Conférence DPI/ONG a présenté des contributions directes d'ONG et de représentants de la société civile qui ont évoqué à la fois les succès et les échecs dans la mise en ouvre de la Déclaration du Millénaire.

Certains membres du panel ont également exprimé leurs espoirs et leurs inquiétudes concernant les négociations du Sommet. Gareth Evans, président et directeur exécutif d'International Crisis Group établi à Bruxelles, a indiqué dans une conférence de presse qu'il était profondément choqué par la « médiocrité de la performance des gouvernements participants » qui travaillaient à l'élaboration du document final du Sommet. Ce sentiment a été partagé par Anne O'Mahony, directrice régionale de Concern Worldwide, qui a exprimé des craintes que le document présente « des résolutions tellement diluées qu'elles n'ont plus aucun sens ». Cependant, les délégués avaient conscience des immenses possibilités que présentait le Sommet et de l'importance du rôle que les ONG pouvaient jouer pour en assurer la réussite. Nombre de points de vues ont été exprimés sur les OMD, exprimant des inquiétudes concernant des questions variées allant du bien-être des enfants et des personnes âgées aux armes de destruction massive et au désarmement.

Un grand nombre d'organisations et de délégués ont participé pour la première fois à la Conférence DPI-ONG, tels que le Nigérian Joe Ekawu de Global Unification, une organisation consacrée aux politiques du développement durable, qui a expliqué qu'ils avaient décidé d'y participer « parce que le moment est venu de procéder à un changement ». À son avis, le point fort de la Conférence, « à part les informations, fut de rencontrer des gens. Il existe un fort sentiment de tolérance et de compréhension parmi nous. »

La Conférence a été structurée afin d'offrir de nombreuses opportunités pour créer à la fois des réseaux formels et informels entre les participants. En plus des séances plénières et des tables rondes, des ateliers interactifs d'ONG en milieu de journée ainsi que des séminaires petits-déjeuners ont été également organisés. Le Global Village Wall a servi de point de contact, offrant aux délégués la possibilité de présenter leurs commentaires, leurs idées et leurs suggestions ayant trait aux thèmes de la Conférence et facilitant la liaison entre les organisations qui avaient des intérêts communs.

Le site de la Conférence (www.undpingoconference.org), a fourni un forum en ligne, permettant aux personnes dans le monde entier de participer et de commenter les conclusions de l'événement. Avant la Conférence, des dialogues et des discussions ont été organisés sur Internet, tandis que les retransmissions des sessions plénières permettaient aux internautes de poser des questions en temps réel aux orateurs de la Conférence. Les discussions après la Conférence ont permis aux participants de rester en contact, de mettre en place des réseaux et de partager des expériences. Joe Ekawu a dit qu'il allait utiliser le forum en ligne et réunir le soutien nécessaire pour créer un African Youth Village, un camp qui rassemblerait des jeunes de toute l'Afrique dans un esprit d'harmonie, de coopération, de compréhension et d'amitié.

Lors de la séance de clôture, le Secrétaire général a réaffirmé l'engagement des Nations Unies à ce qu'il a décrit comme « la révolution des ONG ». Il a dit : « Vous devez vous faire les garants de la réforme du système international. [...] Des échanges étroits avec la société civile étaient alors jugés indispensables à la bonne santé de l'Organisation et au bien-être des peuples. C'est aussi vrai - et peut-être plus encore - aujourd'hui qu'alors. » À en juger par la réponse des personnes présentes, c'est un rôle qu'elles ont déjà entrepris avec enthousiasme.

La prochaine génération de partenariats de l'ONU

Tony Hill, du Service de liaison non gouvernemental de l'ONU, observe trois générations de relations entre les Nations Unies et la société civile. La première, de la création de l'ONU en 1945 aux années 1980, a été caractérisée par les organisations non gouvernementales (ONG) et les associations professionnelles et d'entreprises ayant des relations consultatives formelles avec les Nations Unies en reconnaissance de leur statut international. Pendant la guerre froide, leurs relations ont été en grande partie formelles et protocolaires. « Ce qui frappe, durant cette période, c'est l'engagement limité des ONG internationales dans les activités de l'ONU », constate M. Hill.

Au cours des années 1990, une deuxième génération d'ONG a joué un rôle actif dans les grandes conférences de l'ONU. Ces ONG nationales et régionales ont cherché à s'engager directement dans les négociations intergouvernementales afin de les influencer. En 1993, en partie en réponse à la participation des ONG au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, le Conseil économique et social de l'ONU a commencé à examiner et à évaluer les relations avec les ONG et la société civile. Quelque 2 719 ONG ont un statut consultatif et 400 autres sont accréditées auprès de la Commission du développement durable, un organe subsidiaire du Conseil.

M. Hill mentionne une troisième génération possible de relations entre les Nations Unies et la société civile, où des initiatives menées par diverses parties prenantes, publiques ou privées, traitent de questions directement. Par exemple, l'Alliance mondiale pour les vaccins et les vaccinations, dont le but est de fournir des vaccinations de base aux enfants du monde entier, est une alliance de chefs d'entreprises, de fondations philanthropiques, de banques de développement, d'institutions de l'ONU et de gouvernements nationaux. En 2002, elle a lancé une campagne pour éradiquer l'hépatite B en Inde, avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, de l'Union européenne et d'organisations bilatérales, du Premier ministre et du Ministre de la santé et du bien-être de la famille indiens et des ONG locales.

Autre organisation « de troisième génération » et initiative du Secrétaire général, Kofi Annan, le Pacte mondial, qui a regroupé 2 400 participants dans 50 pays. Il cherche à promouvoir la citoyenneté d'entreprises responsables dans le secteur privé en encourageant les droits de l'homme, les normes de travail, la protection de l'environnement et la lutte contre la corruption dans les activités des entreprises dans le monde entier. Le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux (FNUPI) a pour but de mettre en ouvre des initiatives à impact élevé avec des entreprises privées afin de progresser dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Par exemple, l'initiative en faveur du développement d'entreprises africaines d'énergie en milieu rural aide les entrepreneurs d'énergie durable au Ghana, au Mali, au Sénégal, en République unie de Tanzanie et en Zambie dans des domaines tels que la planification commerciale, la gestion, la planification financière et le financement de démarrage. Soutenu par le Programme des Nations Unies pour le développement, le FNUPI a permis à des entrepreneurs comme Bamba Coulibally de développer son entreprise de viande séchée, de mangues et d'oignons implantée à Bamako, la capitale malienne. -Jonas Hagen
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