À la soixantième session de l'Assemblée générale,
le document final du Sommet mondial 2005 a été l'élément
moteur des négociations. Représentant un accord de
consensus des 191 États Membres des Nations Unies sur toutes
les grandes questions inscrites à l'ordre du jour, le document
a défini des objectifs très précis pour l'Organisation,
notamment la création d'une Commission de consolidation de
la paix et d'un Conseil des droits de l'homme, la réforme
de la gestion et du secrétariat, et a réitéré
le soutien de l'Organisation aux efforts de développement
et aux secours humanitaires déployés dans le monde.
Photo
ONU
Le 20 décembre 2005, l'Assemblée générale
et le Conseil de sécurité ont établi la Commission
de consolidation de la paix, destinée à empêcher
que les pays sombrent de nouveau dans la violence après un
conflit. " Cette résolution créerait, pour la
première fois dans l'histoire des Nations Unies, un mécanisme
qui assure aux pays sortant d'un conflit que l'après-conflit
ne signifie pas le désengagement de la communauté
internationale ", a déclaré le Président
de l'Assemblée, Jan Eliasson. Il a fait remarquer que la
moitié des conflits qui avaient eu lieu ces vingt dernières
années avaient repris au cours des cinq années suivant
la conclusion d'un accord de paix. " Lorsque les caméras
disparaissent, a-t-il dit, l'attention disparaît aussi, et
cinq ans plus tard le prix à payer est très élevé.
C'est ce que nous tentons d'éviter en remplissant ce vide
institutionnel. "
Concernant le Conseil des droits de l'homme, Ricardo A. Arias (Panama)
a estimé qu'un des objectifs était de créer
un organe qui n'examinerait pas seulement les situations où
ont eu lieu les violations des droits de l'homme, mais qui instaurerait
aussi un dialogue de coopération entre tous les États
Membres afin d'empêcher ces violations. Le Conseil, qui serait
un organe subsidiaire de l'Assemblée générale,
serait chargé d'examiner les rapports des pays de façon
périodique pour s'assurer qu'ils respectent les droits de
l'homme. Cela encouragerait tous les pays " grands ou petits,
riches ou pauvres " à honorer les droits de l'homme,
a-t-il indiqué.
Certains pays en développement ont craint que la réforme
de la gestion et du secrétariat ne diminue les pouvoirs de
l'Assemblée. Selon Allan Rock (Canada), " rendre l'administration
de l'ONU plus efficace n'est pas dans l'intérêt d'un
pays ou d'un groupe, mais dans l'intérêt de tous les
membres ". Nous avons plus de chances d'atteindre nos objectifs
si l'Organisation fonctionne mieux. " Les éléments
de cette réforme comprenaient l'établissement d'un
bureau de l'éthique et de contrôle pour protéger
" ceux qui tirent la sonnette d'alarme " au sein du système
de l'ONU contre les représailles suite aux signalements de
non-respect des règles d'éthique ou de malversations
financières, ainsi qu'un bureau de contrôle, un organe
indépendant qui examinerait la gestion du secrétariat
de l'ONU et exercerait les fonctions d'audit.
La réforme du Conseil économique et social, un organe
permanent de l'ONU qui aide l'Assemblée générale
à promouvoir la coopération économique et sociale
et le développement, figurait également dans le Document
final du Sommet, un grand nombre d'États Membres estimant
qu'il était nécessaire de renforcer les fonctions
et la capacité du Conseil. Une partie de la réforme
a porté sur l'instauration d'un Dialogue politique mondial
(GPD, en anglais). " Le GPD serait un segment de haut niveau
du Conseil, composé des ministres des Affaires étrangères
des États Membres, de la société civile, d'organisations
non gouvernementales (ONG) et d'autres acteurs tels que les institutions
Bretton Wood ", a indiqué Johan C. Verbeke (Belgique).
Ces réunions ministérielles annuelles examineront
les progrès accomplis lors des grandes conférences
et des grands sommets de l'ONU, les objectifs fixés à
l'échelle internationale, notamment les Objectifs du Millénaire
pour le développement, ainsi que les " efforts humanitaires
déployés lors des catastrophes et des situations d'urgence
afin d'améliorer l'efficacité des interventions ",
a-t-il ajouté.
Sur la question du VIH/sida, Christopher F. Hackett (Barbade) a
indiqué que malgré les progrès réalisés
dans certains pays, " l'ampleur de la pandémie continue
d'être préoccupante ". Heureusement, a-t-il poursuivi,
un grand nombre d'États se sont intéressés
à cette question dans un esprit de coopération, ajoutant
que le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA),
responsable de la coordination des efforts de toutes les institutions
de l'ONU, avait l'intention de fournir des rapports établis
au niveau des pays sur la lutte contre la maladie. En plus des informations
des gouvernements nationaux, " cela permettra à la société
civile et aux ONG d'inclure dans ces rapports des questions concernant
le VIH/sida ", a-t-il commenté.
Un protocole facultatif, qui étend la protection du personnel
des Nations Unies et du personnel associé dans des domaines
autres que le maintien de la paix, a également été
introduit lors de l'Assemblée générale. "
Il étend la protection à toutes les opérations
des Nations Unies, qu'il s'agisse des opérations d'aide humanitaire
d'urgence, de consolidation de la paix ou de l'aide humanitaire,
politique et au développement ", a dit le Secrétaire
général, Kofi Annan.
" Je sais, pour avoir participé aux opérations
humanitaires sur le terrain, combien ce Protocole facultatif est
important ", a indiqué M. Eliasson, qui a été
nommé en 1992 premier secrétaire général
adjoint de l'ONU aux Affaires humanitaires et a participé
aux opérations menées en Somalie, au Soudan, en Mozambique
et dans les Balkans. Le Protocole fournirait aussi la protection
des organisations humanitaires travaillant comme partenaires aux
côtés des Nations Unies, telles que le Comité
de secours international, Oxfam et d'autres branches nationales
de Médecins sans frontières, a souligné Manuel
Bessler du Bureau de coordination des affaires humanitaires. "
Il s'appliquerait également à un grand nombre de partenaires
locaux comme les petites ONG travaillant avec l'ONU, par exemple
en Afghanistan ", a-t-il poursuivi.
En 2004, l'Assemblée générale avait approuvé
un texte recommandant que le Cap-Vert et les Maldives soient retirés
de la liste des pays les moins avancés. En 2005, elle a cependant
décidé de reporter la radiation des Maldives jusqu'en
2008, en raison du tremblement de terre et du tsunami qui ont détruit
les habitations et les moyens d'existence de centaines de milliers
d'habitants de ce pays et de douze autres. Mohamed Latheef (Maldives)
a dit que son pays, qui connaissait une crise économique
depuis le tsunami, était conscient des énormes obstacles
qui se posaient en matière de reconstruction, mais espérait
néanmoins atteindre un revenu moyen d'ici à 2020.
Il a également appelé la communauté internationale
à honorer ses promesses de financement des programmes de
reconstruction aux Maldives, rappelant qu'un tiers seulement des
470 millions de dollars promis avaient été versés.
En adoptant un projet de résolution sur l'amélioration
de la sécurité routière mondiale, l'Assemblée
a choisi le troisième dimanche de novembre comme journée
mondiale dédiée au souvenir des victimes des accidents
de la route et à leurs proches. Chaque année, les
accidents de la route font 1,2 million de morts et de 20 millions
à 50 millions de blessés, a observé Fuad Al-Hinai
(Oman) en présentant le texte. Si cette augmentation se poursuivait
à ce rythme, leur nombre pourrait dépasser d'ici à
2020 le nombre de décès causés par le VIH/sida,
a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Notant que le nombre de morts et de blessés augmentait en
fonction du nombre croissant de voitures sur la route, M. Al-Hinai
s'est dit alarmé par cette " épidémie
qui se développait " dans la quasi-indifférence
de tous. Il est possible de prévenir les accidents de la
route et les décès associés, a-t-il noté,
et " nous avons les outils et le savoir pour le faire ",
ajoutant que le soutien des Nations Unies, avec à sa tête
l'OMS, pouvait sauver 5 millions de vies au cours des 15 prochaines
années.
Ng Chun Pin (Singapour), indiquant que la première cause
des accidents était la vitesse, a fait remarquer que son
pays avait amélioré la sécurité routière
en promulguant et en faisant appliquer de nouvelles lois très
strictes destinées aux " démons de la vitesse
" et aux conducteurs excédant la limite de plus de 40
km à l'heure. Au début, cette initiative a été
mal accueillie, mais grâce au travail de sensibilisation,
le public a peu à peu réalisé que l'objectif
était de sauver des vies, en particulier celles des personnes
vulnérables. De son côté, Fahad Salem Al Kaabi
(Émirats arabes unis), a dit que son pays avait atteint un
point critique concernant le nombre de morts dus aux accidents de
la route. Pour réduire les accidents de 5,5 % par an, des
lois ont été adoptées pour améliorer
la conduite routière, des campagnes d'informations routières
ont été lancées et les excès de vitesse
ont été sanctionnés par de lourdes amendes.
En même temps, des mesures ont été prises pour
mettre en place d'autres moyens de transport, notamment de nouvelles
formes de transport public, afin de réduire le nombre de
voitures individuelles, les embouteillages et les accidents qu'ils
causent, a-t-il expliqué (voir numéro 1, 2004 de la
Chronique ONU).
L'Assemblée générale a adopté des résolutions
pour soutenir les efforts menés afin de fournir des secours
aux catastrophes naturelles et causées par l'homme, telles
que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, le tsunami
dans l'océan Indien en décembre 2004 et le tremblement
de terre en Asie du Sud-Est en octobre 2005. M. Eliasson s'est félicité
des résolutions, disant que derrière les discussions
sur les urgences humanitaires, il y avait des centaines de milliers
d'êtres humains dans le plus grand besoin et en danger de
mort. " Notre solidarité envers eux doit être
inébranlable ", a-t-il déclaré.
|