Chronique ONU
Quatrième Commission : politiques spéciales et décolonisation

Des progrès dans une Commission " éclectique "

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L'article
Yashar Aliyev, Représentant permanent d'Azerbaïdjan Président de la Quatrième Commission © Photo Chronique ONU

Parmi les questions les plus controversées débattues dans la Quatrième Commission figurent les problèmes au Moyen-Orient, le processus de décolonisation en cours et les dangers posés par les mines terrestres qui ont tué et mutilé de nombreuses personnes. Le Président de la Commission, Yashar Aliyev a qualifié la Commission d'" éclectique ". Il a dit à la Chronique ONU qu'elle illustrait " la divergence des points de vue dans le monde " et donnait aux délégués " l'opportunité de traiter des questions très importantes ".

En août 2005, Israël a entamé son retrait de la bande de Gaza, mettant fin à 38 ans d'occupation, considéré par beaucoup comme une étape positive dans la reprise du processus de paix. Toutefois, la situation humanitaire et des droits de l'homme des réfugiés palestiniens " continuait d'être très préoccupante pour la communauté internationale ", a estimé M. Aliyev.

Nadya Rasheed (Palestine) a dit durant le débat que même si le peuple palestinien considérait le retrait d'Israël de la bande de Gaza " une étape importante vers la décolonisation du Territoire palestinien, le désengagement unilatéral " n'était pas parvenu à reconnaître les préoccupations des Palestiniens et avait laissé plusieurs problèmes critiques en suspens ". La poursuite de la construction du mur de séparation " rendait l'idée d'une solution comportant deux États pratiquement impossible ", a-t-elle ajouté.

Ran Gidor (Israël) a indiqué que le retrait de Gaza " démontrait le sérieux de l'engagement d'Israël à la paix " et permettait à " l'Autorité palestinienne d'assumer ses responsabilités pour le bien-être de ses citoyens ". " Depuis la construction de la barrière de sécurité, le nombre d'actes de terrorisme avaient diminué " a-t-il dit pour justifier la construction du mur de séparation et Israël avait pu réduire le nombre de barrages routiers de 600 à 370 le long du poste frontière de Karni.

La Commission a approuvé par 151 voix pour, 1 voix contre (Israël) et 8 abstentions, un projet de résolution sur l'" Assistance aux réfugiés palestiniens " appelant tous les donateurs à faire des efforts généreux pour satisfaire aux besoins anticipés de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient (UNRWA).
La question de la décolonisation a dominé l'ordre du jour de la Commission. À la mi-parcours de la Deuxième Décennie internationale sur l'éradication de la colonisation (2001-2010), on compte encore 16 territoires non autonomes, représentant 2 millions d'habitants. Margaret Hughes Ferrari (Saint-Vincent-et-les Grenadines), intervenant au nom de la communauté des Caraïbes, a déclaré qu'étant donné que 7 des 16 territoires non autonomes se trouvent dans la région des Caraïbes, ces pays " étaient désireux de résoudre cette question de la décolonisation ". Cependant les populations vivant dans les territoires colonisés " n'avaient souvent aucune idée des options politiques légitimes qui leur étaient offertes ", a-t-elle ajouté.

Au sujet du Sahara occidental, Abdallah Baali (Algérie) a indiqué que la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental avait obligé des " dizaines de milliers de personnes à prendre le chemin de l'exode et à chercher refuge en Algérie et en Mauritanie " et que depuis trente ans, le peuple sahraoui se voyait " dénier ses libertés fondamentales et son droit inaliénable à l'autodétermination ". Il a demandé au Maroc " de revenir à la légalité internationale " et de mettre en œuvre le plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental.

Mohamed Bennouna (Maroc) a répondu que son pays ne comprenait pas " l'entêtement de l'Algérie à soutenir un plan qui était un sujet de désaccord entre les parties et qu'il considérait comme un plan mort-né ". Il a proposé une solution de compromis, à savoir " un statut d'autonomie qui permet au peuple sahraoui de gérer directement ses propres affaires, dans le respect des prérogatives de souveraineté du Royaume ". La Commission a approuvé sans vote un projet de résolution renforçant la résolution 1495 (2003) du Conseil de sécurité, dans laquelle le Conseil exprimait son soutien au plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental en tant que solution politique optimale.

Tim McIvor (Nouvelle-Zélande) a déclaré que " les Tokélaou pourraient être autonomes au deuxième trimestre 2006 ". Avec le plein soutien de son pays, les Tokélaou préparent l'organisation d'un référendum sur son projet de constitution et un traité sur la liberté d'association avec la Nouvelle-Zélande. Un projet de résolution demandant aux institutions de l'ONU de les aider à devenir autonomes a été adopté sans vote.

Les utilisations pacifiques de l'espace, y compris les débris spatiaux et la télémédecine, ont également été au centre du débat. M. Aliyev a dit qu'il était particulièrement intéressant pour les délégations d'apprendre comment la technologie pouvait jouer un rôle dans la surveillance de l'état de l'environnement. Pour sa part, Asim Iftikhar (Pakistan) a rappelé qu'après le tsunami dans l'océan Indien en 2004 et les tremblements de terre au Chili, au début de 2005, " nous avons subi des dégâts très importants et des souffrances humaines causés par le séisme qui a touché récemment l'Asie du Sud. Ces catastrophes naturelles soulignent la nécessité de recourir davantage et plus efficacement aux technologies spatiales pour la prévision, le suivi et l'atténuation des catastrophes naturelles ". Khunying Laxanachantorn Laohaphan (Thaïlande), au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a proposé d'utiliser les technologies spatiales pour mettre en place des systèmes d'alerte rapide dans le monde, y compris des réseaux pour " diffuser des informations sur la catastrophe, la gestion de la catastrophe et la préparation des citoyens à la catastrophe ".

Jan Lute, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les opérations de maintien de la paix, a reconnu que les mines terrestres étaient un obstacle à la paix durable et au développement à long terme des sociétés touchées. Il y a cependant eu des progrès, le nombre de mines éliminées étant actuellement en hausse. Maria Angela Holguin (Colombie) a estimé pour sa part que " les mines sont probablement l'un des instruments de violence les plus cruels qu'a connu l'humanité, où les victimes sont généralement des enfants et des personnes innocentes ". La Colombie a détruit plus de 18 000 mines antipersonnel stockées dans ses dépôts ", a-t-elle ajouté. Le Président de la Commission a noté que l'un des aspects positifs du débat concernait la recommandation de proclamer le 4 avril Journée internationale de sensibilisation et d'assistance à la lutte contre les mines.

Sur recommandation de la Quatrième Commission, l'Assemblée générale a adopté 24 résolutions durant sa soixantième session.

La télémédecine pour réduire la fracture numérique

La télémédecine est " l'utilisation de la science de l'information et des télécommunications pour soutenir la diffusion de soins de santé lorsque les professionnels de la santé et les patients sont éloignés par la distance ", a déclaré M. Ronald Merrell, professeur en chirurgie à la Virginia Commonwealth University et directeur de Medical Informatics and Technology Applications Consortium. " C'est, à mon avis, la seule chose qui pourra retarder et ralentir l'augmentation des coûts des soins médicaux et les rendre plus abordables et plus accessibles ", a-t-il affirmé dans sa présentation durant le débat de la Quatrième Commission sur les utilisations pacifiques de l'espace.
En utilisant la transmission par satellite, la télémédecine peut être utilisée dans les lieux éloignés qui n'ont pas de réseaux de télécommunications, a-t-il dit à la Chronique ONU. C'est un outil idéal pour combattre les problèmes de santé dans les pays en développement. Dans les régions rurales du Kenya, par exemple, il a montré qu'avec 20 centimes, un enfant pouvait avoir " accès à un prestataire de soins qui avait rapidement accès aux ressources d'information et aux consultations par télémédecine ". La baisse du prix du matériel et des services de télécommunications " à une époque où les prix des médicaments et des vols aériens, et des soins médicaux en général, sont de plus en plus chers, rend la télémédecine un outil incontournable ", a-t-il ajouté. Actuellement, M. Merrell effectue au moyen de la télémédecine des visites médicales dans 18 prisons en Virginie. " J'ai des caméras de très grande qualité qui me permettent de voir de très près, un stéthoscope pour écouter la respiration et les battements du cœur et avec l'interaction avec le personnel soignant sur place, c'est comme si j'auscultais le patient. " La télémédecine, qui existe depuis 35 ans, vise à mettre en relation les professionnels de la santé et à leur permettre d'accéder à des informations et des bases de données en ligne, a-t-il souligné.
Pour le moment, il y a une infrastructure bien établie soutenant la technologie et la recherche dans un domaine largement financé par les agences spatiales, a indiqué M. Merrell. Il s'est dit cependant frustré de voir que " l'immense " capacité des " communications mondiales par satellite servait à signaler quelques catastrophes, quelques tragédies, à un endroit donné, " au lieu d'utiliser ces mêmes liens " pour se rendre dans ces lieux et prêter main-forte ". -Jane Llyod


 

 

 
 
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